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Citations sur le ces
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Au bout du petit matin, une autre petite maison qui sent très mauvais dans une rue très étroite, une maison minuscule qui abrite en ses entrailles de bois pourri des dizaines de rats et la turbulence de mes six frères et sœurs, une petite maison cruelle dont l’intransigeance affole nos fins de mois et mon père fantasque grignoté d’une seule misère, je n’ai jamais su laquelle, qu’une imprévisible sorcellerie assoupit en mélancolique tendresse ou exalte en hautes flammes de colère; et ma mère dont les jambes pour notre faim inlassable pédalent, pédalent de jour, de nuit, je suis même réveillé la nuit par ces jambes inlassables qui pédalent la nuit et la morsure âpre dans la chair molle de la nuit d’une Singer que ma mère pédale, pédale pour notre faim et de jour et de nuit.
Aimé Césaire — Cahier d’un retour au pays natal -
Voici des hommes noirs debout qui nous regardent et je vous souhaite de ressentir comme moi le saisissement d’être vus. Car le blanc a joui trois mille ans du privilège de voir sans qu’on le voie ; il était regard pur, la lumière de ses yeux tirait toute chose de l’ombre natale, la blancheur de sa peau c’était un regard encore, de la lumière condensée. L’homme blanc, blanc parce qu’il était homme, blanc comme le jour, blanc comme la vérité, blanc comme la vertu, éclairait la création comme une torche, dévoilait l’essence secrète et blanche des êtres. Aujourd’hui ces hommes noirs nous regardent et notre regard rentre dans nos yeux ; des torches noires, à leur tour, éclairent le monde et nos têtes blanches ne sont plus que de petits lampions balancés par le vent…
Jean-Paul Sartre — « Orphée noir » -
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit.
Jean Anouilh — Antigone -
Le pôle nord de l’écliptique se trouve à 23°5' du pôle nord céleste. Les points de la Terre qui sont situés sur le cercle polaire ont leur zénith à 23°5' du pôle céleste. Donc, au cours du mouvement diurne, le pôle de l’écliptique passe chaque jour au zénith de tous ces lieux terrestres. Alors, l’écliptique coïncide avec l’horizon et ne traverse plus aucune maison. Il n’y a plus d’horoscope pour les malheureux qui naissent à ce moment-là.
Paul Couderc — L’Astrologie -
Quand ces forces provoqueront une augmentation du débit d'une industrie-clef, elles provoqueront une expansion et une croissance puissantes d'un ensemble plus large
Perroux — Économie du XXe siècle -
Du côté des femmes m’échut une vieille gâteuse affligée d'une fistule compliquée qui faisait communiquer entre elles toutes les pièces basses de son organisme, par où je devais introduire des filières de mèches au sublimé. Au premier essai, je crus vomir. L'odeur de corruption était épouvantable. On m’avait affirmé : « Vous vous aguerrirez… » Mais pas du tout. C’est là un cliché fort inexact. Je ne me suis jamais aguerri. Il m’arrive encore maintenant de rêver de ce lit, de ces drains, de cette fétidité qui me donnaient envie de m’enfuir.
Léon Daudet — Souvenirs littéraires – Devant la douleur -
L'abbé Puce contemplait ces ébats avec indulgence et les encourageait volontiers de sa cordiale hilarité, encore qu'il lui arrivât souvent de se mettre à croppetons, sa soutane tordue entre les deux genoux, afin de saisir plus prestement la chatte, par la queue, au passage.
René Boylesve — La leçon d’amour dans un parc -
C’est comme une de ces après-midi de dimanche où il y a fête, fête et danse, une de ces abbayes d’ici qui ont lieu une fois par an.
Charles Ferdinand Ramuz — Présence de la mort -
Le plaisant c'est que je sois considéré également comme l'ennemi, par leurs adversaires. Il s'agit de ne pas se laisser abattre, ni attrister, ni exaspérer, ni infatuer, mais de trouver au contraire un certain équilibre du cœur et de l'esprit dans le balancement de ces haines. Et se garder, soi, de haïr.
André Gide — Journal -
Pourquoi ces chirurgies esthétiques, ces absorptions d’anabolisants, ces exercices parfois violents, souvent extrêmes, par lesquels les corps se distendent, par lesquels ils s’éloignent de leur humanité (des implants mammaires immenses, des performances sportives aberrantes, des corps dont la masse musculaire est insensée, des piercings buccaux, génitaux, sous-cutanés, des ablations de membres sains, etc.), si ce n’est pour répondre à un environnement inhumain, où la légitimité de l’organique est constamment remise en question ?
Ollivier Dyens — La Condition inhumaine. Essai sur l’effroi technologique -
Les opticiens se sont acharnés pendant plus de 60 ans à corriger ces multiples aberrations avec plus ou moins de bonheur ; mais c'est seulement vers 1890, époque où apparurent les premiers anastigmats, qu'ils purent présenter une solution satisfaisante.
Agenda Lumière 1930 — Paris : Société Lumière & librairie Gauthier-Villars -
D’un bout à l’autre du continent russe, des assemblées récitent ces litanies abêtissantes, étouffantes, sans fin recommencées tout le long des années […]
Victor Serge — Portrait de Staline -1940 -
Car, rappelons-le, un écosystème se caractérise autant par ses composantes biotiques (végétaux, animaux…) et abiotiques (facteurs physicochimiques comme la lumière, la température, l’humidité…), que par les relations entre toutes ces composantes.
Joseph Chauffrey — Travaux du jardin -
L’objectif de notre étude a été, d’une part de préciser la période à laquelle la mère arrête définitivement l’allaitement au sein (ablactation) et les modalités de cette ablactation, et d’autre part, d’établir le moment où un autre aliment est introduit dans l’alimentation de l’enfant (sevrage) et de préciser ce ou ces aliments.
A. B. Beavogui — N. Keita -
Je me demande ce que c’est que l’ablatif, auquel vous faites allusion.— Je vous le dirai plus tard...— C’est donc une chose qu’on ne doit savoir qu’après son mariage ? — (Germaine Acremant, Ces dames aux chapeaux verts, Plon, 1922, collection Le Livre de Poche, page 294.)
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[…], nous voici près du village, nous devrions déjà entendre les abois des chiens, le chant des coqs et ces mille bruits qui dénoncent les lieux habités.
Gustave Aimard — Les Trappeurs de l’Arkansas -
Faisons du moins un écho fidèle, en redisant sans réserve et avec abondance de cœur ces paroles que rien ne désavouera : ...
auteur -
La Société, après avoir donné un souvenir à ces antiques paroisses, a visité l'église d’Hartennes. Cet édifice, bâti en grande partie en grès qui abondent sur ce terroir, aurait un aspect assez triste, s'il ne rachetait ce défaut par un portail de la Renaissance, en pierres de taille, décoré d'une assez jolie rosace et portant des écussons et des salamandres fantastiques.
Abbé Pécheur — « Excursion de la Société » -
Pénétrons en ce cabinet, presque toujours d'un si beau vert, où le directeur, − un de ces hommes qui traitent les honnêtes bourgeois de « matière abonnable », − est assis devant sa table, ...
Philippe-Auguste-Mathias de Villiers de L'isle-Adam — Contes cruels, Deux augures -
Pénétrons en ce cabinet, presque toujours d’un si beau vert, où le directeur, − un de ces hommes qui traitent les honnêtes bourgeois de « matière abonnable », − est assis devant sa table, un coude appoyé sur le bras de son fauteuil, le menton dans la main, paraissant méditer et jouant négligemment de l’autre main avec le traditionnel couteau d’ivoire.
Auguste de Villiers de L'Isle-Adam — Deux augures