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Il y a 111 citations sur le passer.
J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens. Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
Dans la salle d’attente du Centre de Réforme, où ils attendent de passer la visite, deux cents Français moyens, anciens combattants, ni bourgeois, ni peuple, mais de cette classe intermédiaire qui fait la France, avec leur génie français d’être ficelés comme l’as de pique, et leurs visages blêmes, ah, ma foi, pas beaux, de Parisiens. Henry de Montherlant — Les jeunes filles
... voici passer au galop le corbillard de loucherbem, l'immonde voiture qui vient ramasser dans les boucheries la viande gâtée (...) grande caisse noire, qui laisse (...) une traînée d'amphithéâtre ambulant. Jean Richepin — Le Pavé
Et vous m'avez aimée comme cela, en deux heures, en passant de Douvres à Calais? Alexandre Dumas père — Le Cachemire vert
Le coeur me disait que c'était Carmen. Cependant je criai: au large! on ne passe pas! Mérimée — Carmen
Je ne voudrais pas laisser passer cette occasion sans mentionner les contributions importantes apportées
C'est fichu [cette eau-de-vie]! elle est bonne; ça fait du bien par où ça passe Vidocq — Mémoires
On fait passer l'eau [à purifier] sur un filtre qui retient les matières en suspension Ser — Physique industrielle
Je suis très déterminé à passer le Rubicon et à avaler toutes les couleuvres qu'on voudra me servir, si le coeur me le permet Chateaubriand — Correspondance
J'ai pu passer la douane grâce à un bakchich de dix roupies au douanier.
cléopâtre [au Centurion]: Emparez-vous de cet idiot. antoine: Par Pollux! la chose est forte (...). le centurion: C'est bon! Pas d'observation! Passez, passez la porte! Georges Courteline — Conversations de Alceste et d'Actium
L'expression passer fleur n'est pas, je dois le dire, de la façon de l'écrivain [Mmede Gasparin]. « Dans tout le centre de la France, m'écrit-on, dans l'Ouest, dans le Poitou, il n'y a pas un jardinier qui s'exprime autrement » Sainte-Beuve — Nouveaux Lundis
Madame Fourchambault: Mon mari, et moi, nous ne faisons que notre devoir en vous protégeant... mais il est certain que vous avez été au moins bien imprudente. Marie: Au moins? que voulez-vous dire? Madame Fourchambault: Passons, mademoiselle! Augier — Fourchambault
Décrire ce qu'on voit, passe encore; voir ce qu'il faut décrire, voilà le difficile Lucien Febvre — Examen de conscience historique, [1933] dans Combats
Si bien que, gavé d'informations tant sur le patois taafien constitué d'abréviations reposantes, d’apocopes imprévisibles, d’aphérèses inattendues et de métonymies subtiles - OP pour opération portuaire, DZ pour drop zone, bib pour médecin, bout de bois pour menuisier, pimponker pour pompier, etc., j'en passe et des meilleures - que sur le décor de mon futur séjour, j'ai fini par me demander pourquoi diable me donner le mal (de mer) d'y aller, […]. Sébastien Sholt — Désolation
Freud, paraît-il, n’aimait pas le téléphone, lui qui aimait, cependant, écouter. Peut-être sentait-il, prévoyait-il, que le téléphone est toujours une cacophonie, et que ce qu’il laisse passer, c’est la mauvaise voix, la fausse communication ? Par le téléphone, sans doute, j’essaye de nier la séparation – comme l’enfant redoutant de perdre sa mère joue à manipuler sans relâche une ficelle ; mais le fil du téléphone n’est pas un bon objet transitionnel, ce n’est pas une ficelle inerte ; il est chargé d’un sens, qui n’est pas celui de la jonction, mais celui de la distance : voix aimée, fatiguée, entendue au téléphone : c’est le fading dans toute son angoisse. Tout d’abord, cette voix, quand elle me vient, quand elle est là, quand elle dure (à grand-peine), je ne la reconnais jamais tout à fait ; on dirait qu’elle sort de dessous un masque (ainsi, dit-on, les masques de la tragédie grecque avaient une fonction magique : donner à la voix une origine chthonienne, la déformer, la dépayser, la faire venir de l’au-delà souterrain). Et puis, l’autre y est toujours en instance de départ ; il s’en va deux fois, par sa voix et par son silence : à qui est-ce de parler ? Nous nous taisons ensemble : encombrement de deux vides. Je vais te quitter, dit à chaque seconde la voix du téléphone. Roland Barthes — Fragments d’un discours amoureux
On l’admet en linguistique aujourd’hui, je n’existe que dans le langage : l’homme qui ne parle pas donc ne saurait passer pour une première personne… Louis Aragon — Blanche ou l’Oubli
Le 4 octobre dernier [1926], à la fin d’un de ces après-midi tout à fait désœuvrés et très mornes, comme j’ai le secret d’en passer, je me trouvais rue Lafayette : après m’être arrêté quelques minutes devant la vitrine de la librairie de L’Humanité et avoir fait l’acquisition du dernier ouvrage de Trotski, sans but je poursuivais ma route dans la direction de l’Opéra. Les bureaux, les ateliers commençaient à se vider, du haut en bas des maisons des portes se fermaient, des gens sur le trottoir se serraient la main, il commençait tout de même à y avoir plus de monde. J’observais sans le vouloir des visages, des accoutrements, des allures. Allons, ce n’étaient pas encore ceux-là qu’on trouverait prêts à faire la Révolution. Je venais de traverser ce carrefour dont j’oublie ou ignore le nom, là, devant une église. Tout à coup, alors qu’elle est peut-être encore à dix pas de moi, venant en sens inverse, je vois une jeune femme, très pauvrement vêtue, qui, elle-aussi, me voit ou m’a vu. Elle va la tête haute, contrairement à tous les autres passants. Si frêle qu’elle se pose à peine en marchant. André Breton — Nadja
Suivait-il les études du séminaire ? Exerçait-il dans l’église un emploi rémunéré ? Ou était-ce tout simplement un cucul la praline, un bosseur bénévole qui ne pouvait pas se passer du parfum de l’encens, des flammes des cierges et de pieux rabâchages ? Gerard Reve — Parents soucieux
Thomas buvait Gabriel, s’en emplissait en silence, amoureux décidé à brûler ses vaisseaux, convaincu qu’une telle occasion ne se présenterait jamais plus, qu’il tenait là l’unique chance de passer ses lèvres sur ce grain de peau lumineux qui lui ôtait le sommeil depuis des mois. Mathieu Riboulet — Le corps des anges