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Citations sur le bien - Page 8
Il y a 516 citations sur le bien.
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Enseigner? Enseigner, se doutait-elle de l'ennui, de l'épuisement que cela représentait? D'ailleurs, elle n'avait pas qualité à le faire. À chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Maryse Condé — Histoire de la femme cannibale -
Chacun à sa place, et les vaches seront bien gardées, disait ma grand-mère. Lui avait apparemment trouvé la sienne.
Christian Garcin — La Jubilation des hasards -
Je ne sais pas, continua Anne Mareili, mais il peut arriver aussi que le beurre et l'argent du beurre manquent, c’est l’expérience qu’en font bien des filles fières, qui, pleines d’angoisse, courent après un mari […]
Jeremias Gotthelf — L’argent et l’esprit : ou La réconciliation -
Fiero Bataille hésita à répondre à Niac, il voulait être au clair avec sa conscience en analysant bien, point par point, cette envie de meurtre ; rendre la monnaie de sa pièce à un assassin n’était pas correct, agir œil pour œil dent pour dent était indigne d’une personne civilisée. Mais jamais il n’avait ressenti une telle haine.
Zoé Valdes — Miracle à Miami -
Je m’efforce de reparcourir ma vie pour y trouver un plan, y suivre une veine de plomb ou d’or, ou l’écoulement d’une rivière souterraine, mais ce plan tout factice n’est qu’un trompe-l’œil du souvenir. De temps en temps, dans une rencontre, un présage, une suite définie d’événements, je crois reconnaître une fatalité, mais trop de routes ne mènent nulle part, trop de sommes ne s’additionnent pas ; je perçois bien dans cette diversité, dans ce désordre, la présence d’une personne, mais sa forme semble presque toujours tracée par la pression des circonstances ; ses traits se brouillent comme une image reflétée sur l’eau. Je ne suis pas de ceux qui disent que leurs actions ne leur ressemblent pas. Il faut bien qu’elles le fassent, puisqu’elles sont ma seule mesure, et le seul moyen de me dessiner dans la mémoire des hommes, ou dans la mienne propre ; puisque c’est peut-être l’impossibilité de continuer à s’exprimer et à se modifier par l’action qui constitue la différence entre l’état de mort et celui de vivant. Mais il y a entre moi et ces actes dont je suis fait un hiatus indéfinissable.
Marguerite Yourcenar — Mémoires d’Hadrien -
Wurm: Je ne le sais pas. Louise: Non; mais tu le devines bien quelque peu.
Dumas père — Intrigue et amour -
Ai-je vraiment cherché quelque chose ? J’ai bien sûr soulevé quelques pierres, sondé la base de la falaise ouest, à l’aplomb des cavernes que j’ai repérées à mon arrivée dans l’Anse aux Anglais.
J.M.G. Le Clézio — Voyage à Rodrigues -
Je fis bien de temps à autre l’école buissonnière […] mais ce ne furent des escapades de brève durée qui devinrent de plus en plus rares.
Joseph Caillaux — Mes Mémoires -
Nous ne conduisons jamais bien la chose de laquelle nous sommes possédés et conduits. Celui qui n’y emploie que son jugement et son adresse il y procède plus gaiement : il feint, il ploie, il diffère tout à son aise, selon le besoin des occasions ; il manque le but, sans tourment et affliction, prêt et entier pour une nouvelle entreprise ; il marche toujours la bride à la main.
Montaigne — Essais -
ARAMINTE - Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante ? D'où vient cette attention à le regarder ?DUBOIS - Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé.ARAMINTE, surprise. - Quoi ! Seulement pour avoir vu Dorante ici ?DUBOIS - Savez-vous à qui vous avez affaire ?ARAMINTE - Au neveu de Monsieur Remy, mon procureur.DUBOIS - Eh ! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame ? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici ?ARAMINTE - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant.DUBOIS - Lui, votre intendant ! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie : hélas ! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne ; c'est un démon que ce garçon-là.ARAMINTE - Mais que signifient tes exclamations ? Explique-toi : est-ce que tu le connais ?DUBOIS - Si je le connais, Madame ! si je le connais ! Ah vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse.ARAMINTE - Il est vrai ; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ?DUBOIS - Lui ! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre ; il a, peut-être, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c'est une probité merveilleuse ; il n'a peut-être pas son pareil.ARAMINTE - Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis toute émue.DUBOIS - Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.ARAMINTE - A la tête ?DUBOIS - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent.ARAMINTE - Dorante ! il m'a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?DUBOIS - Quelle preuve ? Il y a six mois qu'il est tombé fou ; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais ; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore. Ôtez cela, c'est un homme incomparable.ARAMINTE, un peu boudant - Oh bien ! il fera ce qu'il voudra ; mais je ne le garderai pas : on a bien affaire d'un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque, objet qui n'en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies...DUBOIS - Ah ! vous m'excuserez ; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.ARAMINTE - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?DUBOIS - J'ai l'honneur de la voir tous les jours ; c'est vous, Madame.ARAMINTE - Moi, dis-tu ?
Marivaux — Les Fausses confidences -
La vie simple et remplie de quelque homme de bien, d’un vieux prêtre, par exemple.
Anatole France — Vie littéraire -
Mais bien vite, une consternation se répandit sur tous les visages, car depuis peu il tombait une petit pluie fine et pénétrante. « Mariage pluvieux, mariage heureux » murmuraient gentiment les curieux dont le nombre cependant ne cessait de croître.
Michel Dugast Rouillé — Hubert Cuny -
Il n’y avait bien que six mille huit cents et quelques francs.
Zola — Nana -
« Eh bien mam’zelle Donet, dit-il, je vous souhaite le bonsoir et charmé de vous avoir trouvée comme ça. » Elle restait devant lui, rouge, bien émue, et le regardait en songeant à l’autre.
Guy de Maupassant — La Main gauche -
Les lendemains de culotte, le zingueur avait mal aux cheveux, un mal aux cheveux terrible qui le tenait tout le jour les crins défrisés. Le bec empesté, la margoulette enflée et de travers. Il se levait tard, secouait ses puces sur les huit heures seulement : et il crachait, traînaillait dans la boutique, ne se décidait pas à partir pour le chantier. La journée était encore perdue. Le matin, il se plaignait d’avoir des guibolles de coton, il s’appelait trop bête de gueuletonner comme ça, puisque ça vous démantibulait le tempérament. Aussi, on rencontrait un tas de gouapes, qui ne voulaient pas vous lâcher le coude : on gobelottait malgré soi, on se trouvait dans toutes sortes de fourbis, on finissait par se laisser pincer, et raide ! Ah ! fichtre non ! ça ne lui arriverait plus ; il n’entendait pas laisser ses bottes chez le mastroquet, à la fleur de l’âge. Mais, après le déjeuner, il se requinquait, poussant des hum ! hum ! pour se prouver qu’il avait encore un creux. Il commençait à nier la noce de la veille, un peu d’allumage peut-être. On n’en faisait plus des comme lui, solide au poste, une poigne du diable, buvant tout ce qu’il voulait sans cligner un œil. Alors, l’après-midi entière, il flânochait dans le quartier. Quand il avait bien embêté les ouvrières, sa femme lui donnait vingt sous pour qu’il débarrassât le plancher.
Emile Zola — L’Assommoir -
Il se mit à parler avec une solennité ridicule. « Messieurs. Une fièvre basse est le contraire d’une forte fièvre. Je vous souhaite le bonjour. » On le tira tant bien que mal en arrière.
William Golding — Rites de passage -
SCAPIN. Hé bien, vous voyez combien de personnes tuées pour deux cents pistoles. Oh sus Je vous souhaite une bonne fortune ARGANTE, tout tremblant. Scapin. SCAPIN. Plaît-il ? ARGANTE. Je me résous à donner les deux cents pistoles.
Molière — Les Fourberies de Scapin -
Mais le contact de ce corps raidi, de ces bras crispés, lui communiqua la secousse de son indicible torture. L’énergie et la force dont elle retenait avec ses doigts et avec ses dents la toile gonflée de plumes sur sa bouche, sur ses yeux et sur ses oreilles pour qu’il ne la vît point et ne lui parlât pas, lui firent deviner, par la commotion qu’il reçut, jusqu’à quel point on peut souffrir. Et son coeur, son simple coeur, fut déchiré de pitié. Il n’était pas un juge, lui, même un juge miséricordieux, il était un homme plein de faiblesse et un fils plein de tendresse. Il ne se rappela rien de ce que l’autre lui avait dit, il ne raisonna pas et ne discuta point, il toucha seulement de ses deux mains le corps inerte de sa mère, et ne pouvant arracher l’oreiller de sa figure, il cria, en baisant sa robe : « Maman, maman, ma pauvre maman, regarde-moi ! » Elle aurait semblé morte si tous ses membres n’eussent été parcourus d’un frémissement presque insensible, d’une vibration de corde tendue. Il répétait : « Maman, maman, écoute-moi. Ça n’est pas vrai. Je sais bien que ça n’est pas vrai. » Elle eut un spasme, une suffocation, puis tout à coup elle sanglota dans l’oreiller. Alors tous ses nerfs se détendirent, ses muscles raidis s’amollirent, ses doigts s’entrouvrant lâchèrent la toile ; et il lui découvrit la face. Elle était toute pâle, toute blanche, et de ses paupières fermées on voyait couler des gouttes d’eau.
Maupassant — Pierre et Jean (1888) -
Le Capitaine : bien. Maintenant, si l’ennemi paraît, mettez le cap dessus ; et demain, au grand jour, nous aurons le plaisir de lui voir donner la cale. En attendant, bonsoir et bon vent.
Madame Friedelle — Amélie -
Ce fut le lendemain matin de l’escapade de son mari que l’étonnement d’Apolline commença vraiment. La veille, elle avait bien marqué quelque surprise de le voir rentrer à minuit avec un visage tuméfié, mais il avait répondu « J’ai fait différentes choses » et le sens de ses paroles lui avait paru tout aussi reposant que s’il eût dit : « J’ai fait un billard avec Germain ». Sans doute, il avait un œil au beurre noir, mais puisqu’il était là, on ne l’avait ni écrasé, ni assassiné.
Aller retour — Marcel Aymé -
Il n’y a que les gens sans feu ni lieu, n’ayant rien à perdre, qui veulent des coups de fusil. Tu n’entends pas être le dindon de la farce, peut-être ! Reste donc chez toi, grande bête, dors bien, mange bien, gagne de l’argent, aie la conscience tranquille, dis-toi que la France se débarbouillera toute seule, si l’empire la tracasse.
Zola — Le Ventre de Paris -
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairementet les mots pour le dire arrivent aisément.
Nicolas Boileau — L’Art poétique -
Jamais dans le barreau trouva-t-il rien de bon ?Peut-on si bien prêcher qu’il ne dorme au sermon ?Mais lui qui fait ici le régent du ParnasseN’est qu’un gueux revêtu des dépouilles d’Horace.
Nicolas Boileau — Satire IX -
Pangloss disait quelquefois à Candide : Tous les événements sont enchaînés dans le meilleur des mondes possibles ; car enfin si vous n’aviez pas été chassé d’un beau château à grands coups de pied dans le derrière pour l’amour de mademoiselle Cunégonde, si vous n’aviez pas été mis à l’Inquisition, si vous n’aviez pas couru l’Amérique à pied, si vous n’aviez pas donné un bon coup d’épée au baron, si vous n’aviez pas perdu tous vos moutons du bon pays d’Eldorado, vous ne mangeriez pas ici des cédrats confits et des pistaches.Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.
Voltaire — Candide -
Il est certains esprits dont les sombres penséesSont d’un nuage épais toujours embarrassées ;Le jour de la raison ne le saurait percer.Avant donc que d’écrire, apprenez à penser.Selon que notre idée est plus ou moins obscure,L’expression la suit, ou moins nette ou plus pure.Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Nicolas Boileau — L’Art poétique -
Et puis, quand le chat n'est pas là, bien sûr, les souris dansent, mais le chat leur accorderait un éternel répit, est-ce qu'elles danseraient encore ou s'endormiraient-elles dans une sécurité fastidieuse?
Louis-René Des Forêts — La Chambre des enfants -
C’est bien connu, quand le chat n’est pas là, les souris dansent. En cette période de confinement, les rongeurs sont à la fête. Avec la baisse d’activité dans les villes notamment, ils prolifèrent en toute tranquillité.
Sud Ouest — "Coronavirus en Lot-et-Garonne : pendant le confinement -
Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. — On supprimerait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus de fleurs ? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu’aux roses, et je crois qu’il n’y a qu’un utilitaire au monde capable d’arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux.À quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu’une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes.À quoi bon la musique ? à quoi bon la peinture ? Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l’inventeur de la moutarde blanche ?Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines.
Théophile Gautier — Mademoiselle de Maupin -
À l’égard de M. de Marivaux, je serais très-fâché de compter parmi mes ennemis un homme de son caractère, et dont j’estime l’esprit et la probité. Il y a surtout dans ses ouvrages un caractère de philosophie, d’humanité et d’indépendance, dans lequel j’ai trouvé avec plaisir mes propres sentiments. Il est vrai que je lui souhaite quelquefois un style moins recherché, et des sujets plus nobles ; mais je suis bien loin de l’avoir voulu désigner, en parlant des comédies métaphysiques.
Voltaire — Lettre à M. Berger -
En réalité, Marivaux est bien l’inventeur d’une langue nouvelle, un langage dramatique qui cherche à rendre compte au plus près des méandres des sentiments. Le marivaudage, fonctionnant à partir de reprises de mots avec léger déplacement de sens ou d’accent, est un outil d’investigation psychologique.
Gallica BnF Essentiels — « À la redécouverte de Marivaux » -
Il ne croit pas, ce geôlier, que j’aie à me plaindre de lui et de ses sous-geôliers. Il a raison. Ce serait mal à moi de me plaindre ; ils ont fait leur métier, ils m’ont bien gardé ; et puis ils ont été polis à l’arrivée et au départ. Ne dois-je pas être content ? Ce bon geôlier, avec son sourire bénin, ses paroles caressantes, son œil qui flatte et qui espionne, ses grosses et larges mains, c’est la prison incarnée, c’est Bicêtre qui s’est fait homme. Tout est prison autour de moi ; je retrouve la prison sous toutes les formes, sous la forme humaine comme sous la forme de grille ou de verrou. Ce mur, c’est de la prison en pierre ; cette porte, c’est de la prison en bois ; ces guichetiers, c’est de la prison en chair et en os. La prison est une espèce d’être horrible, complet, 129 indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve, elle m’enlace de tous ses replis. Elle m’enferme dans ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier. Ah ! misérable ! que vais-je devenir ? qu’estce qu’ils vont faire de moi ?
Victor Hugo — Le dernier jour d’un condamné -
Tous ceux qui s’étaient mis en descente pour atterrir sur la terrasse sont tombés comme une grêle. Vous n’avez rien entendu, là-dessous ? Moi, dans mon petit appartement près du garage, c’est bien un miracle si je n’ai pas été aplati.
René Barjavel — Ravage -
Si pourtant tout cela n’était qu’une illusion des loisirs, de leurs loisirs à tous deux, et de Paris, de Paris si bien peigné, si propre, où rien n’accrochait l’oisiveté de leurs deux cœurs, le vide immense de leurs cœurs
Louis Aragon — Aurélien -
Or, dans cette région lointaine, c’est la totalité de la terre qui est faite de telles couleurs ; bien mieux, de couleurs beaucoup plus éclatantes et plus pures que celles-ci : ici en effet elle est pourpre et d’une merveilleuse beauté, là elle est comme de l’or, ailleurs toute blanche et plus blanche que la craie ou que la neige ; et les autres couleurs dont elle est pareillement constituée sont aussi plus nombreuses encore et plus belles que toutes celles que, nous, nous avons pu voir.
Platon — Phédon -
Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d’autres formes), c’est dans la mesure même où l’on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l’on s’identifie le plus complètement avec celles qu’on essaye de nier.
Claude Lévi-Strauss — Race et histoire -
Qu’ils viennent à mon secours, eux seuls peuvent me délivrer, ils le savent bien. Un signe venu d’eux, un seul petit signe de soutien, d’acquiescement suffirait pour faire pencher en ma faveur. Je tourne vers eux des regards implorants. Dans leurs yeux attentifs, dans leur silence des images, des mots défilent. Roquet aboyant aux chausses, les chiens aboient la caravane passe, le pou dans la crinière du lion, la grenouille et le bœuf.
Nathalie Sarraute — « Disent les imbéciles » -
« Eh après tout, vous n’avez qu ’à vous répéter le proverbe arabe “Les chiens aboient, la caravane passe.” » Ce conseil que m’avait donné Gide m’est revenu bien des fois à la mémoire. Et à l’occasion je me représente (sur le mode romantique le plus désuet) comme un vagabond à l’échelle de la planète, un de ces voyageurs en train d’errer la nuit au milieu du désert, et passant près de campements désolés aux feux éteints, où de farouches natifs sont tapis (…)
Truman Capote — Les chiens aboient -
L’attitude réaliste, inspirée du positivisme, de Saint Thomas à Anatole France, m’a bien l’air hostile à tout essor intellectuel et moral. Je l’ai en horreur, car elle est faite de médiocrité, de haine et de plate suffisance. C’est elle qui engendre aujourd’hui des livres ridicules, des pièces insultantes. Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas ; la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. […]
André Breton — Manifeste du surréalisme -
Je ne répondais plus à aucune invitation en week-end. Ce n’était pas que ces vastes maisons à la campagne ne me faisaient pas envie, mais comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide. Une grange, une étable même m’auraient très bien convenu, mais seule, tranquille. Je grognais toujours dans mon sommeil, une fois même je dois avouer que j’ai uriné sous moi.
Marie Darrieussecq — Truismes -
Très respectueux hommages,P. -S. Schuster & Simon me signalent que le livre (La défense Loujine) leur avait bien sûr été proposé, mais qu’ils n’avaient pas encore vraiment décidé ce qu’ils allaient faire. Je vous tiendrai informé de la suite des événements.
Vladimir Nabokov — Lettres choisies -
Comme on n’avait pas pensé à temps à lui remettre son dentier, de blanches rides transversales barraient la ligne de ses lèvres, déchirure du silence reprisée à gros points, maintenant ce serait motus et bouche cousue, on voyait bien qu’elle était furieuse, pas décidée du tout à se laisser tirer les vers du nez.
Camille Laurens — Romance -
Pour preuve les traces de dents, bien alignées sur le bout, existaient encore, dans sa tombe. Mais ça, motus et bouche cousue. Personne n’en parlait dans la famille.
Camille Guichard — Vision par une fente