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Il y a 76 citations sur la passion.
Autrefois les grandes dames aimaient avec affiches, journal à la main et annonces ; aujourd’hui la femme comme il faut à sa petite passion réglée comme du papier à musique, avec ses croches, ses noires, ses blanches, ses soupirs, ses points d’orgue, ses dièzes à la clef. Honoré de Balzac — Autre étude de femme
Le 12 avril 1261, jour de la Passion Faral — Vie de temps de Saint Louis
Le Théâtre de la Passion de Nancy vient de perdre l'un des siens
Ces braves gens n’avaient pas l’air candide et pur d’un jeune séminariste, oh ! non. On voyait à leurs traits durs et prononcés, à leur teint hâlé, à leur front sillonné, que les passions — et quelles passions ! -, que les passions avaient passé par là, et qu’ils avaient mené une vie, hélas ! bien orageuse, ces honnêtes compagnons. — (Eugène Sue, Kernok le pirate, 1830, chap.6)
Les vices et les passions dans l’art chrétien sont, comme le diable, symbolisés par des animaux. Charles Louandre — L’épopée des animaux
La passion est ce qu’il y a de vraiment absolu dans les choses humaines; elle ne veut jamais avoir tort. Honoré de Balzac — Modeste Mignon
Vous connaissez ma passion pour l'histoire naturelle. Il ne se passe pas de semaine que je n'herborise; dans la campagne autour de la ville. Octave Mirbeau — La Chambre close
Et il continua, disant les choses crues de l’existence, l’humanité exécrable et noire, sans quitter son gai sourire. Il aimait la vie, il en montrait l’effort incessant avec une tranquille vaillance, malgré tout le mal, tout l’écœurement qu’elle pouvait contenir. La vie avait beau paraître affreuse, elle devait être grande et bonne, puisqu’on mettait à la vivre une volonté si tenace, dans le but, sans doute, de cette volonté même et du grand travail ignoré qu’elle accomplissait. Certes, il était un savant, un clairvoyant, il ne croyait pas à une humanité d’idylle vivant dans une nature de lait, il voyait au contraire les maux et les tares, les étalait, les fouillait, les cataloguait depuis trente ans ; et sa passion de la vie, son admiration des forces de la vie suffisaient à le jeter dans une perpétuelle joie, d’où semblait couler naturellement son amour des autres, un attendrissement fraternel, une sympathie, qu’on sentait sous sa rudesse d’anatomiste et sous l’impersonnalité affectée de ses études. Émile Zola — Le Docteur Pascal
Un soir, étant entré au casino, le narrateur du présent récit entend, avec surprise, un bruit singulier, celui d'un craquement ou d'un claquement de doigts qui se brisent. Il s'approche de la table d'où lui parvient ce bruit. Zweig réussit merveilleusement bien à nous rendre l'atmosphère fébrile qui règne dans le casino et la tension particulière du joueur qu'il observe.C'étaient des mains d'une beauté très rare, extraordinairement longues, extraordinairement minces, et pourtant traversées de muscles extrêmement rigides - des mains très blanches, avec, au bout, des ongles pâles, aux dessus nacrés et délicatement arrondis. Je les ai regardées toute la soirée, oui, je les ai regardées avec une surprise toujours nouvelle, ces mains extraordinaires, vraiment uniques ; mais ce qui d'abord me surprit d'une manière si terrifiante, c'était leur fièvre, leur expression follement passionnée, cette façon convulsive de s'étreindre et de lutter entre elles. Ici, je le compris tout de suite, c'était un homme débordant de force qui concentrait toute sa passion dans les extrémités de ses doigts, pour qu'elle ne fît pas exploser son être tout entier. Et maintenant..., à la seconde où la boule tomba dans le trou avec un bruit sec et mat et où le croupier cria le numéro ..., à cette seconde les deux mains se séparèrent soudain l'une de l'autre, comme deux animaux frappés à mort d'une même balle. Stefan Zweig — vingt-quatre heures dans la vie d’une femme
Pendant trente ans il a caressé le rêve insensé de vivre aux champs, de posséder des terres où il ferait bâtir le château de ses songes. Rien ne lui a coûté pour contenter son caprice de grand seigneur ; il s’est imposé les plus dures privations : on l’a vu, pendant trente ans, se refuser une prise de tabac et une tasse de café, empilant gros sous sur gros sous. Aujourd’hui, il a assouvi sa passion. Il vit un jour sur sept dans l’intimité de la poussière et des cailloux. Il mourra content. Émile Zola — Les Parisiens en villégiature
Et ce désir séculaire, cette possession sans cesse reculée, expliquait son amour pour son champ, sa passion de la terre, du plus de terre possible, de la motte grasse, qu'on touche, qu'on pèse au creux de la main. Zola — La Terre
Lettre CXXV :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu’elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n’a plus rien à m’accorder.Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l’apprécier ; mais je m’étonne du charme inconnu que j’ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d’une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n’est pourtant pas non plus celui de l’amour ; car enfin, si j’ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j’ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d’hier m’aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais : quand j’aurais, un moment, partagé le trouble et l’ivresse que je faisais naître ; cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J’aurais même, je l’avoue, un plaisir assez doux à m’y livrer, s’il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l’approfondir. […]Paris, ce 29 octobre 17**. Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
Première LettreConsidère mon amour, jusqu'à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah ! malheureux, tu as été trahi, et tu m'as trahie par des espérances trompeuses. Une passion sur laquelle tu avais fait tant de projets de plaisirs ne te cause présentement qu'un mortel désespoir, qui ne peut être comparé qu'à la cruauté de l'absence qui le cause. Quoi ! cette absence, à laquelle ma douleur, toute ingénieuse qu'elle est, ne peut donner un nom assez funeste, me privera donc pour toujours de regarder ces yeux dans lesquels je voyais tant d'amour, et qui me faisaient connaître des mouvements qui me comblaient de joie, qui me tenaient lieu de toutes choses, et qui enfin me suffisaient ? Hélas ! les miens sont privés de la seule lumière qui les animait, il ne leur reste que des larmes, et je ne les ai employés à aucun usage qu'à pleurer sans cesse, depuis que j'appris que vous étiez enfin résolu à un éloignement qui m'est si insupportable, qu'il me fera mourir en peu de temps. Crébillon — Lettres portugaises
Un trouble naïf et touchant se peint sur les traits charmants de la jeune fille. Henri sent s'arrêter le battement de son cœur, un doux regard s'échange rapidement entre eux. Henri, en retournant au château, apprend que cette aimable enfant s'appelle Fleurette et qu'elle habite avec son père, jardinier du château (...). Dès le lendemain, le jardinage est devenu la passion dominante de Henri (...). Depuis près d'un mois, le sensible Henriot en contait à Fleurette; tous deux s'aimaient éperdument, sans trop savoir encore ce qu'ils se voulaient, ils l'apprirent un soir à la fontaine. Horace Raisson — Code galant ou art de conter fleurette
Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs,Je ne veux retracer les beaux traits d'un Horace,Et moins veux-je imiter d'un Pétrarque la grâce,Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes Regrets.Ceux qui sont de Phoebus vrais poètes sacrésAnimeront leurs vers d'une plus grande audace :Moi, qui suis agité d'une fureur plus basse,Je n'entre si avant en si profonds secrets.Je me contenterai de simplement écrireCe que la passion seulement me fait dire,Sans rechercher ailleurs plus graves arguments.Aussi n'ai-je entrepris d'imiter en ce livreCeux qui par leurs écrits se vantent de revivreEt se tirer tout vifs dehors des monuments. Du Bellay — Les Regrets
Il ignore même s'il a vraiment aimé ce grand garçon mince, aux muscles un peu mous, mais subitement coincés dans la colère et la passion, ces yeux troubles sous des cils de femme. Il l'imagine mort, dissous, sans pouvoir se persuader que ce feu sombre est pour toujours éteint. Marguerite Yourcenar — Quoi ? L'Éternité
Du Cid à Polyeucte, le héros construit l’État […] ; de La Mort de Pompée à Pertharite, le héros subit l’État et les exigences de la raison d’État ; d’Œdipe à Suréna, le héros succombe sous les coups de la raison d’intérêt, de la déraison d’État, de la passion d’État. id. — p. 559
Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis, ayant de la santé, une figure aimable, un esprit juste et modéré, un cœur sincère et noble, crut qu’il pouvait être heureux. Il devait se marier à Sémire, que sa beauté, sa naissance et sa fortune rendaient le premier parti de Babylone. Il avait pour elle un attachement solide et vertueux, et Sémire l’aimait avec passion. Ils touchaient au moment fortuné qui allait les unir, lorsque, se promenant ensemble vers une porte de Babylone, sous les palmiers qui ornaient le rivage de l’Euphrate, ils virent venir à eux des hommes armés de sabres et de flèches. C’étaient les satellites du jeune Orcan, neveu d’un ministre, à qui les courtisans de son oncle avaient fait accroire que tout lui était permis. Il n’avait aucune des grâces ni des vertus de Zadig ; mais, croyant valoir beaucoup mieux, il était désespéré de n’être pas préféré. Cette jalousie, qui ne venait que de sa vanité, lui fit penser qu’il aimait éperdument Sémire. Il voulait l’enlever. Les ravisseurs la saisirent, et dans les emportements de leur violence ils la blessèrent, et firent couler le sang d’une personne dont la vue aurait attendri les tigres du mont Imaüs. Elle perçait le ciel de ses plaintes. Elle s’écriait : « Mon cher époux ! on m’arrache à ce que j’adore. » Elle n’était point occupée de son danger ; elle ne pensait qu’à son cher Zadig. Celui-ci, dans le même temps, la défendait avec toute la force que donnent la valeur et l’amour. Aidé seulement de deux esclaves, il mit les ravisseurs en fuite, et ramena chez elle Sémire évanouie et sanglante, qui en ouvrant les yeux vit son libérateur. Elle lui dit : « Ô Zadig ! je vous aimais comme mon époux ; je vous aime comme celui à qui je dois l’honneur et la vie. » Jamais il n’y eut un cœur plus pénétré que celui de Sémire ; jamais bouche plus ravissante n’exprima des sentiments plus touchants par ces paroles de feu qu’inspirent le sentiment du plus grand des bienfaits et le transport le plus tendre de l’amour le plus légitime. Sa blessure était légère ; elle guérit bientôt. Voltaire — Zadig ou la destinée
Ainsi ma fée c'est vous qui allez diriger nos coeurs puisqu'en retour vous êtes à moi et je veux que vous les dirigiez vers la passion la plus forte qu'il soit possible d'imaginer. C'est vous qui présidez à tous les desseins qu'il faut d'ores et déjà former. Guillaume Apollinaire — Tendre comme le souvenir
Telle ou telle femme, tel ou tel art, telle ou telle passion est ma vie. Milosz — L'amoureuse initiation