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Il y a 26 citations sur le durée.
Tout homme qui obtient ce qu’il désire, ou qui va l’obtenir, veut la durée : rien de plus naturel que les serments prodigués par les amoureux. Le bonheur spontané veut la durée. Mais de la durée vient l’ennui : c’est pourquoi beaucoup les confondent. Denis de Rougemont — Comme toi-même : Essais sur les Mythes de l’Amour
Car notre durée n'est pas un instant qui remplace un instant : il n'y aurait alors jamais que du présent, pas de prolongement du passé dans l'actuel, pas d'évolution, pas de durée concrète. La durée est le progrès continu du passé qui ronge l'avenir et qui gonfle en avançant Henri Bergson — L'Évolution créatrice
À elle seule la lavande met une durée bergsonienne dans la hiérarchie des draps Gaston Bachelard — La Poétique de l'espace
L'organique suit un tout autre temps, suit une durée, un rythme de durée, constitue une durée, un rythme de durée, réelle, et constituée par une durée réelle, qu'il faut bien nommer la durée bergsonienne Charles Péguy — Clio
La mémoire indique la concertion et la croyance d'une durée passée car il est impossible de se souvenir d'une chose si l'on ne croit qu'il s'est écoulé quelque intervalle entre le temps où cette chose est arrivée et le moment présent. Victor Cousin — Philosophie écossaise
Les logements provisoires du personnel pour la durée des réparations Julien Gracq — Les Syrtes
... nous sommes revenus au Caire par une autre route, marchant tout le temps sous les palmiers ou au bord du Nil et allant au petit pas pour faire durer le plaisir; aussi avons-nous mis sept heures pour une route qui en demande quatre. Flaubert — Correspondance
Tu viendras me reprendre pour dîner et nous nous mettrons ensemble; ça durera ce que ça durera Georges Courteline — Linottes, Canaille
Wazemmes fit durer sa convalescence Romains — Hommes bonne vol.
Aussi ne s’occupe-t-il pas des coordonnées spatiales et temporelles par rapport auxquelles tout événement vrai se situe ; les endroits qu’il évoque ne sont pas de ce monde; et plutôt que des aventures ce sont des tableaux vivants qui s’y déroulent; la durée ne mord pas sur l’univers de Sade; il n’y a aucun avenir de son œuvre ni dans son œuvre. Simone de Beauvoir — Privilèges
Un événement était en cours, il le savait bien, M. Andesmas qu'il nomma leur rencontre, bien plus tard. Cet événement prenait très durement racine dans l'aride durée présente, mais il fallait néanmoins que ce fût fait, que ce temps-là aussi passât. Marguerite Duras — L'Après-midi de Monsieur Andesmas
Nul doute qu’il n’ait été quotidiennement chez [Céline] une caisse de résonance de l’antisémitisme ambiant dans la société française du temps : l’enfance de Céline coïncide pratiquement d’un bout à l’autre avec la durée de l’affaire Dreyfus. Henri Godard — Céline
La couleur dudit oiseau vert, rouge, bariolé, le cas échéant établirait la durée approximative du silence à respecter. Jorge Semprùn — La Montagne blanche
Pour vous, Monsieur, rien n’est encore perdu et nous vous adjurons de mettre un fond à votre tonneau des Danaïdes où, depuis plus d’un demi-siècle, vous ne cessez de jeter le meilleur de vous-même et de votre pensée dans des flots d’encre, car on a souvent comparé à ce tonneau percé que les malheureuses Danaïdes, pour un crime d’ailleurs intolérable à imaginer (sur cinquante, quarante-neuf d’entre elles avaient égorgé leurs maris le soir de leurs noces), furent condamnées à remplir éternellement ; on a comparé, dis-je, leur vain travail à celui du journaliste, et quoique vous ne soyez capable d’aucun meurtre, vous aussi vous subirez ce châtiment de travailler longtemps pour rien, votre travail au jour le jour n’étant assuré d’aucune durée. Vos amis vous demandent de rétablir cette situation. Émile Henriot — Réponse au discours de réception de Robert Kempf
Dans l'imaginaire populaire il n'y a pas de JO sans une vasque allumée en continu pendant toute la durée des épreuves. Le Figaro — Pourquoi la flamme olympique reste allumée en continu pendant la durée des épreuves
Il y a, dans les écrits du docteur Tillotson, un argument contre la présence réelle, aussi précis, aussi solide, & aussi bien exprimé, qu’on en puisse imaginer contre une doctrine qui mérite si peu d’être sérieusement réfutée. On convient universellement, dit ce docte prélat, que l’autorité, tant de l’écriture que de la tradition, ne repose que sur le témoignage des apôtres, qui furent témoins oculaires des miracles par lesquels notre sauveur prouva sa mission divine. L’évidence de la vérité de la religion chrétienne est donc moindre que l’évidence de la fidélité de nos sens : elle n’étoit pas plus grande dans les premiers auteurs de notre religion, & il est manifeste qu’elle a dû diminuer en passant d’eux à leurs disciples : de sorte que nous ne pouvons jamais être aussi certains de la vérité de leur témoignage, que nous le sommes des objets immédiats de nos sens. Or, une moindre évidence ne sauroit détruire une évidence supérieure : donc, quand même la doctrine de la présence réelle seroit clairement révélée dans l’écriture, on ne pourroit pourtant la recevoir, sans choquer les loix les plus saines du raisonnement, car, d’un côté, elle est en contradiction avec les sens, & de l’autre, les fondemens qu’on lui donne, l’écriture & la tradition, ont moins d’évidence, que ces mêmes sens, tant qu’on ne les considere que comme preuves externes, & quelles ne sont point adressées au cœur par l’opération immédiate du Saint-Esprit.Rien ne vaut mieux qu’un argument décisif de cette nature, pour fermer la bouche à la stupide bigoterie & à la superstition orgueilleuse, & pour nous délivrer de leur ridicule empire. Je me flatte d’avoir découvert un argument semblable, qui, s’il est juste, fera pour le savant & pour le sage, un boulevard éternel contre toute sorte d’illusions superstitieuses : & son utilité, par conséquent, s’étendra aussi loin que la durée du monde ; car, je présume que l’histoire profane ne cessera qu’alors de nous raconter des miracles & des prodiges. David Hume — Essais philosophiques sur l’entendement humain.
Le soleil en effet balaierait tout le studio, comme un projecteur de poursuite dans un music-hall frontalier. C’était dimanche, dehors les rumeurs étouffées protestaient à peine, parvenant presque à ce qu’on les regrettât. Ainsi tous les jours chômés, les heures des repas tendraient à glisser les unes sur les autres, on s’entendit pour quatorze heures – ensuite on s’y met. Un soleil comme celui-ci, développa le père de Paul, donne véritablement envie de foutre le camp. Ils s’exprimèrent également peu sur la difficulté de leur tâche qui requerrait, c’est vrai, de la patience et du muscle, puis des scrupules d’égyptologues en dernier lieu. Fabre avait détaillé toutes les étapes du processus dans une annexe aux plans. Ils mangèrent donc vers quatorze heures mais sans grand appétit, leurs mâchoires broyaient la durée, la mastication n’était qu’horlogère. D’un tel compte à rebours on peut, avant terme, convoquer à son gré le zéro. Alors autant s’y mettre, autant gratter tout de suite, pas besoin de se changer, on a revêtu dès le matin ces larges tenues blanches pailletées de vieilles peintures, on gratte et des stratus de plâtre se suspendent au soleil, piquetant les fronts, les cafés oubliés. On gratte, on gratte, et puis très vite on respire mal, on sue, il commence à faire terriblement chaud. Jean Echenoz — L’Occupation des sols – Éditions de Minuit 1998
Nous décidâmes d'abord, par décret du 23 septembre, que les hommes restant sous les armes auraient à contracter un engagement en bonne et due forme pour la durée de la guerre. De ce fait, la situation des maquisards se trouvait légalement réglée. De Gaulle — Mémoires de guerre
Avec une obstination puérile et désolée, depuis ma prime jeunesse, je me suis épuisé à vouloir fixer tout ce qui passe, et ce vain effort de chaque jour aura contribué à l’usure de ma vie. J’ai voulu arrêter le temps, reconstituer des aspects effacés, conserver de vieilles demeures, prolonger des arbres à bout de sève, éterniser jusqu’à d’humbles choses qui n’auraient dû être qu’éphémères, mais auxquelles j’ai donné la durée fantomatique des momies et qui à présent m’épouvantent… Pierre Loti — Prime jeunesse
Je fis bien de temps à autre l’école buissonnière […] mais ce ne furent des escapades de brève durée qui devinrent de plus en plus rares. Joseph Caillaux — Mes Mémoires