Accueil > Citations > Citations sur la demande
Citations sur la demande
Il y a 52 citations sur la demande.
-
Je ne vous demande pas de remerciements, mon vieux, tout vient à point à qui sait attendre.
Pierre Mac Orlan — La Maison du retour écœurant -
Sur demande
Bernanos — Mauvais rêve -
Demandez-moi pourquoi il s'est mis en colère
-
Dans le pays dijonnais, la demande solvable de crédit est d'abord une demande de crédit à l'agriculture, ensuite une demande de crédit à la consommation, secondairement enfin une demande émanant de ceux qui se livrent au négoce.
Thierry Dutour — La Ville médiévale -
Le juge déclarera l'audience ouverte et procédera à l'appel des causes, c'est-à-dire la lecture du rôle. C'est un simple appel, comme à l'école. Quand vous entendrez votre nom, levez-vous et dites haut et clair "Présent en demande".
Maître Eolas — Au fait -
Tu as lu aussi cette stupide histoire d'une morte qui se venge? Se venger, je vous le demande un peu!
Colette — Mais. Cl. -
C’est lui le flic, ou c’est nous ? Tout ce qu’on lui demande, c’est de nous dire ce que c’est la poudre jaune, point barre.
Laurence Biberfeld — Le chien de Solferino -
Cette petite-là, vois-tu, il faut lui tenir la dragée haute, conclut-il. Tu vas me faire le plaisir de ne plus retourner la voir avant qu’elle ne te le demande. Et elle viendra te chercher, tu peux être sûr ; ou je ne m’appelle plus Léonard Beudot, et je veux n’avoir jamais encorné un mari.
Marcel Aymé — Brûlebois -
Car ça vaut le coup, la dépense du voyage, et ça vaut le coup aussi, le mépris sur le visage du militaire au poste-frontière qui te demande si tu es bien la personne du passeport, quand après ça tu déballes sur ton bout de trottoir ce que tu vas écouler sans quasiment bouger tes fesses d'où tu les as posées.
Marc Trillard — Le Maître et la mort -
LE MILAN ET LE ROSSIGNOLAprès que le Milan, manifeste voleur,Eut répandu l'alarme en tout le voisinageEt fait crier sur lui les enfants du village,Un Rossignol tomba dans ses mains, par malheur.Le héraut du printemps lui demande la vie :« Aussi bien que manger en qui n'a que le son ?Écoutez plutôt ma chanson ;Je vous raconterai Térée et son envie.— Qui, Térée ? est-ce un mets propre pour les Milans ?— Non pas, c'était un Roi dont les feux violentsMe firent ressentir leur ardeur criminelle :Je m'en vais vous en dire une chanson si belleQu'elle vous ravira : mon chant plaît à chacun. »Le Milan alors lui réplique :« Vraiment, nous voici bien : lorsque je suis à jeun,Tu me viens parler de musique.— J'en parle bien aux Rois. — Quand un roi te prendra,Tu peux lui conter ces merveilles.Pour un Milan, il s'en rira :Ventre affamé n'a point d'oreilles.
Jean de La Fontaine — Fables -
Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton,Et d'une voix papelardeIl demande qu'on ouvre en disant : « Foin du loup ! »Et croyant entrer tout d'un coup.Le biquet soupçonneux par la fente regarde :« Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point, »S'écria-t-il d'abord. (Patte blanche est un pointChez les loups, comme on sait, rarement en usage.)Celui-ci, fort surpris d'entendre ce langage,Comme il était venu s'en retourna chez soi.Où serait le biquet s'il eût ajouté foiAu mot du guet, que de fortuneNotre loup avait entendu ?Deux sûretés valent mieux qu'une,Et le trop en cela ne fut jamais perdu.
Jean de la Fontaine — Fables -
CAMILLE, lisant.Perdican me demande de lui dire adieu, avant de partir, près de la petite fontaine où je l’ai fait venir hier. Que peut-il avoir à me dire ? Voilà justement la fontaine, et je suis toute portée. Dois-je accorder ce second rendez-vous ? Ah ! (Elle se cache derrière un arbre.) Voilà Perdican qui approche avec Rosette, ma sœur de lait. Je suppose qu’il va la quitter ; je suis bien aise de ne pas avoir l’air d’arriver la première.(Entrent Perdican et Rosette, qui s’assoient.)CAMILLE, cachée, à part.Que veut dire cela ? Il la fait asseoir près de lui ? Me demande-t-il un rendez-vous pour y venir causer avec une autre ? Je suis curieuse de savoir ce qu’il lui dit.PERDICAN, à haute voix, de manière que Camille l’entende.Je t’aime, Rosette ! toi seule au monde tu n’as rien oublié de nos beaux jours passés ; toi seule tu te souviens de la vie qui n’est plus ; prends ta part de ma vie nouvelle ; donne-moi ton cœur, chère enfant ; voilà le gage de notre amour.(Il lui pose sa chaîne sur le cou.)ROSETTEVous me donnez votre chaîne d’or ?PERDICANRegarde à présent cette bague. Lève-toi et approchons-nous de cette fontaine. Nous vois-tu tous les deux, dans la source, appuyés l’un sur l’autre ? Vois-tu tes beaux yeux près des miens, ta main dans la mienne ? Regarde tout cela s’effacer. (Il jette sa bague dans l’eau.) Regarde comme notre image a disparu ; la voilà qui revient peu à peu ; l’eau qui s’était troublée reprend son équilibre ; elle tremble encore ; de grands cercles noirs courent à sa surface ; patience, nous reparaissons ; déjà je distingue de nouveau tes bras enlacés dans les miens ; encore une minute, et il n’y aura plus une ride sur ton joli visage : regarde ! c’était une bague que m’avait donnée Camille.
Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour -
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,Dans la nuit éternelle emporté sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âgesJeter l’ancre un seul jour ?Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierreOù tu la vis s’asseoir !Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondesSur ses pieds adorés.Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos :Le flot plus attentif, et la voix qui m’est chèreLaissa tomber ces mots :« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.Mais je demande en vain quelques moments encore,Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’auroreVa dissiper la nuit.Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,Hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons ! »Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,S’envolent loin de nous de la même vitesseQue les jours de malheur ?Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,Ne nous les rendra plus ?Éternité, néant, passé, sombres abîmes,Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimesQue vous nous ravissez ?Ô lacs ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,Au moins le souvenir !Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvagesQui pendent sur tes eaux !Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surfaceDe ses molles clartés !Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,Tout dise : Ils ont aimé !
Alphonse de Lamartine — Méditations poétiques -
« Vu l’ampleur de l’évènement, nous avons déposé une demande d’arrêté de catastrophe naturelle », informe le maire, Bruno Ricard. Car l’évènement pluviométrique est hors norme.
Ouest-France — Lanvallay. Un arrêté de catastrophe naturelle déposé après les fortes pluies -
- Il te demande qui tu es ?- Dis-lui d’aller pisser dans un violon, répliqua Mudger.
Don DeLillo — Chien galeux -
Le Paysan. Oui, monseigneur. (Il sort.)Perdican. Maintenant à l’autre. Ah ! je suis au désespoir ! Holà ! Rosette, Rosette ! (Il frappe à une porte.)Rosette, ouvrant. C’est vous, monseigneur ! Entrez, ma mère y est.Perdican. Mets ton plus beau bonnet, Rosette, et viens avec moi.Rosette. Où donc ? Perdican. Je te le dirai ; demande la permission à ta mère, mais dépêche-toi.Rosette. Oui, monseigneur.(Elle entre dans la maison.)
Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour -
En passant par un certain pré,Rencontra Bergère à son gré,Il la demande en mariageLe père aurait fort souhaité
Jean de La Fontaine — Le Lion amoureux -
Il me parle de ce livre [Adrienne Mesurat] de telle sorte que je me demande s’il ne le connaît pas mieux que moi, car enfin voilà assez longtemps que je n’y pense plus. Cela m’a fait une bizarre impression.
Green — Journal -
Je me rappelle le jour où j’ai compris que j’étais devenu adulte. Je vivais déjà avec Marie, nous avions Agustín depuis deux ou trois ans, je travaillais depuis des années comme je le fais toujours plus ou moins aujourd’hui, charpentier ici et là, bricoleur à droite et à gauche, électricien quand il faut, plombier ou même jardinier si on me le demande, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison ma part de revenus et me garder du temps à moi, ne pas me perdre tout entier en chantiers. Marie était déjà traductrice, traduisait déjà Lodoli et d’autres auteurs qu’elle aimait. C’est-à-dire que notre vie était déjà à peu près ce qu’elle est maintenant, et que nous en étions satisfaits, nous songions souvent que nous avions de la chance, nous nous plaisions à V., nous avions des amis, nous sentions que c’était un endroit où nous étions susceptibles de rester un bon moment encore, bref nous allions bien.Et un matin je me suis levé et je me suis dit que ça y est, tu es grand. J’ai réalisé qu’il fallait que j’arrête de me répéter ces mots, plus tard quand je serai grand. Que c’était fait : j’étais grand. Je l’étais devenus à mon insu. Sans que personne vienne me prévenir. J’ai compris qu’il n’y aurait pas d’épreuve. Pas de monstre à vaincre ni de noeud à trancher. Pas de coup de gong solennel. Pas de voix paternelle pour me souffler à l’oreille ces mots, c’est maintenant, t’y voilà. J’ai compris qu’il n’y aurait nulle ligne à franchir. Nul cap à passer. Nul obstacle à surmonter. Qu’être grand simplement désormais ce serait ça : la continuation de ce présent, de cette lente translation, de ce glissement presque imperceptible, seulement décelable à l’érosion de certaines de mes facultés, au grisonnement de mes tempes et de celles de Marie, à notre renoncement de plus en plus fréquent à telle ou telle folie qui autrefois nous aurait semblé le sel même de la vie, à la taille chaque année accrue d’Agustín, à son énergie toujours plus fascinante. À son appétit d’ogre lui aussi décidé à nous dévorer chaque jour un peu plus.J’ai réalisé qu’il ne se passerait rien. Qu’il n’y avait rien à attendre. Que toujours ainsi les semaines continueraient de passer, que le temps continuerait d’être cette lente succession d’années plus ou moins investies de projets, de désirs, d’enthousiasmes, de soirées plus ou moins vécues. De jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffée de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venu trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Perdus. Laissés vierges du moindre enthousiasme, De la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers votre lit en nous jurant d’être plus rusés le lendemain – plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivants.
Sylvain Prudhomme — Par les routes – L’Arbalète -
Nadja était forte, enfin, et très faible, comme on peut l’être de cette idée qui toujours avait été la sienne, mais dans laquelle je ne l’avais que trop entretenue, à laquelle je ne l’avais que trop aidée à donner le pas sur les autres : à savoir que la liberté, acquise ici-bas au prix de mille et des plus difficiles renoncements, demande à ce qu’on jouisse d’elle sans restriction dans le temps où elle nous est donnée, sans considération pragmatique d’aucune sorte et cela parce que l’émancipation humaine, conçue en définitive sous sa forme révolutionnaire la plus simple, qui n’en est pas moins l’émancipation humaine à tous égards, entendons-nous bien, selon les moyens dont chacun dispose, demeure la seule cause qu’il soit digne de servir. Nadja était faite pour la servir, ne fut-ce qu’en démontrant qu’il doit se fomenter autour de chaque être un complot très particulier qui n’existe pas seulement dans son imagination, dont il conviendrait, au simple point de vue de la connaissance, de tenir compte, et aussi, mais beaucoup plus dangereusement, en passant la tête, puis un bras entre les barreaux ainsi écartés de la logique, c’est-à-dire de la plus haïssable des prisons […].
André Breton — Nadja -
Tout ce qui bouge est tellement surveillé ici depuis les événements que l'on peut être sûr que c'est vrai. Par ailleurs, aucune demande de rançon n'a été rendue publique. Officiellement, l'enquête continue.
Georges Perec — 53 jorus -
29 juin 1941 – Je me demande comment tant de jeunes filles osent encore faire l’amour avec cette terreur, cette épée de Damoclès sur leur ventre ? Sont-elles héroïques ou inconscientes ?
Benoîte et Flora Groult — Journal à quatre mains -
— Eh bien, reprit Jannig, je demande premièrement que tout ce que je souhaiterai s’accomplisse aussitôt.— Accordé, reprit le bon Dieu.
F. M. Luzel — Légendes chrétiennes de la Basse-Bretagne -
Car peu m'importe à moi que l'homme soit plus ou moins comblé. Ce qui m'importe c'est qu'il soit plus ou moins homme. Je ne demande point d'abord si l'homme, oui ou non, sera heureux, mais quel homme sera heureux. Et peu m'importe l'opulence des sédentaires repus, comme du bétail dans l'étable…
Antoine de Saint-Exupéry — Citadelle -
D’ailleurs, dans toutes leurs histoires bondieuses, c'est plein de moutons répugnants, de bergers à tête de parfaits demeurés. Ça leur va bien, elles sont averties. Et je me demande alors pourquoi les moutons de Panurge les font rire, je ne vois pas qu'elles aient lieu de rire, puisque c'est leur histoire à elles.
Anne Montague — La Poupée-massacre -
Tu ne viens plus à Vigilance, on ne se voit plus il n'y a pas de problème. Je te demande pardon, il y en a un pour moi, dit Henri.
Simone de Beauvoir — Les Mandarins -
Elle avance encore un peu « Je ne sais pas, moi, c'est peut-être une idée, mais j'étais un peu gênée, je me demande si tu n'as pas eu tort. » Il devient d'un coup brutal « Tort ? Tort avec Martereau ? Qu'est-ce que tu vas chercher ?
Nathalie Sarraute — Martereau -
ARAMINTE - Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D'où vient cette attention à le regarder ?DUBOIS - Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé.ARAMINTE, surprise. - Quoi ! Seulement pour avoir vu Dorante ici ?DUBOIS - Savez-vous à qui vous avez affaire ?ARAMINTE - Au neveu de Monsieur Remy, mon procureur.DUBOIS - Eh ! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ?ARAMINTE - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant.DUBOIS - Lui, votre intendant ! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie : hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là.ARAMINTE - Mais que signifient tes exclamations ? Explique-toi : est-ce que tu le connais ?DUBOIS - Si je le connais, Madame ! si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse.ARAMINTE - Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?DUBOIS - Lui ! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil.ARAMINTE - Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis toute émue.DUBOIS - Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.ARAMINTE - A la tête ?DUBOIS - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.ARAMINTE - Dorante ! il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?DUBOIS - Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore. Ôtez cela, c'est un homme incomparable.ARAMINTE, un peu boudant - Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque, objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...DUBOIS - Ah ! vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.ARAMINTE - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?DUBOIS - J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.ARAMINTE - Moi, dis-tu ?
Marivaux — Les Fausses confidences -
En tous cas, je vous demande en grâce d'être poli avec les personnes à qui je vous ai présenté, de leur mettre des cartes, d'aller les voir et de ne pas leur parler de la baronne Putbus, qui leur est inconnue.
Marcel Proust — Sodome et Gomorrhe -
LEFORT : Raisonnons dans l’hypothèse la plus défavorable, M. Lefort, qui vous parle en ce moment, est écarté de l’affaire. On règle son mémoire, loyalement, sans le chicaner sur chaque article. M. Lefort n’en demande pas plus pour lui. Que deviennent les immeubles ? Je répète qu’ils sont éloignés du centre, chargés de servitudes, j’ajoute : grevés d’hypothèques, autant de raisons qu’on fera valoir contre les propriétaires au profit d’un acheteur mystérieux qui ne manquera pas de se trouver là. (Avec volubilité.) On dépréciera ces immeubles, on en précipitera la vente, on écartera les acquéreurs, on trompera le tribunal pour obtenir une mise à prix dérisoire, on étouffera les enchères, (avec une pantomime comique) voilà une propriété réduite à zéro.BOURDON : Précisez, monsieur, j’exige que vous précisiez. Vous dites : on fera telle, telle et telle chose. Qui donc les fera, s’il vous plaît ? Savez-vous que de pareilles manœuvres ne seraient possibles qu’à une seule
Henry Becque — Les Corbeaux (1882) -
Un beau désordre suit les guerres qui s’achèvent Les négociateurs y pratiquent le tri Des peuples des espoirs des terres et des rêves Et les aventuriers jonglent de la patrie […]Je ne demande pas le pardon des outragesLa pitié d’une enfance ou Dieu sait quel oubliLes longs labeurs m’ont fait un homme d’un autre âgeEt j’ai bu le vin noir et j’ai laissé la lieMais j’aurai beau savoir comme on dit à merveille Quelles gens mes amis d’alors sont devenus Rien ne fera jamais que je prête l’oreille A ce que dira d’eux qui ne les a connus.
Louis Aragon — Les Yeux et la Mémoire -
Fort de ses trois ans d’expérience, Franck pense qu’il existe des conducteurs sérieux, même parmi les noirs. A… est aussi de cet avis, bien entendu. Elle s’est abstenue de parler pendant la discussion sur la résistance comparée des machines, mais la question des chauffeurs motive de sa part une intervention assez longue et catégorique. Il se peut d’ailleurs qu’elle ait raison. Dans ce cas, Franck devrait avoir raison aussi. Tous les deux parlent maintenant du roman que A… est en train de lire, dont l’action se déroule en Afrique. L’héroïne ne supporte pas le climat tropical (comme Christiane). La chaleur semble même produire chez elle de véritables crises :“C’est mental, surtout, ces choses-là”, dit Franck. Il fait ensuite une allusion, peu claire pour celui qui n’a pas feuilleté le livre, à la conduite du mari. Sa phrase se termine par “savoir la prendre” ou “savoir l’apprendre”, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude de qui il s’agit, ou de quoi. Franck regarde A…, qui regarde Franck. Elle lui adresse un sourire rapide, vite absorbé par la pénombre. Elle a compris, puisqu’elle connaît l’histoire. Non, ses traits n’ont pas bougé. Leur immobilité n’est pas si récente : les lèvres sont restées figées depuis ses dernières paroles. Le sourire fugitif ne devait être qu’un reflet de la lampe, ou l’ombre d’un papillon. Du reste, elle n’était déjà plus tournée vers Franck, à ce moment-là. Elle venait de ramener la tête dans l’axe de la table et regardait droit devant soi, en direction du mur nu, où une tache noirâtre marque l’emplacement du mille-pattes écrasé la semaine dernière, au début du mois, le mois précédent peut-être, ou plus tard. Le visage de Franck, presque à contre-jour, ne livre pas la moindre expression. Le boy fait son entrée pour ôter les assiettes. A… lui demande, comme d’habitude, de servir le café sur la terrasse. Là, l’obscurité est totale. Personne ne parle plus. Le bruit des criquets a cessé.
Alain Robbe-Grillet — La Jalousie -
L’enfant demande à Thanh ce qu’il a fait. Qu’est-ce que tu as fait ? La mère écoute, intéressée. Thanh répond.
Marguerite Duras — L’Amant de la Chine du Nord -
Ici-bas, tout est décomposé, tout est mort, mais là-haut ! Ah, je l’avoue, l’effusion de l’Esprit Saint, la venue du Divin Paraclet se fait attendre ! Mais les textes qui l’annoncent sont inspirés : l’avenir est donc crédité, l’aube sera claire ! Et, les yeux baissés, les mains jointes, ardemment il pria.Des Hernies se leva et fit quelques pas dans la pièce.– Tout cela est fort bien, grogna-t-il, mais ce siècle se fiche absolument du Christ en gloire ; il contamine le surnaturel et vomit l’au-delà. Alors comment espérer en l’avenir, comment s’imaginer qu’ils seront propres, les gosses issus des fétides bourgeois de ce sale temps ? Élevés de la sorte, je me demande ce qu’ils feront dans la vie, ceux-là ?Ils feront comme leurs pères, comme leurs mères, répondit Durtal, ils s’emplieront les tripes et se vidangeront l’âme par le bas-ventre !
Joris-Karl Huysmans — Là-bas -
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
Jean Anouilh — Antigone -
... il s'interroge avec sévérité et recueillement sur la portée philosophique de son œuvre; car il se sait responsable, et il ne veut pas que cette foule puisse lui demander compte un jour de ce qu'il lui aura enseigné. Le poète aussi a charge d'âmes. 1833, p. X.
auteur -
On ne demande conseil que pour appuyer ses convictions.
William Osler — Oslerismes -
Même un délire demande à être entendu.
Chahdortt Djavann — Autoportrait de l'autre -
Quand une fille est mariée, tout le monde la demande.
Proverbe français -
Quand les gens ont été payés trop longtemps à ne rien faire, on ne peut pas leur demander du travail sans les augmenter.
Raymond Castans -
Seigneur ! Je me demande quel imbécile a inventé le baiser.
Jonathan Swift -
Ne demande la vérité qu'à tes ennemis.
Mocharrafoddin Saadi — Le Jardin des fruits