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Citations sur l'implacable
Il y a 19 citations sur l'implacable.
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La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c’est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d’un grain de blé, là d’un pois, ailleurs presque d’une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles, elle se suspend en berlingots convexes.
Francis Ponge — « La Pluie » -
L’œuvre de l’Industriel français qui pousse à l’association des petits contre l’implacable et mortelle concurrence des monopoleurs n’en est pas moins fort encourageable.
Benoît Malon — La Revue socialiste -
Pour la troisième fois, j'ai refusé de recevoir l'aumônier. Je n'ai rien à lui dire, je n'ai pas envie de parler, je le verrai bien assez tôt. Ce qui m'intéresse en ce moment, c'est d'échapper à la mécanique, de savoir si l'inévitable peut avoir une issue. On m'a changé de cellule. De celle-ci, lorsque je suis allongé, je vois le ciel et je ne vois que lui. Toutes mes journées se passent à regarder sur son visage le déclin des couleurs qui conduit le jour à la nuit. Couché, je passe les mains sous ma tête et j'attends. Je ne sais combien de fois je me suis demandé s'il y avait des exemples de condamnés à mort qui eussent échappé au mécanisme implacable, disparu avant l'exécution, rompu les cordons d'agents. Je me reprochais alors de n'avoir pas prêté assez d'attention aux récits d'exécution. On devrait toujours s'intéresser à ces questions. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Comme tout le monde, j'avais lu des comptes rendus dans les journaux. Mais il y avait certainement des ouvrages spéciaux que je n'avais jamais eu la curiosité de consulter. Là, peut-être, j'aurais trouvé des récits d'évasion. J'aurais appris que dans un cas au moins la roue s'était arrêtée, que dans cette préméditation irrésistible, le hasard et la chance, une fois seulement, avaient changé quelque chose. Une fois !
Albert Camus — L’étranger -
Cet appartement était aussi confortablement meublé que peut l’être une garçonnière. Mais comme un intérieur prend à la longue la physionomie et peut-être la pensée de celui qui l’habite, le logis d’Octave s’était peu à peu attristé ; le damas des rideaux avait pâli et ne laissait plus filtrer qu’une lumière grise. Les grands bouquets de pivoine se flétrissaient sur le fond moins blanc du tapis ; l’or des bordures encadrant quelques aquarelles et quelques esquisses de maîtres avait lentement rougi sous une implacable poussière ; le feu découragé s’éteignait et fumait au milieu des cendres. La vieille pendule de Boule incrustée de cuivre et d’écaille verte retenait le bruit de son tic-tac, et le timbre des heures ennuyées parlait bas comme on fait dans une chambre de malade ; les portes retombaient silencieuses, et les pas des rares visiteurs s’amortissaient sur la moquette ; le rire s’arrêtait de lui-même en pénétrant dans ces chambres mornes, froides et obscures, où cependant rien ne manquait du luxe moderne.
Théophile Gautier — Récits fantastiques -
Par les journées de juillet très chaudes, le mur d’en face jetait sur la petite cour humide une lumière éclatante et dure.Il y avait un grand vide sous cette chaleur, un silence, tout semblait en suspens ; on entendait seulement, agressif, strident, le grincement d’une chaise traînée sur le carreau, le claquement d’une porte. C’était dans cette chaleur, dans ce silence – un froid soudain, un déchirement.Et elle restait sans bouger sur le bord de son lit, occupant le plus petit espace possible, tendue, comme attendant que quelque chose éclate, s’abatte sur elle dans ce silence menaçant.Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée sous le soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.Étendu dans l’herbe sous le soleil torride, on reste sans bouger, on épie, on attend.Elle entendait dans le silence, pénétrant jusqu’à elle le long des vieux papiers à raies bleues du couloir, le long des peintures sales, le petit bruit que faisait la clef dans la serrure de la porte d’entrée. Elle entendait se fermer la porte du bureau.Elle restait là, toujours recroquevillée, attendant, sans rien faire. La moindre action, comme d’aller dans la salle de bains se laver les mains, faire couler l’eau du robinet, paraissait une provocation, un saut brusque dans le vide, un acte plein d’audace. Ce bruit soudain de l’eau dans ce silence suspendu, ce serait comme un signal, comme un appel vers eux, ce serait comme un contact horrible, comme de toucher avec la pointe d’une baguette une méduse et puis d’attendre avec dégoût qu’elle tressaille tout à coup, se soulève et se replie.Elle les sentait ainsi, étalés, immobiles, derrière les murs, et prêts à tressaillir, à remuer.Elle ne bougeait pas. Et autour d’elle toute la maison, la rue semblaient l’encourager, semblaient considérer cette immobilité comme naturelle.Il paraissait certain, quand on ouvrait la porte et qu’on voyait l’escalier, plein d’un calme implacable, impersonnel et sans couleur, un escalier qui ne semblait pas avoir gardé la moindre trace des gens qui l’avaient parcouru, pas le moindre souvenir de leur passage, quand on se mettait derrière la fenêtre de la salle à manger et qu’on regardait les façades des maisons, les boutiques, les vieilles femmes et les petits enfants qui marchaient dans la rue, il paraissait certain qu’il fallait le plus longtemps possible – attendre, demeurer ainsi immobile, ne rien faire, ne pas bouger, que la suprême compréhension, que la véritable intelligence, c’était cela, ne rien entreprendre, remuer le moins possible, ne rien faire.Tout au plus pouvait-on, en prenant soin de n’éveiller personne, descendre sans le regarder l’escalier sombre et mort, et avancer modestement le long des trottoirs, le long des murs, juste pour respirer un peu, pour se donner un peu de mouvement, sans savoir où l’on va, sans désirer aller nulle part, et puis revenir chez soi, s’asseoir au bord du lit et de nouveau attendre, replié, immobile.
Nathalie Sarraute — Tropismes -
L'amour est fort comme la mort, la passion est implacable comme l'abîme, ses flammes brûlantes, c'est un feu divin !
La Bible — Le Cantique des Cantiques -
La loi est implacable, mais la loi est imprévisible. Nul n'est censé l'ignorer, mais nul ne peut la connaître.
Georges Perec — W. ou le souvenir d'enfance -
De même que le meilleur vin devient le plus aigre des vinaigres, ainsi l'amour le plus profond se transforme-t-il en la haine la plus implacable.
John Lyly -
Je vous dénonce la misère, cette longue agonie du pauvre qui se termine par la mort du riche. Législateurs, la misère est la plus implacable des lois.
Victor Hugo — Projet de discours, 17 juillet 1851 -
La vie et la mort sont des événements trop précis, trop implacables pour être accidentels.
Charlie Chaplin — Ma vie -
À partir de prémisses fausses, tout peut se démontrer. Ce n’est pas parce qu’un raisonnement est implacable qu’il n’est pas délirant.
François Lelord — L’Evénement du jeudi -
Le politicien est un acteur contrarié, toujours en quête de bravos ; le poète est un spectateur implacable toujours prêt à siffler.
Miguel Torga -
Ce sont les morales souples et non les morales raides qui exercent les contraintes les plus implacablement dures. Les seules qui ne s'absentent jamais.
Edwy Plenel — Secrets de jeunesse -
Il n'est point de haine implacable, sauf en amour.
Properce en latin Sextus Aurelius Propertius — Élégies, II, 8, 3 -
Aveugle pour les fautes, le destin peut être implacable pour les moindres distractions.
Jorge Luis Borges — Fictions -
Si le destin est implacable, c'est qu'on a pas su lui plaire !
Jean Baudrillard — Cool memories IV - 1995-2000 -
Il n'y a pas de dureté plus implacable que celle des regards qui sont revenus de la tendresse.
Etienne Rey — De l'Amour de Stendhal -
Rien ne rend un homme plus redoutable, plus implacable, plus... que la faculté de voir les choses... telles qu'elles sont.
Paul Valéry — Mélanges -
Le confinement a réveillé des envies de piscine. Et avec une logique implacable, cela s’est fortement ressenti chez les vendeurs de piscine hors sol : « C’est simple, il ne nous reste qu’une seule piscine, résume Dany Launay, dirigeant de l’enseigne Cash Piscine, à Mont-de-Marsan, en montrant le rayon vide. Nous avons vendu tout le stock. »
SudOuest.fr — Landes : coup de chaud sur le marché de la piscine