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Il y a 33 citations sur la ténèbres.
D’autres avant lui nous avaient entraînés sur tous les océans et sur tous les fleuves. Mais personne que Loti n’a éclairé pour nous les ténèbres de ces cœurs sauvages : Yves, Ramuntcho, spahis, quartiers-maîtres, pêcheurs, êtres frustes, oiseaux farouches, grands albatros, qu’il a un instant capturés et retenus. Loti avait certes le droit, comme il le fit, de haïr le naturalisme : l’œuvre d’un Zola, d’un Maupassant, calomnie le paysan et l’ouvrier. Lui seul, à travers les grossièretés, les brutalités de surface, a atteint cette âme vierge du peuple, cette terre inconnue dont aucune culture n’a changé l’aspect éternel, cette mer qui, en dépit des pires violences, a sa douceur secrète, sa bonté sans ruse, ses longues fidélités. Mauriac — Le Roman
L'esprit du mal, l'esprit des ténèbres, s'était installé au cœur de son enfant! Martin du G. — Thib., Été 14
Au bout de la rue Guénégaud, lorsqu’on vient des quais, on trouve le passage du Pont-Neuf, une sorte de corridor étroit et sombre qui va de la rue Mazarine à la rue de Seine. Ce passage a trente pas de long et deux de large, au plus ; il est pavé de dalles jaunâtres, usées, descellées, suant toujours une humidité âcre ; le vitrage qui le couvre, coupé à angle droit, est noir de crasse. Par les beaux jours d’été, quand un lourd soleil brûle les rues, une clarté blanchâtre tombe des vitres sales et traîne misérablement dans le passage. Par les vilains jours d’hiver, par les matinées de brouillard, les vitres ne jettent que de la nuit sur les dalles gluantes, de la nuit salie et ignoble. À gauche, se creusent des boutiques obscures, basses, écrasées, laissant échapper des souffles froids de caveau. Il y a là des bouquinistes, des marchands de jouets d’enfant, des cartonniers, dont les étalages gris de poussière dorment vaguement dans l’ombre ; les vitrines, faites de petits carreaux, moirent étrangement les marchandises de reflets verdâtres ; au-delà, derrière les étalages, les boutiques pleines de ténèbres sont autant de trous lugubres dans lesquels s’agitent des formes bizarres. À droite, sur toute la longueur du passage, s’étend une muraille contre laquelle les boutiquiers d’en face ont plaqué d’étroites armoires ; des objets sans nom, des marchandises oubliées là depuis vingt ans s’y étalent le long de minces planches peintes d’une horrible couleur brune. Une marchande de bijoux faux s’est établie dans une des armoires ; elle y vend des bagues de quinze sous, délicatement posées sur un lit de velours bleu, au fond d’une boîte en acajou. Au-dessus du vitrage, la muraille monte, noire, grossièrement crépie, comme couverte d’une lèpre et toute couturée de cicatrices. Thérèse Raquin — Émile Zola
Il vit un œil tout grand ouvert dans les ténèbres Victor Hugo — La conscience
ROMÉO – Ah ! chère Juliette, pourquoi es-tu si belle encore ? Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l’affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ?... Horreur ! Je veux rester près de toi, et ne plus sortir de ce sinistre palais de la nuit ; ici, ici, je veux rester avec ta chambrière, la vermine ! Oh ! c’est ici que je veux fixer mon éternelle demeure et soustraire au joug des étoiles ennemies cette chair lasse du monde... William Shakespeare — Roméo et Juliette
Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,La sombre égalité du mal et du cercueil ;Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;Car tous les hommes sont les fils du même père ;Ils sont la même larme et sortent du même œil.On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnuVous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbresDe ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;Et soudain on entend quelqu’un dans l’infiniQui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,Sans voir la main d’où tombe à notre âme méchanteL’amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante.On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sentFondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,Tout notre être frémit de la défaite étrangeDu monstre qui devient dans la lumière un ange. Victor Hugo — Ce qu’est la mort
Sa poitrine frôlait son genou. Il ôta ses souliers, les prit de la main gauche, se releva et posa la main droite sur la rampe, les yeux levés sur la pâle brume rose qui semblait en suspens dans les ténèbres. Jean-Paul Sartre — L'âge de raison
Tout à coup il crut avoir été appelé par une voix terrible, et tressaillit comme lorsqu’au milieu d’un brûlant cauchemar nous sommes précipités d’un seul bond dans les profondeurs d’un abîme. Il ferma les yeux ; les rayons d’une vive lumière l’éblouissaient ; il voyait briller au sein des ténèbres une sphère rougeâtre dont le centre était occupé par un petit vieillard qui se tenait debout et dirigeait sur lui la clarté d’une lampe. Il ne l’avait entendu ni venir, ni parler, ni se mouvoir. Cette apparition eut quelque chose de magique. L’homme le plus intrépide, surpris ainsi dans son sommeil, aurait sans doute tremblé devant ce personnage extraordinaire qui semblait être sorti d’un sarcophage voisin. La singulière jeunesse qui animait les yeux immobiles de cette espèce de fantôme empêchait l’inconnu de croire à des effets surnaturels ; néanmoins, pendant le rapide intervalle qui sépara sa vie somnambulique de sa vie réelle, il demeura dans le doute philosophique recommandé par Descartes, et fut alors, malgré lui, sous la puissance de ces inexplicables hallucinations dont les mystères sont condamnés par notre fierté ou que notre science impuissante tâche en vain d’analyser.[…] Le moribond frémit en pressentant que ce vieux génie habitait une sphère étrangère au monde où il vivait seul, sans jouissances, parce qu’il n’avait plus d’illusion, sans douleur, parce qu’il ne connaissait plus de plaisirs. Le vieillard se tenait debout, immobile, inébranlable comme une étoile au milieu d’un nuage de lumière, ses yeux verts, pleins de je ne sais quelle malice calme, semblaient éclairer le monde moral comme sa lampe illuminait ce cabinet mystérieux. Tel fut le spectacle étrange qui surprit le jeune homme au moment où il ouvrit les yeux, après avoir été bercé par des pensées de mort et de fantasques images. Honoré de Balzac — La peau de chagrin
La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu’elle nous résiste. L’homme se découvre quand il se mesure avec l’obstacle. Mais, pour l’atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot, ou une charrue. Le paysan, dans son labour, arrache peu à peu quelques secrets à la nature, et la vérité qu’il dégage est universelle. De même l’avion, l’outil des lignes aériennes, mêle l’homme à tous les vieux problèmes.J’ai toujours, devant les yeux, l’image de ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine.Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d’une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet autre, peut-être, on cherchait à sonder l’espace, on s’usait en calculs sur la nébuleuse d’Andromède. Là on aimait. De loin en loin luisaient ces feux dans la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu’aux plus discrets, celui du poète, de l’instituteur, du charpentier. Mais parmi ces étoiles vivantes, combien de fenêtres fermées, combien d’étoiles éteintes, combien d’hommes endormis… Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec quelques-uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne. Antoine de Saint-Exupéry — Terre des hommes
Ils sont encore une foule de subtiles niaiseries bien plus spirituelles que toutes celles là. Ce sont des notions, des relations, des formalités, des quiddités, des eccéités, toutes choses qui ne peuvent être aperçues que par ceux qui ont d'assez bons yeux pour voir au milieu des plus épaisses ténèbres, ce qui n'existe nulle part. Érasme; Éloge de la folie — 1509. Traduction de Thibault de Laveaux en 1780
Les mots sacramentels : Venite, exultemus Domino, si souvent chantés par les templiers au moment d’attaquer leurs ennemis terrestres, furent jugés par Lucas convenables pour célébrer le triomphe prochain qu’il allait remporter sur les puissances des ténèbres. Walter Scott — Ivanhoé
Car personne, chez nous, ne touche à l'amandier au moment de la floraison. L'arbre semble sacré ; et, même pour fleurir l'autel de la Vierge (qui pourtant en aurait bien besoin avant les dernières épreuves de la Semaine Sainte et Ténèbres et les tempsde lamort qui précèdent Pâques), il ne se trouvera jamais une femme denos villagesqui consente à offrirà son église un dec es beaux rameaux fragileset odorantsqu'aimerait,j'en suis sûr,lamèredeDieu. Henri Bosco — L’Âne Culotte
Oh ! combien d'actions, combien d'exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres. Pierre Corneille — Le Cid, IV, 3, Rodrigue
Les disciples de la lumière n'ont jamais inventé que des ténèbres peu opaques. Robert Desnos — Corps et biens, Gallimard
En vérité, tu ne sais rien de la sagesse Tant que tu n'as pas fait l'expérience des ténèbres. Hermann Hesse — Maler Freude
C'était une de ces nuits dont les ombres transparentes semblent craindre de cacher le beau ciel de la Grèce : ce n'étaient point des ténèbres, c'était seulement l'absence du jour. François René, vicomte de Chateaubriand — Les Martyrs
La radieuse journée est finie, et nous entrons dans les ténèbres. William Shakespeare — Antoine et Cléopâtre, V, 2, Iras Antony and Cleopatra, V, 2, Iras
Plus l'âme entre en ténèbres mieux le dieu la voit comme plus le dieu s'exténue et mieux l'âme le respire. Jean Grosjean — La Gloire, Gallimard
Tous vous êtes des enfants de la lumière, des enfants du jour. Nous ne sommes pas de la nuit, des ténèbres. Saint Paul, Épître aux Thessaloniciens, Ière, V, 5
Plutôt que de maudire les ténèbres, allumons une chandelle, si petite soit-elle. Confucius