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Il y a 395 citations sur le homme.
Cependant que la cloche éveille sa voix claireA l’air pur et limpide et profond du matinEt passe sur l’enfant qui jette pour lui plaireUn angelus parmi la lavande et le thym,Le sonneur effleuré par l’oiseau qu’il éclaire,Chevauchant tristement en geignant du latinSur la pierre qui tend la corde séculaire,N’entend descendre à lui qu’un tintement lointain.Je suis cet homme. Hélas ! de la nuit désireuse,J’ai beau tirer le câble à sonner l’Idéal,De froids péchés s’ébat un plumage féal,Et la voix ne me vient que par bribes et creuse !Mais, un jour, fatigué d’avoir enfin tiré,Ô Satan, j’ôterai la pierre et me pendrai. Stéphane Mallarmé — Le Sonneur
Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l'homme de quarante ans, à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit : Voilà un fameux gaillard ! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent. Sa figure, rayée par des rides prématurées, offrait des signes de dureté que démentaient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientôt démontée, rafistolée, huilée, limée, remontée, en disant : Ça me connaît. " Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. Honoré de Balzac — Le Père Goriot
Je parle de mon voisin de Beuvre, un très-excellent homme, je vous jure, mais coiffé de l'idée que la vertu est dans les livres de théologie. Georges Sand — Les Beaux Messieurs de Bois-Doré
Tout le monde vit en effet sur le sable de l'allée la trace d'un corps étendu. Les empreintes qui vont vers le bois sont celles de pieds chaussés de semelles en tricot. dit le curé. C'est des pieds de femme, dit la comtesse. Et, là-bas, à l'endroit de la cruche cassée, les empreintes sont celles des pieds d'un homme, ajouta Michaud. Honoré de Balzac — Les Paysans
Un homme bienfaisant se présentait, le banquier Stilbing, qui offrait de partager le différend entre les parties, de leur compter à chacun deux cent cinquante millions et de ne prendre à titre de commission que l’excédent du demi-milliard, soit vingt-sept millions. Jules Verne — Les 500 millions de la Bégum
Je ne sais pas, de vrai, quel homme il peut être, s'il faut qu'il nous ait fait cette perfidie et je ne comprends point comme après tant d'amour et tant d'impatience témoignée, tant d'hommages pressants, de vœux, de soupirs et de larmes, tant de lettres passionnées, de protestations ardentes et de serments réitérés… Molière — Dom Juam
En entrant dans toute réunion mondaine, quand on est jeune, on meurt à soi-même, on devient un homme différent, tout salon étant un nouvel univers. Proust — Jeunes filles en fleurs
Les heures passèrent. Dehors, il pleuvait une complainte d’adieux. Elle se farda, utilisa des étoffes, se déguisa. Durant toute la nuit, une ingéniosité diabolique peupla la chambre de femmes venues de toutes contrées, insinuantes, expertes ou naïves, tourmentées, buveuses de saccades. Vers le matin, les femmes disparurent et deux hommes s’effrénaient devant le grand miroir au flamboiement des bûches.L’épuisement passé, il se leva, toucha distraitement les seins d’Adrienne.– Ils te plaisent ? Lui demanda-t-elle avec une maternité étrange. Tu vois, ils commencent à tomber. Je suis devenue une vieille femme. (Songeant à la jeune rivale, elle écrasa, abaissa les seins.) Encore mieux ainsi. (Elle rit.) Je suis vieille. Il faut aller de plus en plus souvent chez le dentiste. Et tout le reste ! Les articulations qui craquent, les cheveux qui se dessèchent, la peau si glorieuse à quatre heures du matin, l’haleine. Je suis fâchée de te faire de la peine. Mon pauvre chéri qui boude.Elle rit. Mais Solal n’écoutait pas et songeait à Aude. Pourquoi, lorsqu’elle était entrée avec son père, avait-il accentué le balancement maudit et avait-il feint de ne pas la reconnaître ? Il n’était même pas fou, il était lucide à ce moment-là. Quel démon plus fort que lui l’avait possédé à ce moment ? Et il ne la verrait plus. Ô son regard, le soir des grandes fiançailles, le geste gauche et le sourire timide avec lesquels elle s’était dévoilée. Quel démon l’avait poussé à hausser les épaules, à faire ce sourire peureux ? Et maintenant, elle gardait l’image dégoûtante de ces deux balanceurs d’Orient qui crevaient de peur devant la fille d’Europe.Il effaça cette pensée, ne voulu pas savoir ce qu’il allait faire et ouvrit le tiroir. Mais elle fut plus prompte que lui, s’élança, saisit sa main, et le revolver qu’il tenait. La balle effleura le front qui saigna. Il s’abattit.La femme nue prit sur ses genoux l’homme nu. Elle baisa les deux plaies, le calma, le berça tout en songeant que la nuit, depuis si longtemps prévue par elle, était arrivée, nuit pareille aux nuits des hivers passés et des hivers qui viendraient lorsqu’elle ne serait plus.Elle regardait le beau corps blessé et il lui semblait tenir sur ses genoux un grand fils évanoui, irresponsable, frappé par les hommes, condamné, trop vivant, irrémédiablement vaincu. Elle pensait à sa propre vie manquée. Elle n’avait pas su se faire aimer. Elle n’avait jamais rien su. Peut-être la faute de son père et l’effroi qu’elle avait de lui dans son enfance ? Cette paralysie, cette passivité. Les autres, celles qui savaient se faire aimer, étaient superficielles. Elle aurait pu aussi, mais elle avait préféré la servitude. Servante, depuis le soir où l’adolescent était entré dans sa chambre jusqu’à cette dernière nuit. Et maintenant impossible de recommencer. C’était l’autre, Aude, qui l’aurait. Si l’autre ne l’empêchait pas de vaincre, tout était bien. Il deviendrait Solal et un grand homme. Mais personne ne viendrait confier à sa tombe les victoires de l’aimé. Tout de même, elle aurait su avant les autres. Avant les autres, elle avait deviné l’attente et l’espoir de cet homme si simple, si bon en réalité, si pur et qui cachait sa naïveté sous des rires et des étrangetés. Et si elle se trompait, s’il devait n’être qu’un homme comme les autres hommes, du moins elle garderait son illusion jusqu’à la fin et personne non plus ne viendrait la détromper Albert Cohen — Solal – Éditions Gallimard 1930
Il faut bien sûr imaginer Paul, tout en force, le regard baissé déjouant pour l’instant la description, le menton saillant, la mâchoire prognathe, sa stature excédant la mienne, l’impossibilité dans laquelle il est toujours de faire oublier son corps en dépit des mouvements qui lui traversent l’âme, fréquemment d’ailleurs car Paul est un sensible, un sentimental, même, doublant chez lui le musculaire toujours trahi quelle que soit l’ampleur de la chemise, la coupe du pantalon, la délicatesse de certains gestes, passons sur certains gestes, le visage suscitant chez l’observateur un irrépressible besoin de poncifs, nez épais, lèvres fortes, sourire enfantin, gourmand, la manière dont ses mains battent l’air quand il s’échauffe, le verbe non point tant facile que haut, expéditif et désaccordé souvent, mais sincère, toujours, mieux vaut en rire, maintenant, et d’ailleurs il se tait, il ne répond pas, je dois répéter ma question, il lève enfin les yeux, de beaux yeux, surtout un beau garçon, non pas un beau regard, donc, c’est du reste dommage, avec un beau regard j’aurais compris que Sandra, je n’aurais sans doute rien eu à dire, je n’ai d’ailleurs rien dit, à quoi bon, que dire à une femme qui vous quitte pour un homme dont les yeux sont seulement beaux, on se prend à rêver au contraire d’un amant au charme secret, plus proche de celui qu’on croyait exercer, ou qu’on n’exerce plus, qu’importe, un homme qui puisse prétendre à quelque vraie relève, dont on puisse tirer sinon profit du moins fierté, mais non, c’est cet homme-là que Sandra avait choisi, contre tout attente, ou en réponse à son attente, comment savoir, un homme dont le poids s’aggravait maintenant de celui de son mensonge, peut-être plus pervers au fond que ce qu’on avait pensé, duplique derrière le muscle, noyant des trésors de rouerie dans l’eau bleutée de son regard. Christian Oster — Paul au téléphone – Éditions de Minuit 1996
Tout homme né avec une certaine fierté dans l'âme eût refusé de comparoître après une pareille sommation, mais Fantoni étoit un cadet fort pauvre il solicitoit un emploi, et pour l'obtenir il se fut soumis à passer sous les fourches caudines. Joseph Gorani — Mémoires secrets et critiques des cours
Tout ce que l'homme a inventé pour essayer de pallier aux [plutôt que « pallier les »] conséquences de ses fautes. André Gide — Isabelle
Homme de mérite d'ailleurs, mais fin, méticuleux, défiant, il ne manqua jamais de raisons spécieuses pour pallier les précautions qu'il prenait à mon égard... Honoré de Balzac — Le Médecin de campagne
L'immortalité de la race passait pour pallier chaque mort d'homme : il m'importait peu que des générations de Bithyniens se succédassent jusqu'à la fin des temps au bord du Sangarios. Marguerite Yourcenar — Mémoires d'Hadrien
Bel homme, hâbleur, faisant sonner haut ses éperons, portant des favoris rejoints aux moustaches, les doigts toujours garnis de bagues et habillé de couleurs voyantes, il avait l’aspect d’un brave, avec l’entrain facile d’un commis voyageur. Gustave Flaubert — Madame Bovary
Chaque génération nouvelle, chaque homme nouveau doit redécouvrir laborieusement l'activité de pensée. Longtemps, pour ce faire, on put recourir à la tradition. Or nous vivons, à l'âge moderne, l'usure de la tradition, la crise de la culture. Hannah Arendt — La crise de la culture
- Retournez-vous, dit le marchand en saisissant tout à coup la lampe pour en diriger la lumière sur le mur qui faisait face au portrait, et regardez cette PEAU DE CHAGRIN, ajouta-t-il.Le jeune homme se leva brusquement et témoigna quelque surprise en apercevant au-dessus du siège où il s’était assis un morceau de chagrin accroché sur le mur, et dont la dimension n’excédait pas celle d’une peau de renard ; mais, par un phénomène inexplicable au premier abord, cette peau projetait au sein de la profonde obscurité qui régnait dans le magasin des rayons si lumineux que vous eussiez dit d’une petite comète. Le jeune incrédule s’approcha de ce prétendu talisman qui devait le préserver du malheur, et s’en moqua par une phrase mentale. Cependant, animé d’une curiosité bien légitime, il se pencha pour la regarder alternativement sous toutes les faces, et découvrit bientôt une cause naturelle à cette singulière lucidité : les grains noirs du chagrin étaient si soigneusement polis et si bien brunis, les rayures capricieuses en étaient si propres et si nettes que, pareilles à des facettes de grenat, les aspérités de ce cuir oriental formaient autant de petits foyers qui réfléchissaient vivement la lumière. Honoré de Balzac — La peau de chagrin
Un jeune homme de dix-huit ans, à longs cheveux et qui tenait un album sous son bras, restait auprès du gouvernail, immobile. À travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d’oeil, l’île Saint-Louis, la Cité, Notre-Dame ; et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un grand soupir. Gustave Flaubert — L’éducation sentimentale
Ce livre est le libre récit d'une vie d'homme d'action. Celle de Patrocle Passavant des Baleines, lieutenant de vaisseau, agent de l'État, aventurier bien vivant, qui, à l'instar de Moravagine ou de Battling, ses prédécesseurs, aurait pu, tout aussi bien, n'être qu'une créature de fiction. François Sureau — La Chanson de Passavant
Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum. Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit en lui-même: Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c'est une pécheresse. La Bible — Le Nouveau Testament
Quand il m'a prise dans ses bras, une nuit, au milieu des jardins du carrousel, j'ai dit avec scandale « Je n'embrasserai qu'un homme que j'aimerai. » Simone de Beauvoir — Les Mandarins