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Il y a 121 citations sur le chez.
Le symbolisme, chez lui, s’égale à la conviction austère que la seule mission du poète, loin de tout message et de toute fiction, est de faire figurer l’absolu des choses dans un espace lui-même épuré des mots et des vers. Le symbole coïncide chez lui avec la définition qu’il donnait de l’acte poétique en général : “La merveille de transposer un fait de nature en sa presque disparition vibratoire selon le jeu de la parole.” Henri Mitterand — Ibid
Eh bien, Philippe (...), puisque tu tiens à t'expliquer, montons chez moi. Sartre — Mort dans âme.
Oh Madame, j'ai fait, de mon côté, dans ce rocher de Saint-Jouin, une pêche que je veux aussi rapporter chez moi. Guy de Maupassant — Pierre et Jean
JOCASTE (se frappant) — Et moi, je me punis.Par un pouvoir affreux réservée à l’inceste,La mort est le seul bien, le seul dieu qui me reste.Laïus, reçois mon sang, je te suis chez les morts :J’ai vécu vertueuse, et je meurs sans remords.LE CHOEUR — Ô malheureuse reine ! ô destin que j’abhorre !JOCASTE — Ne plaignez que mon fils, puisqu’il respire encore.Prêtres, et vous Thébains, qui fûtes mes sujets,Honorez mon bûcher, et songez à jamaisQu’au milieu des horreurs du destin qui m’opprime,J’ai fait rougir les dieux qui m’ont forcée au crime. Sophocle — Œdipe-roi
Il fallait juste qu’elle passe chez elle avant. Ses parents l’attendaient pour dîner. Sa mère avait préparé de la choucroute au poisson, son plat préféré. Elle ne pouvait pas leur faire faux bond. Elle repartirait après, par la fenêtre de sa chambre, pour ne pas avoir à leur dire qu’elle sortait. Franz-Olivier Giesbert — L’abatteur
Il faut bien sûr imaginer Paul, tout en force, le regard baissé déjouant pour l’instant la description, le menton saillant, la mâchoire prognathe, sa stature excédant la mienne, l’impossibilité dans laquelle il est toujours de faire oublier son corps en dépit des mouvements qui lui traversent l’âme, fréquemment d’ailleurs car Paul est un sensible, un sentimental, même, doublant chez lui le musculaire toujours trahi quelle que soit l’ampleur de la chemise, la coupe du pantalon, la délicatesse de certains gestes, passons sur certains gestes, le visage suscitant chez l’observateur un irrépressible besoin de poncifs, nez épais, lèvres fortes, sourire enfantin, gourmand, la manière dont ses mains battent l’air quand il s’échauffe, le verbe non point tant facile que haut, expéditif et désaccordé souvent, mais sincère, toujours, mieux vaut en rire, maintenant, et d’ailleurs il se tait, il ne répond pas, je dois répéter ma question, il lève enfin les yeux, de beaux yeux, surtout un beau garçon, non pas un beau regard, donc, c’est du reste dommage, avec un beau regard j’aurais compris que Sandra, je n’aurais sans doute rien eu à dire, je n’ai d’ailleurs rien dit, à quoi bon, que dire à une femme qui vous quitte pour un homme dont les yeux sont seulement beaux, on se prend à rêver au contraire d’un amant au charme secret, plus proche de celui qu’on croyait exercer, ou qu’on n’exerce plus, qu’importe, un homme qui puisse prétendre à quelque vraie relève, dont on puisse tirer sinon profit du moins fierté, mais non, c’est cet homme-là que Sandra avait choisi, contre tout attente, ou en réponse à son attente, comment savoir, un homme dont le poids s’aggravait maintenant de celui de son mensonge, peut-être plus pervers au fond que ce qu’on avait pensé, duplique derrière le muscle, noyant des trésors de rouerie dans l’eau bleutée de son regard. Christian Oster — Paul au téléphone – Éditions de Minuit 1996
Les heures passèrent. Dehors, il pleuvait une complainte d’adieux. Elle se farda, utilisa des étoffes, se déguisa. Durant toute la nuit, une ingéniosité diabolique peupla la chambre de femmes venues de toutes contrées, insinuantes, expertes ou naïves, tourmentées, buveuses de saccades. Vers le matin, les femmes disparurent et deux hommes s’effrénaient devant le grand miroir au flamboiement des bûches.L’épuisement passé, il se leva, toucha distraitement les seins d’Adrienne.– Ils te plaisent ? Lui demanda-t-elle avec une maternité étrange. Tu vois, ils commencent à tomber. Je suis devenue une vieille femme. (Songeant à la jeune rivale, elle écrasa, abaissa les seins.) Encore mieux ainsi. (Elle rit.) Je suis vieille. Il faut aller de plus en plus souvent chez le dentiste. Et tout le reste ! Les articulations qui craquent, les cheveux qui se dessèchent, la peau si glorieuse à quatre heures du matin, l’haleine. Je suis fâchée de te faire de la peine. Mon pauvre chéri qui boude.Elle rit. Mais Solal n’écoutait pas et songeait à Aude. Pourquoi, lorsqu’elle était entrée avec son père, avait-il accentué le balancement maudit et avait-il feint de ne pas la reconnaître ? Il n’était même pas fou, il était lucide à ce moment-là. Quel démon plus fort que lui l’avait possédé à ce moment ? Et il ne la verrait plus. Ô son regard, le soir des grandes fiançailles, le geste gauche et le sourire timide avec lesquels elle s’était dévoilée. Quel démon l’avait poussé à hausser les épaules, à faire ce sourire peureux ? Et maintenant, elle gardait l’image dégoûtante de ces deux balanceurs d’Orient qui crevaient de peur devant la fille d’Europe.Il effaça cette pensée, ne voulu pas savoir ce qu’il allait faire et ouvrit le tiroir. Mais elle fut plus prompte que lui, s’élança, saisit sa main, et le revolver qu’il tenait. La balle effleura le front qui saigna. Il s’abattit.La femme nue prit sur ses genoux l’homme nu. Elle baisa les deux plaies, le calma, le berça tout en songeant que la nuit, depuis si longtemps prévue par elle, était arrivée, nuit pareille aux nuits des hivers passés et des hivers qui viendraient lorsqu’elle ne serait plus.Elle regardait le beau corps blessé et il lui semblait tenir sur ses genoux un grand fils évanoui, irresponsable, frappé par les hommes, condamné, trop vivant, irrémédiablement vaincu. Elle pensait à sa propre vie manquée. Elle n’avait pas su se faire aimer. Elle n’avait jamais rien su. Peut-être la faute de son père et l’effroi qu’elle avait de lui dans son enfance ? Cette paralysie, cette passivité. Les autres, celles qui savaient se faire aimer, étaient superficielles. Elle aurait pu aussi, mais elle avait préféré la servitude. Servante, depuis le soir où l’adolescent était entré dans sa chambre jusqu’à cette dernière nuit. Et maintenant impossible de recommencer. C’était l’autre, Aude, qui l’aurait. Si l’autre ne l’empêchait pas de vaincre, tout était bien. Il deviendrait Solal et un grand homme. Mais personne ne viendrait confier à sa tombe les victoires de l’aimé. Tout de même, elle aurait su avant les autres. Avant les autres, elle avait deviné l’attente et l’espoir de cet homme si simple, si bon en réalité, si pur et qui cachait sa naïveté sous des rires et des étrangetés. Et si elle se trompait, s’il devait n’être qu’un homme comme les autres hommes, du moins elle garderait son illusion jusqu’à la fin et personne non plus ne viendrait la détromper Albert Cohen — Solal – Éditions Gallimard 1930
Tu exagères, dit Aline, je ne t’ai pas vue de la soirée. Et puis tu viens de louper le coche. Les Lansquet habitent près de chez toi, ils t’auraient raccompagnée. Françoise de Maulde — Le séjour à Hollywood
Contrairement à ce que je redoutais, Julien Baulieu n’avait pas tiqué sur le long passage relatant les faits d’armes de Buffin chez les paras du genre RPC en Kabylie, au plus fort de ce que les manuels d’histoire maquillent sous le vocable de « pacification ». À l’aide d’un trombone déplié, il a débusqué un fil de bois de réglisse entre ses dents du bonheur. C’est très bon comme angle. Didier Daeninckx — 12
Quand Maxime riait, il fronçait le nez, plissait ses yeux brun-jaune et découvrait ses « dents du bonheur », saines et serrées sauf un intervalle entre les deux incisives du milieu. Sans veston, et sanglé dans sa meilleure ceinture, il avait, la trentaine proche, l’agréable désinvolture, l’élégance un peu populacière qui charme chez maint livreur cycliste, agile parmi la foule comme l’oiseau dans le buisson. Colette — Œuvres
Bonjour. Excusez-moi. Est-ce que votre mari pourrait m'aider à porter ces plantes chez moi ? Valentine Goby — La Note sensible
Il se fit un instant de silence, et une voix dit en bon français, quoique avec un accent étranger « Vous êtes le bienvenu chez moi, monsieur, et vous pouvez ôter votre mouchoira. » Alexandre Dumas — Le Comte de Monte-Cristo
Quoi que fassent ceux qui règnent chez eux par la violence et hors de chez eux par la menace, quoi que fassent ceux qui se croient les maîtres des peuples et qui ne sont que les tyrans des consciences, l'homme qui lutte pour la justice et la vérité trouvera toujours le moyen d'accomplir son devoir tout entier. Victor Hugo — Les Châtiments
Il la caressait, se réchauffait à elle, et, éprouvant une sorte de langueur, se laissait aller à un léger frémissement qui crispait son cou et son nez, et était nouveau chez lui, tout en fixant à sa boutonnière le bouquet d’ancolies. Marcel Proust — Du côté de chez Swann
Mais, comme il entrait, un jeune homme, planté devant la boutique du papetier qui occupait le rez-de-chaussée, le salua ; et il reconnut Gustave Sédille, le fils d’un fabricant de soie de la rue des Jeûneurs, que son père avait placé chez Mazaud, pour étudier le mécanisme des affaires financières. Zola — L'Argent
Depuis que j’écris ces pages, je me dis qu’il y a un moyen, justement, de lutter contre l’oubli. C’est d’aller dans certaines zones de Paris où vous n’êtes pas retourné depuis trente, quarante ans et d’y rester un après-midi, comme si vous faisiez le guet. Peut-être celles et ceux dont vous vous demandez ce qu’ils sont devenus surgiront au coin d‘une rue, ou dans l’allée d’un parc, ou sortiront de l’un des immeubles qui bordent ces impasses désertes que l’on nomme « square » ou « villa ». Ils vivent de leur vie secrète, et cela n’est possible pour eux que dans des endroits silencieux, loin du centre. Pourtant, les rares fois où j’ai cru reconnaître Dannie, c’était toujours dans la foule. Un soir, Gare de Lyon, quand je devais prendre un train, au milieu de la cohue des départs en vacances. Un samedi de fin d’après-midi, au carrefour du boulevard et de la Chaussée d’Antin dans le flot de ceux qui se pressaient aux portes des grands magasins. Mais, chaque fois, je m’étais trompé.Un matin d’hiver, il y a vingt ans, j’avais été convoqué au tribunal d’instance du treizième arrondissement, et vers onze heures, à la sortie du tribunal, j’étais sur le trottoir de la place d’Italie. Je n’étais pas revenu sur cette place depuis le printemps de 1964, une période où je fréquentais le quartier. Je me suis aperçu brusquement que je n’avais pas un sou en poche pour prendre un taxi ou le métro et rentrer chez moi. J’ai trouvé un distributeur de billets dans une petite rue derrière la mairie, mais après avoir composé le code une fiche est tombée à la place des billets. Il y était écrit : « Désolé. Vos droits sont insuffisants. » De nouveau, j’ai composé le code, et la même fiche est tombée avec la même inscription : « Désolé. Vos droits sont insuffisants. » J’ai fait le tour de la mairie et de nouveau j’étais sur le trottoir de la place d’Italie.Le destin voulait me retenir par ici et il ne fallait pas le contrarier. Peut-être ne parviendrais-je plus jamais à quitter le quartier, puisque mes droits étaient insuffisants. Je me sentais léger à cause du soleil et du ciel bleu de janvier. Les gratte-ciel n’existaient pas en 1964, mais ils se dissipaient peut à peu dans l’air limpide pour laisser place au café du Clair de lune et aux maisons basses du boulevard de la Gare. Je glisserais dans un temps parallèle où personne ne pourrait plus m’atteindre.Les paulownias aux fleurs mauves de la place d’Italie… Je me répétais cette phrase et je dois avouer qu’elle me faisait monter les larmes aux yeux, ou bien était-ce le froid de l’hiver ? En somme, j’étais revenu au point de départ et, si les distributeurs de billets avaient existé vers 1964, la fiche aurait été la même pour moi : Droits insuffisants. Je n’avais à cette époque aucun droit ni aucune légitimité. Pas de famille ni de milieu social bien défini. Je flottais dans l’air de Paris. Patrick Modiano — L'Herbe des nuits
Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton,Et d'une voix papelardeIl demande qu'on ouvre en disant : « Foin du loup ! »Et croyant entrer tout d'un coup.Le biquet soupçonneux par la fente regarde :« Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point, »S'écria-t-il d'abord. (Patte blanche est un pointChez les loups, comme on sait, rarement en usage.)Celui-ci, fort surpris d'entendre ce langage,Comme il était venu s'en retourna chez soi.Où serait le biquet s'il eût ajouté foiAu mot du guet, que de fortuneNotre loup avait entendu ?Deux sûretés valent mieux qu'une,Et le trop en cela ne fut jamais perdu. Jean de la Fontaine — Fables
« Parmi les personnes considérables de l'un et de l'autre sexe mortes depuis peu de temps, nous nommerons dame Marguerite de la Vergne. Elle était veuve de M. le comte de la Fayette, et tellement distinguée par son esprit et son mérite qu'elle s'était acquis l'estime et la considération de tout ce qu'il y avait de plus grand en France. Lorsque sa santé ne lui a plus permis d'aller à la Cour, on peut dire que toute la Cour a été chez elle, de sorte que, sans sortir de sa chambre, elle avait partout un grand crédit dont elle ne faisait usage que pour rendre service à tout le monde. On tient qu'elle a eu part à quelques ouvrages qui ont été lus du public avec plaisir et avec admiration. » Mercure Galant — juin 1693
Je m'étais pris à penser, sortant de la pendaison de crémaillère chez Lucienne, que quelque homme à l'œil exercé, voyant son installation, aurait pu se dire « Elle a du goût »… Roger Blondel — Le Mouton enragé
ŒNONE.Quoi ! de quelques remords êtes-vous déchirée ?Quel crime a pu produire un trouble si pressant ?Vos mains n’ont point trempé dans le sang innocent ?PHÈDRE.Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles.Plût aux dieux que mon cœur fût innocent comme elles !ŒNONE.Et quel affreux projet avez-vous enfantéDont votre cœur encor doive être épouvanté ?PHÈDRE.Je t’en ai dit assez : épargne-moi le reste.Je meurs, pour ne point faire un aveu si funeste.ŒNONE.Mourez donc, et gardez un silence inhumain ;Mais pour fermer vos yeux cherchez une autre main.Quoiqu’il vous reste à peine une faible lumière,Mon âme chez les morts descendra la première ;Mille chemins ouverts y conduisent toujours,Et ma juste douleur choisira les plus courts.Cruelle ! quand ma foi vous a-t-elle déçue ?Songez-vous qu’en naissant mes bras vous ont reçue ?Mon pays, mes enfants, pour vous j’ai tout quitté.Réserviez-vous ce prix à ma fidélité ?PHÈDRE.Quel fruit espères-tu de tant de violence ?Tu frémiras d’horreur si je romps le silence.ŒNONE.Et que me direz-vous qui ne cède, grands dieux !À l’horreur de vous voir expirer à mes yeux ?PHÈDRE.Quand tu sauras mon crime et le sort qui m’accable,Je n’en mourrai pas moins : j’en mourrai plus coupable.ŒNONE.Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés,Par vos faibles genoux que je tiens embrassés,Délivrez mon esprit de ce funeste doute.PHÈDRE.Tu le veux ? lève-toi.ŒNONE.Parlez : je vous écoute.PHÈDRE.Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ?ŒNONE.Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser.PHÈDRE.Ô haine de Vénus ! ô fatale colère !Dans quels égarements l’amour jeta ma mère !ŒNONE.Oublions-les, madame ; et qu’à tout l’avenirUn silence éternel cache ce souvenir.PHÈDRE.Ariane, ma sœur ! de quel amour blesséeVous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !ŒNONE.Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennuiContre tout votre sang vous anime aujourd’hui ?PHÈDRE.Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorableJe péris la dernière et la plus misérable.ŒNONE.Aimez-vous ?PHÈDRE.De l’amour j’ai toutes les fureurs.ŒNONE.Pour qui ?PHÈDRE.Tu vas ouïr le comble des horreurs…J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne.J’aime…ŒNONE.Qui ?PHÈDRE.Tu connais ce fils de l’Amazone,Ce prince si longtemps par moi-même opprimé…ŒNONE.Hippolyte ? Grands dieux !PHÈDRE.C’est toi qui l’as nommé !ŒNONE.Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace !Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race !Voyage infortuné ! Rivage malheureux,Fallait-il approcher de tes bords dangereux ! Racine — Phèdre