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Citations sur le précédent
Il y a 19 citations sur le précédent.
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Une audace sans précédent
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Rambert pouvait répondre que cela ne changeait rien au fond de son argumentation : on lui répondait que cela changeait quelque chose aux difficultés administratives qui s’opposaient à toute mesure de faveur risquant de créer ce que l’on appelait, avec une expression de grande répugnance, un précédent.
Albert Camus — La Peste -
Le temps a cessé d’être une suite insensible de jours, à remplir de cours et d’exposés, de stations dans les cafés et à la bibliothèque, menant aux examens et aux vacances d’été, à l’avenir. Il est devenu une chose informe qui avançait à l’intérieur de moi et qu’il fallait détruire à tout prix. J’allais aux cours de littérature et de sociologie, au restau U, je buvais des cafés midi et soir à la Faluche, le bar réservé aux étudiants. Je n’étais plus dans le même monde. Il y avait les autres filles, avec leurs ventres vides, et moi. Pour penser ma situation, je n’employais aucun des termes qui la désignent, ni « j’attends un enfant », ni « enceinte », encore moins « grossesse », voisin de « grotesque ». Ils contenaient l’acceptation d’un futur qui n’aurait pas lieu. Ce n’était pas la peine de nommer ce que j’avais décidé de faire disparaître. Dans l’agenda, j’écrivais : « ça », « cette chose-là », une seule fois « enceinte ». Je passais de l’incrédulité que cela m’arrive, à moi, à la certitude que cela devait forcément m’arriver. Cela m’attendait depuis la première fois que j’avais joui sous mes draps, à quatorze ans, n’ayant jamais pu, ensuite – malgré des prières à la Vierge et différentes saintes -, m’empêcher de renouveler l’expérience, rêvant avec persistance que j’étais une pute. Il était même miraculeux que je ne me sois pas trouvée plus tôt dans cette situation. Jusqu’à l’été précédent, j’avais réussi aux prix d’efforts et d’humiliations – être traitée de salope et d’allumeuse – à ne pas faire l’amour complètement. Je n’avais finalement dû mon salut qu’à la violence d’un désir qui, s’accommodant mal des limites du flirt, m’avait conduite à redouter jusqu’au simple baiser. J’établissais confusément un lien entre ma classe sociale d’origine et ce qui m’arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d’ouvriers et de petits commerçants, j’avais échappé à l’usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n’avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d’une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que l’alcoolique, l’emblème. J’étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c’était, d’une certaine manière, l’échec social. Je n’éprouvais aucune appréhension à l’idée d’avorter. Cela me paraissait, sinon facile, du moins faisable, et ne nécessitant aucun courage particulier. Une épreuve ordinaire. Il suffisait de suivre la voie dans laquelle une longue cohorte de femmes m’avait précédée. Depuis l’adolescence, j’avais accumulé des récits, lus dans des romans, apportés par la rumeur du quartier dans les conversations à voix basse. J’avais acquis un savoir vague sur les moyens à utiliser, l’aiguille à tricoter, la queue de persil, les injections d’eau savonneuse, l’équitation – la meilleure solution consistant à trouver un médecin dit « marron » ou une femme au joli nom, une « faiseuse d’anges », l’un et l’autre très coûteux mais je n’avais aucune idée des tarifs. L’année d’avant, une jeune femme divorcée m’avait racontée qu’un médecin de Strasbourg lui avait fait passer un enfant, sans me donner de détails, sauf, « j’avais tellement mal que je me cramponnais au lavabo ». J’étais prêter à me cramponner moi aussi au lavabo. Je ne pensais pas que je puisse en mourir.
Annie Ernaux — L’Événement – Éditions Gallimard 2000 -
… nous avons (…) en quelques dizaines d’années, créé et bouleversé tant de choses aux dépens du passé (…) que le présent nous apparaît comme une conjoncture sans précédent et sans exemple, un conflit sans issue entre des choses qui ne savent pas mourir et des choses qui ne peuvent pas vivre.
Valéry — Variété IV -
Pendant plusieurs dizaines d'années, l'ultime étape de cet exode sans précédent dans l'histoire de l'humanité fut, au terme d'une traversée le plus souvent effectuée dans des conditions épouvantables, un petit îlot nommé Ellis Island, où les services du Bureau fédéral de l'Immigration avaient installé leur centre…
Georges Perec — Ellis Island -
Fort de ses trois ans d’expérience, Franck pense qu’il existe des conducteurs sérieux, même parmi les noirs. A… est aussi de cet avis, bien entendu. Elle s’est abstenue de parler pendant la discussion sur la résistance comparée des machines, mais la question des chauffeurs motive de sa part une intervention assez longue et catégorique. Il se peut d’ailleurs qu’elle ait raison. Dans ce cas, Franck devrait avoir raison aussi. Tous les deux parlent maintenant du roman que A… est en train de lire, dont l’action se déroule en Afrique. L’héroïne ne supporte pas le climat tropical (comme Christiane). La chaleur semble même produire chez elle de véritables crises :“C’est mental, surtout, ces choses-là”, dit Franck. Il fait ensuite une allusion, peu claire pour celui qui n’a pas feuilleté le livre, à la conduite du mari. Sa phrase se termine par “savoir la prendre” ou “savoir l’apprendre”, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude de qui il s’agit, ou de quoi. Franck regarde A…, qui regarde Franck. Elle lui adresse un sourire rapide, vite absorbé par la pénombre. Elle a compris, puisqu’elle connaît l’histoire. Non, ses traits n’ont pas bougé. Leur immobilité n’est pas si récente : les lèvres sont restées figées depuis ses dernières paroles. Le sourire fugitif ne devait être qu’un reflet de la lampe, ou l’ombre d’un papillon. Du reste, elle n’était déjà plus tournée vers Franck, à ce moment-là. Elle venait de ramener la tête dans l’axe de la table et regardait droit devant soi, en direction du mur nu, où une tache noirâtre marque l’emplacement du mille-pattes écrasé la semaine dernière, au début du mois, le mois précédent peut-être, ou plus tard. Le visage de Franck, presque à contre-jour, ne livre pas la moindre expression. Le boy fait son entrée pour ôter les assiettes. A… lui demande, comme d’habitude, de servir le café sur la terrasse. Là, l’obscurité est totale. Personne ne parle plus. Le bruit des criquets a cessé.
Alain Robbe-Grillet — La Jalousie -
(Par ellipse) — A peine maîtrisions-nous correctement une méthode, que les précédentes devenaient obsolètes. On updatait, disait-on. Nous passions notre temps, qui n'était plus libre, dans de belles salles de conférences ou de grands restaurants avec des spécialistes du management. — (Christine Rosana, Confidences d'une coiffeuse: Les coulisses des salons de coiffure, Éditions Kawa, 2016)
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On est jeune tant qu'on souhaite que chaque jour diffère de la veille ; vieux quand on espère que chaque année ressemblera à la précédente.
Gilbert Cesbron -
Ne disons pas de bien de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes.
Samuel Beckett — En attendant Godot -
Le premier commandement de la femme adultère catholique : tu aimeras ton prochain comme le précédent.
Philippe Bouvard — Un Oursin dans le caviar -
Les magasins de diététique voient leur chiffre d’affaires doubler à l’approche des vacances, quand une femme essaie son maillot de bain de l’année précédente.
Anonyme -
Peste soit du bienfait que les délais précédent, et que suit le reproche !
Proverbe algérien -
Tout est illusion. La phrase précédente aussi, bien entendu.
Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées -
L'absence de précédent est également un précédent.
Stanislaw Jerzy Lec — Nouvelles pensées échevelées -
Un bon esprit cultivé est pour ainsi dire composé de tous les esprits précédents.
Bernard Fontenelle -
Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante.
George Orwell -
Ce qui les inquiète toutes - à leur propre sujet - c'est la facilité avec laquelle je me console du départ de la précédente.
Sacha Guitry -
La seule façon sûre de prendre un train, c'est de manquer le précédent.
Pierre Daninos — Vacances à tout prix -
« Les cinémas sont désemparés devant l’absence de perspective de reprise de leur marché », lance la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) dans un communiqué. « Un mois après leur réouverture, et avec une chute de la fréquentation de près de 70 %, les cinémas font face à une crise sans précédent qui les fragilise de manière profonde, selon la FNCF. Les spectateurs sont pourtant au rendez-vous des quelques films que certains distributeurs ont eu le courage de sortir à la réouverture des cinémas, mais force est de constater que l’offre de films est insuffisante ».
Le Telegramme — Face à une « crise sans précédent », les cinémas appellent au secours - Cinéma - Le Télégramme