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Il y a 143 citations sur la terre.
J’ai fait un voyage sur le plus beau bateau qui ait jamais été construit ; particularité étrange, à bord de ce transatlantique, passagers et hommes d’équipage étaient à cheval !Le capitaine, cavalier émérite, montait un pur-sang de courses, il portait un costume de chasse et sonnait du cor pour diriger la manœuvre, quant à moi, ayant horreur de l’équitation, j’avais pu obtenir de passer mes journées sur le cheval de bois de la salle de gymnastique. Nous débarquâmes sur une terre nouvelle où les chevaux étaient inconnus ; les indigènes prirent pour un animal à deux têtes les passagers montés de notre navire, ils n’osèrent s’en approcher en proie à la terreur ; moi seul, reconnu semblable à ces êtres primitifs, je fus fait prisonnier par eux. C’est de la prison ou l’on m’enferma que j’écrivis les lignes qui vont suivre. Cette prison était une île absolument déserte le jour, mais la nuit, les habitants d’une grande ville continentale ou le mariage et l’union libre étaient également défendus, s’y donnaient rendez-vous pour faire d’amour, j’ai pù ainsi rapporter de mon exil la plus splendide collection de peignes de femmes qui soit au monde, depuis le triste celluloïd jusqu’à l’écaille la plus transparente, couverte de pierres précieuses. J’ai offert cette collection à l’un de mes oncles, conchyliologiste distingué, chez lequel elle fait pendant à une vitrine de coquillages indiens. Francis Picabia — Jésus-Christ Rastaquouère
Enfant, j’étais, sans excès, un bon élève. Souvent le premier de ma classe, même si mon cousin instituteur se chargeait régulièrement de me faire redescendre sur terre : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois », me répétait-il. Alain Marsaud — Avant de tout oublier
Femme nue, femme noireVétue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beautéJ’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeuxEt voilà qu’au cœur de l’Eté et de Midi,Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calcinéEt ta beauté me foudroie en plein cœur, comme l’éclair d’un aigleFemme nue, femme obscureFruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma boucheSavane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du Vent d’EstTamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueurTa voix grave de contralto est le chant spirituel de l’AiméeFemme noire, femme obscureHuile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du MaliGazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau.Délices des jeux de l’Esprit, les reflets de l’or rongent ta peau qui se moireA l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux.Femme nue, femme noireJe chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’EternelAvant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie. Léopold Sédar Senghor — « Femme noire »
L’un de nos deux marchands de son arbre descend,Court à son compagnon, lui dit que c’est merveilleQu’il n’ait eu seulement que la peur pour tout mal.Eh bien ! ajouta-t-il, la peau de l’animal ?Mais que t’a-t-il dit à l’oreille ?Car il t’approchait de bien près,Te retournant avec sa serre.Il m’a dit qu’il ne faut jamaisVendre la peau de l’ours qu’on ne l’ait mis par terre. Jean de La Fontaine — L’ours et les deux compagnons
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit. Jean Anouilh — Antigone
Derrière, auprès des étables à porcs, entourée d’une portée grouillante, une truie noire fouillait la terre. H. G. Wells — La Guerre dans les airs
Mais le 22 juin 1419, le comte par un testament, fait à Baix-sur-Baix, institua héritier Charles, dauphin de Viennois, fils de Charles VI, et ses terres furent unies à la province, en 1426, […]. A. Lacroix — « La tour de Crest : essai historique »
A chaque tempête, les dunes progressent vers l’intérieur des terres. […]. Des villages entiers sont engloutis : habitations, église, tout disparaît sous le sable. Jean-Henri Fabre — La Plante ; leçons à mon fils sur la botanique
Le soir, nous franchîmes à pied, destriers tenus par la bride, le pont Saint-Bénézet qui reliait les deux rives du fleuve Rhône sous des rafales de vent à décorner les cocus pour rejoindre la terre royale au fort Saint-André près Villeneuve-lès-Avignon. Hugues de Queyssac — Le chevalier noir et la dame blanche
J’abordai une de ces petites terres qui voltigent à l’entour du sol. Savinien de Cyrano de Bergerac — Voyage dans la Lune & Histoire comique des états et empires du Soleil
Il me fait d’abord un cours de géographie, et j’apprends que la terre est un disque dont l’Arabie occupe le centre. Frédéric Weisgerber — Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Notre-Père — Prière chrétienne
[…] ; et, soyez tranquille, si une fois je me fais huguenot, je serai plus huguenot que Luther, que Calvin, que Mélanchthon et que tous les réformistes de la terre. Alexandre Dumas — La Reine Margot
[Un patient] voyait les étoiles naître et briller dans la terre. Elles sortaient du sein de la terre; la terre n'était pas en cette obsession une simple image du ciel étoilé. Elle était la grande mère productrice du monde, productrice de la nuit et des étoiles. Dans le rêve de son patient, Neumann montre la force de l'archétype de la terre-mère Bachelard — La Poétique de l'espace
Mon père avait dû remuer ciel et terre pour apprendre dans quel hôpital militaire j'étais soigné Cendrars — Bourlinguer
Veules est un coin de terre charmant, une pittoresque avalure de falaise. Edmond et Jules de Goncourt — Journal
Beaucoup de familles nobles abandonnent leur patronyme pour ne porter que le nom de terre, le fief étant par définition le signe de la possession féodale
D’Artagnan s’élança vers l’endroit décarrelé, se coucha ventre à terre et écouta. Alexandre Dumas — Les Trois Mousquetaires
C'est dans les bonnes terres maraîchères d'Angers et de sa banlieue Sud et Sud-Est que se pratique la culture des bulbes et des oignons à fleurs. Cette culture est d'ailleurs assez récente. Les premiers bulbiculteurs furent les trois Frères Hennequin qui vinrent vers 1870 s'installer à Angers et fondèrent trois maisons différentes, s'intéressant surtout aux collections. Norois — 1956
L'œnologue, tel un alchimiste moderne, transforme les fruits de la terre en or liquide, son savoir-faire mesuré au milligramme près par le fidèle pèse-liqueur. Gustave Leroux — Citation fictive générée à l'aide d'intelligence artificielle