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Citations sur le dément
Il y a 19 citations sur le dément.
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Il est donc à croire que les besoins dictèrent les premiers gestes, et que les passions arrachèrent les premières voix. En suivant avec ces distinctions la trace des faits, peut-être faudrait-il raisonner sur l'origine des langues tout autrement qu'on n'a fait jusqu'ici. Le génie des langues orientales, les plus anciennes qui nous soient connues, dément absolument la marche didactique qu'on imagine dans leur composition. Ces langues n'ont rien de méthodique et de raisonné ; elles sont vives et figurées. On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poètes.Cela dut être. On ne commença pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me paraît insoutenable. L'effet naturel des premiers besoins fut d'écarter les hommes et non de les rapprocher. Il le fallait ainsi pour que l'espèce vînt à s'étendre, et que la terre se peuplât promptement ; sans quoi le genre humain se fût entassé dans un coin du monde, et tout le reste fût demeuré désert.De cela seul il suit avec évidence que l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vînt le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques. Tout ceci n'est pas vrai sans distinction, mais j'y reviendrai ci-après.
Jean-Jacques Rousseau — Essai sur l’Origine des langues -
Comment vais-je poser ma main sur ton corps, Andreas ? Il se rapproche un peu et ôte ma chemise, nous sommes pleins et prêts. De nous être longtemps retenus, dans un silence et une contemplation suspendus à la surprise et au plaisir, provoque à cet instant une sorte de tumulte, et nous nous empoignons, par les bras, par la nuque, par le torse et les reins. Voilà comment tu prends mon corps, Andreas : de toutes parts, car l’ivresse t’a gagné comme elle m’a gagné moi, et j’accepte les acrobaties que ton ardeur soudaine m’oblige à faire. Tête penchée en arrière, mains cherchant un appui, trouvant un mur, bientôt le sol, quelle souplesse ! Et tes dents se plantent dans la peau de mon ventre, un peu de brutalité sourd de tes agissements, elle me va, elle cadre avec ton torse et ton silence, et je comprends que là tu voudrais bien m’ouvrir, non tant en métaphore, d’un coup de rein, mais déchirer ma peau en espérant trouver, derrière la peau, le muscle et les irrigations ce que cache mon âme française et apaisée. Voilà comment je prends ton corps, Andreas : allongé sur le sol, je ramène ta bouche qui traînait sur mon ventre, je la hisse à la mienne puis j’encercle ton dos, m’arrime à tes épaules, serre à en perdre haleine l’heureuse tresse de muscles ou gît ce que tu es, où bat ce que tu veux. Si je pouvais tout entier t’absorber dans un désir dément de gagner ton essence et ta vitalité, ficher dans mes entrailles cette magnificence sans âge et sans destin, j’aurais sans doute gagné, et l’Histoire avec moi, un peu de cette paix si douce à nos épaules quand nous la rencontrons. Voilà comment nous nous mêlons : ceci est notre corps, prenons-le pour en jouir, prenons l’autre pour aimer et retournons au vent. Mais s’il fallait que je noue Andreas autour d’une colonne, le hisse sur une croix, l’enterre, l’emmure vivant ou le jette au cachot, comment m’en saisirais-je ? Mais s’il fallait qu’au fond d’une tranchée d’Argonne, une rue de Stalingrad, nous nous rencontrions pour nous éliminer, à mains nues et sans larmes, où irions-nous d’abord : au coeur, au souffle, à l’âme ?
Mathieu Riboulet — Les Œuvres de miséricorde -
Ce déplorable dingo racontait sa vie. Il avait eu pour mère une démente qui se faisait appeler Madame Satan, […].
Francis Carco — Messieurs les vrais de vrai -
Ainsi, défilèrent consécutivement les qualificatifs de dément, délirant, chouette, bath, et pas mal. On pouvait tout aussi bien dire d'une fille qu'elle était chouette et d'une capitale étrangère visitée à Pâques que c'était pas mal.
Philippe Labro — Des Feux mal éteints -
Mentir c’est un métier, mais démentir c’est tout un art.
Georges Wolinski — Les Socialos -
A force de chercher de bonnes raisons, on en trouve ; on les dit ; et après on y tient, non pas tant parce qu'elles sont bonnes que pour ne pas se démentir.
Pierre Choderlos de Laclos — Lettres -
L’assistant-réalisateur est au comédien ce que l’infirmier est au dément, mais en plus brutal.
Marcel Gotlib -
En politique, il ne faut jamais rien croire tant que ça n’a pas été officiellement démenti.
Garou -
On dit que l'argent n'a pas d'odeur : le pétrole est là pour le démentir.
Pierre Mac Orlan -
Le cirque, c’est un rond de paradis dans un monde dur et dément.
Annie Fratellini -
Pour allumer une querelle, un démenti vaut un soufflet.
Proverbe français -
Espérer, c’est démentir l’avenir.
Emil Michel Cioran — Syllogismes de l’amertume -
Nous convenons de nos défauts, mais c’est pour que l’on nous démente.
Jean-Pierre Florian -
On crée pour l’éternité, même si elle se charge de démentir.
François Mitterrand -
Psychiatre : dément dont l'idée fixe est de guérir d'autres déments.
Georges Elgozy — Le Fictionnaire -
Les nouvelles vont parfois si vite qu’elles n’arrivent même plus à se rattraper pour se démentir.
André Frossard — Les Pensées -
Ne croyez jamais une chose en politique aussi longtemps qu'elle n'a pas été démentie.
Otto von Bismarck -
La réalité est presque toujours un démenti constant infligé à nos craintes comme à nos espoirs.
Paul Javor — Sa raison de vivre -
On vante les morts parce qu'on est sûr qu'ils n'en démentiront rien.
Michel Campiche