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Citations sur le sur
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Quand les conditions sont suffisantes, la chose se manifeste, et quand elles ne sont plus suffisantes, la chose se cache. Il n'y a ni naissance, ni mort. Il n'y a que la manifestation. Le corps physique, le corps mental, l'ondicule se manifestent quand les conditions sont suffisantes. Des notions comme naissance et mort, être et non-être, ne peuvent vous être appliquées. La vague sur l'eau est libre de la naissance et de la mort. Elle est libre de l'être et du néant. La vague est la vague.
Bouddha -
Le monde n'a peut-être aucun sens : "Life is but a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing." Ce qu'il y a pourtant de surprenant, c'est que tout ce qui s'y passe, et même la souffrance et le mal et la sottise et l'absurdité, ait l'air de faire un tout et d'avancer cahin-caha. Lorsque Macbeth, sur le point de périr, s'écrie que le monde est un tumulte dépourvu de tout sens, il donne, mieux que personne, un peu plus de sens au monde. p428
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
— C'est une charmante chose, m'écriai-je, mais quel est ce merveilleux jeune homme dont l’art nous a si heureusement conservé la beauté ? — C’est le portrait de monsieur W. H., dit Erskine avec un triste sourire. Ce peut être un effet de lumière dû au hasard, mais il me sembla que des larmes brillaient dans ses yeux. — Monsieur W. H. ! m’écriai-je. Qui donc est monsieur W. H. ? — Ne vous souvenez-vous pas ? répondit-il. Regardez le livre sur lequel reposent ses mains. — Je vois qu’il y a là quelque chose d’écrit, mais je ne puis le lire, répliquai-je. — Prenez cette loupe grossissante et essayez, dit Erskine sur les lèvres de qui se jouait toujours le même sourire de tristesse. Je pris la loupe et approchant la lampe un peu plus près, je commençai à épeler l’âpre écriture du seizième siècle : "À l’unique acquéreur des sonnets ci-après". — Dieu du ciel ! m’écriai-je. C’est le monsieur W. H., de Shakespeare. — Cyril Graham prétendait qu’il en était ainsi, murmura Erskine. — Mais il n’a pas la moindre ressemblance avec lord Pembroke, répondis-je. Je connais très bien les portraits de Penhurst. J’ai demeuré tout près de là il y a quelques semaines. — Alors vous croyez vraiment que les sonnets sont adressés à lord Pembroke ? demanda-t-il.
Oscar Wilde — Le portrait de Mr. W.H. -
- La Sicile ? .... disait Vintimille. - Elle est belle, disait Isaac. Nous irons à Noto, qui est baroque, à Ségeste et à Agrigente, qui sont des morceaux de Grèce égarés en Sicile, nous nous promènerons à Monreale, qui est arabe et normande, nous monterons jusqu'à Enna et jusqu'à Erice qui sont farouches et superbes, nous nous recueillerons, mon maître, devant les squelettes des capucins de Palerme et sur le tombeau de Frédéric II, qui frappa le monde de stupeur. p276
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Mille victoires sur mille ennemis ne valent pas une seule victoire sur soi-même.
Bouddha -
Selon une division quatripartite, qui rivalise avec la division tripartite chère à Georges Dumézil et dont on retrouve les traces en Inde, en Chine et jusque chez les Wisigoths, les cochers étaient répartis en quatre groupes qui correspondaient à la fois à une division géographique, à une division religieuse et cosmique et à une division sociale : les Bleus, les Verts, les Blancs et les Rouges. Les Bleus et les Blancs représentaient les quartiers riches, favorables à l'orthodoxie et au gouvernement d'un petit nombre. Les Verts et les Rouges représentaient les quartiers populaires à tendance démocratique et inclinaient vers l'hérésie. Le célèbre Palio, la course qui se déroule à Sienne sur la Piazza del Campo incurvée en coquille vers le Palazzo Pubblico et où chaque cavalier est le champion d'une contrade, c'est-à-dire d'un quartier, peut donner, en petit et, malgré sa splendeur, en modeste, une idée de ces courses de chars de Byzance qui laissaient loin derrière elles la passion populaire de nos matches de football ou de rugby. Les deux groupes principaux étaient les Bleus et les Verts. Démétrios était Vert. p364
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Lord Arthur sourit, et hocha la tête: - Je n'ai pas peur, répondit-il. Sybil me connait aussi bien que je la connais. - Ah ! Je suis un peu décue de vous entendre dire cela. le mariage doit être fondé sur un malentendu mutuel. Non je ne suis pas du tout cynique, j'ai simplement de l'expérience, _ ce qui, toutefois, revient à peu près au même. ( Le crime de Lord Arthur Saville - Page 78)
Oscar Wilde — Le fantôme de Canterville et autres contes -
L'argent tombe sur le monde, comme une vérole sur le pauvre peuple, bien après la pensée, bien après l'émotion, le cri, le rire, la parole, et après l'écriture. Maintenant qu'il est là, et bien là, il est difficile de s'en passer. Sa suppression entraînerait des souffrances plus grandes que ses excès. Qu'on le veuille ou non, il est devenu une espèce de malédiction âprement recherchée. Poussons le bouchon un peu loin : il est la forme prise par le mal pour se faire adorer. L'argent, écrit Cioran, a ruiné le monde. Pendant des milliards d'années, il n'y a pas de mal dans l'univers. Le mal naît avec la pensée. Il prospère avec l'argent.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Le Saint Il n'y a pas de souffrance pour celui qui a terminé le voyage, qui est libéré de la douleur, qui s'est libéré de tous côtés, qui a rejeté toutes les chaînes. Les réfléchis s'exercent ; ils ne se plaisent pas dans une maison ; comme des cygnes qui ont quitté leur lac, ils quittent leur maison et leur demeure. Ceux qui n'ont pas d'accumulations, qui mangent correctement, qui ont perçu la libération et la liberté inconditionnée, leur chemin est difficile à comprendre, comme celui des oiseaux dans le ciel. Ceux dont les passions sont apaisées, qui sont indifférents au plaisir, qui ont perçu la libération et la liberté inconditionnée, leur chemin est difficile à comprendre, comme celle des oiseaux dans le ciel. Même les dieux admirent celui dont les sens sont contrôlés, comme les chevaux bien apprivoisés par le conducteur, qui est exempt d'orgueil et exempt d'appétits. Un tel obéissant qui est tolérant comme la terre, qui est ferme comme un pilier, qui est comme un lac sans boue : aucune nouvelle naissance n'est en réserve pour celui-ci. La pensée est calme ; le calme est sa parole et son action quand on a obtenu la liberté par la vraie connaissance et qu'on est devenu paisible. Celui qui est libre de toute crédulité, qui connaît l'incréé, qui a rompu tous les liens, supprimé toutes les tentations, renoncé à tous les désirs, est le plus grand des hommes. Dans un village ou dans une forêt, dans une vallée ou sur les collines, partout où vivent des saints, c'est un lieu de joie. Les forêts sont délicieuses; là où les autres ne trouvent pas de joie, là les sans désir trouveront la joie, car ils ne recherchent pas les plaisirs des sens.
Bouddha -
Le 26 juin, un peu avant midi, il m'est arrivé quelque chose que je n'oublierai plus : je suis mort. La vie est injuste. La mort aussi. J'ai eu de la chance. Tout s'est passé assez vite. Le coeur a lâché. J'aurais pu me blesser. Pas du tout. Je suis tombé d'un seul coup, sans la moindre égratignure, dans les bras de Marie, devant la Douane de Mer d'où la vue est si belle sur le palais des Doges et sur le haut campanile de San Giorgio Maggiore. J'avais essayé plus d'une fois de donner à l'un de mes livres le titre de La Douane de mer. On ne fait pas toujours ce qu'on veut. La Douane de mer s'est refusée à entrer dans ma vie. Elle est entrée dans ma mort.
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
Et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux fuyants passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la large fenêtre, produisant une sorte d’effet japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokio à la figure de jade pallide, qui, par le moyen d’un art nécessairement immobile, tentent d’exprimer le sens de la vitesse et du mouvement.
Oscar Wilde — Le portrait de Dorian Gray -
Le matin, à peine réveillé, je guettais à travers les volets la lumière du soleil sur le point de se lever et je me jetais hors de mon lit pour profiter d'un jour qui ressemblerait à la veille et qui ressemblerait au lendemain. L'été, j'entendais de ma fenêtre le bruit déchirant du râteau manié par l'aide-jardinier sur les graviers de la cour. Sur le palier, au seuil du billard, il y avait un gong venu je ne sais d'où sur lequel ceux qui passaient frappaient d'un air distrait pour annoncer les repas régis par des règles sévères et auxquels aucun d'entre nous n'aurait pris le risque de se présenter en retard ou en tenue négligée. Rien ne m'amusait ni ne me faisait peur autant que le téléphone, composé d'une manivelle et d'un cornet de bois, qui permettait à mon grand-père d'obtenir une demoiselle qu'on entendait très mal et qui ne comprenait jamais rien. Deux fois par mois, M. Machavoine, horloger de son état, venait remonter en silence les horloges du château. Il se glissait dans le billard, dans le petit salon, dans le grand salon, dans la bibliothèque, dans la salle à manger, dans la salle à manger des enfants, dans l'office, dans l'immense cuisine, dans la vingtaine de chambres – aucune n'avait de salle de bains – qui restaient ouvertes toute l'année. Il vérifiait si les pendules, si les horloges, si les cartels donnaient bien l'heure exacte, et il les remontait. Il m'arrivait de le suivre de pièce en pièce dans un état de conscience extrêmement diminué et avec une fascination qui m'étonnait moi-même. Ses gestes de chirurgien, de contrôleur et de mécanicien me jetaient dans une torpeur bienheureuse dont je ne me réveillais qu'à son départ. Dans le soir qui tombait, nous nous promenions à bicyclette autour des étangs mélancoliques ou le long des layons des forêts de la Haute-Sarthe, entre les chevreuils et les sangliers, libres et sauvages comme nous. À mon retour, quand je rentrais de promenade, que je pénétrais dans le vestibule encombré de trophées de chasse et de râteliers chargés de fusils et que je m'apprêtais à gravir quatre à quatre l'escalier de pierre vers les deux salons bourrés de portraits de famille et de fauteuils en tapisserie, l'odeur de bois brûlé, de vieux cuir, de renfermé me prenait à la gorge. Je m'ennuyais beaucoup. J'étais très heureux – et je ne m'en doutais pas. Chez nous ! Chez nous ! Tout cela avait pris longtemps des allures d'éternité. Et tout cela était fini.
Jean d'Ormesson — Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit -
Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l’espère avec force. Parce qu’il faudrait qu’existe tout de même ailleurs quelque chose qui ressemble d’un peu plus près que chez nous à une justice et à une vérité que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n’atteindrons jamais. De temps en temps, je l’avoue, le doute l’emporte sur l’espérance. Et, de temps en temps, l’espérance l’emporte sur le doute. Ce cruel état d’incertitude ne durera pas toujours. Grâce à Dieu, je mourrai.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Le petit Hans avait beaucoup d'amis, mais le plus dévoué de tous était le grand Hugh le meunier. Vraiment, le riche meunier était si dévoué au petit Hans qu'il ne serait jamais allé à son jardin sans se pencher sur les plates-bandes, sans y cueillir un gros bouquet ou une poignée de salades succulentes ou sans y remplir ses poches de prunes ou de cerises selon la saison. - De vrais amis possèdent tout en commun, avait l'habitude de dire le meunier. Et le petit Hans approuvait de la tête, souriait et se sentait tout fier d'avoir un ami qui pensait de si nobles choses. Parfois, cependant, le voisinage trouvait étrange que le riche meunier ne donnât jamais rien en retour au petit Hans, quoi qu'il eut cent sacs de farine emmagasinés dans son moulin, six vaches laitières et un grand nombre de bêtes à laine ; mais Hans ne troubla jamais sa cervelle de semblables idées. Rien ne lui plaisait davantage que d'entendre les belles choses que le meunier avait coutume de dire sur la solidarité des vrais amis.
Oscar Wilde — Le prince heureux, le géant égoïste et autres contes -
Je crois que la littérature, qui est probablement bien autre chose, est d'abord source de plaisir. Je crois, comme Corneille, comme Molière, comme Boileau, comme Racine, qu'il s'agit de plaire au lecteur et au public, qui est le juge suprême. A ce souci de retenir le lecteur et de lui donner un peu de bonheur en compagnie de ce qu'il y a de mieux dans notre pensée, dans nos passions et dans leur expression, se joint une préoccupation, n'ayons pas honte de le dire, franchement didactique et pédagogique. J'ai pensé, je l'avoue, aux jeunes gens que les manuels, souvent excellents, qu'on leur propose font bâiller et qui voudraient pourtant en savoir un peu plus, sans se décrocher les mâchoires, sur les textes à leur programme : dans la gaieté, dans l'allégresse devant le génie ou le talent, ces portraits visent à fournir sur les auteurs un minimum d'informations. (extrait de l'avant-propos, par l'auteur)
Jean d'Ormesson — Une autre histoire de la littérature française : Coffret 2 volumes -
S'il y a un Dieu, il est caché, il est ailleurs, il est hors du temps, il n'obéit pas à nos lois et nous ne pouvons rien dire de lui. Nous ne pouvons décréter ni qu'il existe ni qu'il n'existe pas. Nous avons seulement le droit d'espérer qu'il existe. S'il n'existe pas, notre monde est absurde. S'il existe, mourir devient une fête et la vie, un mystère. Je préfère, de loin, le mystère à l'absurde. J'ai même un faible pour le secret, pour l'énigme, pour un mystère dont la clé nous serait donnée quand nous serons sortis de ce temps qui est notre prison. Kant parle quelque part d'une hirondelle qui s'imagine qu'elle volerait mieux si l'air ne la gênait pas. Il n'est pas impossible que le temps soit pour nous ce que l'air est pour l'hirondelle. Tant pis ! Je prends le risque. Si tout n'est que néant, si les portes de la nuit s'ouvrent et que derrière il n'y a rien, être déçu par ma mort est le dernier de mes soucis puisque je ne serai plus là et que je n'en saurai rien. J'aurai vécu dans un rêve qui m'aura rendu heureux. Je m'amuse de cette vie qui se réduit à presque rien s'il en existe une autre. Les malheurs , trop réels, les ambitions, les échecs, les grands desseins, et les passions elles-mêmes si douloureuses et si belles, changent un peu de couleurs. Avec souvent quelques larmes, je me mets à rire de presque tout. Les imbéciles et les méchants ont perdu leur venin. Pour un peu, je les aimerais. Une espèce de joie m'envahit. je n'ai plus peur de la mort puisqu'il n'est pas interdit d'en attendre une surprise. Je remercie je ne sais qui de m'avoir jeté dans une histoire dont je ne comprends pas grand-chose mais que je lis comme un roman difficile à quitter et que j'aurai beaucoup aimé. J'ignore s'il y a un Dieu ailleurs, autre chose après la mort, un sens à cette vie et à l'éternité, mais je fais comme si ces promesses étaient déjà tenues et ces espérances, réalisées. Et je souhaite avec confiance qu'une puissance inconnue veille, de très loin, mais beaucoup mieux que nous, sur ce monde et sur moi.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
Au nom de l'espèce humaine, qui est la vôtre autant que la mienne, allez donc à Vérone. Vous y prendrez un repas de rêve aux Dodici Apostoli, vous irez voir les portes de bronze de l'église San Zeno, vous admirerez dans l'église Sant Anastasia le tableau de Pisanello - Saint Georges délivrant la princesse de Tréhizonde - où brille la croupe d'un cheval blanc. Et vous vous promènerez sur le Ponte Pietra où flotte encore au-dessus de l'Adige, le souvenir de Dietrich von Bern.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Et il se jetait sur le gazon, plongeait son visage dans ses mains et pleurait. - Pourquoi pleure-t-il ? demandait un petit lézard vert, comme il courait près de lui, sa queue en l'air. - Mais pourquoi ? disait un papillon qui voletait à la poursuite d'un rayon de soleil. - Mais pourquoi donc ? murmura une pâquerette à sa voisine d'une douce petite voix. - Il pleure à cause d'une rose rouge. - À cause d'une rose rouge. Comme c'est ridicule ! Et le petit lézard, qui était un peu cynique, rit à gorge déployée. Mais le rossignol comprit le secret des douleurs de l'étudiant, demeura silencieux sur l'yeuse et réfléchit au mystère de l'amour. ("Le rossignol et la rose")
Oscar Wilde — Le prince heureux, le géant égoïste et autres contes -
La littérature n'est pas faite d'abord d'histoires, quelques belles ou séduisantes qu'elles puissent être, ni de passions, ni d'expérience : elle est faite d'abord de mots. La littérature n'est pas un message. Elle n'est pas non plus une plaisanterie, une gaudriole, un divertissement. Il y a quelque chose de presque indéfinissable, quelque chose d'obscur et de lumineux, qui règne sur la littérature : ce quelque chose est le style. S'il fallait résumer en deux mots l'image que nous nous faisons de la littérature, nous dirions : le plaisir et le style. Ils ne cessent de se mêler et de s'entrecroiser. Le plaisir : les histoires, l'intrigue, les personnages, la surprise et la gaieté, l'intelligence et la hauteur, le souvenir et l'espérance. Tout cela n'est rien et ne peut rien être sans le dieu mystérieux qui règne sur les mots et qui donne son statut à la littérature : le style.
Jean d'Ormesson — Une autre histoire de la littérature française, tome 2 -
Le souvenir n'est rien d'autre qu'une espèce d'imagination, appuyée sur du réel et bloquée par l'histoire. Chacun crée sa propre histoire, chacun invente son réel. p213
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Théoriquement "roman d'amour", Nadja est en réalité une réflexion sur le surréalisme comme mode de vie, qui renverse les distinctions entre art et monde, rêve et réalité. André Breton - Nadja
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Le but de la vie est de se développer, de se réaliser complètement, c’est notre fonction sur terre.
Oscar Wilde — Le portrait de Dorian Gray -
- Qui est Marie? me dit A. - C'est une femme, lui dis-je. - Une femme? - Oui, lui dis-je. Enfin, un être humain. Un homme. - Un homme? - La Terre est peuplée d'hommes. Et les hommes règnent sur la création. Ils sont la mesure de toute chose. Ils ont une idée de l'infini. Ils sont à l'image de l'absolu. Les hommes assurent souvent qu'il n'y a rien au-dessus des hommes. Il y a même des philosophes qui ont pensé et écrit qu'il n'y aurait pas d'univers s'il n'y avait pas d'homme. Ils soutiennent que c'est l'homme qui est la cause de l'univers et non pas l'univers qui est la cause de l'homme. L'homme a inventé la science, la morale, la peinture, la sculpture, la Bourse, l'Etat, le socialisme, le théâtre, la musique, le calembour et le golf. N'avez-vous jamais, sur Urql, entendu parler de ce centre de toutes choses, de ce chef-d'oeuvre qu'est l'homme?
Jean d'Ormesson — La Douane de mer -
En face de l'argent, qu'y a-t-il? Il y a ceux qui n'en ont pas. On dirait que le monde moderne est fait d'argent et de pauvres. L'argent coule à flots : sur les palais des congrès, sur les aéroports, sur les avions, sur les trains à grande vitesse, sur les autoroutes et leurs échangeurs, sur les porte-avions et sur les sous-marins, sur les centrales nucléaires, sur les usines, sur les laboratoires, sur les hôpitaux qui manquent pourtant cruellement de ressources. Il ne coule pas sur les pauvres.
Jean d'Ormesson — Qu'ai-je donc fait ? -
...Le tribunal a percé votre système de défense. Vous ne jouez pas, comme beaucoup, le délire,la folie, l'inconscience, l'irresponsabilité. Non. Vous êtes plus malin que ca. Vous vous présentez plutôt comme une sorte de bouchon en train de flotter gaiement sur le eaux de la culture.Vous plaidez la légèreté, le goût de vivre, l'amusement devant le spectacle du monde. (p.177 - Jean, en procureur, s'accuse de ne pas avoir vécu sérieusement, avec humour bien entendu).
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent.
Bouddha -
A coté des horreurs qui n'avaient jamais cessé de s’enchaîner les unes aux autres et en attendant les désastres qui ne pouvaient manquer de survenir, il y avait aussi des roses, des instants filés de soie à toutes les heures de la journée, de vieilles personnes irascibles qui laissaient derrière elles un souvenir de tendresse, des enfants à aimer, de jolies choses à lire, à voir, à écouter de très bonnes choses à manger et à boire, des coccinelles pleines de gaieté sous leur damier rouge et noir, des dauphins qui étaient nos amis, de la neige sur les montagnes, des îles dans une mer très bleue. J'étais plutôt porté au rire et à dire oui qu'aux larmes et à dire non. Plutôt à la louange et à l’émerveillement qu'à la dérision ou à l'imprécation. J'étais une exception. Quelle chance ! Il y a toujours avantage à être un peu invraisemblable.
Jean d'Ormesson — C'était bien -
Il était le second Adam. Le premier avait légué au monde le péché originel. Lui portait sur ses épaules le poids écrasant du péché perpétuel. p174
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Par sa prose nuancée et son attention pour les détails, Murakami harmonise les tons d'un univers chaotique et surréaliste en une sorte de méditation zen. Kafha sur le rivage est une oeuvre qui tente de se réconcilier avec le monde moderne en mariant la pensée orientale et occidentale de manière à mieux explorer et mettre en exergue nos attitudes envers les mystères du temps, de la vie et de la mort.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Non, vous ne le croyez pas encore. Un jour, lorsque vous serez vieux, flétri, laid, lorsque la pensée aura creusé ses rides sur votre front, que les jeux horribles de la passion auront brûlé vos lèvres, alors vous le comprendrez, vous le sentirez cruellement. Maintenant, où que vous alliez, vous enchantez le monde. En sera-t-il toujours ainsi ?... Vous avez un visage merveilleusement beau, M. Gray. Ne protestez pas. C'est la vérité. Et la beauté est une forme de génie, elle est même supérieure au génie, puisqu'elle se passe d'explication. Elle est une des grandes merveilles du monde, comme l'éclat du soleil, la naissance du printemps ou le reflet, dans les eaux de la nuit, de cette conque d'argent que nous nommons la lune. On ne saurait la mettre en question. Elle est souveraine de droit divin. Ceux qui la possèdent sont princes. Vous souriez ? Ah, quand vous l'aurez perdue vous ne sourirez plus... On dit souvent que la beauté n'est que superficielle. C'est possible. Mais du moins, elle n'est pas aussi superficielle que la pensée. Pour moi, la beauté est la merveille des merveilles. Il n'y a que les esprits légers pour ne pas juger selon les apparences. Le vrai mystère du monde, c'est le visible et non l'invisible... Oui, M. Gray, les dieux ont été bons pour vous. Mais les dieux reprennent vite leurs dons. Vous n'avez que quelques années à vivre, réellement, pleinement, intensément. Votre jeunesse s'en ira, votre beauté aussi, et alors s'ouvrira l'ère des triomphes médiocres. Le souvenir de votre passé vous les rendra plus amers que des défaites. Chaque mois qui s'écoule vous rapproche de quelque chose d'effroyable. Le temps est jaloux de vous, et s'acharne sur vos lys et vos roses. Votre teinte jaunira, vos joues se creuseront, votre regard s'éteindra. Vous souffrirez horriblement... Ah ! réalisez votre jeunesse aussi longtemps qu'elle est à vous. Ne gaspillez pas l'or de vos jours à écouter des fadaises, à tenter de soulager une misère irrémédiable. Ne consacrez pas votre vie à des individus ignorants, communs et vulgaires. Défiez-vous des aspirations malsaines, des faux idéaux de notre temps. Vivez ! Vivez la vie merveilleuse qui est en vous. Ne laissez rien perdre de vos possibilités. Soyez toujours à la recherche de sensations nouvelles. N'ayez peur de rien... Un nouvel hédonisme, voilà ce qu'il faut à notre siècle. Vous pouvez en devenir le vivant symbole. Il n'est rien que votre personnalité ne vous permette d'accomplir : le monde est à vous pour une saison. Dès l'instant où je vous ai rencontré, j'ai compris que vous ignoriez vos dons et leurs immenses possibilités. Tant de choses me charmaient en vous qu'il me fallait vous entretenir de vous-même. J'ai pensé qu'il serait tragique de vous laisser ainsi perdre votre jeunesse, car elle durera peu de temps. Les simples fleurs des collines se fanent mais fleuriront de nouveau. Ce cytise sera aussi doré en juin prochain que maintenant. Dans un mois, cette clématite se couvrira d'étoiles pourpres qui tous les ans illumineront de nouveau la nuit vert sombre de ses feuilles. Mais votre jeunesse ne recommencera pas. Le rythme joyeux de nos vingt ans s'évanouit insensiblement. Nos membres faiblissent, nos sens s'épuisent. Nous dégénérons en d'horribles pantins, hantés par le souvenir de passions effrayantes, de tentations adorables auxquelles nous n'avons pas osé céder. Jeunesse ! Il n'est rien au monde que la jeunesse ! p. 46 Edition Pocket Classiques
Oscar Wilde — Le portrait de Dorian Gray -
La ferme africaine est le plus célèbre des romans de Karen Blixen, à la fois mémoires de la période où elle a vécu dans une plantation de café au Kenya et portrait du début du déclin de l'impérialisme européen. (...) Voici un roman qui traite de la disparition de l'impérialisme et de déplacement, de sauvagerie, de beauté et de lutte humaine. Célébré comme l'une des plus grandes élégies pastorales du modernisme, c'est par-dessus tout un livre sur l'Afrique.
Jean d'Ormesson — Les 1001 livres qu'il faut avoir lus dans sa vie -
Et, jouant avec la vieille canne, décolorée par le temps, entamée par la vie, qu'il faisait rouler entre ses mains noueuses, il se remit à parler. Et, soir après soir, dans le plus beau salon du monde, sous les étoiles de la nuit qui jetaient leur lueur sur le bassin de Saint-Marc et le palais des Doges, il nous raconta, à Marie et à moi, tout ce que je viens de vous raconter. Et tout ce que je vais encore, si vous avez un peu de temps pour écouter des fables qui ressemblent à des choses vraies, ou peut-être plutôt des choses vraies qui ressemblent à des fables, vous raconter maintenant. p176
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Connaître, c'est connaitre par les causes. Comprendre, c'est remonter aux origine. Dans la forêt, dans la savane, sur la mer, dans les sables du désert, le commencement des commencements, le début de toutes choses est le mythe majeur des hommes.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
Ne croyez pas en quelque chose simplement parce que vous l’avez entendu. Ne croyez pas en quelque chose tout simplement parce des gens le disent et que c’est répété par de nombreuses personnes. Ne croyez pas en quelque chose simplement parce c’est écrit dans vos livres religieux. Ne croyez pas en quelque chose sur la seule autorité de vos professeurs et des anciens. Ne croyez pas aux traditions parce qu’elles ont été prononcées pour de nombreuses générations. Mais après observation et analyse, lorsque vous trouverez que tout est en accord avec la raison et est propice au bien et au profit de tous et chacun, alors acceptez-le et vivez pour cela.
Bouddha -
Avant les hommes pas de mal. Pas l’ombre du moindre mal. Mais dès que les hommes surgissent, malheureux et coupables en dépit de leurs triomphes, le mal est comme chez lui en même temps que la pensée et il règne presque en maître. pourquoi ne règnerait-il pas sur moi puisqu’il règne sur nous tous ?
Jean d'Ormesson — Je dirai malgré tout que cette vie fut belle -
Il marchait. Il marcha jusqu'à la nuit. Il s'était déjà beaucoup éloigné de la ville lorsque la faim s'empara de lui. Et la soif. Les passions, les ambitions, les idées, les projets ne viennent qu'en seconde ligne. Il faut d'abord boire, et manger, et dormir, et tout le reste. Sans jamais en souffler mot dans les torrents de livres et de films qui nous tombent sur la tête, nous passons notre temps à mener notre corps au garage, à le ravitailler et à le vidanger. De "la Princesse de Clèves" au "Soulier de satin", en passant par "Adolphe" et par "La Chartreuse de Parme", on dirait que nos héros sont munis d'une dispense de trimbaler un corps. Ils n'ont le droit que de faire l'amour parce que l'amour est le lien entre le rêve et la machine. Nous sommes une machine avant d'être un esprit et une âme. Il peut y avoir des machines sans esprit et sans âme. Dans ce monde au moins, il n'y a pas d'esprit ni d'âme sans qu'il y ait une machine. Ashavérus avait soif. Et il avait faim. La nuit tombait. Il aperçut une lumière qui brillait dans une maison. Il poussa la porte après l'avoir frappée de son bâton et il entra dans la maison. p117
Jean d'Ormesson — Histoire du Juif errant -
Quand Flaubert parle d'un roman sur rien, il se démarque d'Eugène Sue, de Ponson du Terrail et même du cher et grand Dumas qui, dans ses Mémoires comme dans ses romans, nous entraîne au galop dans d'inépuisables aventures. Contre Jules Verne, qui avait une espèce de génie, contre Sherlock Holmes ou Arsène Lupin ou James Bond qui nous ont tant amusés, ce que défend Flaubert, c'est le style. Les livres ne survivent pas grâce aux histoires qu'ils racontent. Ils survivent grâce à la façon dont elles sont racontées. La littérature est d'abord un style qui éveille l'imagination du lecteur.
Jean d'Ormesson — Comme un chant d'espérance -
Appuyez-vous sur les principes : ils finiront bien par céder
Oscar Wilde -
Je crois au fond de moi-même qu'il y a encore de beaux jours à vivre et de grandes choses à faire. Mais tu ne dois plus compter sur les structures qui nous entourent et qui se sont effondrées. Oublie tout ce que je t'ai dit et ne retiens que ceci : la vie est merveilleuse ; il faut tout trouver en toi-même : la justice, le bonheur, la simplicité, la grandeur. Et alors, peut-être, tu reconstruiras un monde.
Jean d'Ormesson — Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un demi siècle -
La découverte du passé est réservé à l'avenir. Les hommes par la pensée, font en sens inverse le chemin suivi par l'histoire. Plus le monde vieillit, plus il en apprend sur sa jeunesse. Les hommes, à leurs débuts, ne savaient rien sur l'origine des choses. Ils en savent de plus en plus grâce au temps qui se déroule. Le passé s'éclaire à mesure qu'il s'éloigne.
Jean d'Ormesson — C’est une chose étrange à la fin que le monde -
L'imprimerie donne le départ à une catégorie d'objets culturels nomades d'une utilisation aisée: les livres. Dans mes jeunesses innombrables et successives, j'ai lu des livres dans des couvents, sur des plages, sur des bateaux, dans des trains, dans de vastes fauteuils, dans des bibliothèques qui étaient leurs cathédrales, à l'ombre des tilleuls, dans des lits où je n'étais pas toujours seule, à l'école, dans le travail et pour le plaisir. Mes vies se sont confondues avec les livres. Les bibliothèques et les librairies ont été mon destin. Vivre, pour moi, pour tous les moi où je me suis glissée les uns après les autres, c'était d'abord lire un livre.
Jean d'Ormesson — Et moi, je vis toujours -
Appuyez-vous sur les principes : ils finiront bien par céder.
Oscar Wilde