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Citations sur l'ennui
Il y a 53 citations sur l'ennui.
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Quelques-uns de mes confrères qui craignent d'avoir des ennuis à la Libération
Montherl. — Demain -
Autrefois j’avais des ennuis et je ne m’ennuyais pas ; les ennuis, c’est une grande distraction.
Anatole France — Le crime de Sylvestre Bonnard -
Le printemps maladif a chassé tristementL’hiver, saison de l’art serein, l’hiver lucide,Et, dans mon être à qui le sang morne présideL’impuissance s’étire en un long bâillement.Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâneQu’un cercle de fer serre ainsi qu’un vieux tombeauEt triste, j’erre après un rêve vague et beau,Par les champs où la sève immense se pavanePuis je tombe énervé de parfums d’arbres, las,Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,Mordant la terre chaude où poussent les lilas,J’attends, en m’abîmant que mon ennui s’élève…– Cependant l’Azur rit sur la haie et l’éveilDe tant d’oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Mallarmé — Renouveau -
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivresD’être parmi l’écume inconnue et les cieux !Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeuxNe retiendra ce coeur qui dans la mer se trempeÔ nuits ! ni la clarté déserte de ma lampeSur le vide papier que la blancheur défendEt ni la jeune femme allaitant son enfant.Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,Lève l’ancre pour une exotique nature !Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufragesPerdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
Stéphane Mallarmé — Brise marine -
Chacun de nous, quand l’étreint le sentiment de n’être pas compris, d’éprouver un sentiment impossible à communiquer, sentiment douloureux qui fait le corps mal être au milieu des autres, en famille, en société, dans un groupe, dans la foule, ressent la solitude amère que nous traduisons par ennui, angoisse, tristesse, mélancolie, désespoir ou avec des mots populaires encore inadéquats mais plus proches de ce mal-être : « cafard », « bourdon ». Fuyant l’état obsédant qui nous fait prisonniers, nous aspirons alors à retourner sinon en réalité, du moins en imagination, à l’un de ces lieux où la solitude est paix, un de ces lieux de la planète où la nature un jour a su nous redonner vie confiante, espérance dans notre douleur de mal-aimé mal-aimant, lieux de bonheur trouvé.Alors la solitude nous apparaît douce malgré l’impossible communication avec les être chers, les compagnons de travail, malgré les visages rencontrés sans regards échangés, ces bouches parlantes sans mots qui nous touchent, ces corps mobiles étrangers, aux gestes de guignol, sans bras fraternels posés sur notre épaule et sans main secourable.Bénis soit ces lieux terrestres de ressourcement où, solitaires et assoiffés d’amitié, la nature sait nous être fraternellement jumelée, où rien qu’en y rêvant, en retrouvant une photo, un dessin évocateur, un sourire, une joie humanisée nous est rendue. D’abattus que nous étions, nous sentons notre courage revenir, par la nature déchiffonnés, soulagés de ce qu’il y avait d’incommunicable dans notre épreuve et rendus au langage du jour qui reprend son cours.
Françoise Dolto — Solitude – Éditions Gallimard 1994 -
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour -
Je crois que papa m’aurait approuvée, reprend-elle. Le seul ennui, c’est que tous ceux qui étaient compromis dans les combines malpropres de Dominic vont pousser des cris d’orfraie et jurer de se venger. Dans le lot, il y a des gens très influents.
Carter Brown — Juteux à souhait -
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.
Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour -
Enseigner? Enseigner, se doutait-elle de l'ennui, de l'épuisement que cela représentait? D'ailleurs, elle n'avait pas qualité à le faire. À chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Maryse Condé — Histoire de la femme cannibale -
De temps à autre, elle regardera dehors et fera la lippe. Je lirai dans ses yeux ce que je lis dans les yeux de tous. L’ennui.
Marcel Godin — Ce maudit soleil -
[…] ; sa mère est une cyclothymique avérée passant, sans motifs apparents, d'un sentiment profond d’ennui à celui d'une gaîté plus ou moins exubérante.
Encéphale : Journal de neurologie et de psychiatrie — 1913 -
Le monde est dévoré par l’ennui.
Georges Bernanos — The Diary of a Country Priest -
La logique sauve de l'ennui.
Arthur Conan Doyle — La ligue des rouquins -
L’ennui n’engraisse que les sots.
Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais — Le Barbier de Séville -
La bourgeoisie sue l'ennui.
Edith Cresson — Le Nouvel Observateur - 23 Mai 1991 -
L’ennui est un des visages de la mort.
Julien Green — Journal -
L'éducation tout entière se réduit à ces deux enseignements : apprendre à supporter l'injustice et apprendre à souffrir l'ennui.
abbé Ferdinando Galiani — Lettere, 3 avril 1773 -
L'homme est né pour vivre dans les convulsions de l'inquiétude ou dans la léthargie de l'ennui.
François Marie Arouet, dit Voltaire — Candide -
L'ennui est une sorte de jugement d'avance.
Émile Chartier, dit Alain — Minerve ou De la sagesse, Gallimard -
On se lasse d'être quarante ans dans sa propre compagnie ; on finit par se subir comme un ennui et se traîner comme un boulet.
Henri Frédéric Amiel — Journal intime, 20 septembre 1866 -
Ô miroir ! Eau froide par l'ennui dans ton cadre gelée […].
Stéphane Mallarmé — Poésies, Hérodiade -
Sais-tu quel est mon plus grand souci ? C'est de tuer l'ennui. Celui qui rendrait ce service à l'humanité serait le vrai destructeur des monstres.
Eugène Fromentin — Dominique -
L'ennui est un des visages de la mort.
Julien Green — Journal, Plon -
Toute chose nécessaire est par nature ennuyeuse.
Aristote — Métaphysique, IV, 5 (traduction J. Tricot) -
Les maux sont moins néfastes au bonheur que l'ennui.
Giacomo Leopardi — Zibaldone -
L'éloquence continue ennuie.
Blaise Pascal — Pensées, 355 Pensées -
Dans l'Orient désert quel devint mon ennui !
Jean Racine — Bérénice, I, 4, Antiochus -
[…] Les passions tendent toujours à diminuer, tandis que l'ennui tend toujours à s'accroître.
Jules Amédée Barbey d'Aurevilly — Une vieille maîtresse -
Tous les hommes qui s'ennuient dans une planète passent leur pauvre vie à en aller chercher une autre.
Charles Nodier — Léviathan le Long -
La barbarie plutôt que l'ennui.
Théophile Gautier -
L'ennui porte conseil.
Gilbert Cesbron — Journal sans date -
L’ennui suit l’ordre et précède la tempête.
L. Langanesi -
Pour que je travaille, il me faut m'enfermer à double tour dans l'ennui.
Henri Calet — Acteur et témoin, Mercure de France -
Je m'ennuie de la vie.
François René, vicomte de Chateaubriand — Les Natchez -
L'ennui est entré dans le monde par la paresse.
Jean de La Bruyère — Les Caractères, De l'homme -
Tout ce qui n'est pas passion est sur un fond d'ennui.
Henry Millon de Montherlant — Aux fontaines du désir, Gallimard -
Le bonheur ne m'ennuie jamais.
Henry Millon de Montherlant — Carnets, Gallimard -
Il y a des moments de la vie où une sorte de beauté naît de la multiplicité des ennuis qui nous assaillent […].
Marcel Proust — À la recherche du temps perdu, la Fugitive , Gallimard -
L'ennui, c'est la vérité à l'état pur.
Jacques Rigaut — Écrits, Papiers posthumes , Gallimard -
La France s'ennuie.
Alphonse de Prât de Lamartine — Discours, 10 janvier 1839 -
L'ennui tue.
Anonyme -
La nuit, l’ennui nuit.
Claude Frisoni — Frisoni soit qui mal y pense