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Il y a 62 citations sur le laisser.
Je continuais à interroger Andrée tandis qu'Albertine, par discrétion et pour me laisser (devinait-elle cela ?) tout le loisir de la questionner, prolongeait son déshabillage dans sa chambre. Marcel Proust — À la recherche du temps perdu
Qui sait, une jolie nana allait peut-être avoir le béguin pour lui et se laisser persuader de venir prendre l'air en sa compagnie pour discuter art et littérature. Ralph Dennis — Premier couteau
MADAME,Ce n’est pas sans sujet que je mets votre illustre nom à la tête de cet ouvrage. Et de quel autre nom pourrais-je éblouir les yeux de mes lecteurs, que de celui dont mes spectateurs ont été si heureusement éblouis ? On savait que VOTRE ALTESSE ROYALE avait daigné prendre soin de la conduite de ma tragédie ; on savait que vous m’aviez prêté quelques-unes de vos lumières pour y ajouter de nouveaux ornements ; on savait enfin que vous l’aviez honorée de quelques larmes dès la première lecture que je vous en fis. […] Pardonnez-moi, MADAME, si j’ose me vanter de cet heureux commencement de sa destinée. Il me console bien glorieusement de la dureté de ceux qui ne voudraient pas s’en laisser toucher. Je leur permets de condamner l’Andromaque tant qu’ils voudront, pourvu qu’il me soit permis d’appeler de toutes les subtilités de leur esprit au cœur de VOTRE ALTESSE ROYALE.Mais, MADAME, ce n’est pas seulement du cœur que vous jugez de la bonté d’un ouvrage, c’est avec une intelligence qu’aucune fausse lueur ne saurait tromper. Pouvons-nous mettre sur la scène une histoire que vous ne possédiez aussi bien que nous ? pouvons-nous faire jouer une intrigue dont vous ne pénétriez tous les ressorts ? et pouvons-nous concevoir des sentiments si nobles et si délicats qui ne soient infiniment au-dessous de la noblesse et de la délicatesse de vos pensées ? Racine — Andromaque
Après être resté prostré devant l'écran une demi-heure, je décidai de ne pas me laisser asservir par la technique. Benoît Duteurtre — Service clientèle
Tu n'aurais pas dû, dis-je. Et alors ? J'aurais dû te laisser devenir tuberculeux ? Je crois, dis-je, je crois que ça aurait été mieux. Marguerite Duras — Le marin de Gibraltar
Depuis que j’écris ces pages, je me dis qu’il y a un moyen, justement, de lutter contre l’oubli. C’est d’aller dans certaines zones de Paris où vous n’êtes pas retourné depuis trente, quarante ans et d’y rester un après-midi, comme si vous faisiez le guet. Peut-être celles et ceux dont vous vous demandez ce qu’ils sont devenus surgiront au coin d‘une rue, ou dans l’allée d’un parc, ou sortiront de l’un des immeubles qui bordent ces impasses désertes que l’on nomme « square » ou « villa ». Ils vivent de leur vie secrète, et cela n’est possible pour eux que dans des endroits silencieux, loin du centre. Pourtant, les rares fois où j’ai cru reconnaître Dannie, c’était toujours dans la foule. Un soir, Gare de Lyon, quand je devais prendre un train, au milieu de la cohue des départs en vacances. Un samedi de fin d’après-midi, au carrefour du boulevard et de la Chaussée d’Antin dans le flot de ceux qui se pressaient aux portes des grands magasins. Mais, chaque fois, je m’étais trompé.Un matin d’hiver, il y a vingt ans, j’avais été convoqué au tribunal d’instance du treizième arrondissement, et vers onze heures, à la sortie du tribunal, j’étais sur le trottoir de la place d’Italie. Je n’étais pas revenu sur cette place depuis le printemps de 1964, une période où je fréquentais le quartier. Je me suis aperçu brusquement que je n’avais pas un sou en poche pour prendre un taxi ou le métro et rentrer chez moi. J’ai trouvé un distributeur de billets dans une petite rue derrière la mairie, mais après avoir composé le code une fiche est tombée à la place des billets. Il y était écrit : « Désolé. Vos droits sont insuffisants. » De nouveau, j’ai composé le code, et la même fiche est tombée avec la même inscription : « Désolé. Vos droits sont insuffisants. » J’ai fait le tour de la mairie et de nouveau j’étais sur le trottoir de la place d’Italie.Le destin voulait me retenir par ici et il ne fallait pas le contrarier. Peut-être ne parviendrais-je plus jamais à quitter le quartier, puisque mes droits étaient insuffisants. Je me sentais léger à cause du soleil et du ciel bleu de janvier. Les gratte-ciel n’existaient pas en 1964, mais ils se dissipaient peut à peu dans l’air limpide pour laisser place au café du Clair de lune et aux maisons basses du boulevard de la Gare. Je glisserais dans un temps parallèle où personne ne pourrait plus m’atteindre.Les paulownias aux fleurs mauves de la place d’Italie… Je me répétais cette phrase et je dois avouer qu’elle me faisait monter les larmes aux yeux, ou bien était-ce le froid de l’hiver ? En somme, j’étais revenu au point de départ et, si les distributeurs de billets avaient existé vers 1964, la fiche aurait été la même pour moi : Droits insuffisants. Je n’avais à cette époque aucun droit ni aucune légitimité. Pas de famille ni de milieu social bien défini. Je flottais dans l’air de Paris. Patrick Modiano — L'Herbe des nuits
Mais une bête comme ça faut la nourrir, premier problème. le second, c'est que tous vos collègues veulent voir votre python, mais toi, tu ne veux le montrer qu'à Mlle Dreyfus dans sa mini-jupe très courte en peau de fauve et laisser ton serpent se lover entre ses cuisses… Romain Gary — Gros-Câlin
J’aimerais mieux être un crapaud et vivre des vapeurs d’un cachot que de laisser un coin de l’être que j’aime à l’usage d’autrui ! William Shakespeare — Othello
Il est venu [à l’Assemblée], sans aucun doute avec des suivants (…) mais il doit s’avancer seul et les laisser à distance. Delacroix — Journal
Je tâcherai d'arranger ça, dit-elle. Au revoir. Au revoir, dit Xavière. Françoise retint sa main. Ça me fait deuil, de vous laisser là toute fatiguée et morne. Simone de Beauvoir — L'invitée
Alors, je dis "non" à tout le reste ! Un homme qui a un métier à exercer ne doit pas s'en laisser distraire pour aller faire la mouche du coche dans les affaires auxquelles il n'entend rien. Moi, j'ai un métier. J'ai à résoudre des problèmes précis, limités, qui sont de mon ressort, et dont souvent dépend l'avenir d'une vie humaine d'une famille, quelquefois. Roger Martin du Gard — Les Thibault
RODRIGUE — Percé jusques au fond du cœurD’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,Misérable vengeur d’une juste querelle,Et malheureux objet d’une injuste rigueur,Je demeure immobile, et mon âme abattueCède au coup qui me tue.Si près de voir mon feu récompensé,Ô Dieu, l’étrange peine !En cet affront mon père est l’offensé,Et l’offenseur le père de Chimène !Que je sens de rudes combats !Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse :Il faut venger un père, et perdre une maîtresse :L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras.Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,Ou de vivre en infâme,Des deux côtés mon mal est infini.Ô Dieu, l’étrange peine !Faut-il laisser un affront impuni ?Faut-il punir le père de Chimène ? Pierre Corneille — Le Cid
Je n'ose laisser le lecteur sous cette pénible impression de détresse matérielle. […]. Mais on aurait tort de croire que nos orfèvres de la même époque fussent tous des indigents et tirassent le diable par la queue. Au contraire. Gérard Morisset — « L'orfèvre François Chambellan »
Le Rossignol et l’ÉpervierUn rossignol perché sur un chêne élevé chantait à son ordinaire. Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia. Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. »Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main. Ésope — Le Rossignol et l’Épervier
ARGAN — (court après Toinette.)Ah ! insolente ! il faut que je t'assomme !TOINETTE — (se sauve de lui.)Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.ARGAN — (en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.)Viens, viens, que je t'apprenne à parler !TOINETTE — (courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan.)Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.ARGAN — Chienne !TOINETTE — Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.ARGAN — Pendarde !TOINETTE — Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.ARGAN — Carogne ! Molière — Le malade imaginaire
Platon, Montaigne, Érasme, Descartes, Heine. Il fallait faire confiance à ces illustres pionniers, il fallait patienter, laisser à l'humain le temps de se manifester, de s'orienter dans le désordre et le malentendu, et de reprendre le dessus. Les Français avaient même trouvé une bonne expression pour cela : ils disaient Chassez le naturel, il revient au galop. Romain Gary — Les Oiseaux vont mourir au Pérou
Je fus particulièrement satisfait de la « légèreté d'esprit », du laisser-aller même (d'ailleurs parfaitement convenable) qui s'exprimaient à travers mes excuses et qui, bien mieux que toutes les explications, devaient leur laisser entendre que « toute l'histoire d'hier » n'était à mes yeux qu'une chose insignifiante Fédor Dostoïevski — Carnets du sous-sol
Lettre LIX de monsieur D'Orbe à Julie Je me hâte, mademoiselle, selon vos ordres, de vous rendre compte de la commission dont vous m'avez chargé. Je viens de chez milord Edouard, que j'ai trouvé souffrant encore de son entorse, et ne pouvant marcher dans sa chambre qu'à l'aide d'un bâton. Je lui ai remis votre lettre, qu'il a ouverte avec empressement ; il m'a paru ému en la lisant : il a rêvé quelque temps ; puis il l'a relue une seconde fois avec une agitation plus sensible. […]Lettre LX à Julie Calme tes larmes, tendre et chère Julie ; et, sur le récit de ce qui vient de se passer, connais et partage les sentiments que j'éprouve. J'étais si rempli d'indignation quand je reçus ta lettre, qu'à peine pus-je la lire avec l'attention qu'elle méritait. J'avais beau ne la pouvoir réfuter, l'aveugle colère était la plus forte. Tu peux avoir raison, disais-je en moi-même, mais ne me parle jamais de te laisser avilir. Dussé-je te perdre et mourir coupable, je ne souffrirai point qu'on manque au respect qui t'est dû ; et, tant qu'il me restera un souffle de vie, tu seras honorée de tout ce qui t'approche comme tu l'es de mon cœur. […] Jean-Jacques Rousseau — Julie ou la nouvelle Héloïse
Godeschal (…) n’était pas clerc à laisser se perdre la précieuse tradition de la bienvenue. La bienvenue est un déjeuner que doit tout néophyte aux anciens de l’Étude où il entre. Balzac — Un Début dans la vie
L’humidité avait été profitable, aussi Armstid a dit « Vous êtes les bienvenus chez moi. Vous pouvez la laisser là. » William Faulkner — Tandis que j’agonise