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Il y a 33 citations sur le vertige.
13 juillet.Non, je ne me trompe pas ; je lis dans ses yeux noirs un véritable intérêt pour ma personne et pour mon sort. Je le sens, et, là-dessus, j’ose me fier à mon cœur, elle…. Oh ! pourrai-je, oserai-je exprimer en ces mots le bonheur céleste ? … Je sens que je suis aimé.Je suis aimé ! … Et combien je me deviens cher à moi-même, combien…. J’ose te le dire, tu sauras me comprendre. Combien je suis relevé à mes propres yeux depuis que j’ai son amour ! … Est-ce de la présomption ou le sentiment de ce que nous sommes réellement l’un pour l’autre ? … Je ne connais pas d’homme dont je craigne quelque chose dans le cœur de Charlotte, et pourtant, lorsqu’elle parle de son fiancé, qu’elle en parle avec tant de chaleur, tant d’amour... je suis comme le malheureux que l’on dépouille de tous ses honneurs et ses titres, et à qui l’on retire son épée.16 juillet.Ah ! quel frisson court dans toutes mes veines, quand, par mégarde, mes doigts touchent les siens, quand nos pieds se rencontrent sous la table ! Je me retire comme du feu, et une force secrète m’attire de nouveau…. Le vertige s’empare de tous mes sens. Et son innocence, son âme candide, ne sent pas combien ces petites familiarités me font souffrir. Si, dans la conversation, elle pose sa main sur la mienne, et si, dans la chaleur de l’entretien, elle s’approche de moi, en sorte que son haleine divine vienne effleurer mes lèvres... je crois mourir, comme frappé de la foudre…. Wilhelm, et ce ciel, cette confiance, si j’ose jamais... Tu m’entends…. Non, mon cœur n’est pas si corrompu. Faible ! bien faible !... Et n’est-ce pas de la corruption ? Johann Wolfgang von Goethe — Les Souffrances du jeune Werther
J'ai devant moi une vie toute neuve, qui me paraît immense, à donner le vertige Martin du G. — J. Barois
Que se passe-t-il donc? quel esprit de vertige s'est emparé de ma paisible ville? Est-ce que nous allons devenir fous? Morand — New-York
Vu l'exposition des Primitifs français. Quelques pièces d'une beauté extraordinaire, mais en quel petit nombre! C'est à donner le vertige de penser qu'il en reste si peu Bloy — Journal
Voici venir les temps où vibrant sur sa tigeChaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;Valse mélancolique et langoureux vertige !Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ;Valse mélancolique et langoureux vertige !Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,Du passé lumineux recueille tout vestige !Le soleil s’est noyé dans son sang qui se figeTon souvenir en moi luit comme un ostensoir ! Charles Baudelaire — Harmonie du soir
Tous les jours, nous perdons la tête à cause d'un peu de température, d'une rage de dents, d'un vertige passager. J.M.G Le Clézio — La Fièvre
Sans doute faudra-t-il reparcourir le chemin en arrière, revenir aux après-midi éperdus de vos dix ans – vos premières embuscades, vos premiers coups. Vos secrets serrés dans de petits papiers. Rebrousser chemin vers ce noir impalpable de l’enfance qui vous fait pleurer sans bruit. Recoller une à une les images de tout petits morceaux de vies, vibrations au ralenti : balançoire, trahison, chute, léger vertige, juxtaposition de certitudes dégrafées au réel. Au final, il ne vous reste dans la main presque rien, une poignée de souvenirs, quelques lieux, deux trois prénoms – au milieu quelque part se trouve votre nom, chuchoté tout bas. Ce nom-là ne vous appartient pas, vous ne le connaissez pas. Il nous fonde et vous traverse. Certains appellent ça l’inconscient. D’autres encore n’y croient pas. Vous croyez l’entrevoir, mais c’est lui qui vous regarde. Anne Dufourmantelle — Éloge du risque
Ce soir, nous sommes deux devant ce fleuve qui déborde de notre désespoir. Nous ne pouvons même plus penser. Les paroles s’échappent de nos bouches tordues, et, lorsque nous rions, les passants se retournent, effrayés, et rentrent chez eux précipitamment.On ne sait pas nous mépriser.« Nous pensons aux lueurs des bars, aux bals grotesques dans ces maisons en ruines où nous laissions le jour. Mais rien n’est plus désolant que cette lumière qui coule doucement sur les toits à cinq heures du matin. Les rues s’écartent silencieusement et les boulevards s’animent: un promeneur attardé sourit près de nous. Il n’a pas vu nos yeux pleins de vertiges et il passe doucement. Ce sont les bruits des voitures de laitiers qui font s’envoler notre torpeur et les oiseaux montent au ciel chercher une divine nourriture.Aujourd’hui encore( mais quand donc finira cette vie limitée) nous irons retrouver les amis, et nous boirons les mêmes vins. On nous verra encore aux terrasses des cafés.Il est loin, celui qui sait nous rendre cette gaieté bondissante. Il laisse s’écouler les jours poudreux et il n’écoute plus ce que nous disons. » Est-ce que vous avez oublié nos voix enveloppées d’affections et nos gestes merveilleux? Les animaux des pays libres et des mers délaissées ne vous tourmentent-ils plus? Je vois encore ces luttes et ces outrages rouges qui nous étranglaient. Mon cher ami, pourquoi ne voulez-vous plus rien dire de vos souvenirs étanches? L’air dont hier encore nous gonflions nos poumons devient irrespirable. Il n’y a plus qu’à regarder droit devant soi, ou à fermer les yeux: si nous tournions la tête, le vertige ramperait jusqu’à nous.Itinéraires interrompus et tous les voyages terminés, est-ce que vraiment nous pouvons les avouer ? Les paysages abondants nous ont laisser un goût amer sur les lèvres. Notre prison est construite en livres aimés, mais nous ne pouvons plus nous évader, à cause de toutes ces odeurs passionnés qui nous endorment. André Breton et Philippe Soupault — Les Champs magnétiques
Sept ans plus bas, sept étages plus tard, elle voulait donc revenir sur ses pas, remonter le colimaçon du temps, mais comme dans l’intervalle on avait tiré l’échelle et qu’elle avait le vertige, elle s’offrait un premier de cordée. Camille Laurens — Les Travaux d’Hercule
Un beau jour, cependant, des symptômes caractéristiques d’un état nouveau, vomissements, vertiges et autres signes précurseurs d’un héritier prochain et d’un scandale qui ne l’était pas moins l’avaient contraint à se décider. Louis Pergaud — La Vengeance du père Jourgeot
Elle ne veut pas regarder par la fenêtre, car elle dit que ça lui donne le vertige.
Ainsi s'affirme, incoercible, le besoin réflexe d'ajuster notre condition à ce qu'elle est et non de suivre l’exclamation superlative des vertiges forains et des boules à facettes des bals pour séduire les filles. Boris Rybak — Vers un nouvel entendement
Vertige amoureux; vertige des sens; être pris de vertige. − « Et pour les séductions du doute... Car c'est un reste de romantisme: on tire un peu vanité de son vertige, on se flatte de subir un tourment supérieur... » − « Ça, pas du tout, Monsieur l'abbé », s'écria Antoine. « Je ne connais ni ce vertige, ni ce tourment, ni tous ces fumeux états d'âme, dont vous parlez Martin du G. — Thib., Mort père
L'amour comme un vertige, comme un sacrifice, et comme le dernier mot de tout. Henri Alban Fournier, dit Alain-Fournier — Correspondance avec Jacques Rivière, Gallimard
L'amour donne le vertige, mais son vertige, si intolérable qu'il soit, est un délice infini. Hubert Aquin — Neige noire
Qui ne sent pas la bombe cuite et le vertige comprimé n'est pas digne d'être vivant. Antonin Artaud — Van Gogh, le suicidé de la société, Gallimard
Le culte du vertige, mais n'oublions pas que le vertige se prend sur les hauteurs. Max Jacob — Art poétique
J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges. Arthur Rimbaud — Une saison en enfer, Délires II
Je n'ai jamais rien demandé à ce que je lis que le vertige. Louis Aragon — J'abats mon jeu, Éditeurs français réunis
L'honneur de l'homme est d'atteindre à ce centre où la certitude se fait vertige et le vertige certitude. Pierre Emmanuel pseudonyme littéraire devenu le patronyme légal de Noël Mathieu — Versant de l'âge, Le Seuil