Accueil > Citations > Citations sur la patrie
Il y a 67 citations sur la patrie.
L’indifférence du sage pour qui tout pays est patrie et toute religion un culte valable à sa manière exaspérait mêmement cette foule de prisonniers ; si ce philosophique renégat, qui ne reniait pourtant aucune de ses croyances véritables, était pour eux tous un bouc émissaire, c’est que chacun, un jour, secrètement ou parfois même à son insu, avait souhaité sortir du cercle où il mourrait enfermé. Marguerite Yourcenar — L’Œuvre au Noir
Le mot patrie chez les anciens signifiait la terre des pères, terra patria, gé patris. La patrie de chaque homme était la part de sol que sa religion domestique ou nationale avait sanctifiée, la terre où étaient déposés les ossements de ses ancêtres et que leurs âmes occupaient. La petite patrie était l'enclos de la famille, avec son tombeau et son foyer. La grande patrie était la cité, avec son prytanée et ses héros... Fustel de Coul. — Cité antique
Ma patrie, je le sentais au fond de moi, comme une grande chose douce qui n’avait besoin pour durer de la mort de personne. Jean Guéhenno — Journal d’un homme de 40 ans
…, combien de camisards entêtés dans leur foi, combien de magnarelles diligentes n'ont pas vécu ici sans prévoir cette mort prochaine de leur petite patrie! Ludovic Naudeau — La France se regarde : le Problème de la natalité
[…] ; le singe, le tigre, le lion éloignés de leur patrie et enfermés dans nos ménageries ne tardent pas à tomber dans un état de décrépitude complet et sont presque toujours enlevés par la phthisie. Jean Déhès — Essai sur l’amélioration des races chevalines de la France
Je désire vous fixer dans ma cour, cependant vous êtes le maître de la quitter; mais n'oubliez pas que la France sera toujours pour vous une seconde patrie Genlis — Chevalier du Cygne
Fais graver dessus: Honneur et Patrie, me dit-il, c'est l'histoire de nos deux dernières campagnes Balzac — Médecin de campagne
Allons, enfants de la patrie, Le jour de gloire est arrivé! Quel chant dans un moment pareil! Il nous rendit presque fous!... Les cris de: «Vive la nation!» ne finissaient plus Erckmüller-Chatelain — Histoire d'un paysan
Un autre [décret] institua, le 5, la réquisition générale des hommes valides et des armes en cas de péril national, et l'assemblée déclara effectivement, le 11, la patrie en danger Lefebvre — Révolution française
Dans bien des cas, la patrie aura été défendue par des «sans-patrie», et abandonnée par des «patriotes» Mauriac — Bâillon dén.
Vous avez vu votre parlement imbécile, né de l’immoral trafic de places et d’honneurs, décider qu’il n’y avait rien à faire, dans la grande déroute des idées, que de poursuivre la pensée, et de mettre au pilori le livre qui dénonçait le crime des incapables contre la patrie. Georges Clémenceau — Vers la réparation
Qu’a donc fait Philippe [Louis-Philippe] pour le pays ?… Il a passé son temps à dégrader la patrie en la faisant la suivante de l’Angleterre, en la livrant en otage. Chateaubriand — Mémoires
Dieu aboie-t-il? qu'il n'est nul besoin de calamités naturelles ou surnaturelles pour la raccourcir davantage, que, d'autre part, la patrie n'a pas trop de tous ses enfants pour les envoyer se faire tuer ailleurs le cas échéant et soyez tranquilles, le cas écherra bien un jour ou l'autre. François Boyer — Dieu aboie-t-il ?
Le monde muet est notre seule patrie. Seule patrie, d’ailleurs, à ne proscrire jamais personne, sinon le poète qui l’abandonne pour briguer d’autres dignités. Francis Ponge — Pour un Malherbe
ŒDIPE — […] Est-il homme plus abhorré des dieux ? Étranger, citoyen, personne ne peut plus me recevoir chez lui, m'adresser la parole, chacun me doit écarter de son seuil. Bien plus, c'est moi-même qui me trouve aujourd'hui avoir lancé contre moi-même les imprécations que tu sais. A l'épouse du mort j'inflige une souillure, quand je la prends entre ces bras qui ont fait périr Laïos ! Suis-je donc pas un criminel ? suis-je pas tout impureté ? puisqu'il faut que je m'exile, et qu'exilé je renonce à revoir les miens, à fouler de mon pied le sol de ma patrie ; sinon, je devrais tout ensemble entrer dans le lit de ma mère et devenir l'assassin de mon père, ce Polybe qui m'a engendré et nourri. Est-ce donc pas un dieu cruel qui m'a réservé ce destin ? On peut le dire, et sans erreur. Sophocle — Œdipe-roi
Dada naquit d’une révolte qui était commune à toutes les adolescences, qui exigeait une adhésion complète de l’individu aux exigences profondes de sa nature, sans égards pour l’histoire, la logique ou la morale ambiante : Honneur, Patrie, Morale, Art, Fraternité, autant de notions répondant à des nécessités humaines dont il ne subsistait que de squelettiques conventions car elles étaient vidées de leur contenu initial. Tristan Tzara — Le surréalisme d’après-guerre
Cette société de l'Aïoli avait pour but de faire manger à l'ail une fois par mois tous les Méridionaux résidant à Paris, histoire de ne pas perdre le fumet ni l'accent de la patrie. A. Daudet — Numa Roumestan
Un beau désordre suit les guerres qui s’achèvent Les négociateurs y pratiquent le tri Des peuples des espoirs des terres et des rêves Et les aventuriers jonglent de la patrie […]Je ne demande pas le pardon des outragesLa pitié d’une enfance ou Dieu sait quel oubliLes longs labeurs m’ont fait un homme d’un autre âgeEt j’ai bu le vin noir et j’ai laissé la lieMais j’aurai beau savoir comme on dit à merveille Quelles gens mes amis d’alors sont devenus Rien ne fera jamais que je prête l’oreille A ce que dira d’eux qui ne les a connus. Louis Aragon — Les Yeux et la Mémoire
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n’y a pas d’amour heureux […]Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l’amour de la patrie Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs Il n’y a pas d’amour heureux Mais c’est notre amour à tous les deux. Louis Aragon — La Diane française
Le bon historien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays : quoiqu'il aime sa patrie, il ne la flatte jamais en rien. François de Salignac de La Mothe-Fénelon — Lettre à l'Académie