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Citations sur le péniblement
Il y a 19 citations sur le péniblement.
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La Victoire affirmée, Fagerolle […] pensait pouvoir, sans effort, réoccuper son rang. Il dégota, péniblement, une place de sous-reporter, dans un canard impécunieux du matin.
Victor Méric — Les Compagnons de l’Escopette -
Pendant que ses mains, habituées à la meule, maniaient péniblement la plume, le dégraisseur Bistac entra dans la salle. Bistac n’avait pas la bonne humeur du gagne-petit. Il avait l’âme jacobine.
Anatole France — L’Étui de nacre -
Il préparait péniblement et sans zèle un indécrochable certificat d’études pendant qu’Annie ,de cinq ans sa cadette ,entrait au Cours moyen. Frédéric Vaux-Baudry La solitaire.
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Elle se taille assez péniblement lors de l’extraction, mais lorsqu’elle a durci après avoir jeté son calcin elle devient absolument intaillable.
Société française d’archéologie — Congrès archéologique de France: Volume 124 -
Le cheval tire péniblement votre famille ; hélas ! vous n’avez plus aucun amour-propre, en lui voyant les flancs rentrés, et deux os saillants aux deux côtés du ventre ; son poil est moutonné par la sueur sortie et séchée à plusieurs reprises, qui, non moins que la poussière, a gommé, collé, hirsuté le poil de sa robe.
Honoré de Balzac — Petites misères de la vie conjugale -
Péniblement, il se releva et regagna, en trébuchant, sa place.
Joris-Karl Huysmans — La Cathédrale -
Il parlait mal et péniblement notre langue,
Jean-François Marmontel — Mémoires VI. -
… ; la cellulose, restant polymérisée à son degré maximum, ne se dissout alors que péniblement dans l'ammoniure de cuivre.
D. de Prat — Nouveau manuel complet de filature; 1re partie: Fibres animales & minérales -
De plus, le tempérament volcanique du philosophe roumain s’accommode péniblement de cette espèce d’apophase abstraite d’Eckhart, lui préférant celle « affective » de Jean de la Croix.
Simona Modreanu — Le dieu paradoxal de Cioran -
Elle est brunisseuse, brocheuse, plieuse de journaux, chamoiseuse, chamarreuse, blanchisseuse, gantière, passementière, teinturière, tapissière, mercière, bimbelotière, culottière, giletière, lingère, fleuriste ; elle confectionne des casquettes... la pauvre grisette use péniblement sa jeunesse à gagner trente sous par jour...
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L'ancienne taille en fil, qui champlevait péniblement ses blancs dans le poirier, a cédé la place au travail plus net qui creuse dans le bout de buis des lignes où le burin n'a plus à craindre les éclats des fibres lamelleuses.
Eugène M. O. Dognée — Les arts industriels à l'Exposition universelle de 1867 -
Si j’apercevais quelqu’une des créatures bovines — celles de la chaloupe — marchant pesamment à travers les broussailles du sous-bois, il m’arrivait de me demander, d’essayer de voir en quoi elle différait de quelque rustre réellement humain cheminant péniblement vers sa cabane après son labeur mécanique quotidien, ou bien, rencontrant la Femme-Renard et Ours, à la face pointue et mobile, étrangement humaine avec son expression de ruse réfléchie, je m’imaginais l’avoir contre-passée déjà, dans quelque rue mal famée de grande ville. — (H. G. Welles, L’Île du docteur Moreau, 1896 ; traduit de l’anglais par Henry Durand-Davray, 1901, p. 131)
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Les traits boursouflés par le sommeil interrompu, elle débourbait péniblement son esprit de la poix hypnotique.
Georges Vidal — Tension de famille -
Si l'on envoyait un message avec des accents ou des trémas, des cédilles, des perluètes, il arrivait péniblement chez la plupart des autres avec des codes chiffrés entre les lettres normales. Le débat fît rage, de savoir s'il fallait désaccentuer le français pour que la communication des idées continue (en attendant d'hypothétiques progrès techniques) […].
Patrick Rebollar — Les salons littéraires sont dans l'Internet -
L’une des voitures, péniblement tirée, emporta, dans des égrugeures et des cendres, des paillassons détressés, de vieux souliers, des briquaillons, des bouteilles égueulées, des plumeaux sans plumes, avec des coiffes de chapeaux, des roulettes de fauteuils, des tessons de casserole ou tremblait l’aile trouée d’un éventail japonais. - Catulle Mendès - La maison de la vieille
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Pour ceux qui font face à une maladie dégénérative grave, c’est la dernière minute qui fait craindre le pire. Face-à-face avec sa propre mort qui se fait attendre péniblement dans la douleur, face-à-face avec la souffrance de l’autre, qui pousse des cris à fendre l’âme : il n’y a pas de mots pour exprimer le sentiment d’impuissance que l’un et l’autre passent sous silence.
Le Devoir — 31 août 2005 -
Werth n’en pouvait plus... Tout l’ennuyait, le fatiguait de plus en plus, le dégoûtait... Les demandes des uns, les supplications des autres ; l’atmosphère de malveillance implacable qui entoure la prostitution douce ; la niaiserie dépendante des garçons exigeant sans cesse d’être assistés, maternés, poussés, pistonnés... Pour quelques instants agréables (et encore), quel prix à payer... Téléphones, lettres, démarches, arbitrages... Conseils, indulgence à n’en plus finir, tutelle, pourboires déguisés... A ce jeu de la résignation, Werth était devenu une sorte de saint malgré lui, gardant quand même sa réserve ponctuée de soubresauts rageurs... Il ne vivait pas du tout son homosexualité comme le font la plupart, désormais, de façon triomphante, agressive, militante, dure, prononcée... L’obscénité en vitrine... Boîtes sado-maso, valse du cuir... Torses, poils, muscles, piscines d’argile, mer gluante... Floc-floc des râles et des grognements... La seule chose qui avait toujours fait peur à Werth, c’est que sa mère apprenne ses goûts par la presse... Qu’il y ait comme ça un scandale mettant en cause sa situation, d’ailleurs péniblement acquise, de grand professeur... Déjà, l’hostilité des collègues, l’inlassable calomnie des ratés universitaires... Rien à voir avec le gauchisme viril de Pasolini... Les sous-prolétaires dans le cambouis, sur la plage... Avec le risque d’assassinat au bout, c’est d’ailleurs ce qui a fini par arriver... Non, les Français sont plus réservés, que voulez-vous, ils souffrent de plus en plus, en demi-teintes... Proust dans une boîte de New York ? Charlus et Jupien dans les bains-douches directs de la 72e Rue ? Werth se battait, sans illusions, pour une sorte de sensualité atténuée, une variante d’épicurisme... Bouddhiste, japonisant, légèrement affaissé..
Philippe Sollers — Femmes -
Pourquoi l'érotisme rend-il heureux? Parce qu'il est un retour direct à l'enfance, à ses jeux, à sa gratuité, à sa profondeur de temps. L'adulte est en général un enfant durci, puritain malgré lui, péniblement pornographe. Il s'applique dans le vice comme dans la vertu, il est ennuyeux, peu doué pour la régression enchantée qui définit l'érotisme. Ce n'est pas par hasard que «le vert paradis des amours enfantines» (Baudelaire) lui reste fermé. Il en rêve, l'adulte, il se sent jeté en enfer, il devient parfois bassement pédophile pour tenter de rejoindre son corps perdu.
Philippe Sollers -
Mes doutes, je les ai acquis péniblement ; mes déceptions, comme si elles m'attendaient depuis toujours, sont venues d'elles même.
Emil Michel Cioran — Syllogismes de l’amertume