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Il y a 30 citations sur le fixer.
Avec une obstination puérile et désolée, depuis ma prime jeunesse, je me suis épuisé à vouloir fixer tout ce qui passe, et ce vain effort de chaque jour aura contribué à l’usure de ma vie. J’ai voulu arrêter le temps, reconstituer des aspects effacés, conserver de vieilles demeures, prolonger des arbres à bout de sève, éterniser jusqu’à d’humbles choses qui n’auraient dû être qu’éphémères, mais auxquelles j’ai donné la durée fantomatique des momies et qui à présent m’épouvantent… Pierre Loti — Prime jeunesse
Je choisis donc précisément un fixer, un type camé jusqu’à l’os, pour m’accompagner au concert de David Bowie, une soirée que je considère comme l’un des grands événements de ma vie. Kai Hermann et Horst Rieck — Moi
L. P., d'ordinaire, ne tient pas particulièrement à fixer l'attention des passants. Il a même le plus vif et le plus constant désir de passer inaperçu Duhamel — Jardin des bêtes sauvages
Et pourtant il est bien forcé de constater qu’ils ont un mal de chien à fixer leur attention plus d’une vingtaine de minutes sur un exercice ou une lecture. Jean-Marie Alfroy — Le professeur est nu
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,Dans la nuit éternelle emporté sans retour,Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âgesJeter l’ancre un seul jour ?Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierreOù tu la vis s’asseoir !Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondesSur ses pieds adorés.Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos :Le flot plus attentif, et la voix qui m’est chèreLaissa tomber ces mots :« Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,Suspendez votre cours !Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.Mais je demande en vain quelques moments encore,Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’auroreVa dissiper la nuit.Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,Hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons ! »Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,S’envolent loin de nous de la même vitesseQue les jours de malheur ?Hé quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?Quoi ! passés pour jamais ? quoi ! tout entiers perdus ?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,Ne nous les rendra plus ?Éternité, néant, passé, sombres abîmes,Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimesQue vous nous ravissez ?Ô lacs ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,Au moins le souvenir !Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvagesQui pendent sur tes eaux !Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surfaceDe ses molles clartés !Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,Que les parfums légers de ton air embaumé,Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,Tout dise : Ils ont aimé ! Alphonse de Lamartine — Méditations poétiques
ROMÉO – Ah ! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ? Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l’affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ?... Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ; ici, ici, je veux rester avec ta chambrière, la vermine ! Oh ! c’est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde... William Shakespeare — Roméo et Juliette
Je ne suis pas certain de comprendre pourquoi il m’invective. À sa façon de me fixer, on dirait qu’il me cherche. Que c’est personnel. Peu importe ses intentions, on dit que la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe. Je ne suis pas blanche colombe, mais fort heureusement, la bave du crapaud n’atteint pas non plus les pigeons ternes. Frédéric Ernotte — Ne sautez pas !
La bonne femme s'assit sur les degrés du dais, aux pieds du jeune homme attentif et fixant sur elle un regard plein de bienveillance et de curiosité. Alexandre Dumas — Les Deux Diane
Pour être plus seul, Rollinat désirait fixer sa résidence soit à Fresselines, soit à Crozant, soit à Maison-Feyne. Émile Vinchon — Maurice Rollinat: étude biographique et littéraire
Après leur numéro, les acrobates s'étaient installés au tabac où il avaient fixé rendez-vous au manager des girls. Francis Carco — L’Homme de minuit
De Montaigne à Pascal, le français a fait un bond vers la perfection. C’est Pascal qui a fixé le français. Jean-Paul Desbiens — Journal d’un homme farouche
Je retrouve devant l’entrée de mon immeuble la petite agitation nocturne habituelle : bicraves et camés graves qui se fixent dans la tasse Decaux dont ils ont bricolé le mécanisme ouvrant la porte coulissante. Paul Smaïl — Casa
Il ne pouvait deviner qu’un simple scrupule « fixait » la douleur d’Yves, comme ces abcès que le médecin provoque. François Mauriac — Le Mystère Frontenac
Neven est un fixer. Un arrangeur pour journaliste (to fix, arranger).
Devenir une étoile n’est peut-être pas ton destin, mais devenir le meilleur est un objectif que tu peux te fixer. Kenneth Hildebrand
Etre reconnu, c’est aussi savoir fixer son prix. Samy Nacéri — Studio Magazine - Avril 2002
A force de se fixer des objectifs, à force de croire que sa volonté est bonne ou mauvaise, on perd énormément d'énergie. Bernard Werber — La Révolution des Fourmis
Les yeux sont comme le soleil, plus ils brillent plus on a de mal a les fixer sans être gêné. Justine Le Bail
Les hommes ont créé des cimetières afin de se fixer dans le temps et, malgré la décomposition dans l'espace. Emile Marcel — L'Ombre et le silence
Le regard est un choix. Celui qui regarde décide de se fixer sur telle chose et donc forcément d’exclure de son attention le reste de son champ de vision. C’est en quoi le regard, qui est l’essence de la vie, est d’abord un refus. Amélie Nothomb — Métaphysique des tubes