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Citations sur le souvenir
Il y a 54 citations sur le souvenir.
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Se souvenir ranime ; vouloir se souvenir détruit.
Claire France — Autour de toi, Tristan -
Le souvenir commence avec la cicatrice.
Alain — Propos sur l’éducation -
Comme le souvenir est voisin du remords !
Victor Hugo — Les Contemplations -
Rien n'est plus vivant qu'un souvenir.
Federico Garcia Lorca -
On peut détruire le souvenir avec des mots, mais non la beauté de ce souvenir.
Dominique Blondeau — Les errantes -
Le souvenir est poésie, et la poésie n’est autre que souvenir.
Giovanni Pascoli — Premiers poèmes -
La photographie ? Une lâcheté devant le souvenir.
Didier Le Pêcheur — Les Hommes immobiles -
La mort est le plus profond souvenir.
Ernst Jünger — La délirante - Automne 1979 -
Caresser est plus merveilleux que se souvenir.
André Pieyre de Mandiargues — La Marge -
Tout souvenir perdu est un appauvrissement.
Anonyme -
Créer, c'est se souvenir.
Victor Hugo -
Savoir, c'est se souvenir.
Aristote -
Le souvenir des peines passées est agréable.
Euripide -
Madame Perotte, la femme de charge, 50 ans, mais belle et avec de beaux souvenirs tendres dans tout son corps
Jean Giono — Femme du boulanger -
Ma mère vous recevrait avec grand plaisir en souvenir du bon vieux temps
Flaubert — Correspondance -
« Si je deviens un souvenir dans son cœur, il pensera à moi avec cette tendresse », pensais-je. Mais je ne voulais pas devenir un souvenir
Beauvoir — Mandarins -
C'est dans l'actuel qu'on trouve le reflet de l'infantile et non pas dans le souvenir-écran déformé
Choisy — Psychanalyse -
Savoir un mot ou une langue, ce n'est pas (...) garder du mot quelque « souvenir pur », quelque perception affaiblie. L'alternative bergsonienne de la mémoire-habitude et du souvenir pur ne rend pas compte de la présence prochaine des mots que je sais: ils sont derrière moi, comme les objets derrière mon dos ou comme l'horizon de ma ville autour de ma maison, je compte avec eux ou je compte sur eux, mais je n'ai aucune « image verbale ».
Merleau-Ponty — Phénoménologie de la perception -
À première vue, [l'étymologie populaire] ne se distingue guère de l'analogie. Quand un sujet parlant, oubliant l'existence de surdité, crée analogiquement le mot sourdité, le résultat est le même que si, comprenant mal surdité, il l'avait déformé par souvenir de l'adjectif sourd
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Ces vieux huguenots gardaient ainsi la tête couverte en souvenir des cultes en plein air
André Gide — Si le grain -
C'était le jour de la Saint-Barthélemy, − singulièrement lié au souvenir des Médicis
Gérard de Nerval — Les Filles du feu, Sylvie -
L'infection secondaire récidivante réveillera une toux qui n'est plus spécifique que par souvenir
Londe ds — Nouv. Traité Méd.fasc. 2 -
La cour! Que de souvenirs se rattachent à ce mot!
Reybaud — J. Paturot -
Il faut se souvenir de son créateur dès la jeunesse et ne pas attendre, pour le faire, les jours mauvais, avant que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné
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Durant toute la soirée, le marquis parla, parla. Il goûtait cette consolation, la seule possible dans certaines crises, de se souvenir à haute voix
Bourget — Disciple -
Les murailles sont criblées de trous, souvenir des biscaïens suédois.
Gustave Fraipont — Les Vosges -
J'avais acheté des malles. Elles étaient remplies de souvenirs : coffrets, tapis d'aloès, cannes en bois d’amourette, écaille travaillée par Belon, de Marseille.
Albert Londres — L'Homme qui s'évada -
Deux ans plus tard, Deslauriers et Frédéric reconnaissent, dans une conversation, qu’ils ont, comme leurs amis, tout raté, sauf leurs souvenirs.
Henri Mitterand — Dictionnaire des grandes œuvres de la littérature française -
"Tu ne te souviens sans doute pas de moi, m'écrivait-il mais il est impossible que tu aies complètement oublié nos petites aventures guerrières de l'été 1914 l'entrée en Belgique par Trelon la rentrée en France dare-dare par Solre-le-Château et cette sinistre nuit de Zorées et cette traversée du bois du Nouvion […].
Pierre Benoit — Boissière" -
"Il me souvint, précisément, à ce bal de la Java, d'une de ces créatures qu'un jeune voyou ne quittait pas des yeux.
Francis Carco — Messieurs les vrais de vrai" -
Le premier souvenir aurait pour cadre l’arrière boutique de ma grand-mère. J’ai trois ans. Je suis assis au centre de la pièce, au milieu des journaux yiddish éparpillés. Le cercle de la famille m’entoure complètement […] toute la famille, la totalité, l’intégralité de la famille est là, réunie autour de l’enfant qui vient de naître (n’ai-je pourtant pas dit il y a un instant que j’avais trois ans ?), comme un rempart infranchissable. Tout le monde s’extasie devant le fait que j’ai désigné une lettre hébraïque en l’identifiant : le signe aurait eu la forme d’un carré ouvert à son angle inférieur […] et son nom aurait été gammeth ou gammel. La scène tout entière, par son thème, sa douceur, sa lumière, ressemble pour moi à un tableau, peut-être de Rembrandt ou peut-être inventé, qui se nommerait “Jésus en face des Docteurs”.
Georges Perec — W ou le souvenir d’enfance -
W ou le souvenir d’enfance présente deux déviations, l’une assez originale – c’est ce que j’appellerai l’autobiographie critique; l’autre rarissime, l’idée d’intégrer dans un même livre des composantes de ce que j’ai appelé “l’espace autobiographique”, c’est-à-dire l’autobiographie et la fiction.
Philippe Lejeune — La mémoire et l’oblique ; Georges Perec autobiographe -
J’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture ; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie.
Georges Perec — W ou le Souvenir d’enfance -
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automneFaisait voler la grive à travers l’air atone,Et le soleil dardait un rayon monotoneSur le bois jaunissant où la bise détone.
Paul Verlaine — Nevermore -
Par les journées de juillet très chaudes, le mur d’en face jetait sur la petite cour humide une lumière éclatante et dure.Il y avait un grand vide sous cette chaleur, un silence, tout semblait en suspens ; on entendait seulement, agressif, strident, le grincement d’une chaise traînée sur le carreau, le claquement d’une porte. C’était dans cette chaleur, dans ce silence – un froid soudain, un déchirement.Et elle restait sans bouger sur le bord de son lit, occupant le plus petit espace possible, tendue, comme attendant que quelque chose éclate, s’abatte sur elle dans ce silence menaçant.Quelquefois le cri aigu des cigales, dans la prairie pétrifiée sous le soleil et comme morte, provoque cette sensation de froid, de solitude, d’abandon dans un univers hostile où quelque chose d’angoissant se prépare.Étendu dans l’herbe sous le soleil torride, on reste sans bouger, on épie, on attend.Elle entendait dans le silence, pénétrant jusqu’à elle le long des vieux papiers à raies bleues du couloir, le long des peintures sales, le petit bruit que faisait la clef dans la serrure de la porte d’entrée. Elle entendait se fermer la porte du bureau.Elle restait là, toujours recroquevillée, attendant, sans rien faire. La moindre action, comme d’aller dans la salle de bains se laver les mains, faire couler l’eau du robinet, paraissait une provocation, un saut brusque dans le vide, un acte plein d’audace. Ce bruit soudain de l’eau dans ce silence suspendu, ce serait comme un signal, comme un appel vers eux, ce serait comme un contact horrible, comme de toucher avec la pointe d’une baguette une méduse et puis d’attendre avec dégoût qu’elle tressaille tout à coup, se soulève et se replie.Elle les sentait ainsi, étalés, immobiles, derrière les murs, et prêts à tressaillir, à remuer.Elle ne bougeait pas. Et autour d’elle toute la maison, la rue semblaient l’encourager, semblaient considérer cette immobilité comme naturelle.Il paraissait certain, quand on ouvrait la porte et qu’on voyait l’escalier, plein d’un calme implacable, impersonnel et sans couleur, un escalier qui ne semblait pas avoir gardé la moindre trace des gens qui l’avaient parcouru, pas le moindre souvenir de leur passage, quand on se mettait derrière la fenêtre de la salle à manger et qu’on regardait les façades des maisons, les boutiques, les vieilles femmes et les petits enfants qui marchaient dans la rue, il paraissait certain qu’il fallait le plus longtemps possible – attendre, demeurer ainsi immobile, ne rien faire, ne pas bouger, que la suprême compréhension, que la véritable intelligence, c’était cela, ne rien entreprendre, remuer le moins possible, ne rien faire.Tout au plus pouvait-on, en prenant soin de n’éveiller personne, descendre sans le regarder l’escalier sombre et mort, et avancer modestement le long des trottoirs, le long des murs, juste pour respirer un peu, pour se donner un peu de mouvement, sans savoir où l’on va, sans désirer aller nulle part, et puis revenir chez soi, s’asseoir au bord du lit et de nouveau attendre, replié, immobile.
Nathalie Sarraute — Tropismes -
Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d’or, ou l’écoulement d’une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d’événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s’additionnent pas ; je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l’eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu’elles le fassent, puisqu’elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou dans la mienne propre ; puisque c’est peut-être l’impossibilité de continuer à s’exprimer et à se modifier par l’action qui constitue la différence entre l’état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable.
Marguerite Yourcenar — Mémoires d’Hadrien -
Dans son lit même, au cours de cette nuit d’été.Ce souvenir peut-être encore la martèle.
Georges Docquois — Le poème sans nom -
L’air du bal était lourd ; les lampes pâlissaient. On refluait dans la salle de billard. Un domestique monta sur une chaise et cassa deux vitres ; au bruits des éclats de verre, Madame Bovary tourna la tête et aperçut dans le jardin, contre les carreaux, des faces de paysans qui regardaient. Alors le souvenir des Bertaux lui arriva. Elle revit la ferme, la mare bourbeuse, son père en blouse sous les pommiers, et elle se revit elle-même, comme autrefois, écrémant avec son doigt les terrines de lait dans la laiterie. Mais, aux fulgurations de l’heure présente, sa vie passée, si nette jusqu’alors, s’évanouissait tout entière, et elle doutait presque de l’avoir vécue. Elle était là ; puis autour du bal, il n’y avait plus que l’ombre, étalée sur tout le reste.
Gustave Flaubert — Madame Bovary -
Frédéric, en face, distinguait l'ombre de ses cils. Elle trempait ses lèvres dans son verre, cassait un peu de croûte entre ses doigts ; le médaillon de lapis-lazuli, attaché par une chaînette d’or à son poignet, de temps à autre sonnait contre son assiette. Ceux qui étaient là, pourtant, n'avaient pas l'air de la remarquer. […] Plus il la contemplait, plus il sentait entre elle et lui se creuser des abîmes. Il songeait qu’il faudrait la quitter tout à l’heure, irrévocablement, sans en avoir arraché une parole, sans lui laisser même un souvenir !
Gustave Flaubert — L’éducation sentimentale -
Pierrick Massiot a cité Jean de la Fontaine, hier. Le président de la Région Bretagne a choisi la courte fable Le Lion et le Rat pour illustrer la signature du contrat du pays de Lorient. Un lion sauve un rat et personne ne comprend pourquoi. Jusqu'au jour où le lion, pris dans des filets, est libéré par le rat fort content d'en grignoter les mailles. ‘’C'est finalement un assez bon résumé de notre politique de partenariat : se souvenir que l'on a aussi besoin de plus petit que soi, a suggéré Pierrick Massiot. Nous prônons la coopération territoriale au sein des pays.’’
ouest-france.fr — 9 juillet 2015