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Il y a 22 citations sur l'insensible.
Les végétaux, quoique pourvus d’organes, paraissent insensibles.
Mais ce n'est là qu'une frime. Au fond, Grévy a pris le goût de l’Élysée ; il n'est pas insensible à la gloriole et aux menus avantages matériels de la présidence. Alexandre Zévaès — Histoire de la Troisième République 1870 à 1926
M. Paul, que cette malice cousue de fil blanc laissait insensible, sourit, hocha la tête, plissa drôlement son petit œil et répondit :… Francis Carco — Messieurs les vrais de vrai
"A Beduaram il entre dans cette vaste et monotone plaine saharienne, sans végétation et où l’empreinte même de l'animal ne laisse qu'une trace insensible que le moindre vent efface. Pierre Legendre — La conquête de la France africaine : Nombreuses illustrations photographiques"
D’un autre côté, Réaumur et ses émules interrogèrent les eaux douces, et les bryozoaires de nos étangs, les planaires et les nais de nos ruisseaux, les vers de terre eux-mêmes se montrèrent à divers degrés insensibles à des mutilations qui ne faisaient que les multiplier. Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau — Les Métamorphoses et la généagénèse
Le temps a cessé d’être une suite insensible de jours, à remplir de cours et d’exposés, de stations dans les cafés et à la bibliothèque, menant aux examens et aux vacances d’été, à l’avenir. Il est devenu une chose informe qui avançait à l’intérieur de moi et qu’il fallait détruire à tout prix. J’allais aux cours de littérature et de sociologie, au restau U, je buvais des cafés midi et soir à la Faluche, le bar réservé aux étudiants. Je n’étais plus dans le même monde. Il y avait les autres filles, avec leurs ventres vides, et moi. Pour penser ma situation, je n’employais aucun des termes qui la désignent, ni « j’attends un enfant », ni « enceinte », encore moins « grossesse », voisin de « grotesque ». Ils contenaient l’acceptation d’un futur qui n’aurait pas lieu. Ce n’était pas la peine de nommer ce que j’avais décidé de faire disparaître. Dans l’agenda, j’écrivais : « ça », « cette chose-là », une seule fois « enceinte ». Je passais de l’incrédulité que cela m’arrive, à moi, à la certitude que cela devait forcément m’arriver. Cela m’attendait depuis la première fois que j’avais joui sous mes draps, à quatorze ans, n’ayant jamais pu, ensuite – malgré des prières à la Vierge et différentes saintes -, m’empêcher de renouveler l’expérience, rêvant avec persistance que j’étais une pute. Il était même miraculeux que je ne me sois pas trouvée plus tôt dans cette situation. Jusqu’à l’été précédent, j’avais réussi aux prix d’efforts et d’humiliations – être traitée de salope et d’allumeuse – à ne pas faire l’amour complètement. Je n’avais finalement dû mon salut qu’à la violence d’un désir qui, s’accommodant mal des limites du flirt, m’avait conduite à redouter jusqu’au simple baiser. J’établissais confusément un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d’une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que l’alcoolique, l’emblème. J’étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine manière, l’échec social. Je n’éprouvais aucune appréhension à l’idée d’avorter. Cela me paraissait, sinon facile, du moins faisable, et ne nécessitant aucun courage particulier. Une épreuve ordinaire. Il suffisait de suivre la voie dans laquelle une longue cohorte de femmes m’avait précédée. Depuis l’adolescence, j’avais accumulé des récits, lus dans des romans, apportés par la rumeur du quartier dans les conversations à voix basse. J’avais acquis un savoir vague sur les moyens à utiliser, l’aiguille à tricoter, la queue de persil, les injections d’eau savonneuse, l’équitation – la meilleure solution consistant à trouver un médecin dit « marron » ou une femme au joli nom, une « faiseuse d’anges », l’un et l’autre très coûteux mais je n’avais aucune idée des tarifs. L’année d’avant, une jeune femme divorcée m’avait racontée qu’un médecin de Strasbourg lui avait fait passer un enfant, sans me donner de détails, sauf, « j’avais tellement mal que je me cramponnais au lavabo ». J’étais prêter à me cramponner moi aussi au lavabo. Je ne pensais pas que je puisse en mourir. Annie Ernaux — L’Événement – Éditions Gallimard 2000
Mais le contact de ce corps raidi, de ces bras crispés, lui communiqua la secousse de son indicible torture. L’énergie et la force dont elle retenait avec ses doigts et avec ses dents la toile gonflée de plumes sur sa bouche, sur ses yeux et sur ses oreilles pour qu’il ne la vît point et ne lui parlât pas, lui firent deviner, par la commotion qu’il reçut, jusqu’à quel point on peut souffrir. Et son coeur, son simple coeur, fut déchiré de pitié. Il n’était pas un juge, lui, même un juge miséricordieux, il était un homme plein de faiblesse et un fils plein de tendresse. Il ne se rappela rien de ce que l’autre lui avait dit, il ne raisonna pas et ne discuta point, il toucha seulement de ses deux mains le corps inerte de sa mère, et ne pouvant arracher l’oreiller de sa figure, il cria, en baisant sa robe : « Maman, maman, ma pauvre maman, regarde-moi ! » Elle aurait semblé morte si tous ses membres n’eussent été parcourus d’un frémissement presque insensible, d’une vibration de corde tendue. Il répétait : « Maman, maman, écoute-moi. Ça n’est pas vrai. Je sais bien que ça n’est pas vrai. » Elle eut un spasme, une suffocation, puis tout à coup elle sanglota dans l’oreiller. Alors tous ses nerfs se détendirent, ses muscles raidis s’amollirent, ses doigts s’entrouvrant lâchèrent la toile ; et il lui découvrit la face. Elle était toute pâle, toute blanche, et de ses paupières fermées on voyait couler des gouttes d’eau. Maupassant — Pierre et Jean (1888)
Personne n'est plus insensible que les gens sentimentaux. Milan Kundera
Je ne suis point de ces philosophes cruels qui veulent que leur sage soit insensible. René Descartes — Correspondance, à Élisabeth, 18 mai 1645
La démocratie reste impuissante à se défendre, et insensible devant la menace qui la guette. Imre Kertész — Le Monde, 28 janvier 2015
Tout homme est sensible quand il est spectateur. Tout homme est insensible quand il agit. Alain — Vigiles de l’esprit
La nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ? Louise Ackermann — Poésies philosophiques
Souvent on est insensible aux problèmes des autres quand, soi-même, on est malheureux. Pan Bouyoucas — Une bataille d'Amérique
Celui qui n'a pas connu la souffrance et la misère ne peut pas apprécier cette paix intérieure qui pourrait le rendre insensible aux malheurs des autres. J.-François Beaulieu — Election sanglante
Rien de plus solide, de plus insensible, de plus égoïste, de plus coriace et, pour tout dire, de plus perfide qu'un coeur sénile... Louise Maheux-Forcier — Appassionata
Sage, le sourire est sensible ; Fou, le rire est insensible. Alain — Eléments de philosophie
Même le temps n’est pas insensible à son propre passage. David Mitchell — Ecrits fantômes
Une femme insensible est celle qui n'a pas encore vu celui qu'elle doit aimer. Jean de La Bruyère — Caractères
Si jeune et si insensible. William Shakespeare — Le Roi Lear, I, 1, Lear King Lear, I, 1, Lear
Un grand coeur doit être insensible à tout ce qui ne regarde pas, ou le devoir, ou la gloire. Chevalier de Méré — Maximes, sentences et réflexions morales et politiques