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Il y a 62 citations sur l'instant.
Pourtant, il avait cru d'abord distinguer, sous un déroulement d'épais cheveux, un fin profil pâle. Mais tout se confondait, s'évaporait, comme en un rêve. Un instant, le profil, évoqué, reparut ; puis, il s'effaça définitivement. Émile Zola — La Bête humaine
Une jeune dame vient de sortir de sa petite et coquette maison dont la porte est sur la Croisette. Elle s'arrête un instant à regarder les promeneurs, sourit et gagne, dans une allure accablée, un banc vide en face de la mer. Guy de Maupassant — Première Neige
Le visage de Malievski se crispa légèrement et prit l’espace d’un instant une expression mi-chèvre mi-chou, mais il se mit aussitôt à rire. Ivan Tourguéniev — Premier amour
Il se fit un instant de silence, et une voix dit en bon français, quoique avec un accent étranger « Vous êtes le bienvenu chez moi, monsieur, et vous pouvez ôter votre mouchoira. » Alexandre Dumas — Le Comte de Monte-Cristo
Sa pensée tâtonna un instant dans l’obscurité, il retira ses lunettes, en essuya les verres, se passa la main sur les yeux, et ne revit la lumière que quand il se retrouva en présence d’une idée toute différente, à savoir qu’il faudrait tâcher d’envoyer le mois prochain six ou sept mille francs à Odette au lieu de cinq, à cause de la surprise et de la joie que cela lui causerait. Marcel Proust — Du côté de chez Swann
La duchesse de Guise, presque évanouie ; le duc de Guise, suivi de Saint-Paul, et de plusieurs hommes.LE DUC DE GUISE, après un coup d’œil rapide. – Il sera descendu par cette fenêtre... Mais Mayenne était dans la rue avec vingt hommes, et le bruit des armes... Va, Saint-Paul ; vous, suivez-le. Va, et tu me diras si tout est fini. (Heurtant du pied la duchesse.) Ah ! c’est vous, madame. Eh bien, je vous ai ménagé un tête-à-tête.LA DUCHESSE DE GUISE. – Monsieur le duc, vous l’avez fait assassiner !LE DUC DE GUISE. – Laissez-moi, madame ; laissez-moi.LA DUCHESSE DE GUISE, à genoux, le prenant à bras-le-corps. – Non, je m’attache à vous.LE DUC DE GUISE. – Laissez-moi, vous dis-je !... ou bien, oui, oui. Venez ! à la lueur des torches, vous pourrez le revoir encore une fois. (Il la traîne jusqu’à la fenêtre.) Eh bien, Saint-Paul ?SAINT-PAUL, dans la rue. – Attendez ; il n’est pas tombé seul. Ah ! ah ! LE DUC DE GUISE. – Est-ce lui ? SAINT-PAUL. – Non, c’est le petit page. LA DUCHESSE DE GUISE. – Arthur ! Ah ! pauvre enfant ! LE DUC DE GUISE. – L’auraient-ils laissé fuir ?... Les misérables !... LA DUCHESSE DE GUISE, avec espoir. – Oh !... SAINT-PAUL. – Le voici. LE DUC DE GUISE. – Mort ? SAINT-PAUL. – Non, couvert de blessures, mais respirant encore. LA DUCHESSE DE GUISE. – Il respire ! On peut le sauver. Monsieur le duc, au nom du ciel... SAINT-PAUL. – Il faut qu’il ait quelque talisman contre le fer et contre le feu... LE DUC DE GUISE, jetant par la croisée le mouchoir de la duchesse de Guise. – Eh bien, serre-lui la gorge avec ce mouchoir ; la mort lui sera plus douce ; il est aux armes de la duchesse de Guise. LA DUCHESSE DE GUISE. – Ah ! (Elle tombe.) LE DUC DE GUISE, après avoir regardé un instant dans la rue. – Bien ! et maintenant que nous avons fini avec le valet, occupons-nous du maître. Alexandre DUMAS — Henri III et sa cour
[…] ; je demeurai un instant sans bouger et, abruti, je fixais le portemanteau (portemanteau métallique maigre qui levait les bras comme un soldat qui se rend) ; ensuite (ne sachant que faire) j’ouvris l’armoire ; […] Milan Kundera — La plaisanterie
La donna è mobileQual piuma al vento.Comme la plume au vent,Femme est volage ;Est bien peu sage - qui s'y fie un instant.Tout en elle est menteur,Tout est frivole ;C'est chose folle - que lui livrer son cœur.Femme varie, femme varie,Fol qui s'y fie - un seul instant… Verdi — Rigoletto
Maintenant, voyez-moi, j’ai cinquante-quatre ans et plus bon à rien, forcément. J’ai lâché mon métier de plombier, je tremble de partout, regardez mes mains, je sucre les fraises, les jambes qui grelottent, elles pèsent comme du plomb et à chaque instant la tête qui s’en va. Comment expliquez-vous ça ? Marcel Aymé — Le passe-muraille
[…] mon gars il adorait commencer une histoire par une formule imagée qu’il sortait à brûle-pourpoint, c’était pour lui une sorte de point de départ, de piste d’envol, tu comprends disait-il, puis il s’arrêtait un instant, me regardait dans les yeux et quand il voyait que j’étais mûr, il y allait de sa petite expression, des larmes de crocodile, c’écriait-il par exemple et j’avais l’impression alors que toute l’histoire qui suivait ne servait qu’à illustrer ces larmes de crocodile, à les mettre en valeur, à les faire briller de mille feux, et elles devenaient plus belles et plus précieuses que du cristal et grande était la gloire de celui qui les avait pleurées. P. Edmond — La danse du fumiste
Un instant plus tôt, elle se croyait décidée, mais les arguments de ses collègues paraissaient convaincants et elle était de nouveau ébranlée. Milan Kundera — La valse aux adieux
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi !Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroiSe planteront bientôt comme dans une cible,Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizonAinsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ;Chaque instant te dévore un morceau du déliceA chaque homme accordé pour toute sa saison.Trois mille six cents fois par heure, la SecondeChuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voixD’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)Les minutes, mortel folâtre, sont des ganguesQu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !Souviens-toi que le Temps est un joueur avideQui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! » Charles Baudelaire — Les fleurs du mal
Une nouvelle dans tous les sens du mot peut-être parce que ces situations imprévues nous forcent à entrer plus profondément en contact avec nous-même, ces dilemmes douloureux que l'amour nous pose à tout instant, nous instruisent, nous découvrent successivement la matière dont nous sommes fait. Marcel Proust — À la recherche du temps perdu
Ma propre indifférence me fendit l’âme, soudain, et je me surpris dans l’éclair d’un instant à me demander ce que je faisais là. C’était précisément l’une de ces molles dispositions, séquelles de ma vie rêveuse, qu’il fallait proscrire à toute force. Antoine Blondin — L’Humeur vagabonde
Sur l'instant, je ne peux pas m'empêcher de l'admirer. Nous sommes plongés dans le coaltar le plus épais, et il est là à se tordre comme une baleine. Robin Cook — Crème anglaise
Avec trois hommes courageux nous partîmes quand même en guerre, il fallait bien retrouver Tennessee pour le présenter au public et nous finîmes par le trouver au fond de la plus sinistre des tavernes, toujours gai comme un pinson, mangeant Dieu sait quoi à l'ail, ou je ne sais quel parfum plébéien, et j'imaginai un instant le petit repas anglais raffiné, préparé aux bougies, dans la suite luxueuse du palace de la comtesse. Françoise Sagan — Avec mon meilleur souvenir
Il faut aller voir de bon matin, du haut de la colline du Sacré-Cœur, à Paris, la ville se dégager lentement de ses voiles splendides, avant d’étendre les bras. Toute une foule enfin dispersée, glacée, déprise et sans fièvre, entame comme un navire la grande nuit qui sait ne faire qu’un de l’ordure et de la merveille. Les trophées orgueilleux, que le soleil s’apprête à couronner d’oiseaux ou d’ondes, se relèvent mal de la poussière des capitales enfouies. Vers la périphérie les usines, premières à tressaillir, s’illuminent de la conscience de jour en jour grandissante des travailleurs. Tous dorment, à l’exception des derniers scorpions à face humaine qui commencent à cuire, à bouillir dans leur or. La beauté féminine se fond une fois de plus dans le creuset de toutes les pierres rares. Elle n’est jamais plus émouvante, plus enthousiasmante, plus folle qu’à cet instant où il est possible de la concevoir unanimement détachée du désir de plaire à l’un ou à l’autre, aux uns ou aux autres. André Breton — Les Vases communicants
Je m’arrête un instant, j’attends, je sens mon cœur battre; je fouille des yeux la place déserte. Sartre — La Nausée
Comment vais-je poser ma main sur ton corps, Andreas ? Il se rapproche un peu et ôte ma chemise, nous sommes pleins et prêts. De nous être longtemps retenus, dans un silence et une contemplation suspendus à la surprise et au plaisir, provoque à cet instant une sorte de tumulte, et nous nous empoignons, par les bras, par la nuque, par le torse et les reins. Voilà comment tu prends mon corps, Andreas : de toutes parts, car l’ivresse t’a gagné comme elle m’a gagné moi, et j’accepte les acrobaties que ton ardeur soudaine m’oblige à faire. Tête penchée en arrière, mains cherchant un appui, trouvant un mur, bientôt le sol, quelle souplesse ! Et tes dents se plantent dans la peau de mon ventre, un peu de brutalité sourd de tes agissements, elle me va, elle cadre avec ton torse et ton silence, et je comprends que là tu voudrais bien m’ouvrir, non tant en métaphore, d’un coup de rein, mais déchirer ma peau en espérant trouver, derrière la peau, le muscle et les irrigations ce que cache mon âme française et apaisée. Voilà comment je prends ton corps, Andreas : allongé sur le sol, je ramène ta bouche qui traînait sur mon ventre, je la hisse à la mienne puis j’encercle ton dos, m’arrime à tes épaules, serre à en perdre haleine l’heureuse tresse de muscles ou gît ce que tu es, où bat ce que tu veux. Si je pouvais tout entier t’absorber dans un désir dément de gagner ton essence et ta vitalité, ficher dans mes entrailles cette magnificence sans âge et sans destin, j’aurais sans doute gagné, et l’Histoire avec moi, un peu de cette paix si douce à nos épaules quand nous la rencontrons. Voilà comment nous nous mêlons : ceci est notre corps, prenons-le pour en jouir, prenons l’autre pour aimer et retournons au vent. Mais s’il fallait que je noue Andreas autour d’une colonne, le hisse sur une croix, l’enterre, l’emmure vivant ou le jette au cachot, comment m’en saisirais-je ? Mais s’il fallait qu’au fond d’une tranchée d’Argonne, une rue de Stalingrad, nous nous rencontrions pour nous éliminer, à mains nues et sans larmes, où irions-nous d’abord : au coeur, au souffle, à l’âme ? Mathieu Riboulet — Les Œuvres de miséricorde
C'est que le désir que j'avais de voir Gilberte et qui ne me quittait pas un instant, même en lisant de l'Émile Augier n'était jamais entièrement satisfait par la vue de Gilberte. Marcel Proust — À la recherche du temps perdu