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Il y a 92 citations sur l'aller.
On peut être fatigué d'une chose, sans aller se coucher pour cela. Quand même, dit Ludi, ça m'embêterait s'il nous en voulait. Peut-être que Jacques a raison, que c'est un type un peu, comment dire? un peu différent de nous, peut-être un type qui se pose pas tellement de problèmes politiques et autres. Marguerite Duras — Les petits chevaux de Tarquinia
Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu'elle put trouver, et la porta à sa marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille la pourrait faire aller au bal. Sa marraine la creusa et, n'ayant laissé que l'écorce, la frappa de sa baguette, et la citrouille fut aussitôt changée en un beau carrosse tout doré. Charles Perrault — Cendrillon
Les heures passèrent. Dehors, il pleuvait une complainte d’adieux. Elle se farda, utilisa des étoffes, se déguisa. Durant toute la nuit, une ingéniosité diabolique peupla la chambre de femmes venues de toutes contrées, insinuantes, expertes ou naïves, tourmentées, buveuses de saccades. Vers le matin, les femmes disparurent et deux hommes s’effrénaient devant le grand miroir au flamboiement des bûches.L’épuisement passé, il se leva, toucha distraitement les seins d’Adrienne.– Ils te plaisent ? Lui demanda-t-elle avec une maternité étrange. Tu vois, ils commencent à tomber. Je suis devenue une vieille femme. (Songeant à la jeune rivale, elle écrasa, abaissa les seins.) Encore mieux ainsi. (Elle rit.) Je suis vieille. Il faut aller de plus en plus souvent chez le dentiste. Et tout le reste ! Les articulations qui craquent, les cheveux qui se dessèchent, la peau si glorieuse à quatre heures du matin, l’haleine. Je suis fâchée de te faire de la peine. Mon pauvre chéri qui boude.Elle rit. Mais Solal n’écoutait pas et songeait à Aude. Pourquoi, lorsqu’elle était entrée avec son père, avait-il accentué le balancement maudit et avait-il feint de ne pas la reconnaître ? Il n’était même pas fou, il était lucide à ce moment-là. Quel démon plus fort que lui l’avait possédé à ce moment ? Et il ne la verrait plus. Ô son regard, le soir des grandes fiançailles, le geste gauche et le sourire timide avec lesquels elle s’était dévoilée. Quel démon l’avait poussé à hausser les épaules, à faire ce sourire peureux ? Et maintenant, elle gardait l’image dégoûtante de ces deux balanceurs d’Orient qui crevaient de peur devant la fille d’Europe.Il effaça cette pensée, ne voulu pas savoir ce qu’il allait faire et ouvrit le tiroir. Mais elle fut plus prompte que lui, s’élança, saisit sa main, et le revolver qu’il tenait. La balle effleura le front qui saigna. Il s’abattit.La femme nue prit sur ses genoux l’homme nu. Elle baisa les deux plaies, le calma, le berça tout en songeant que la nuit, depuis si longtemps prévue par elle, était arrivée, nuit pareille aux nuits des hivers passés et des hivers qui viendraient lorsqu’elle ne serait plus.Elle regardait le beau corps blessé et il lui semblait tenir sur ses genoux un grand fils évanoui, irresponsable, frappé par les hommes, condamné, trop vivant, irrémédiablement vaincu. Elle pensait à sa propre vie manquée. Elle n’avait pas su se faire aimer. Elle n’avait jamais rien su. Peut-être la faute de son père et l’effroi qu’elle avait de lui dans son enfance ? Cette paralysie, cette passivité. Les autres, celles qui savaient se faire aimer, étaient superficielles. Elle aurait pu aussi, mais elle avait préféré la servitude. Servante, depuis le soir où l’adolescent était entré dans sa chambre jusqu’à cette dernière nuit. Et maintenant impossible de recommencer. C’était l’autre, Aude, qui l’aurait. Si l’autre ne l’empêchait pas de vaincre, tout était bien. Il deviendrait Solal et un grand homme. Mais personne ne viendrait confier à sa tombe les victoires de l’aimé. Tout de même, elle aurait su avant les autres. Avant les autres, elle avait deviné l’attente et l’espoir de cet homme si simple, si bon en réalité, si pur et qui cachait sa naïveté sous des rires et des étrangetés. Et si elle se trompait, s’il devait n’être qu’un homme comme les autres hommes, du moins elle garderait son illusion jusqu’à la fin et personne non plus ne viendrait la détromper Albert Cohen — Solal – Éditions Gallimard 1930
« C'est que je dois aller tantôt me promener en vélo. Dame, nous n'avons que le dimanche. [...] » Marcel Proust — La Prisonnière
Elle avait soixante-dix-huit ans, encore solide comme sont les vieillards des hautes terres elle faisait chaque jour deux kilomètres aller et deux kilomètres retour dans des chemins scabreux pour aller à la route où passait « le piéton », c'est-à-dire le facteur rural (qui était à vélo d'ailleurs). Jean Giono — Provence
Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. Par moments, des danses s'élevaient, des larmes de femmes, des plaintes de mioches affamés, des familles qui se mangeaient pour tromper leur estomac. On était là dans une crampe au gosier générale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'à respirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture. Mais la grande pitié de Gervaise était surtout le père Bru, dans son trou, sous le petit escalier. Il s'y retirait comme une marmotte, s'y mettait en boule, pour avoir moins froid ; il restait des journées sans bouger, sur un tas de paille. La faim ne le faisait même plus sortir, car c'était bien inutile d'aller gagner dehors de l'appétit, lorsque personne ne l'avait invité en ville. Quand il ne reparaissait pas de trois ou quatre jours, les voisins poussaient sa porte, regardaient s'il n'était pas fini. Non, il vivait quand même, pas beaucoup, mais un peu, d'un oeil seulement ; jusqu'à la mort qui l'oubliait ! Gervaise, dès qu'elle avait du pain, lui jetait des croûtes. Émile Zola — L’Assommoir
C’est pourquoi, lorsqu’on réfléchit aux relations entre les pays, les blocs et les systèmes sociaux, en Europe ou dans le monde, ce n’est pas la position moraliste qui est la plus saine, celle qui se demanderait comment les choses pourraient aller dans le meilleur des mondes, en ménageant la chèvre et le chou, mais une position impartiale et scientifique qui essaierait d’analyser le présent et l’avenir dans ce qu’ils ont d’inéluctable, malgré toutes les meilleures intentions des uns (c’est-à-dire le plus souvent de la chèvre) et les noirs complots des autres (c’est-à-dire, le plus souvent, du chou). Alexandre Zinoviev — Sans illusions
Il la caressait, se réchauffait à elle, et, éprouvant une sorte de langueur, se laissait aller à un léger frémissement qui crispait son cou et son nez, et était nouveau chez lui, tout en fixant à sa boutonnière le bouquet d’ancolies. Marcel Proust — Du côté de chez Swann
Vous me dîtes de vous donner des détails sur mon existence, mais je travaille tout le temps, c'est peu varié. Je vous quitte pour aller faire de l'algèbre. Je vous embrasse de tout mon cœur. Antoine de Saint-Exupéry — Lettres à sa mère
« Parmi les personnes considérables de l'un et de l'autre sexe mortes depuis peu de temps, nous nommerons dame Marguerite de la Vergne. Elle était veuve de M. le comte de la Fayette, et tellement distinguée par son esprit et son mérite qu'elle s'était acquis l'estime et la considération de tout ce qu'il y avait de plus grand en France. Lorsque sa santé ne lui a plus permis d'aller à la Cour, on peut dire que toute la Cour a été chez elle, de sorte que, sans sortir de sa chambre, elle avait partout un grand crédit dont elle ne faisait usage que pour rendre service à tout le monde. On tient qu'elle a eu part à quelques ouvrages qui ont été lus du public avec plaisir et avec admiration. » Mercure Galant — juin 1693
Mme LEPIC Tu as le feu au derrière ? POIL DE CAROTTE Non, maman, mais je dois aller à la chasse, tout à l'heure, avec papa Jules Renard — Poil de carotte
« Voulez-vous aller chercher les portemanteaux ? dit-il. Ils sont en bas dans le coin, sous la première volée de marches. Jean Giono — Le hussard sur le toit
M. de Guitaut m’envoya une cassette de ce qu’il a de plus précieux ; je la mis dans mon cabinet, et puis je voulus aller dans la rue pour bayer comme les autres... Madame de Sévigné — Lettre à Madame de Grignan
Après une matinée à égorger, Mehdi se sentait au bout du rouleau. C’était le problème, avec ce travail. Ça le fatiguait beaucoup. La responsabilité, la concentration, la précision et puis aussi cette vie qu’il ôtait et qui se vengeait en lui prenant Dieu savait quoi avant de s’en aller. Franz-Olivier Giesbert — L’abatteur
Hier soir il s’est vu dans ses rêves tombant sur trois mille moutons blancs. Après ça plus moyen de dormir ! Il s’est mis en route pour aller les trouver. Il est passé par monts et par vaux, à travers forêts de sapins et de pins, de châtaigniers et de chênes verts. Zacharias Papantoniou — Les Hautes Montagnes
« Tu ne mettrais pas quelque chose dans ton café ? » « Si, un rhum, le docteur est loin. Profites-en pour aller voir ton château pendant ce temps-là. » Danièle Sallenave — Adieu
Que faire? Prier Françoise de la conduire à Saint-Florentin, sous prétexte de faire des courses? Aller à la poste? Elle se sentait perdue. Pierre de Feux entra. les yeux gris rencontrèrent les siens. Thérèse de Saint Phalle — Le Tournesol
Il semble que Colette fasse exactement le contraire et que son écriture lui serve à aller au-devant du monde. La jeune fille, sa sensualité, ses premiers émois l'intéressent autant quand elle a presque l'âge de ses héroïnes que quand elle les a depuis longtemps quittées. Dictionnaire mondial des littératures — Larousse
Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver. Mais, surtout, on ne saurait croire combien il en coûte à un mari pour mettre sa femme à la mode.Que me servirait de te faire une description exacte de leur habillement et de leurs parures? Une mode nouvelle viendrait détruire tout mon ouvrage, comme celui de leurs ouvriers, et, avant que tu n’eusses reçu ma lettre, tout serait changé.Une femme qui quitte Paris pour aller passer six mois à la campagne en revient aussi antique que si elle s’y était oubliée trente ans. Le fils méconnaît le portrait de sa mère, tant l’habit avec lequel elle est peinte lui paraît étranger; il s’imagine que c’est quelque Américaine qui y est représentée, ou que le peintre a voulu exprimer quelqu’une de ses fantaisies.Quelquefois, les coiffures montent insensiblement, et une révolution les fait descendre tout à coup. Il a été un temps que leur hauteur immense mettait le visage d’une femme au milieu d’elle-même. Dans un autre, c’étaient les pieds qui occupaient cette place : les talons faisaient un piédestal, qui les tenait en l’air. Qui pourrait le croire ? Les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d’élargir les portes, selon que les parures des femmes exigeaient d’eux ce changement, et les règles de leur art ont été asservies à ces caprices. On voit quelquefois sur le visage une quantité prodigieuse de mouches1, et elles disparaissent toutes le lendemain. Autrefois, les femmes avaient de la taille et des dents ; aujourd’hui, il n’en est pas question. Dans cette changeante nation, quoi qu’en disent les mauvais plaisants, les filles se trouvent autrement faites que leurs mères.Il en est des manières et de la façon de vivre comme des modes : les Français changent de mœurs selon l’âge de leur roi. Le Monarque pourrait même parvenir à rendre la Nation grave, s’il l’avait entrepris. Le prince imprime le caractère de son esprit à la Cour; la Cour, à la Ville, la Ville, aux provinces. L’âme du souverain est un moule qui donne la forme à toutes les autres.De Paris, le 8 de la lune de Saphar, 1717 Montesquieu — Lettres persanes
Aller se faire casser les os, Dieu sait où, au diable au vert. Henri Pourrat — Gaspard des montagnes