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Citations sur le pensée
Il y a 61 citations sur le pensée.
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Ce « ronronnement suprême de plaisir produit par l'impact d'une pensée voluptueuse qui est une autre façon de définir l'art authentique », Nabokov le nomme aussi « frisson ». A cet égard, ne jamais oublier que le mot se dit en italien capriccio, d'où « caprice », fantaisie, liberté.
Littératures (1980), Vladimir Nabokov, éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, Préface de Cécile Guilbert — Les ruses du professeur Nabokov, p. XXX -
Une pensée peut s'allumer comme un bandage et sauter comme une certaine couleur verte que j'ai composée une fois avec le sang du colibri, le caoutchouc des bicyclettes à califourchon sur un fil télégraphique.
Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton. -
On ne réfléchit que parce qu'on se dérobe à l'acte. Penser, c'est être en retrait.
Cahiers 1957-1972, Emil Cioran, éd. Gallimard, 1997 (ISBN 2-07-074935-5), p. 59 -
La pensée trop libre n'avance pas, malgré ses efforts ; elle aurait besoin, comme l'oiseau, de la résistance du milieu. L'action révèle les limites que doit s'imposer l'esprit.
L'écrivain biographe André Maurois à propos de George Sand. -
Il est possible à tout homme d'aller profondément à l'intérieur et de saturer sa conscience avec le bonheur intérieur, cette intelligence illimitée, qui demeure à la source de la pensée.
(en) It is possible for every man to go deep within and saturate his conscious mind with inner happiness with that unlimited intelligence that dwells at the source of thought. -
Tout le monde le disait ; loin de moi la pensée de soutenir que ce que dit tout le monde doive être vrai.
Charles Dickens -
Le tricot permet à une femme de penser à autre chose pendant que son mari parle.
Anonyme — Dictionnaire de l’Amour -
Ta femme à toi ça l'a retournée d'te voir partir? −Tu penses...
Benjamin — Gaspard -
De l'un à l'autre les mots passaient, et chacun amplifiait, déformait, disait sa façon de penser et ses remarques
Peisson — Parti Liverpool -
La vue du billet lui déplut, dans la pensée que c'était encore quelque demande de secours
Maurice Barrès — Crépuscule des dieux -
L'argent fut donc, et avec raison, la grande pensée de mon père, et moi je n'y ai jamais pensé qu'avec dégoût
Stendhal — L'Armance -
Ces trusts qui ont porté l'industrie américaine à cet état de perfection et de concentration, qui est le grand fait des cinquante dernières années de la pensée humaine
Louis Aragon — Les Beaux Quartiers -
Si j'étais resté chaste, mon ami, si je l'étais resté de fait et aussi de pensée
Charles-Augustin Sainte-Beuve — Volupté -
Mon père, homme de pensée, de culture, de tradition, était imprégné du sentiment de la dignité de la France
Charles de Gaulle — Mémoires de guerre -
– Vois comme cette pensée ressemble au roi Henri VIII d’Angleterre, avec sa barbe ronde, disait-elle. Au fond, je n’aime pas beaucoup ces figures de reîtres qu'ont les pensées jaunes et violettes...
Colette — Sido -
Fils d’une humble famille du Rethélois, ce paysan devait atteindre aux plus hautes fonctions, représenter la pensée de la France et de la « chrestienté », et, devant le monde, être leur porte-parole.
Henri Dacremont — Gerson -
Ce n'est rien d'ordonner des actes, si préalablement on n'est pas maître des pensées ; pour gouverner le monde des corps, il faut dominer celui des esprits.
Jules Michelet — Du prêtre -
Et tout reste à faire, — à penser — pour re-demander inlassablement, et sans arrière-pensée militante, « que faire ? », pour suspendre durablement toute réponse naïvement constructive, et pour faire ce qu’il faut : ici, tout de suite, moi-même qui, dénué de l’épaisseur d’une subjectivité transcendantale ou législatrice, ne suis que d’être requis par l’urgence de l’occasion, et sais que plus jamais désormais — après Auschwitz, après Heidegger — la connaissance des valeurs ou de la loi, l’assignation d'une fin ne fonderont l’agir qui m’incombe. — (Le Messager européen, numéros 1 à 2, 1987, page 111)
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Ma chère, reprit doucement Pauline, vous auriez l’idée de vous faire épouser, que vous ne vous y prendriez pas autrement. Il faudra bien que ça finisse, et il n’y a encore que le mariage, puisque vous ne voulez point de l’autre affaire. Écoutez, je dois vous prévenir que tout le monde a la même pensée oui, on est persuadé que vous lui tenez la dragée haute pour le mener devant M. le maire.
Émile Zola — Au Bonheur des Dames -
Dimanche 1er novembre (Venise).Tiepolo, L’institution du Rosaire. 1737-1739.Venise, les Gesuati. Photo A.G., 15 juin 2014. Manet, Lola de Valence, 1862.7 heures. Gris, puis très bleu.C’est la Toussaint. Messe aux Gesuati à 8 heures. Prêtre très sobre. Vingt personnes sous le plafond de Tiepolo (La Gloire de saint Dominique). « Mistero della fede. » En effet.Je rentre dans ma chambre pour écrire. À droite, dans la fenêtre ouverte, le Redentore, avec, sur la coupole, la statue endiablée du Christ ressuscité, victorieux.Le Christ, pour le Diable, c’est le Diable.Brusquement, tout est rose. « Les dieux sont là. »Heidegger : « Le « temps » n’est pas plus lié au Je que l’espace ne l’est aux choses ; encore moins est-il « objectif ’ et le temps « subjectif ». »Pensée incompréhensible pour l’habitant de la Métaphysique, c’est-à-dire l’esclave de la subjectivité absolue. Mais je vois ce que montre Heidegger. Le temps ne fait que passer par moi, l’espace est son enveloppe.Dans Le Monde, ceci, sur Malevitch : « Dans ses écrits, Malevitch s’est réclamé de l’art des icônes. Il a aussi constamment revendiqué l’icône comme faisant partie de la culture paysanne. Le rouge, le blanc et le noir, que l’on retrouve associés dans les icônes de Novgorod, plus fortement que dans toutes les autres icônes byzantines, sont aussi les couleurs signalétiques du suprématisme. Il est intéressant de noter que le carré rouge que Malevitch peint en 1915, après son premier carré noir et avant son premier carré blanc, a pour titre Réalisme en deux dimensions d’une paysanne. Pourquoi a-t-il donné ce titre ? Il doit y avoir une part d’humour — Malevitch était d’Ukraine le pays de Gogol. »Promenade dans la gare maritime, soleil sur les quais. Le remorqueur Hercules, de Trieste. Large moment de sérénité, la ville au loin, comme un paquebot de rêve.L’avion du retour a deux heures de retard. Arrivée sous la pluie battante. Une autre planète. À la Closerie, cinq filles d’une vingtaine d’années se sont organisées une fête au champagne. Elles passent de la plus folle gaieté tendre entre elles à la plus lourde mélancolie. Et de nouveau dans l’autre sens. Et ainsi de suite. Tantôt nymphes ravissantes (à la Fragonard), tantôt effondrées à la Goya, sans âge. Jeunesse et vieillesse en même temps. Je les regarde, j’ai l’impression de voir toute leur vie à travers elles (hystérie, fusion, amour, drôlerie, pourrissement, tristesse, vide). Film épatant pendant une heure. Destins.
Philippe Sollers — L’Année du Tigre -
L’ingression de la chipie fut, d’ailleurs, une belle chose qui le récompensait déjà de sa vertu. Elle parut glisser, s’appuyant au mur, comme ne pouvant plus porter son fardeau, en même temps qu’elle ouvrait une large écluse de ces gloussements singultueux qui donneraient à penser à tout l’univers que les forces d’une pauvre mère sont décidément épuisées, qu’il n’y a plus moyen du tout de soutenir une croix si pesante et que si le secours d’en haut se fait plus longtemps attendre, elle va succomber dans quelques instants.
Léon Bloy — La Femme pauvre -
Ce système [que l'odorat et le goût ne forment qu'un seul sens] peut être rigoureusement défendu; cependant, comme je n'ai point la prétention de faire secte, je ne le hasarde que pour donner à penser à mes lecteurs
Brillat-Savarin — Physiologie du goût -
Plus tard, le grand scolarque stoïcien Antipater de Tarse (vers 150-129) avait été le maître à penser de toute une lignée de stoïciens célèbres, qui s'étaient répandus jusqu'à Rome [...].
Après Jésus. L'invention du christianisme — sous la dir. de Roselyne Dupont-Roc et Antoine Guggenheim -
... Ah! oui, de jolis parents j'ai là! Ils ne me reverront jamais. −Jamais? s'écria-t-il, ne dis pas de bêtises, Mouchette (...). On ne laisse pas les filles courir à travers champs, comme un perdreau de la Saint-Jean. Le premier garde venu te rapportera dans sa gibecière. −Pensez-vous? dit-elle. J'ai de l'argent. Qu'est-ce qui m'empêche de prendre demain le train de Paris, par exemple? Ma tante Eglé habite Montrouge −une belle maison, avec une épicerie. Je travaillerai. Je serai très heureuse...
Bernanos — Soleil Satan -
Cette fille farouche et pure qui, sans penser à mal, offrait de l'argent à un homme
Guèvremont — Survenant -
Si vous pensez que cela soit utile, je le prendrai [un ouvrage] à la Bibliothèque Royale
Gobineau — Correspondance avec Tocqueville -
Et quand je pense que mon père l'a décoré et fait comte et que le lendemain ce vilain n'a pas eu honte de porter la main sur lui
Jarry — Ubu -
M. Dubois me témoignait une bienveillance d'autant plus précieuse qu'elle venait d'un vieillard qui n'aimait pas les jeunes gens. Je la gagnai, à ce que je pense, en l'écoutant avec attention
Anatole France — Vie fleur -
Tu es sur le point de commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, Si une nuit d’hiver un voyageur. Détends-toi. Recueille-toi. Chasse toute autre pensée de ton esprit. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. Il vaut mieux fermer la porte ; là-bas la télévision est toujours allumée. Dis-le tout de suite aux autres : « Non, non, je ne veux pas regarder la télévision. » Lève la voix, sinon ils ne t’entendront pas : « Je suis en train de lire ! Je ne veux pas être dérangé. » Il se peut qu’ils ne t’aient pas entendu avec tout ce bazar ; dis-le à haute voix, crie : « Je vais commencer le nouveau roman d’Italo Calvino ! » Ou si tu ne veux pas, ne le dis pas ; espérons qu’ils te laissent tranquille.
Italo Calvino — Si une nuit d’hiver un voyageur -
Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien.
Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal -
Tout produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille, est dada ; proteste aux poings de tout son être en action destructive : DADA ; connaissance de tous les moyens rejetés jusqu’à présent par le sexe pudique du compromis commode et de la politesse : DADA ; abolition de la logique, danse des impuissants de la création : dada ; de toute hiérarchie et équation sociale installée pour les valeurs par nos valets : DADA ; chaque objet, tous les objets, les sentiments et les obscurités, les apparitions et le choc précis des lignes parallèles, sont des moyens pour le combat : DADA ; abolition de la mémoire : DADA, abolition de l’archéologie : DADA ; abolition des prophètes : DADA ; abolition du futur : DADA ; croyance absolue indiscutable dans chaque dieu produit immédiat de la spontanéité : DADA ; saut élégant et sans préjudice, d’une harmonie à l’autre sphère ; trajectoire d’une parole jetée comme un disque sonore crie ; respecter toutes les individualités dans leur folie du moment : sérieuse, craintive, timide, ardente, vigoureuse, décidée, enthousiaste ; peler son église de tout accessoire inutile et lourd ; cracher comme une cascade lumineuse la pensée désobligeante, ou amoureuse, ou la choyer — avec la vive satisfaction que c’est tout à fait égal — avec la même intensité dans le buisson, pur d’insectes pour le sang bien né, et doré de corps d’archanges, de son âme.
Tristan Tzara — Manifeste Dada -
Je proclame l’opposition de toutes les facultés cosmiques à cette blennorragie d’un soleil putride sorti des usines de la pensée philosophique, la lutte acharnée, avec tous les moyens du dégoût dadaïste.
Tristan Tzara — Manifeste Dada -
Ah ! Fallait-il en croire une amante insensée ? Ne devais-tu pas lire au fond de ma pensée ?
Jean Racine — Andromaque -
Mais voilà que le photographe se retrouve au centre, que le petit oiseau déchire le drap. Il nous offre son texte intérieur, brut de décoffrage, et prévient « qu’il néglige depuis quelque temps volontairement, c’est-à-dire instinctivement, ce qu’on appelle l’élégance de style et de pensée, afin de la préserver, car toute finesse s’émousse rapidement ».
Marie-Louise Audiberti — Le Vagabond immobile -
Le séjour que j’ai fait en ce lieu et l’attention soutenue que j’ai portée à ce qui s’y passait ont compté grandement dans ma vie et ont eu sans doute une influence décisive sur le déroulement de ma pensée. C’est là (…) que j’ai pu expérimenter sur les malades les procédés d’investigation de la psychanalyse, en particulier l’enregistrement (…) des rêves et des associations d’idées incontrôlées. On peut déjà observer en passant que ces rêves, ces catégories d’associations constitueront, au départ, presque tout le matériel surréaliste.
André Breton — Entretiens -
Il faut aimer l’art poétique de Boileau, sinon pour les préceptes, du moins pour le style. Un écrivain qui a quelque souci de la postérité cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’individualité de son esprit. Le néologisme n’est d’ailleurs qu’une triste ressource pour l’impuissance. Des fautes de langue ne rendront jamais une pensée, et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat.
Victor Hugo — préface des Odes et Ballades -
De tous les animaux qui s’élèvent dans l’air,Qui marchent sur la terre, ou nagent dans la mer, De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome,Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme. […]La fourmi tous les ans traversant les guéretsGrossit ses magasins des trésors de Cérés ;Et dés que l’aquilon, ramenant la froidure,Vient de ses noirs frimas attrister la nature. […]Mais l’homme, sans arrêt dans sa course insensée,Voltige incessamment de pensée en pensée :Son cœur, toujours flottant entre mille embarras,Ne sait ni ce qu’il veut ni ce qu’il ne veut pas.Ce qu’un jour il abhorre, en l’autre il le souhaite.
Nicolas Boileau — Satire VIII -
Ils croient qu’ils choisissent leurs mots et leur pensée. Les gens croient que leur langage est à eux, et que personne ne sait ce qu’ils pensent. Ils croient qu’ils sont à l’abri.
J. M. G. Le Clézio — Les Géants -
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois, la peur ne venait chez lui qu’en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. L’escorte prit le galop ; on traversait une grande pièce de terre labourée, située au delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres.— Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards de l’escorte, et d’abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu’en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d’horreur : il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore ; ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s’arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge. L’escorte s’arrêta ; Fabrice, qui ne faisait pas assez d’attention à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessé.— Veux-tu bien t’arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal-des-logis. Fabrice s’aperçut qu’il était à vingt pas sur la droite en avant des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurs lorgnettes. En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité ; et, malgré le conseil de ne point parler, à lui donné par son amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dit à son voisin :— Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ?— Pardi, c’est le maréchal !— Quel maréchal ?— Le maréchal Ney, bêta ! Ah ça ! où as-tu servi jusqu’ici ?Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher de l’injure ; il contemplait, perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskowa, le brave des braves.Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée d’une façon singulière. Le fond des sillons était plein d’eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui ; c’étaient deux hussards qui tombaient, atteints par des boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée en engageant ses pieds dans ses propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans la boue.Ah ! m’y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. À ce moment, l’escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c’étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du côté d’où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il n’y comprenait rien du tout.
Stendhal — La Chartreuse de Parme -
L'espèce de douleur qui a une pensée pour une cause apparente entretient cette pensée même; et par là, s'engendre, s'éternise, se renforce elle-même.
Paul Valéry — L'Idée fixe ou Deux hommes à la mer