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Citations sur l'indicible
Il y a 19 citations sur l'indicible.
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Par votre attitude irresponsable, vous allez pousser les équipes soignantes déjà surmenées à se confronter à l’indicible.
Bertrand Dévigne — Le coup de gueule d'un médecin lyonnais contre le non-respect du confinement -
[…] le vagabond le trouvait là, inexprimable, au fond des prunelles changeantes de l’aimée, où il plongeait ses regards, longtemps, longtemps, jusqu'à ce que l'angoisse indicible de la volupté broyât leurs deux êtres?
Isabelle Eberhardt — La Rivale -
Jamais je ne me recollerai avec toi. −Pourquoi? bégaya-t-il, tandis qu'une contraction d'indicible souffrance passait sur son visage. −Pourquoi? Dame! Parce que... c'est impossible, voilà tout. Je ne veux pas.
Zola — Nana -
Ô géraniums, ô digitales… Celles-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, c’est de votre reflet que ma joue d’enfant reçut un don vermeil. Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la crois-de-Malte, des hortensias, et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais… A contre-cœur, elle faisait pacte avec l’Est : « Je m’arrange avec lui », disait-elle. Mais elle demeurait pleine de suspicion et surveillait, entre tous les cardinaux et collatéraux, ce point glacé, traître aux jeux meurtriers. Elle lui confiait des bulbes de muguet, quelques bégonias, et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules. Hors une corne de terre, hors un bosquet de lauriers-cerises dominés par un junkobiloba, – je donnais ses feuilles, en forme de raie, à mes camarades d’école, qui les séchaient entre les pages de l’atlas – tout chaud jardin se nourrissait d’une lumière jaune, à tremblements rouges et violets, mais je ne pourrais dire si ce rouge, ce violet, dépendaient, dépendent encore d’un sentimental bonheur ou d’un éblouissement optique. Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits… Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demis, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues. A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensible que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion… Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, - « chef-d’œuvre » disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord… Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillée sur les autres enfants endormis. Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d’avoir mangé mon saoul, pas avant d’avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l’eau de deux sources perdues, que je révérais. L’une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L’autre source, presque invisible, froissait l’herbe comme un serpent, s’étalait secrète au centre d’un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe… Rien qu’à parler d’elles, je souhaite que leur saveur m’emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j’emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire…
Colette — Sido -
Mais le contact de ce corps raidi, de ces bras crispés, lui communiqua la secousse de son indicible torture. L’énergie et la force dont elle retenait avec ses doigts et avec ses dents la toile gonflée de plumes sur sa bouche, sur ses yeux et sur ses oreilles pour qu’il ne la vît point et ne lui parlât pas, lui firent deviner, par la commotion qu’il reçut, jusqu’à quel point on peut souffrir. Et son coeur, son simple coeur, fut déchiré de pitié. Il n’était pas un juge, lui, même un juge miséricordieux, il était un homme plein de faiblesse et un fils plein de tendresse. Il ne se rappela rien de ce que l’autre lui avait dit, il ne raisonna pas et ne discuta point, il toucha seulement de ses deux mains le corps inerte de sa mère, et ne pouvant arracher l’oreiller de sa figure, il cria, en baisant sa robe : « Maman, maman, ma pauvre maman, regarde-moi ! » Elle aurait semblé morte si tous ses membres n’eussent été parcourus d’un frémissement presque insensible, d’une vibration de corde tendue. Il répétait : « Maman, maman, écoute-moi. Ça n’est pas vrai. Je sais bien que ça n’est pas vrai. » Elle eut un spasme, une suffocation, puis tout à coup elle sanglota dans l’oreiller. Alors tous ses nerfs se détendirent, ses muscles raidis s’amollirent, ses doigts s’entrouvrant lâchèrent la toile ; et il lui découvrit la face. Elle était toute pâle, toute blanche, et de ses paupières fermées on voyait couler des gouttes d’eau.
Maupassant — Pierre et Jean (1888) -
Ce qu'il a chanté devant les femmes de la société qui étaient là, non, c'est indicible! [it. dans le texte]. Ç'a été, en ces poèmes du jour, les michetons fournisseurs de galette, les joyeux petits marlous donnant de la pantoufle dans les fesses de leurs marmites, des vérolées de Saint-Lazare, dans les médicaments, écrivant à leurs maquereaux... Ç'a été, en ce lyrisme de l'ignoble, des dénonciations infâmes...
Goncourt — Journal -
L'aveugle garde le regard comme le muet la parole - l'un et l'autre dépositaires de l'invisible, de l'indicible... gardiens infirmes du rien.
Edmond Jabès — Le Petit Livre de la subversion hors de soupçon -
Là-bas, où que ce soit, nier l'indicible, qui ment.
Stéphane Mallarmé — La Musique et les lettres, Gallimard -
Il y a un indicible bonheur à savoir tout ce qui en l'homme est exact.
J.M.G. Le Clézio — L’extase matérielle -
Oh quel bien-être, quel bien-être indicible que de se sentir en sécurité avec quelqu’un à l’abri de tout danger, sans avoir à peser ses pensées, à mesurer ses paroles.
Sagesse indienne -
Quelle étrange et indicible sensation que d’entendre sa fille être appelée maman.
Jean Gastaldi — Le Petit Livre de maman -
L'esprit qui nous révèle Dieu est ce murmure indicible en quoi s'achève la parole.
Henri Le Saux — Sagesse hindoue, mystique chrétienne -
Ce que l'on appelle ordinairement la vie, reste dans l'indicible.
Gao Xingjian — La montagne de l'âme -
Il n’y a que les personnes qui ont vécue l'indicible qui peuvent parvenir à nous expliquer l’inconcevable. Ça c’est fascinant.
Jean-Paul Rouve — Livrehebdo.fr du 3 janvier 2015 -
S'il est un chagrin dans ce monde qui ne peut être soulagé, c'est le poids au cœur de l'indicible.
Thomas de Quincey — Confessions d'un mangeur d'opium anglais, 1821 -
Nous ne serons jamais satisfaits tant que les Noirs seront les victimes de l’horreur indicible de la brutalité policière.
Martin Luther King — 28 août 1963 -
Rien ne vaut d'être dit en poésie que l'indicible, c'est pourquoi l'on compte beaucoup sur ce qui se passe entre les lignes.
Pierre Reverdy — Le Livre de mon bord -
Le théâtre est une destination inconnue, mais suffisamment connue pour produire une inquiétude indicible, mais moins effrayante qu’elle ne devrait l’être grâce à la certitude de n’y arriver jamais.
Olivier Py — Les Mille et une définitions du théâtre -
Et moins de trois mois plus tard, soit le mercredi 15 juillet, il est dans une joie indicible et aux anges. Par la voix de son porte-parole et faisant fi de la souveraineté nationale hier alléguée, le gouvernement a salué, aussitôt et par communiqué, un autre arrêt de la Cour.
Connectionivoirienne.net — CADHP: Une cour africaine sous pression - Connectionivoirienne.net