Accueil > Citations > Citations sur le cruel
Il y a 34 citations sur le cruel.
Ne pas trouver de cruelles : Être toujours heureux en amour.
La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ; On a beau la prier ; La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles, Et nous laisse crier. François de Malherbe — VI
Mon fils me parle de la grosse cousine d’une étrange façon ; il ne désire qu’une bonne cruelle pour le consoler un peu. Marquise de Sévigné — t. VII
De la musique avant toute chose,Et pour cela préfère l’ImpairPlus vague et plus soluble dans l’air,Sans rien en lui qui pèse ou qui poseIl faut aussi que tu n’ailles pointChoisir tes mots sans quelque mépriseRien de plus cher que la chanson griseOù l’Indécis au Précis se joint.C’est des beaux yeux derrière des voilesC’est le grand jour tremblant de midi,C’est par un ciel d’automne attiédiLe bleu fouillis des claires étoiles !Car nous voulons la Nuance encor,Pas la Couleur, rien que la nuance !Oh! la nuance seule fianceLe rêve au rêve et la flûte au cor !Fuis du plus loin la Pointe assassine,L’Esprit cruel et le Rire impur,Qui font pleurer les yeux de l’AzurEt tout cet ail de basse cuisine !Prends l’éloquence et tords-lui son cou !Tu feras bien, en train d’énergie,De rendre un peu la Rime assagie.Si l’on n’y veille, elle ira jusqu’où ?Ô qui dira les torts de la Rime ?Quel enfant sourd ou quel nègre fouNous a forgé ce bijou d’un souQui sonne creux et faux sous la lime ?De la musique encore et toujours !Que ton vers soit la chose envoléeQu’on sent qui fuit d’une âme en alléeVers d’autres cieux à d’autres amours.Que ton vers soit la bonne aventureEparse au vent crispé du matinQui va fleurant la menthe et le thym…Et tout le reste est littérature. Verlaine — L’Art poétique
ŒDIPE — […] Est-il homme plus abhorré des dieux ? Étranger, citoyen, personne ne peut plus me recevoir chez lui, m'adresser la parole, chacun me doit écarter de son seuil. Bien plus, c'est moi-même qui me trouve aujourd'hui avoir lancé contre moi-même les imprécations que tu sais. A l'épouse du mort j'inflige une souillure, quand je la prends entre ces bras qui ont fait périr Laïos ! Suis-je donc pas un criminel ? suis-je pas tout impureté ? puisqu'il faut que je m'exile, et qu'exilé je renonce à revoir les miens, à fouler de mon pied le sol de ma patrie ; sinon, je devrais tout ensemble entrer dans le lit de ma mère et devenir l'assassin de mon père, ce Polybe qui m'a engendré et nourri. Est-ce donc pas un dieu cruel qui m'a réservé ce destin ? On peut le dire, et sans erreur. Sophocle — Œdipe-roi
Le roi des colombesLes colombes se cherchaient un seigneur.Comme roi, elles choisirent un autour,afin qu’il leur causât moins de mauxet qu’il les protégeât des autres.Mais, quand il fut devenu leur seigneuret qu’il eut obtenu tout pouvoir sur elles,il se mit à tuer et dévorertoutes celles qui s’approchaient de lui.Voilà pourquoi une des colombes prit la paroleet dit ainsi à ses compagnes :« Quelle grave erreur, dit-elle, nous avons commisequand nous avons choisi l’autour comme roi,lui qui nous tue jour après jour.Mieux aurait valu rester pour toujourssans seigneur plutôt que d’avoir celui-ci.Auparavant, nous nous méfiions soigneusement de luiet n’avions à redouter que ses pièges ;depuis que nous l’avons fait venir parmi nous,c’est au grand jour qu’il a commisles actes qu’il faisait auparavant en cachette. »Cette fable s’adresse à la plupart,qui choisissent des seigneurs mauvais.Il commet une grave erreurcelui qui se place sous la couped’un homme cruel ou sans parole :il n’en retirera rien sinon du déshonneur. Marie de France — Le roi des colombes (Traduit par Baptiste Laïd)
THÉSÉEEh bien ! vous triomphez, et mon fils est sans vie !Ah ! que j’ai lieu de craindre, et qu’un cruel soupçon,L’excusant dans mon cœur, m’alarme avec raison !Mais, madame, il est mort, prenez votre victime ;Jouissez de sa perte, injuste ou légitime :Je consens que mes yeux soient toujours abusés.Je le crois criminel, puisque vous l’accusez.Son trépas à mes pleurs offre assez de matièresSans que j’aille chercher d’odieuses lumières,Qui, ne pouvant le rendre à ma juste douleur,Peut-être ne feraient qu’accroître mon malheur.Laissez-moi, loin de vous, et loin de ce rivage,De mon fils déchiré fuir la sanglante image.Confus, persécuté d’un mortel souvenir,De l’univers entier je voudrais me bannir.Tout semble s’élever contre mon injustice ;L’éclat de mon nom même augmente mon supplice :Moins connu des mortels, je me cacherais mieux.Je hais jusques aux soins dont m’honorent les dieux ;Et je m’en vais pleurer leurs faveurs meurtrières,Sans plus les fatiguer d’inutiles prières.Quoi qu’ils fissent pour moi, leur funeste bontéNe me saurait payer de ce qu’ils m’ont ôté.PHÈDRENon, Thésée, il faut rompre un injuste silence ;Il faut à votre fils rendre son innocence :Il n’était point coupable.THÉSÉEAh ! père infortuné !Et c’est sur votre foi que je l’ai condamné !Cruelle ! pensez-vous être assez excusée…PHÈDRELes moments me sont chers ; écoutez-moi, ThéséeC’est moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,Osai jeter un œil profane, incestueux.Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste :La détestable Œnone a conduit tout le reste.Elle a craint qu’Hippolyte, instruit de ma fureur,Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur :La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.Elle s’en est punie, et fuyant mon courroux,A cherché dans les flots un supplice trop doux.Le fer aurait déjà tranché ma destinée ;Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée :J’ai voulu, devant vous exposant mes remords,Par un chemin plus lent descendre chez les morts.J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veinesUn poison que Médée apporta dans Athènes.Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenuDans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuageEt le ciel et l’époux que ma présence outrage ;Et la mort à mes yeux dérobant la clarté,Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté.PANOPEElle expire, seigneur !THÉSÉED’une action si noireQue ne peut avec elle expirer la mémoire !Allons, de mon erreur, hélas ! trop éclaircis,Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux fils !Allons de ce cher fils embrasser ce qui reste,Expier la fureur d’un vœu que je déteste :Rendons-lui les honneurs qu’il a trop mérités ;Et, pour mieux apaiser ses mânes irrités,Que, malgré les complots d’une injuste famille,Son amante aujourd’hui me tienne lieu de fille ! Racine — Phèdre
On prétend que c'est la chose la moins mauvaise que la faiblesse humaine ait pu inventer... Bien inhumaine, pourtant, et inutile, à mon avis ! Plusieurs peuples, en cela moins « barbares » que les Grecs et les Romains, qui les appellent pourtant ainsi, estiment qu'il est horrible et cruel de faire souffrir et démembrer un homme, dont la faute n'est pas avérée. Que peut-il contre cette ignorance ? N'êtes-vous pas injustes, sous prétexte de ne pas le tuer sans raison, de lui faire subir quelque chose de pire encore que la mort ? Et pour preuve qu'il en est bien ainsi, voyez comment bien des fois il préfère mourir sans raison que de passer par cette épreuve. Elle est plus pénible que le supplice final lui-même, et bien souvent, tellement insupportable, qu'elle le devance et même l'exécute.Je ne sais d'où je tiens cette histoire, mais elle reflète bien la conscience dont sait faire preuve notre justice. Devant le Général d'armée, grand justicier, une villageoise accusait un soldat d'avoir enlevé à ses jeunes enfants ce peu de bouillie qui lui restait pour les nourrir, l'armée ayant tout ravagé. Mais pas de preuves !... Le Général somma la femme de bien considérer ce qu'elle disait, car elle devrait répondre de son accusation si elle mentait. Mais comme elle persistait, il fit alors ouvrir le ventre du soldat pour connaître la vérité. Et la femme se trouva avoir raison. Voilà bien une condamnation instructive. Michel de Montaigne — Les essais
Hélas mes tristes recommandations eussent été bien inutiles. L'ordre cruel était venu, en même temps que celui de ma délivrance. Abbé Prevost — Manon Lescaut
J’ai déjà pris, sans l’avoir vue, une aversion effroyable pour celle que l’on me destine ; et, sans être cruel, je souhaiterais que la mer l’écartât d’ici pour jamais. Molière — Les Fourberies de Scapin
Ainsi l’un est réputé généreux et un autre misérable […] ; l’un est bienfaisant, et un autre avide ; l’un cruel, et un autre compatissant ; l’un sans foi, et un autre fidèle à sa parole ; l’un efféminé et craintif, et un autre ferme et courageux ; l’un débonnaire, et un autre orgueilleux ; l’un dissolu, et un autre chaste… Nicolas Machiavel — Le Prince
Ah ! dit-il, voilà donc comme tu veux me tromper, maudite femme ! Je ne sais à quoi il tient que je ne te mange aussi : bien t'en prend d'être une vieille bête. Voilà du gibier qui me vient bien à propos pour traiter trois ogres de mes amis, qui doivent me venir voir ces jours-ci.Il les tira de dessous le lit, l'un après l'autre. Ces pauvres enfants se mirent à genoux, en lui demandant pardon ; mais ils avaient affaire au plus cruel de tous les ogres, qui, bien loin d'avoir de la pitié, les dévorait déjà des yeux, et disait à sa femme que ce seraient là de friands morceaux, lorsqu'elle leur aurait fait une bonne sauce. Il alla prendre un grand couteau ; et en approchant de ces pauvres enfants, il l'aiguisait sur une longue pierre, qu'il tenait à sa main gauche. Il en avait déjà empoigné un, lorsque sa femme lui dit : " Que voulez-vous faire à l'heure qu'il est ? n'aurez-vous pas assez de temps demain ?- Tais-toi, reprit l'Ogre, ils en seront plus mortifiés. - Mais vous avez encore là tant de viande, reprit sa femme : voilà un veau, deux moutons et la moitié d'un cochon !- Tu as raison, dit l'Ogre : donne-leur bien à souper afin qu'ils ne maigrissent pas, et va les mener coucher. Charles Perrault — Le Petit Poucet
Le long du vieux faubourg, où pendent aux masuresLes persiennes, abri des secrètes luxures,Quand le soleil cruel frappe à traits redoublésSur la ville et les champs, sur les toits et les blés,Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.Ce père nourricier, ennemi des chloroses,Eveille dans les champs les vers comme les roses ;Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquillesEt les rend gais et doux comme des jeunes filles,Et commande aux moissons de croître et de mûrirDans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,Il ennoblit le sort des choses les plus viles,Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais. Baudelaire — Les Fleurs du Mal
C'était devenu pour elle un jeu cruel de le faire rougir, et presque sa seule prise sur lui Montherl. — Bestiaires
Et même en ce moment où ta bouche cruelle Vient si tranquillement m’annoncer le trépas. Jean Racine — Andromaque IV
Nos terroristes du quinzième et du seizième siècle ont été des moines. Les prisons monastiques furent toujours les plus cruelles. Jules Michelet — Du prêtre
Cruelle ! Vous présenter à cet homme qui laisse éclater la passion que vous venez de lui inspirer ! Jamais ! Michel Zévaco — Le Capitan
Il se trouva plongé dans le plus cruel embarras, dans une détresse épouvantable Maupassant — Contes et nouvelles, Dimanches bourgeois à Paris
Que Dieu serait cruel, s'il n'était pas si grand ! Alphonse de Lamartine — Les oiseaux
Un silence peut être parfois le plus cruel des mensonges. Robert Louis Stevenson — Virginibus Puerisque