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Il y a 24 citations sur le toutefois.
Le thème personnel et ses variations trop répétées ont épuisé l’attention ; l’indifférence s’en est suivie à juste titre ; mais s’il est indispensable d’abandonner au plus vite cette voie étroite et banale, encore ne faut-il s’engager en un chemin plus difficile et dangereux, que fortifié par l’étude et l’initiation. Ces épreuves expiatoires une fois subies, la langue poétique une fois assainie, les spéculations de l’esprit, les émotions de l’âme, les passions du cœur, perdront-elles de leur vérité et de leur énergie, quand elles disposeront de formes plus nettes et plus précises ? Rien, certes, n’aura été délaissé ni oublié ; le fonds pensant et l’art auront recouvré la sève et la vigueur, l’harmonie et l’unité perdues. Et plus tard, quand les intelligences profondément agitées se seront apaisées, quand la méditation des principes négligés et la régénération des formes auront purifié l’esprit et la lettre, dans un siècle ou deux, si toutefois l’élaboration des temps nouveaux n’implique pas une gestation plus lente, peut-être la poésie redeviendra-t-elle le verbe inspiré et immédiat de l’âme humaine. En attendant l’heure de la renaissance, il ne lui reste qu’à se recueillir et à s’étudier dans son passé glorieux.L’art et la science, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l’intelligence, doivent donc tendre à s’unir étroitement, si ce n’est à se confondre. L’un a été la révélation primitive de l’idéal contenu dans la nature extérieure ; l’autre en a été l’étude raisonnée et l’exposition lumineuse. Mais l’art a perdu cette spontanéité intuitive, ou plutôt il l’a épuisée ; c’est à la science de lui rappeler le sens de ses traditions oubliées, qu’il fera revivre dans les formes qui lui sont propres. Leconte de Lisle — Poèmes antiques
Toutefois, au-delà du village mort, j’aperçus dans le lointain une sorte de brouillard gris qui recouvrait les hauteurs comme un tapis. Depuis la veille, je m’étais remis à penser à ce berger planteur d’arbres. « Dix mille chênes, me disais-je, occupent vraiment un très large espace. » Jean Giono — L’homme qui plantait des arbres
Notre monde vient d'en trouver un autre (et qui nous garantit que c'est le dernier de ses frères, puisque les Démons, les Sibylles et nous, avons ignoré celui-ci jusqu'à cette heure ?) non moins grand, plein et fourni de membres que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu'on lui apprend encore son a, b, c ; il n'y a pas cinquante ans qu'il ne savait ni lettre, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni céréales, ni vignes. Il était encore tout nu dans le giron de sa mère nourricière et ne vivait que par les moyens qu'elle lui fournissait. Michel de Montaigne — Essais
La voiture fonce sur la nationale à cent cinquante à l'heure. L'effet du champagne rend toutefois le passager légèrement euphorique. À l'avant, les deux filles fument cigarette sur cigarette et chantent avec la musique «. Et toi François, et toi Sophie, as-tu réussi ton pari ? » Benoît Duteurtre — Drôle de temps
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment. Toutefois, la peur ne venait chez lui qu’en seconde ligne ; il était surtout scandalisé de ce bruit qui lui faisait mal aux oreilles. L’escorte prit le galop ; on traversait une grande pièce de terre labourée, située au delà du canal, et ce champ était jonché de cadavres.— Les habits rouges ! les habits rouges ! criaient avec joie les hussards de l’escorte, et d’abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu’en effet presque tous les cadavres étaient vêtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d’horreur : il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore ; ils criaient évidemment pour demander du secours, et personne ne s’arrêtait pour leur en donner. Notre héros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habit rouge. L’escorte s’arrêta ; Fabrice, qui ne faisait pas assez d’attention à son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessé.— Veux-tu bien t’arrêter, blanc-bec ! lui cria le maréchal-des-logis. Fabrice s’aperçut qu’il était à vingt pas sur la droite en avant des généraux, et précisément du côté où ils regardaient avec leurs lorgnettes. En revenant se ranger à la queue des autres hussards restés à quelques pas en arrière, il vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d’un air d’autorité et presque de réprimande ; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité ; et, malgré le conseil de ne point parler, à lui donné par son amie la geôlière, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dit à son voisin :— Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ?— Pardi, c’est le maréchal !— Quel maréchal ?— Le maréchal Ney, bêta ! Ah ça ! où as-tu servi jusqu’ici ?Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point à se fâcher de l’injure ; il contemplait, perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskowa, le brave des braves.Tout à coup on partit au grand galop. Quelques instants après, Fabrice vit, à vingt pas en avant, une terre labourée qui était remuée d’une façon singulière. Le fond des sillons était plein d’eau, et la terre fort humide, qui formait la crête de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancés à trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensée se remit à songer à la gloire du maréchal. Il entendit un cri sec auprès de lui ; c’étaient deux hussards qui tombaient, atteints par des boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils étaient déjà à vingt pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se débattait sur la terre labourée en engageant ses pieds dans ses propres entrailles ; il voulait suivre les autres : le sang coulait dans la boue.Ah ! m’y voilà donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se répétait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. À ce moment, l’escorte allait ventre à terre, et notre héros comprit que c’étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du côté d’où venaient les boulets, il voyait la fumée blanche de la batterie à une distance énorme, et, au milieu du ronflement égal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des décharges beaucoup plus voisines ; il n’y comprenait rien du tout. Stendhal — La Chartreuse de Parme
Spinoza, Boèce, Leibniz, Molina, tout le monde et même, sans trop m'avancer, ceux que je ne connais pas, on retire l'impression, nullement pénible du reste, qu'on aurait pu leur soumettre sans que cela change grand-chose à leurs argumentations, des vérités telles que « on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre », à condition toutefois de les renverser et que la bravoure soit de prouver que si, justement, on peut avoir le beurre et l'argent du beurre. Emmanuel Carrère — Le Détroit de Behring
Il faut aimer l’art poétique de Boileau, sinon pour les préceptes, du moins pour le style. Un écrivain qui a quelque souci de la postérité cherchera sans cesse à purifier sa diction, sans effacer toutefois le caractère particulier par lequel son expression révèle l’individualité de son esprit. Le néologisme n’est d’ailleurs qu’une triste ressource pour l’impuissance. Des fautes de langue ne rendront jamais une pensée, et le style est comme le cristal : sa pureté fait son éclat. Victor Hugo — préface des Odes et Ballades
Elle ne témoignait pas, ce faisant, d’un goût douteux pour le fascisme, mais d’un dégoût profond pour la langue de bois antifasciste. Rien ne serait toutefois plus dangereux que de jeter l’antifascisme lui-même avec la langue de bois. Alain Finkielkraut — Comment peut-on être croate ?
Assurément le docteur Sarrasin ne pouvait manquer dans quelques années d'être en possession de cet héritage, si toutefois... hem!... hem!... ses titres étaient suffisants! Verne — 500 millions
Rabindranâth Tagore, le grand poète bengalî, ami de Tolstoï et de Romain Rolland, dont la Gîtânjalî ou « Offrande lyrique » lui valut de recevoir le prix Nobel de littérature en 1913, fut largement influencé par la pensée de Râmakrishna, chantant la nature et montrant que la Divinité est en fin de compte la plus grande amie de l’homme, à condition toutefois que celui-ci La reconnaisse pour telle. Louis Frédéric — L’Inde mystique et légendaire
Admettant ce que nous avons dit plus haut, que les rayons émanés d'un corps lumineux se dirigent à 45 degrés et sont parallèles, il résulte que dans les dessins d'architecture, l’ombre portée d'une saillie est égale à cette même saillie, toutefois cependant que les faces du corps sont parallèles et perpendiculaires entre elles. M. Bourgeois — Traité des ombres
Je tiens fort à la terre par ce côté [un bon souper], pourvu toutefois que la digestion ne vienne pas contre-balancer l'effet favorable de Cérès et de Bacchus Delacroix — Journal
On peut seulement donner plus de latitude à la loi d'affranchissement, quand toutefois toutes les manufactures dont la Louisiane est susceptible dans ses villes, seront en vigueur Baudry des Loz. — Voyage en Louisiane
Il n’est rien de si amer qu’une noix verte, et toutefois à force de sucre on en fait une confiture fort délicate. E. de Belley — Palombe ou La femme honorable
Si tu es un homme appelé à échouer, n'échoue pas, toutefois, n'importe comment Henri Michaux — Poteaux d'angle
L’homme idéal est un individu assez intelligent, selon une femme, pour gagner beaucoup d’argent, mais pas assez toutefois pour en mettre de côté. Anonyme
On se lasse de tout, de tous, même de soi-même. Non sans toutefois se plaindre de la brièveté de la vie. Georges Perros — Notes d'enfance
En amour, on est tout d’abord un grand quotidien, puis un petit hebdomadaire et l’on finit mensuel, quand toutefois le tirage n’est pas complètement épuisé. Grancher
Peut-être sommes nous toutefois les gardiens de la vérité de la vie. Henri Laurens — Portait + atelier
Le ferment économique n’est pas le seul dans lequel se prépare la rupture, il est toutefois souvent déterminant. Philippe Dessertine — Le Figaro, 5 février 2015