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Il y a 208 citations sur la fois.
Je dois m’attendre à tout – ayant été l’homme le plus haï et le plus adoré du XVIIIe siècle !… Avec de la gaieté – et même de la bonhomie, j’ai eu des ennemis sans nombre – et n’ai pourtant croisé la route de personne. Or, j’ai trouvé la cause de tant d’inimitiés. Dès ma folle jeunesse, j’ai joué de tous les instruments, mais je n’appartenais à aucun corps de musiciens – les musiciens m’ont détesté. J’ai inventé quelques bonnes machines, mais je n’étais pas du corps des mécaniciens – et l’on a dit du mal de moi. Je faisais des vers et des chansons, mais qui m’eût reconnu pour poète ? – j’étais le fils d’un horloger ! N’aimant pas le jeu de loto, j’ai fait des pièces de théâtre, mais on disait : “De quoi se mêle-t-il ? Ce n’est pas un auteur, car il fait d’immenses affaires”. Faute de rencontrer qui voulût me défendre, j’ai imprimé de grands mémoires pour gagner des procès qu’on m’avait intentés. Les avocats se sont écriés : “Peut-on souffrir qu’un pareil homme prouve sans nous qu’il a raison !” J’ai traité avec les ministres de grands points de réformation dont nos finances avaient besoin, mais l’on disait encore : “De quoi se mêle-t-il, puisqu’il n’est point financier ?” Luttant contre tous les pouvoirs, j’ai relevé l’art de l’imprimerie française par les superbes éditions de Voltaire – mais je n’étais pas imprimeur et j’ai eu tous les marchands pour adversaires. J’ai fait le haut commerce dans les quatre parties du monde – mais je ne m’étais point déclaré négociant. J’ai eu quarante navires à la fois sur la mer – mais, n’étant pas un armateur, on m’a dénigré dans nos ports. Un vaisseau de guerre à moi de cinquante-deux canons a eu l’honneur de combattre en ligne avec ceux de Sa Majesté, mais regardé comme un intrus, j’y ai gagné de perdre ma flottille ! De tous les Français, quels qu’ils soient, je suis celui qui a fait le plus pour la liberté de l’Amérique – mais je n’étais point classé parmi les négociateurs… Sacha Guitry — Beaumarchais
L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.À l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner. Francis Ponge — Le parti pris des choses
Lorsque sa mère dormit en ville une fois par semaine, elle se sentit plus libre. Cécile Coulon — Trois saisons d’orage
Il l’entendit enfin, sonore, vibrante de larmes et de défi à la fois : « Me voilà sur le chemin de Damas comme saint Paul, maître Pierre ! Ne m’oubliez pas, maître Pierre ! Auberi ! Adieu ! Auberi ! » Puis la voix se perdit parmi les autres. Toutes, elles s’éloignèrent peu à peu ; ceux qui étaient restés suivaient des yeux le cortège, qui avançait sur la route pierreuse, le long des rochers. Zoé Oldenbourg — La Pierre angulaire
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrantD’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime,Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la mêmeNi tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparentPour elle seule, hélas ! cesse d’être un problèmePour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore.Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore,Comme ceux des aimés que la vie exila.Son regard est pareil au regard des statues,Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle aL’inflexion des voix chères qui se sont tues. Paul Verlaine — Poèmes saturniens
SIMONE Cette fois, mes amis, je vous tire ma révérence. YVONNE Je trouve aussi que la farce a assez duré. On a été patient. Très patient. Nathalie Sarraute — Le Mensonge
Bien placés bien choisisquelques mots font une poésieles mots il suffit qu’on les aimepour écrire un poèmeon ne sait pas toujours ce qu’on ditlorsque naît la poésiefaut ensuite rechercher le thèmepour intituler le poèmemais d’autres fois on pleure on riten écrivant la poésieça a toujours kékchose d’extrêmeun poème Raymond Queneau — L’instant fatal
Surprises : Ce que nous étions serrés sur cette plate-forme d’autobus ! Et ce que ce garçon pouvait avoir l’air bête et ridicule ! Et que fait-il ? Ne le voilà-t-il pas qui se met à vouloir se quereller avec un bonhomme qui – prétendit-il ! ce damoiseau ! – le bousculait ! […]Rêve : Il me semblait que tout fût brumeux et nacré autour de moi, avec des présences multiples et indistinctes parmi lesquelles cependant se dessinait assez nettement la seule figure d’un homme jeune dont le cou trop long semblait annoncer déjà par lui-même le caractère à la fois lâche et rouspéteur du personnage. […] Raymond Queneau — Exercices de style
[…] il peut bien parler d’amour du matin au soir, je t’assure que si un homme marié s’envoie en l’air avec une fille deux fois plus jeune que lui, c’est un coup, point barre. Batya Gour — Meurtre en direct
Il prophétisait vrai : notre maître Mitis,Pour la seconde fois, les trompe et les affine,Blanchit sa robe et s’enfarine ;Et, de la sorte déguisé,Se niche et se blottit dans une huche ouverte.Ce fut à lui bien avisé :La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.Un rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour ;C’était un vieux routier, il savait plus d’un tour ;Même il avait perdu sa queue à la bataille.Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,S’écria-t-il de loin au général des chats :Je soupçonne dessous encor quelque machine :Rien ne te sert d’être farine ;Car, quand tu serais sac, je n’approcherais pas.C’était bien dit à lui : j’approuve sa prudence :Il était expérimenté,Et savait que la méfianceEst mère de la sûreté. Jean de La Fontaine — Fables
Notre grand-mère achète, avec tous ses droits féodaux, la seigneurie de Goncourt; prête, pour cette seigneurie, foi et hommage à Louis XVI Goncourt — Journal
J'ai trahi la foi conjugale, que j'avais jurée à don José, mon mari Mérimée — Jacquerie
Cléopâtre fut moins aimée, oui, sur ma foi! Verlaine — Œuvres complètes, Fêtes galantes
À l’issue de ce bal, le vieux roi qui pressentait la mort projetait de remettre le pouvoir entre les mains du prince dont la femme serait à la fois la plus belle et la mieux parée. Noël Devaulx — Sainte Barbegrise
Or donc, voulut savoir Dupin, l’on a vingt fois soumis la maison du filou à l’inquisition ? Oui, admit Didot, mais l’on fit chou blanc à tous coups Georges Perec — La disparition
Pour une fois, Seigneur, une fois n’est pas coutume, moi qui déteste réclamer, je te supplie fais que les princes ne meurent pas jeunes. Marilène Clément — La Nuit de l’Alléluia
Un jour, une fois n’est pas coutume, Amos descendit en cuisine. Souvent, une femme de service se chargeait de monter les plateaux des pensionnaires alités, afin qu’il pût les nourrir. Gilles Rozier — La promesse d’Oslo
Ainsi s’atteste le fondement éthique de nos opérations militaires : on se bat, une fois n’est pas coutume, pour des idéaux et non pour du pétrole, une colonie ou une base militaire de plus. Régis Debray — L’Emprise
Cette année-là, Jacquou le pêcheur d’anguilles, décida de manger pour son dîner les quatre plus grosses des anguilles qu’il avait attrapées. Une fois n’est pas coutume et ma foi on se lasse des pommes de terre et du lait frais tiré. Lise Deharme — Cette année-là…
Aussitôt le mur s’ouvre. Il en sort une petite table couverte d’une nappe. Biscuits, jromage, fruits et vin. Lancelot recule. Et voilà Guenièvre. Guenièvre, jamais vous n’avez bu de vin. Une fois n’est pas coutume. Jean Cocteau — Les Chevaliers de la Table ronde