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Il y a 84 citations sur la face.
J’ai jamais fait les papiers, je ne sais pas si j’y ai droit. D’autres se débrouillent comme ils peuvent. Quand on est dans la mouise on voit la société en face, on voit tout ce qu’il y a de plus dégueulasse. Didier Daeninckx — En marge
J’ai passé les épreuves pratiques du Capes2 dans un lycée de Lyon, à la Croix-Rousse. Un lycée neuf, avec des plantes vertes dans la partie réservée à l’administration et au corps enseignant, une bibliothèque au sol en moquette sable. J’ai attendu là qu’on vienne me chercher pour faire mon cours, objet de l’épreuve, devant l’inspecteur et deux assesseurs, des profs de lettres très confirmés. Une femme corrigeait des copies avec hauteur, sans hésiter. Il suffisait de franchir correctement l’heure suivante pour être autorisée à faire comme elle toute ma vie. Devant une classe de première, des matheux, j’ai expliqué vingt-cinq lignes — il fallait les numéroter — du Père Goriot de Balzac. “Vous les avez traînés, vos élèves”, m’a reproché l’inspecteur ensuite, dans le bureau du proviseur. Il était assis entre les deux assesseurs, un homme et une femme myope avec des chaussures rosés. Moi en face. Pendant un quart d’heure, il a mélangé critiques, éloges, conseils, et j’écoutais à peine, me demandant si tout cela signifiait que j’étais reçue. D’un seul coup, d’un même élan, ils se sont levés tous trois, l’air grave. Je me suis levée aussi, précipitamment. L’inspecteur m’a tendu la main. Puis, en me regardant bien en face : “Madame, je vous félicite.” Les autres ont répété “je vous félicite” et m’ont serré la main, mais la femme avec un sourire.Je n’ai pas cessé de penser à cette cérémonie jusqu’à l’arrêt de bus, avec colère et une espèce de honte. Le soir même, j’ai écrit à mes parents que j’étais professeur “titulaire”. Ma mère m’a répondu qu’ils étaient très contents pour moi.Mon père est mort deux mois après, jour pour jour. Il avait soixante-sept ans et tenait avec ma mère un café-alimentation dans un quartier tranquille non loin de la gare, à Y… (Seine-Maritime). Il comptait se retirer dans un an. Souvent, durant quelques secondes, je ne sais plus si la scène du lycée de Lyon a eu lieu avant ou après, si le mois d’avril venteux où je me vois attendre un bus à la Croix-Rousse doit précéder ou suivre le mois de juin étouffant de sa mort. Annie Ernaux — La Place
La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d’un grain de blé, là d’un pois, ailleurs presque d’une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles, elle se suspend en berlingots convexes. Francis Ponge — « La Pluie »
Le premier souvenir aurait pour cadre l’arrière boutique de ma grand-mère. J’ai trois ans. Je suis assis au centre de la pièce, au milieu des journaux yiddish éparpillés. Le cercle de la famille m’entoure complètement […] toute la famille, la totalité, l’intégralité de la famille est là, réunie autour de l’enfant qui vient de naître (n’ai-je pourtant pas dit il y a un instant que j’avais trois ans ?), comme un rempart infranchissable. Tout le monde s’extasie devant le fait que j’ai désigné une lettre hébraïque en l’identifiant : le signe aurait eu la forme d’un carré ouvert à son angle inférieur […] et son nom aurait été gammeth ou gammel. La scène tout entière, par son thème, sa douceur, sa lumière, ressemble pour moi à un tableau, peut-être de Rembrandt ou peut-être inventé, qui se nommerait “Jésus en face des Docteurs”. Georges Perec — W ou le souvenir d’enfance
Lui qui est auteur, il a fait là ce que font tous les acteurs, et au reste ceci est le mot d’un cabotin très drôle et très spirituel, qui ayant bu beaucoup de champagne, me disait la chose en face, in vino veritas. George Sand — Lettres retrouvées
— Pourquoi avez-vous fait cela ? — Pour mourir. — Pour mourir ? répéta la bonne femme étonnée. Et, prenant la lumière, elle revint me regarder en face, ce qu’elle n’avait pas encore fait : — Mourir ? vous ! Quel âge avez-vous donc ? — Je viens d’avoir dix-sept ans. Alexandre Dumas — Création et Rédemption
Quelle attitude suis-je conduit à adopter en face de l'hypothèse spirite? Marcel — Journal
Face à l'ennemi!
Du pain, un verre de vin et la soupe, la table recouverte de la nappe à carreaux bleu foncé et bleu clair, la fourchette, le couteau, la cuillère, la serviette pliée sur l’assiette, le coup de poing sur le côté droit de la table du seau de jaune versé légèrement rosé vomi par le soleil essuyant la couleur mordorée dressée sur ses ergots lui faisant face. Pablo Picasso — Les quatre petites filles
La responsabilité est l’autre face de la liberté. Rama Yade-Zimet — Evene.fr - Mai 2007
L'amour c'est la présence, le face-à-face ; le reste est désir. Rina Lasnier — Miroirs
On est d'abord côte à côte, puis face à face, puis dos à dos. Sacha Guitry
Se voiler la face ne permet jamais de se construire. Olivier G. Boiscommun — Evene.fr - Octobre 2007
La victime meurt face à un assassin. L'assassin, lui, meurt face au monde entier. Victoria Thérame — La dame au bidule
Je prétends regarder face à face le gouffre. Victor Hugo — L'Art d'être grand-père
Ah ! l'insignifiance de tout face à la douleur ! Louis Nucera — Ils s'aimaient
La vie est un défi Fais-lui face.
Les îles sont toujours des frontières face au monde. José Carlos Llop — Parle-moi du troisième homme
Un véritable ami vous poignarde en face. Oscar Wilde
Il y aurait bien moins de bavards, s'il y avait plus de faces parlantes. Malcolm de Chazal — Sens plastique, Gallimard