Accueil > Citations > Citations sur le cependant
Il y a 68 citations sur le cependant.
Sur ces paroles, qui empruntaient à la bouche d’où elles étaient émanées une autorité sibylline, les matelots se regardèrent furtivement (…).Encouragé par les signes de ses camarades, Pompon-Filasse se décida cependant à faire une nouvelle tentative pour rompre le silence inquiétant de Bertrand.— Maître ? dit-il timidement.— Qu’est-ce qu’il y a, mon garçon ?— C’est y vrai que vous avez servi dans le temps sur le plancher des vaches et que vous vous êtes croché avec les terriens anglais. Edmond Rousseau — La Monongaléha
Je m’y soumettrai sans doute, il vaut mieux mourir que de vivre coupable. Déjà, je le sens, je ne le suis que trop ; je n’ai sauvé que ma sagesse, la vertu s’est évanouie. Faut-il vous l’avouer, ce qui me reste encore je le dois à sa générosité. Enivrée du plaisir de le voir, de l’entendre, de la douceur de le sentir auprès de moi, du bonheur plus grand de pouvoir faire le sien, j’étais sans puissance et sans force ; à peine m’en restait-il pour combattre, je n’en avais plus pour résister ; je frémissais de mon danger sans pouvoir le fuir. Eh bien ! il a vu ma peine et a eu pitié de moi. Comment ne le chérirais-je pas ? je lui dois bien plus que la vie.Ah ! si en restant auprès de lui je n’avais à trembler que pour elle, ne croyez pas que jamais je consentisse à m’éloigner. Que m’est-elle sans lui ? ne serais-je pas trop heureuse de la perdre ? Condamnée à faire éternellement son malheur et le mien ; à n’oser ni me plaindre, ni le consoler ; à me défendre chaque jour contre lui, contre moi-même ; à mettre mes soins à causer sa peine, quand je voudrais les consacrer tous à son bonheur : vivre ainsi n’est-ce pas mourir mille fois ? voilà pourtant quel va être mon sort. Je le supporterai cependant, j’en aurai le courage. Oh ! vous, que je choisis pour ma mère, recevez-en le serment ! Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
Ma foi, c'est fait de moi. Car IsabeauM'a conjuré de lui faire un rondeau.Cela me met en une peine extrême.Quoi treize vers : huit en eau, cinq en ème !Je lui ferais aussitôt un bateau.En voilà cinq pourtant en un monceau.Faisons-en huit, en invoquant Brodeau,Et puis mettons : par quelque stratagème.Ma foi, c'est fait.Si je pouvais encor de mon cerveauTirer cinq vers, l'ouvrage serait beau.Mais cependant je suis dedans l'onzième,Et si, je crois que je fais le douzième.En voilà treize ajusté au niveau.Ma foi, c'est fait ! Vincent Voiture — Ma foi
Le lendemain matin, cependant, quand les Otis descendirent pour le petit déjeuner, ils constatèrent que l'horrible tache de sang avait reparu sur le parquet. Ce n'est sûrement pas la faute du détachant, dit Washington, puisque je l'ai toujours employé avec succès. Ce doit être le fantôme. Et le jeune homme fit disparaître la tache pour la seconde fois; mais, le lendemain, la tache avait reparu. Oscar Wilde — Le Crime de Lord Arthur Savile et autres contes
K. savait bien de son côté qu'en cédant trop il se rendrait esclave et que l'instituteur le prendrait pour tête de Turc, mais il voulait pour le moment accepter patiemment dans certaines limites les caprices de l'instituteur car, bien que celui-ci, comme on venait de le voir, ne pût le congédier légalement, il pouvait cependant lui rendre la place intenable. Franz Kafka — Le Château
Lettre CXXV :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu’elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n’a plus rien à m’accorder.Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l’apprécier ; mais je m’étonne du charme inconnu que j’ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d’une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n’est pourtant pas non plus celui de l’amour ; car enfin, si j’ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j’ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d’hier m’aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais : quand j’aurais, un moment, partagé le trouble et l’ivresse que je faisais naître ; cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J’aurais même, je l’avoue, un plaisir assez doux à m’y livrer, s’il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l’approfondir. […]Paris, ce 29 octobre 17**. Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
Le vieux (...) pleurait de rage de voir que ses canonniers l'avaient laissé. Cependant, vers le soir, il lui en revint quelques-uns à l'heure de la paye. A. Daudet — Contes lundi
Mon cher Lekain, ma recommandation, la recommandation d’un Suisse, n’est pas d’un grand poids ; cependant j’ai écrit comme vous l’avez voulu. Voltaire — Correspondance
Cependant, changeant de langage, et lui prenant la main. – « Mon ami, lui dis-je, je souhaiterais que tout le clergé de l’Église romaine fût doué d’une telle modération, et d’une charité égale à la vôtre. Je suis entièrement de votre opinion ; mais je dois vous dire que si vous prêchiez une pareille doctrine en Espagne ou en Italie, on vous livrerait à l’Inquisition. » Daniel Defoe — Robinson Crusoé
Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :On a souvent besoin d'un plus petit que soi.De cette vérité deux Fables feront foi,Tant la chose en preuves abonde.Entre les pattes d'un lionUn rat sortit de terre assez à l'étourdie.Le roi des animaux, en cette occasion,Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.Ce bienfait ne fut pas perdu.Quelqu'un aurait-il jamais cruQu'un lion d'un rat eût affaire ?Cependant il advint qu'au sortir des forêtsCe lion fut pris dans des rets,Dont ses rugissements ne le purent défaire.Sire Rat accourut, et fit tant par ses dentsQu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.Patience et longueur de tempsFont plus que force ni que rage.L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits. Jean de La Fontaine — Le Lion et le Rat
[...]Un jour au coin du feu nos deux maîtres friponsRegardaient rôtir des marrons.Les escroquer était une très bonne affaire :Nos galands y voyaient double profit à faire,Leur bien premièrement, et puis le mal d'autrui.Bertrand dit à Raton : Frère, il faut aujourd'huiQue tu fasses un coup de maître.Tire-moi ces marrons. Si Dieu m'avait fait naîtrePropre à tirer marrons du feu,Certes marrons verraient beau jeu.Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,D'une manière délicate,Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,Puis les reporte à plusieurs fois ;Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.Et cependant Bertrand les croque.Une servante vient : adieu mes gens. RatonN'était pas content, ce dit-on.Aussi ne le sont pas la plupart de ces PrincesQui, flattés d'un pareil emploi,Vont s'échauder en des ProvincesPour le profit de quelque Roi. Jean de la Fontaine — Fables
La loi grecque assure cependant à la femme une dot qui sert à son entretien et qui doit lui être intégralement restituée si le mariage est dissous ; elle autorise aussi en certains cas très rares la femme à demander le divorce mais ce sont les seules garanties que la société lui octroie. Simone de Beauvoir — Le deuxième sexe
C'était cependant un chien de berger courageux et qui ne prenait pas les vessies pour des lanternes. L'odeur était épouvantable. Jean Giono — Ennemonde et autres caractères
Cet appartement était aussi confortablement meublé que peut l’être une garçonnière. Mais comme un intérieur prend à la longue la physionomie et peut-être la pensée de celui qui l’habite, le logis d’Octave s’était peu à peu attristé ; le damas des rideaux avait pâli et ne laissait plus filtrer qu’une lumière grise. Les grands bouquets de pivoine se flétrissaient sur le fond moins blanc du tapis ; l’or des bordures encadrant quelques aquarelles et quelques esquisses de maîtres avait lentement rougi sous une implacable poussière ; le feu découragé s’éteignait et fumait au milieu des cendres. La vieille pendule de Boule incrustée de cuivre et d’écaille verte retenait le bruit de son tic-tac, et le timbre des heures ennuyées parlait bas comme on fait dans une chambre de malade ; les portes retombaient silencieuses, et les pas des rares visiteurs s’amortissaient sur la moquette ; le rire s’arrêtait de lui-même en pénétrant dans ces chambres mornes, froides et obscures, où cependant rien ne manquait du luxe moderne. Théophile Gautier — Récits fantastiques
Je ne pouvais plus avoir de doutes, l'abbé Sérapion avait raison. Cependant, malgré cette certitude, je ne pouvais m'empêcher d'aimer Clarimonde et je lui aurais volontiers donné tout le sang dont elle avait besoin pour soutenir son existence factice. D'ailleurs, je n'avais pas grand-peur; la femme me répondait du vampire, et ce que j'avais entendu et vu me rassurait complètement; j'avais alors des veines plantureuses qui ne se seraient pas de sitôt épuisées, et je ne marchandais pas ma vie goutte à goutte. Je me serais ouvert le bras moi-même et je lui aurais dit : « Bois ! et que mon amour s'infiltre dans ton corps avec mon sang! ». J'évitais de faire la moindre allusion au narcotique qu'elle m'avait versé et à la scène de l'aiguille, et nous vivions dans le plus parfait accord. Pourtant mes scrupules de prêtre me tourmentaient plus que jamais, et je ne savais quelle macération nouvelle inventer pour mater et mortifier ma chair. Quoique toutes ces visions fussent involontaires et que je n'y participasse en rien, je n'osais pas toucher le Christ avec des mains, aussi impures et un esprit souillé par de pareilles débauches réelles ou rêvées. Pour éviter de tomber dans ces fatigantes hallucinations, j'essayais de m'empêcher de dormir, je tenais mes paupières ouvertes avec les doigts et je restais debout au long des murs, luttant contre le sommeil de toutes mes forces; mais le sable de l'assoupissement me roulait bientôt dans les yeux, et, voyant que toute lutte était inutile, je laissais tomber les bras de découragement et de lassitude, et le courant me rentraînait vers les rives perfides. Théophile Gautier — La Morte Amoureuse
Gervaise, cependant, se retenait pour ne pas éclater en sanglots. Elle tendait les mains, avec le désir de soulager l’enfant ; et, comme le lambeau de drap glissait, elle voulut le rabattre et arranger le lit. Alors, le pauvre petit corps de la mourante apparut. Ah ! Seigneur ! quelle misère et quelle pitié ! Les pierres auraient pleuré. Lalie était toute nue, un reste de camisole aux épaules en guise de chemise ; oui, toute nue, et d’une nudité saignante et douloureuse de martyre. Elle n’avait plus de chair, les os trouaient la peau. Sur les côtes, de minces zébrures violettes descendaient jusqu’aux cuisses, les cinglements du fouet imprimés là tout vifs. Une tache livide cerclait le bras gauche, comme si la mâchoire d’un étau avait broyé ce membre si tendre, pas plus gros qu’une allumette. La jambe droite montrait une déchirure mal fermée, quelque mauvais coup rouvert chaque matin en trottant pour faire le ménage. Des pieds à la tête, elle n’était qu’un noir. Oh ! ce massacre de l’enfance, ces lourdes pattes d’homme écrasant cet amour de quiqui, cette abomination de tant de faiblesse râlant sous une pareille croix ! On adore dans les églises des saintes fouettées dont la nudité est moins pure. Émile Zola — L’Assommoir
ALCESTE :Non : elle est générale, et je hais tous les hommes : Les uns, parce qu'ils sont méchants et malfaisants,Et les autres, pour être aux méchants complaisantsEt n'avoir pas pour eux ces haines vigoureusesQue doit donner le vice aux âmes vertueuses.De cette complaisance on voit l'injuste excèsPour le franc scélérat avec qui j'ai procès : Au travers de son masque on voit à plein le traître ;Partout il est connu pour tout ce qu'il peut être ; Et ses roulements d'yeux et son ton radouci N'imposent qu'à des gens qui ne sont point d'ici. On sait que ce pied-plat, digne qu'on le confonde, Par de sales emplois s'est poussé dans le monde, Et que par eux son sort de splendeur revêtu Fait gronder le mérite et rougir la vertu. Quelques titres honteux qu'en tous lieux on lui donne,Son misérable honneur ne voit pour lui personne ; Nommez-le fourbe, infâme et scélérat maudit, Tout le monde en convient et nul n'y contredit. Cependant sa grimace est partout bienvenue : On l'accueille, on lui rit, partout il s'insinue ; Et s'il est, par la brigue, un rang à disputer, Sur le plus honnête homme on le voit l'emporter. Têtebleu ! ce me sont de mortelles blessures, De voir qu'avec le vice on garde des mesures ;Et parfois il me prend des mouvements soudains De fuir dans un désert l'approche des humains. Molière — Le Misanthrope
Je m’assois à un bout de la table et trace La Belle au bois dormant, Le Lac des cygnes. Ça en fait toute une page. Cependant, les nombreux tchékistes qui tournicotent autour de moi (ils iront moucharder demain dès potron-minet) de redoubler d’attention ; sûr et certain qu’elle est en train de livrer le plan de nos usines d’armement. Mais que puis-je faire ? Leur dire que je suis illettrée, que je ne sais pas écrire ? Maïa Plissetskaïa — Moi
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. "Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? — J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. — Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? — Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe." Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : "Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par-là la fortune de ton père et de ta mère." Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. Voltaire — Candide
Il se trouvait dans la région des astéroïdes 325, 326, 327, 328, 329 et 330. Il commença donc par les visiter pour y chercher une occupation et pour s'instruire.La première était habitée par un roi. Le roi siégeait, habillé de pourpre et d'hermine, sur un trône très simple et cependant majestueux.- Ah! Voilà un sujet, s'écria le roi quand il aperçut le petit prince.Et le petit prince se demanda:- Comment peut-il me reconnaître puisqu'il ne m'a encore jamais vu !Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.- Approche-toi que je te voie mieux, lui dit le roi qui était tout fier d'être roi pour quelqu'un.Le petit prince chercha des yeux où s'asseoir, mais la planète était toute encombrée par le magnifique manteau d'hermine. Il resta donc debout, et, comme il était fatigué, il bâilla.- Il est contraire à l'étiquette de bâiller en présence d'un roi, lui dit le monarque. Je te l'interdis.- Je ne peux pas m'en empêcher, répondit le petit prince tout confus. J'ai fait un long voyage et je n'ai pas dormi...- Alors, lui dit le roi, je t'ordonne de bâiller. Je n'ai vu personne bâiller depuis des années. Les bâillements sont pour moi des curiosités. Allons! bâille encore. C'est un ordre.- Ça m'intimide... je ne peux plus... fit le petit prince tout rougissant.- Hum! Hum! répondit le roi. Alors je... je t'ordonne tantôt de bâiller et tantôt de...Il bredouillait un peu et paraissait vexé.Car le roi tenait essentiellement à ce que son autorité fût respectée. Il ne tolérait pas la désobéissance. C'était un monarque absolu. Mais, comme il était très bon, il donnait des ordres raisonnables."Si j'ordonnais, disait-il couramment, si j'ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer, et si le général n'obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute." Antoine de Saint-Exupéry — Le Petit Prince