Accueil > Citations > Citations sur la fatalité
Il y a 27 citations sur la fatalité.
[…]; - le chrétien, déjà régénéré par le baptême […] attend le retour glorieux du Christ qui brisera la fatalité satanique et appellera ses compagnons de lutte dans la Jérusalem céleste. Georges Sorel — Réflexions sur la violence
C'était un « melon » qui naturellement, subissait toutes les phases du cabossage et de l'aplatissement. Son possesseur avait beau le retaper, l'épousseter, le placer à distance, une fatalité sournoise voulait que, tout à coup, tantôt l'un, tantôt l'autre des acrobates s'élançât à pieds joints sur lui. Francis Carco — L’Homme de minuit
Le temps a cessé d’être une suite insensible de jours, à remplir de cours et d’exposés, de stations dans les cafés et à la bibliothèque, menant aux examens et aux vacances d’été, à l’avenir. Il est devenu une chose informe qui avançait à l’intérieur de moi et qu’il fallait détruire à tout prix. J’allais aux cours de littérature et de sociologie, au restau U, je buvais des cafés midi et soir à la Faluche, le bar réservé aux étudiants. Je n’étais plus dans le même monde. Il y avait les autres filles, avec leurs ventres vides, et moi. Pour penser ma situation, je n’employais aucun des termes qui la désignent, ni « j’attends un enfant », ni « enceinte », encore moins « grossesse », voisin de « grotesque ». Ils contenaient l’acceptation d’un futur qui n’aurait pas lieu. Ce n’était pas la peine de nommer ce que j’avais décidé de faire disparaître. Dans l’agenda, j’écrivais : « ça », « cette chose-là », une seule fois « enceinte ». Je passais de l’incrédulité que cela m’arrive, à moi, à la certitude que cela devait forcément m’arriver. Cela m’attendait depuis la première fois que j’avais joui sous mes draps, à quatorze ans, n’ayant jamais pu, ensuite – malgré des prières à la Vierge et différentes saintes -, m’empêcher de renouveler l’expérience, rêvant avec persistance que j’étais une pute. Il était même miraculeux que je ne me sois pas trouvée plus tôt dans cette situation. Jusqu’à l’été précédent, j’avais réussi aux prix d’efforts et d’humiliations – être traitée de salope et d’allumeuse – à ne pas faire l’amour complètement. Je n’avais finalement dû mon salut qu’à la violence d’un désir qui, s’accommodant mal des limites du flirt, m’avait conduite à redouter jusqu’au simple baiser. J’établissais confusément un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d’une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que l’alcoolique, l’emblème. J’étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine manière, l’échec social. Je n’éprouvais aucune appréhension à l’idée d’avorter. Cela me paraissait, sinon facile, du moins faisable, et ne nécessitant aucun courage particulier. Une épreuve ordinaire. Il suffisait de suivre la voie dans laquelle une longue cohorte de femmes m’avait précédée. Depuis l’adolescence, j’avais accumulé des récits, lus dans des romans, apportés par la rumeur du quartier dans les conversations à voix basse. J’avais acquis un savoir vague sur les moyens à utiliser, l’aiguille à tricoter, la queue de persil, les injections d’eau savonneuse, l’équitation – la meilleure solution consistant à trouver un médecin dit « marron » ou une femme au joli nom, une « faiseuse d’anges », l’un et l’autre très coûteux mais je n’avais aucune idée des tarifs. L’année d’avant, une jeune femme divorcée m’avait racontée qu’un médecin de Strasbourg lui avait fait passer un enfant, sans me donner de détails, sauf, « j’avais tellement mal que je me cramponnais au lavabo ». J’étais prêter à me cramponner moi aussi au lavabo. Je ne pensais pas que je puisse en mourir. Annie Ernaux — L’Événement – Éditions Gallimard 2000
Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d’or, ou l’écoulement d’une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d’événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s’additionnent pas ; je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l’eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu’elles le fassent, puisqu’elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou dans la mienne propre ; puisque c’est peut-être l’impossibilité de continuer à s’exprimer et à se modifier par l’action qui constitue la différence entre l’état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable. Marguerite Yourcenar — Mémoires d’Hadrien
Le coup d'état du christianisme, c'est d'avoir installé la fatalité dans l'homme. De l'avoir fondée sur notre nature. André Malraux — Les Noyers de l'Altenburg, Gallimard
Que d'hommes avant nous n'ont-ils rêvé d'arracher l'histoire à sa lourde fatalité du sacrifice. Serge Rezvani
L'horreur et la fatalité se sont données carrière dans tous les siècles. Edgar Allan Poe
La fatalité triomphe dès que l'on croit en elle. Simone de Beauvoir
La fatalité, c'est ce que nous voulons. Romain Rolland — Au-dessus de la mêlée, Albin Michel
Le mal se fait sans effort, naturellement, par fatalité ; le bien est toujours le produit d'un art. Charles Baudelaire — Curiosités Esthétiques
Il faut savoir servir avec intelligence les fatalités de sa nature. Gandhi
C'est la faute de la fatalité ! Gustave Flaubert — Madame Bovary
Enlève le mot fatalité de ton dictionnaire, et tu verras que changera le monde. Franck Dunand
Evoluer, c'est céder à la fatalité. Thomas Mann — La Mort à Venise
La vie ne dévoile jamais ses embûches et ses fatalités. Chantal Michaud-Dubuc — Plus loin que le jour
C'est drôle comme la fatalité se plaît à choisir pour la représenter des visages indignes ou médiocres. Françoise Quoirez, dite Françoise Sagan — Bonjour tristesse, Julliard
Toutes les fois que la fatalité se prépare à crever sur un point de la terre, elle l'encombre d'uniformes. C'est sa façon d'être congestionnée. Jean Giraudoux — Siegfried, III, 2, Zelten , Grasset
La fatalité, c'est l'excuse des âmes sans volonté. Romain Rolland
[…] La fatalité triomphe dès qu'on croit en elle. Simone de Beauvoir — L'Amérique au jour le jour, Gallimard
Par une fatalité malheureuse, ce sont les hommes qui aiment le mieux qui savent le moins bien parler d'amour. Antoine de Rivarol