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Il y a 35 citations sur la clarté.
L’attitude réaliste, inspirée du positivisme, de Saint Thomas à Anatole France, m’a bien l’air hostile à tout essor intellectuel et moral. Je l’ai en horreur, car elle est faite de médiocrité, de haine et de plate suffisance. C’est elle qui engendre aujourd’hui des livres ridicules, des pièces insultantes. Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas ; la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. […] André Breton — Manifeste du surréalisme
Protégée des éléments mais ouverte sur le jardin, la pièce avoisinait les quarante mètres carrés d'un seul tenant. Il se dirigea vers le coin débarras et entreprit de dégager les vieilleries qui l'encombraient pour gagner en espace et en clarté. Tonino Benacquista — Malavita
Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme. Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d’une lampe. Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L’homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage extraordinaire qui semblait être sorti d’un sarcophage voisin. La singulière jeunesse qui animait les yeux immobiles de cette espèce de fantôme empêchait l’inconnu de croire à des effets surnaturels ; néanmoins, pendant le rapide intervalle qui sépara sa vie somnambulique de sa vie réelle, il demeura dans le doute philosophique recommandé par Descartes, et fut alors, malgré lui, sous la puissance de ces inexplicables hallucinations dont les mystères sont condamnés par notre fierté ou que notre science impuissante tâche en vain d’analyser.[…] Le moribond frémit en pressentant que ce vieux génie habitait une sphère étrangère au monde où il vivait seul, sans jouissances, parce qu’il n’avait plus d’illusion, sans douleur, parce qu’il ne connaissait plus de plaisirs. Le vieillard se tenait debout, immobile, inébranlable comme une étoile au milieu d’un nuage de lumière, ses yeux verts, pleins de je ne sais quelle malice calme, semblaient éclairer le monde moral comme sa lampe illuminait ce cabinet mystérieux. Tel fut le spectacle étrange qui surprit le jeune homme au moment où il ouvrit les yeux, après avoir été bercé par des pensées de mort et de fantasques images. Honoré de Balzac — La peau de chagrin
Nous descendons d'auto pour contempler ce cortège fantastique et Gidal prend, à la clarté du magnésium, quelques photos de certains de ces véhicules: ce sont des «paniers à salade» allemands. Est pris celui qui croyait prendre. Gide — Journal
Délicate, légère comme du papier, la qualité d'ombre recouvrait les plans, créait des multiplicités de halos, augmentait singulièrement le pouvoir de la clarté au point qu'une seule étincelle, surgie de verre pilé le long du trottoir, là où le camion-citerne avait frappé, se reflétait quelque chose comme cent ans, sur un espace voisin de l'infini, avec la violence d'environ trois soleils. J. M. G. Le Clézio — Le Déluge
Jeanne, soudain, se sentit dans une clarté ; et, levant la tête qu’elle avait cachée en ses mains, elle ferma les yeux, éblouie par le resplendissement de l’aurore. Guy de Maupassant — Une vie
Je sortis de cet affreux chaos; et, à la clarté de l'incendie, je gagnai l'autre extrémité du faubourg Bernardin de Saint-Pierre — La Chaumière indienne
Tel alexandrin, admirablement imaginé... comme cette obscure clarté qui tombe des étoiles... est beau d'une beauté prosaïque; ce n'est pas un beau vers, c'est une belle phrase Bremond — La Poésie pure
Dans un grand épanchement de clarté, je vois, sous les pins des promontoires, une côte éclatante, d'immenses baies toutes bleues, une théâtrale enluminure, où la ligne déchiquetée des porphyres limite en ses anfractuosités rougeoyantes l'azur doré de la mer. Ludovic Naudeau — La France se regarde : le Problème de la natalité
En quoi la clarté est-elle différente de la concentration ? La seconde nous aide à garder l'esprit posé sur l'objet de notre choix, la première nous aide à choisir cet objet. Vincent Thibault — Un texto à la fois
Simultanément l'armée réalisait avec clarté que sa place n'était plus sur les pitons, mais dans les villages. Elle prenait en main le nettoyage des villes. Bachaga Boualam — Les Harkis au service de la France
Tous les chemins vont vers la ville.Du fond des brumes,Là-bas, avec tous ses étages Et ses grands escaliers et leurs voyages Jusques au ciel, vers de plus hauts étages, Comme d’un rêve, elle s’exhume. […]La ville au loin s’étale et domine la plaine Comme un nocturne et colossal espoir ; Elle surgit : désir, splendeur, hantise ; Sa clarté se projette en lueurs jusqu’aux cieux, Son gaz myriadaire en buissons d’or s’attise, Ses rails sont des chemins audacieux Vers le bonheur fallacieux Que la fortune et la force accompagnent ; Ses murs se dessinent pareils à une armée Et ce qui vient d’elle encore de brume et de fumée Arrive en appels clairs vers les campagnes. C’est la ville tentaculaire, La pieuvre ardente et l’ossuaire Et la carcasse solennelle. Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini Vers elle. Emile Verhaeren — Les Campagnes hallucinées
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivresD’être parmi l’écume inconnue et les cieux !Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeuxNe retiendra ce coeur qui dans la mer se trempeÔ nuits ! ni la clarté déserte de ma lampeSur le vide papier que la blancheur défendEt ni la jeune femme allaitant son enfant.Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,Lève l’ancre pour une exotique nature !Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufragesPerdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots ! Stéphane Mallarmé — Brise marine
Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu’on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse. Par les beaux jours d’été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. Par les vilains jours d’hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble. À gauche, se creusent des boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveau. Il y a là des bouquinistes, des marchands de jouets d’enfant, des cartonniers, dont les étalages gris de poussière dorment vaguement dans l’ombre ; les vitrines, faites de petits carreaux, moirent étrangement les marchandises de reflets verdâtres ; au-delà, derrière les étalages, les boutiques pleines de ténèbres sont autant de trous lugubres dans lesquels s’agitent des formes bizarres. À droite, sur toute la longueur du passage, s’étend une muraille contre laquelle les boutiquiers d’en face ont plaqué d’étroites armoires ; des objets sans nom, des marchandises oubliées là depuis vingt ans s’y étalent le long de minces planches peintes d’une horrible couleur brune. Une marchande de bijoux faux s’est établie dans une des armoires ; elle y vend des bagues de quinze sous, délicatement posées sur un lit de velours bleu, au fond d’une boîte en acajou. Au-dessus du vitrage, la muraille monte, noire, grossièrement crépie, comme couverte d’une lèpre et toute couturée de cicatrices. Thérèse Raquin — Émile Zola
La clarté du langage s’établit sur un fond obscur, et si nous poussons la recherche assez loin, nous trouverons finalement que le langage (…) ne dit rien que lui-même, ou que son sens n’est pas séparable de lui. Merleau–Ponty — Phénoménologie de la perception
La clarté, c'est une juste répartition d'ombres et de lumière. Johann Wolfgang von Goethe
D'idées vraies en idées vraies et de clarté en clartés, le raisonnement peut n'arriver qu'à l'erreur. Antoine de Rivarol — De l'homme intellectuel et moral
La clarté est la forme la plus difficile du courage. François Mitterrand
La certitude et le mystère sont pour le sentiment ; la clarté et l'incertitude pour le raisonnement. Antoine de Rivarol
Le génie de notre langue est la clarté. Voltaire — France-français