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Il y a 27 citations sur le dégoût.
Je proclame l’opposition de toutes les facultés cosmiques à cette blennorragie d’un soleil putride sorti des usines de la pensée philosophique, la lutte acharnée, avec tous les moyens du dégoût dadaïste. Tristan Tzara — Manifeste Dada
Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; proteste aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu’à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA, abolition de l’archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère ; trajectoire d’une parole jetée comme un disque sonore crie ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église de tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante, ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c’est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges, de son âme. Tristan Tzara — Manifeste Dada
Elle ne témoignait pas, ce faisant, d’un goût douteux pour le fascisme, mais d’un dégoût profond pour la langue de bois antifasciste. Rien ne serait toutefois plus dangereux que de jeter l’antifascisme lui-même avec la langue de bois. Alain Finkielkraut — Comment peut-on être croate ?
D’écœurement, de dégoût et d’indigestion, Tintin vomit tripes et boyaux et faillit en crever pendant la nuit. Louis Pergaud — « La Traque aux nids »
Elle nous imposait ses goûts et ses dégoûts. Jean Rogissart — Hurtebise aux griottes
Elle guettait les passants, mais avec un air d'indifférence profonde, presque de dégoût. Isabelle Eberhardt — Yasmina
Par les journées de juillet très chaudes, le mur d’en face jetait sur la petite cour humide une lumière éclatante et dure.Il y avait un grand vide sous cette chaleur, un silence, tout semblait en suspens ; on entendait seulement, agressif, strident, le grincement d’une chaise traînée sur le carreau, le claquement d’une porte. C’était dans cette chaleur, dans ce silence – un froid soudain, un déchirement.Et elle restait sans bouger sur le bord de son lit, occupant le plus petit espace possible, tendue, comme attendant que quelque chose éclate, s’abatte sur elle dans ce silence menaçant.Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée sous le soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.Étendu dans l’herbe sous le soleil torride, on reste sans bouger, on épie, on attend.Elle entendait dans le silence, pénétrant jusqu’à elle le long des vieux papiers à raies bleues du couloir, le long des peintures sales, le petit bruit que faisait la clef dans la serrure de la porte d’entrée. Elle entendait se fermer la porte du bureau.Elle restait là, toujours recroquevillée, attendant, sans rien faire. La moindre action, comme d’aller dans la salle de bains se laver les mains, faire couler l’eau du robinet, paraissait une provocation, un saut brusque dans le vide, un acte plein d’audace. Ce bruit soudain de l’eau dans ce silence suspendu, ce serait comme un signal, comme un appel vers eux, ce serait comme un contact horrible, comme de toucher avec la pointe d’une baguette une méduse et puis d’attendre avec dégoût qu’elle tressaille tout à coup, se soulève et se replie.Elle les sentait ainsi, étalés, immobiles, derrière les murs, et prêts à tressaillir, à remuer.Elle ne bougeait pas. Et autour d’elle toute la maison, la rue semblaient l’encourager, semblaient considérer cette immobilité comme naturelle.Il paraissait certain, quand on ouvrait la porte et qu’on voyait l’escalier, plein d’un calme implacable, impersonnel et sans couleur, un escalier qui ne semblait pas avoir gardé la moindre trace des gens qui l’avaient parcouru, pas le moindre souvenir de leur passage, quand on se mettait derrière la fenêtre de la salle à manger et qu’on regardait les façades des maisons, les boutiques, les vieilles femmes et les petits enfants qui marchaient dans la rue, il paraissait certain qu’il fallait le plus longtemps possible – attendre, demeurer ainsi immobile, ne rien faire, ne pas bouger, que la suprême compréhension, que la véritable intelligence, c’était cela, ne rien entreprendre, remuer le moins possible, ne rien faire.Tout au plus pouvait-on, en prenant soin de n’éveiller personne, descendre sans le regarder l’escalier sombre et mort, et avancer modestement le long des trottoirs, le long des murs, juste pour respirer un peu, pour se donner un peu de mouvement, sans savoir où l’on va, sans désirer aller nulle part, et puis revenir chez soi, s’asseoir au bord du lit et de nouveau attendre, replié, immobile. Nathalie Sarraute — Tropismes
Le goût est fait de mille dégoûts. Paul Valéry — Choses tues
Nul n’est dégoûté de sa propre mauvaise odeur. Proverbe grec antique
S’aimer dans le dégoût, ce n’est pas s’aimer. Jean Genet — Les Bonnes
Même si le bouc pue, ce ne sont pas les chèvres qui lui marqueront du dégoût. Proverbe peul
Je ne réponds pas d'avoir du goût, mais j'ai le dégoût très sûr. Jules Renard — Journal
Quiconque jouit trop est bientôt dégoûté ; Il faut au bonheur du régime. Jean-Pierre Florian — Le Cheval et le poulain
Il ne faut point s'opiniâtrer à faire goûter aux enfants certaines personnes pieuses dont l'extérieur est dégoûtant. François de Salignac de La Mothe-Fénelon — De l'éducation des filles
- Ah ! Seigneur ! donnez-moi la force et le courage De contempler mon cœur et mon corps sans dégoût ! Charles Baudelaire — Les Fleurs du Mal, Un voyage à Cythère
Les armes sont peu nombreuses contre le dégoût de soi-même. Jean Filiatrault — Le Refuge impossible
J'ai rarement ouvert une porte par mégarde sans découvrir un spectacle qui me fît prendre l'humanité en pitié, en dégoût ou en horreur. Anatole François Thibault, dit Anatole France — La Vie en fleur, Calmann-Lévy
On s'accoutume à tout dans l'abondance, il n'y a guère de dégoût dont elle ne console. Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux — La Vie de Marianne
L'entêtement et le dégoût se suivent de près. Jean de La Bruyère — Caractères
Qui goûte de tout se dégoûte de tout. Hippolyte Adolphe Taine — Vie et opinions de Thomas Graindorge