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Il y a 998 citations sur le ça.
Le Ça ignore la négation, la contradiction, le sentiment de la durée et la notion du temps bien entendu, il ne connaît pas davantage les jugements de valeur, le bien et le mal, la morale. Tout ce qu'il n'est pas appartient aux deux autres instances, le Moi et le Surmoi, auxquelles incombent l'organisation et le maintien de la vie psychique. La révolution psychanalytique — La vie et l'œuvre de Freud (1964), Marthe Robert, éd. Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 1989 (ISBN 2-228-88109-0), 25. Éros et la mort, p. 362
Dix ans de mariage pour une actrice ça équivaut à cinquante ans de mariage pour une employée des postes. Charlotte de Turckheim — Ma journée à moi
Ca peut rendre agressif d'être complètement privé de vie, d'avoir l'écriture qui gangrène tout le reste, en dehors des moments de joie ça peut rendre triste. Christine Angot — Quitter la ville
Boire sans soif et faire l'amour en tout temps, madame, il n'y a que ça qui nous distingue des autres bêtes. Pierre Augustin Caron de Beaumarchais — Le Mariage de Figaro, II, 21
L'amour, ça passe dans tant d'cœurs, c'est une corde à tant d'vaisseaux, et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ? Paul Fort — L'Amour marin, Flammarion
Il avait faim. Quelle sensation ça fait de s’étaler la serviette sur les genoux et de voir arriver des nourritures qu’on n’a pas décidées, préparées, touillées, surveillées, des nourritures toutes neuves, dont on n’a pas reniflé toutes les étapes de la métamorphose. Je l’ai oublié. Bien sûr, le restaurant parfois, rare, il faut prendre une baby-sitting, et c’est de l’extraordinaire, des plats avec parfum de fric et je-te-sors-ce-soir-ma-jolie. Pas sa fête à lui, biquotidienne, tranquille, pas besoin de remercier, chic du céleri rémoulade, le bifteck saignant, les pommes de terre sautées fondantes dans le caquelon. Quand je me sers des pommes de terre en face de lui, ça fait une demi-heure que je les respire, les pré-mâche presque, toujours à goûter, la quantité de sel, le degré de cuisson, à couper l’appétit, le vrai, celui qui est désir et salive. Mais, lui, qu’il mange au moins, qu’il paie mes efforts, intraitable déjà, qu’il nettoie les plats, les restes me font horreur, comme une peine perdue, du gâchis d’énergie, et puis traîner dans le frigo un passé de nourriture qu’il faudra regoûter, resservir, maquiller, j’en ai mal au cœur d’avance (page 164 folio). Annie Ernaux — La femme gelée
Werth n’en pouvait plus... Tout l’ennuyait, le fatiguait de plus en plus, le dégoûtait... Les demandes des uns, les supplications des autres ; l’atmosphère de malveillance implacable qui entoure la prostitution douce ; la niaiserie dépendante des garçons exigeant sans cesse d’être assistés, maternés, poussés, pistonnés... Pour quelques instants agréables (et encore), quel prix à payer... Téléphones, lettres, démarches, arbitrages... Conseils, indulgence à n’en plus finir, tutelle, pourboires déguisés... A ce jeu de la résignation, Werth était devenu une sorte de saint malgré lui, gardant quand même sa réserve ponctuée de soubresauts rageurs... Il ne vivait pas du tout son homosexualité comme le font la plupart, désormais, de façon triomphante, agressive, militante, dure, prononcée... L’obscénité en vitrine... Boîtes sado-maso, valse du cuir... Torses, poils, muscles, piscines d’argile, mer gluante... Floc-floc des râles et des grognements... La seule chose qui avait toujours fait peur à Werth, c’est que sa mère apprenne ses goûts par la presse... Qu’il y ait comme ça un scandale mettant en cause sa situation, d’ailleurs péniblement acquise, de grand professeur... Déjà, l’hostilité des collègues, l’inlassable calomnie des ratés universitaires... Rien à voir avec le gauchisme viril de Pasolini... Les sous-prolétaires dans le cambouis, sur la plage... Avec le risque d’assassinat au bout, c’est d’ailleurs ce qui a fini par arriver... Non, les Français sont plus réservés, que voulez-vous, ils souffrent de plus en plus, en demi-teintes... Proust dans une boîte de New York ? Charlus et Jupien dans les bains-douches directs de la 72e Rue ? Werth se battait, sans illusions, pour une sorte de sensualité atténuée, une variante d’épicurisme... Bouddhiste, japonisant, légèrement affaissé.. Philippe Sollers — Femmes
Le monde appartient aux femmes, il n'y a que des femmes, et depuis toujours elles le savent et elles ne le savent pas, elles ne peuvent pas le savoir vraiment, elles le sentent, elles le pressentent, ça s'organise comme ça. Les hommes ? Ecume, faux dirigeants, faux prêtres, penseurs approximatifs, insectes... Gestionnaires abusés... Muscles trompeurs, énergie substituée, déléguée... Philippe Sollers — Femmes
Tu marches beaucoup, tu dors beaucoup, tu regardes les sols avec une avidité constante. Tu deviens expert en brindilles, en feuilles mortes, en mottes, en débris, en fourmis. Tu décides que la nature est un temple, et tu n’envies pas les marchands du temple. Les arbres sont des piliers, les bois des cathédrales, les buissons des autels, les nuages des mots du ciel. Tu es encore très maladroit, mais ça viendra. Tu as juré de ne jamais travailler, et tu ne travailleras pas. Philippe Sollers — L'éclaircie
La passion doit être punie." - Ah oui ? Quel est le con qui a dit ça ? Philippe Sollers — Passion fixe
Céline au Panthéon ? On voit bien que la question ne se pose pas et ne se posera jamais . Il y a des écrivains qui font consensus (ce n’est pas pour ça qu’on les lit comme il doivent être lus) et d’autres qui seront toujours l’objet de polémique : Céline est évidemment de ceux-là. Ce n’est pas pour ça qu’on le lit vraiment. L’argument des détracteurs est connu : l’antisémitisme revendiqué de Céline. Il est indéniable et, bien sûr, insoutenable. Mais est-ce une raison pour ne pas lire ? A ce jour, à l’exception de Mea Culpa, les célèbres pamphlets — Bagatelle pour un massacre (1937), L’École des cadavres (1938), Les beaux draps 1941) — ne sont pas réédités [3]. Dans un récent article du N.O., Jacques Drillon rappelait ces mots de Philippe Muray : « Notre époque veut ignorer que l’Histoire était cette somme d’erreurs considérables qui s’appellent la vie, et se berce de l’illusion que l’on peut supprimer l’erreur sans supprimer la vie. » Drillon ajoutait : « Si l’on ne peut pas lire les pamphlets antisémites de Céline, on ne pourra pas démonter son antisémitisme, ni même démontrer que Céline était antisémite. Or il l’était. Donc, trompés, nous mentirons à notre tour. » Philippe Sollers
On est en mai, il fait très beau, je suis avec Lisa à Athènes. La nuit, vers 3 h du matin, l’expérience se renouvelle. Mon corps n’est plus là, je plane au-dessus de lui, ça dure à peine trois secondes, mais j’ai tort de dire « secondes », puisque le temps a disparu. Plus de temps, plus d’espace, mais un drôle de lieu à faible lumière bleutée, juste à côté de Lisa qui dort sur cette planète. On en découvre tous les jours, des planètes, elles tournent autour de leurs étoiles, le problème étant de savoir si l’une ou l’autre est « habitable », c’est-à-dire comporte de l’eau, nécessaire pour produire la vie. Les humains, malgré leurs atrocités et leurs misères, ne renoncent pas à rencontrer leurs semblables à des années-lumière de leurs migrations terrestres. Il faut de l’eau, point. Je descends doucement, je me réincarne, je me lève avec précaution, je vais boire un verre d’eau. Philippe Sollers — Beauté
Faites l'expérience de vous dire sans cesse : j'étais là, je suis là, je serai toujours là, je suis avec moi jusqu'à la fin des temps, le ciel et la terre passeront, mais ma certitude ne passera pas. Le résultat est terrifiant ou comique. À moins de prendre tout ça à la légère, sur la pointe des pieds, de marcher sur l'eau, de voler. Regardez : j'ai l'air d'un boeuf mais je plane, je suis une mouette, un faucon, un héron. Ma vie est dans les fleurs, les marais, les vignes, les vagues. Je migre, je transmigre, je me réincarne au jugé. On m'enterre, je ressuscité ; on m'incinère, mes atomes persistent et se recomposent plus loin. Dans le monde humain, il m'arrive d'attendre longtemps avant de me reconnaître. J'ai des rêves, des attaques, des pressentiments, je fais des rencontres, je suis bien obligé d'admettre que je suis un autre, et soudain me revoilà,c'est plus fort que moi. Ici, il faut que je me parle doucement à mi-voix, comme quelqu'un qui a peur de réveiller des gens qui dorment et qu'il aime. Philippe Sollers — Une vie divine
La grande pièce où vous travaillez est tapissée de livres.Ils vous attendent la matin, très tôt. Pas un bruit, l'appartement est vide. Vous débranchez votre téléphone, vous vous asseyez à votre table, vous vous concentrez, vous ne faites rien. ça peut durer dis minutes ou une heure, parfois la matinée entière. Ne rien faire est toujours une joie! ( p 190) Philippe Sollers — Mouvement
Perdons nous un peu dans la forêt, jusqu'au fleuve surmonté de vignes. Rassemble ça en toi, avant de revenir dans les villes. Tu en auras besoin pour tenir le coup. Philippe Sollers — L'étoile des amants
Bon anniversaire, dit Louis. Oh, ça suffit. dit Odile. Et ça vous fait quel effet d'avoir trente-cinq ans? Elle le secoue par l'épaule. Ça suffit. Toi aussi, ce sera bientôt ton tour. Patrick Modiano — Une jeunesse
La mère se tait. La fille reprend « Françoise m’a demandé ce que tu voulais pour ton anniversaire, un caraco, ça te va ? Oui, oui. — j’allais pas dire que tu voulais, je sais pas, un tailleur Chanel » (Rire sarcastique de la fille.) Annie Ernaux — La vie extérieure
Le chariot [de supermarché] est la chose du désordre et de la confusion. Amoncellement, mélange, chaos. Certains le jouent géométrique, empilé parfait, Tétris impec, d'autres pêle-mêle bordel, chocolat sur jambon sur lessive sur poireaux sur liquide vaisselle. De toutes façon, ça juxtapose et chaotise. Dernières nouvelles des choses, Roger-Pol Droit, éd. Odile Jacob, 2003, p. 158
Je me demande si fêter ses anniversaires ça ne fait pas vieillir. Nancy Astor
Le travail d'équipe est essentiel. En cas d'erreur, ça permet d'accuser quelqu'un d'autre. Bernard Menez