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Citations sur le premier
Il y a 122 citations sur le premier.
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Deux royaux cors de chasse ont encore un duo Aux échos, Quelques fusées reniflent s’étouffer là-haut !Allez, allez, gens de la noce, Qu’on s’ en donne une fière bosse !Et comme le jour naît, que bientôt il faudra, A deux bras, Peiner, se recrotter dans les labours ingrats,Allez, allez, gens que vous êtes, C’est pas tous les jours jour de fête !Ce violon incompris pleure au pays natal, Loin du bal, Et le piston risque un appel vers l’idéal…Mais le flageolet les rappelle Et allez donc, mâl’s et femelles !Un couple erre parmi les rêves des grillons, Aux sillons ; La fille écoute en tourmentant son médaillon.Laissez, laissez, ô cors de chasse, Puisque c’est le sort de la race.Les beaux cors se sont morts; mais cependant qu’au loin, Dans les foins, Crèvent deux rêves niais, sans maire et sans adjoint.Pintez, dansez, gens de la terre, tout est un triste et vieux mystère.-Ah ! Le premier que prit ce besoin insensé De danser Sur ce monde enfantin dans l’inconnu lancé !Ô terre, ô terre, ô race humaine, Vous me faites bien de la peine.
Jules Laforgue — « Complainte du soir des comices agricoles » -
Tu as le béguin pour elle depuis le premier jour, depuis le matin où tu m'as vu le torse nu sous la douche. Je l'ai compris quand on est rentré. Toutes les mamours que tu me faisais, c'était pour elle. Je ne me trompe pas ?
Jean Genet — Haute surveillance -
Pourquoi ne pas juger selon les apparences ? Après tout, c'est notre premier contact et si l'habit ne fait pas le moine c'est tout de même le plumage qui lui convient le mieux. Un moine en civil, c'est un moine qui triche, presque toujours assez facile à démasquer.
François Baron — Les Frontières du Bonheur -
Yves entendit au-dessus de lui faire le branle-bas du soir, tous les hamacs qui s'accrochaient, et puis le premier cri des hommes de quart marquant les demi-heures de la nuit.
Pierre Loti — Mon frère Yves -
- Retournez-vous, dit le marchand en saisissant tout à coup la lampe pour en diriger la lumière sur le mur qui faisait face au portrait, et regardez cette PEAU DE CHAGRIN, ajouta-t-il.Le jeune homme se leva brusquement et témoigna quelque surprise en apercevant au-dessus du siège où il s’était assis un morceau de chagrin accroché sur le mur, et dont la dimension n’excédait pas celle d’une peau de renard ; mais, par un phénomène inexplicable au premier abord, cette peau projetait au sein de la profonde obscurité qui régnait dans le magasin des rayons si lumineux que vous eussiez dit d’une petite comète. Le jeune incrédule s’approcha de ce prétendu talisman qui devait le préserver du malheur, et s’en moqua par une phrase mentale. Cependant, animé d’une curiosité bien légitime, il se pencha pour la regarder alternativement sous toutes les faces, et découvrit bientôt une cause naturelle à cette singulière lucidité : les grains noirs du chagrin étaient si soigneusement polis et si bien brunis, les rayures capricieuses en étaient si propres et si nettes que, pareilles à des facettes de grenat, les aspérités de ce cuir oriental formaient autant de petits foyers qui réfléchissaient vivement la lumière.
Honoré de Balzac — La peau de chagrin -
La Constitution nomme Premier Consul le citoyen Bonaparte (...) ; second Consul le citoyen Cambacérès (...) ; et troisième Consul, le citoyen Lebrun.
Constitution de l’an VIII — 1799 ds Doc. hist. contemp. -
Je vous envoie la lettre que le premier eunuque m’écrivit là-dessus avant de mourir. Si vous aviez ouvert le paquet qui lui est adressé, vous y auriez trouvé des ordres sanglants. Lisez-les donc, ces ordres : et vous périrez si vous ne les exécutez pas.
Montesquieu — Lettres persanes -
Quelques mots encore sur Mme Humbert tant que le fer est chaud (un grave accident va bientôt arriver). J’avais remarqué dès le premier jour son caractère entier et possessif, mais je ne m’étais pas attendu à la trouver si furieusement jalouse de tous les épisodes de ma vie où elle ne figurait point.
Vladimir Nabokov — Lolita -
Tout en lui était hors norme, depuis ses lectures et connaissances prolixes jusqu'à ces immenses mains baladeuses qui, après le premier verre, faisaient sursauter toutes les dames passant à leur portée.
Mario Vargas Llosa — Le langage de la passion -
Mais une bête comme ça faut la nourrir, premier problème. le second, c'est que tous vos collègues veulent voir votre python, mais toi, tu ne veux le montrer qu'à Mlle Dreyfus dans sa mini-jupe très courte en peau de fauve et laisser ton serpent se lover entre ses cuisses…
Romain Gary — Gros-Câlin -
Champlain, à la fin de son premier voyage au Canada, en 1603, raconte que « proche de la baie des Chaleurs, tirant au sud, » est une île où fait résidence un monstre épouvantable que les sauvages appellent Gougou. » Le Canada avait son géant, comme le cap des Tempêtes avait le sien. Homère est le véritable père de ces inventions ; ce sont toujours les chameau cyclopes, Charybde et Scylla, ogres ou gougous.
Chateaubriand — Mémoires -
Le premier ministre […] est cloué au pilori dans la région atlantique et il n’aime pas ça. Il a beau dire, cependant, il a bel et bien trahi sa parole.
Chronique de Manon Cornellier — Le Devoir -
Je le trouvai, le 6 août, comme d’habitude, dans cette grande pièce de Downing Street qui, de par la tradition, sert à la fois de bureau au Premier ministre et de salle de réunion au gouvernement de Sa Majesté.
De Gaulle — Mémoires -
Scène premièreLe Public, qui arrive peu à peu. Cavaliers, Bourgeois, Laquais, Pages, Tire-laine, Le Portier, etc., puis les Marquis, CUIGY, BRISSAILLE, La Distributrice, les Violons, etc.(On entend derrière la porte un tumulte de voix, puis un cavalier entre brusquement.)LE PORTIER, le poursuivant. Holà ! vos quinze sols !LE CAVALIER. J’entre gratis !LE PORTIER. Pourquoi ?LE CAVALIER. Je suis chevau-léger de la maison du Roi !LE PORTIER, à un autre cavalier qui vient d’entrer. Vous ?DEUXIÈME CAVALIER. Je ne paye pas !LE PORTIER, Mais…DEUXIÈME CAVALIER. Je suis mousquetaire.PREMIER CAVALIER, au deuxième. On ne commence qu’à deux heures. Le parterre est vide. Exerçons-nous au fleuret. (Ils font des armes avec des fleurets qu’ils ont apportés.)UN LAQUAIS, entrant. Pst… Flanquin…UN AUTRE, déjà arrivé. Champagne ? …LE PREMIER, lui montrant des jeux qu’il sort de son pourpoint. Cartes. Dés.(Il s’assied par terre.) Jouons.LE DEUXIÈME, même jeu. Oui, mon coquin.PREMIER LAQUAIS, tirant de sa poche un bout de chandelle qu’il allume et colle par terre. J’ai soustrait à mon maître un peu de luminaire.UN GARDE, à une bouquetière qui s’avance. C’est gentil de venir avant que l’on n’éclaire !…(Il lui prend la taille.)UN DES BRETTEURS, recevant un coup de fleuret. Touche !UN DES JOUEURS. Trèfle !LE GARDE, poursuivant la fille. Un baiser !LA BOUQUETIÈRE, se dégageant. On voit ! …LE GARDE, l’entraînant dans les coins sombres.Pas de danger !UN HOMME, s’asseyant par terre avec d’autres porteurs de provisions de bouche.Lorsqu’on vient en avance, on est bien pour manger.LE BOURGEOIS, conduisant son fils. Plaçons-nous là, mon fils.UN JOUEUR. Brelan d’as !UN HOMME, tirant une bouteille de sous son manteau et s’asseyant aussi. Un ivrogneDoit boire son bourgogne… (Il boit.) à l’hôtel de Bourgogne !LE BOURGEOIS, à son fils. Ne se croirait-on pas en quelque mauvais lieu ? (Il montre l’ivrogne du bout de sa canne.) Buveurs… (En rompant, un des cavaliers le bouscule.) Bretteurs ! (Il tombe au milieu des joueurs.) Joueurs !LE GARDE, derrière lui, lutinant toujours la femme. Un baiser !LE BOURGEOIS, éloignant vivement son fils. Jour de Dieu !– Et penser que c’est dans une salle pareilleQu’on joua du Rotrou, mon fils !
Cyrano de Bergerac — Acte I -
On ne peut établir que des conjectures sur l’apparence du premier habitant du globe.
J. Boucher de Perthes — De la Création -
Souvent l’exemple a plus d’effet que la parole pour exciter ou pour calmer les passions humaines. Aussi, après les consolations que j’ai pu t’offrir directement dans notre entretien, je veux, de loin, te mettre sous les yeux, dans une lettre animée des mêmes sentiments, le tableau de mes propres infortune s: j’espère qu’en comparant mes malheurs et les tiens, tu reconnaîtras que tes épreuves ne sont rien ou qu’elles sont peu de chose, et que tu auras moins de peine à les supporter. […]J’arrivai enfin à Paris, où depuis longtemps la dialectique était particulièrement florissante, auprès de Guillaume de Champeaux, qui devint mon maître, alors considéré, à juste titre, comme le premier dans cet enseignement ; mais, bien reçu d’abord, je ne tardai pas à lui devenir incommode, parce que je m’attachais à réfuter certaines de ses idées, et que, ne craignant pas en mainte occasion d’argumenter contre lui, j’avais parfois l’avantage dans la dispute. Cette hardiesse excitait aussi l’indignation de ceux de mes condisciples qui étaient regardés comme les premiers, indignation d’autant plus grande que j’étais le plus jeune et le dernier venu. Tel fut le commencement de la série de mes malheurs, qui durent encore : ma renommée grandissant chaque jour davantage, l’envie des autres s’alluma contre moi.
Histoire des malheurs d’Abélard adressée à un ami — Traduit par Octave Gréard -
« C’est notre premier match à l’extérieur et nous allons placer la barre haute », observe Gérard Fraser.
Le Télégramme — Rugby. RC Vannes : montrer un autre visage ? -
Le Concierge. — Dame ! monsieur le juge, je ne peux pas nier, mais c’est de la prison honorable.Le Juge. — Comment ?Le Concierge. — Oui, monsieur le juge, la première fois, j’étais alors valet de chambre, c’est pour avoir crié, le premier mai : « Vive la grève ! »Le Juge. — Vous étiez valet de chambre chez qui ?Le Concierge. — Chez M. Jaurès.Le Juge. — Ah ! bon, et votre deuxième condamnation ?Le Concierge. — C’est pour avoir crié sur le seuil de Sainte-Clotilde : « Mort aux vaches ! »
Maurice Blanc et Francis de Croisset — Arsène Lupin -
Nouveau film pour Xavier Dolan après l'acceuil mitigé autour son premier long-métrage en langue anglaise, « Ma vie avec John F. Donovan ».
Les Echos — 12 films à ne pas rater cet automne -
Nous décrétons que plusieurs dizaines de milliers de musulmans, parmi les « capacités », feront partie du premier collège sans qu’il soit tenu compte de « leur statut personnel ». En outre, tous les autres auront le droit de voter au sein du deuxième collège.
De Gaulle — Mémoires de guerre -
On serait venu lui annoncer que madame Numance épuisée d'amour était devenue folle ou à l'article de la mort que son premier sentiment aurait été une joie délirante.
Jean Giono — Les Âmes fortes -
Vous que le printemps opéraMiracles ponctuez ma stance Mon esprit épris du départ Dans un rayon soudain se perd Perpétué par la cadenceLa Seine au soleil d’avril danse Comme Cécile au premier balOu plutôt roule des pépitesVers les ponts de pierre ou les cribles Charme sûr La ville est le val […]
Louis Aragon — Feu de joie -
Bien qu’ayant renoncé, au vu de ses tarifs, à m’installer dans cet hôtel, je prélevai sur le comptoir de la réception un dépliant publicitaire dont les premières lignes étaient ainsi libellées « Dès votre premier contact avec l’hôtel et son personnel, vous comprendrez le vrai sens du mot hospitalité. »
Jean Rolin — Zones -
Lettre CXXV :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.La voilà donc vaincue, cette femme superbe qui avait osé croire qu’elle pourrait me résister ! Oui, mon amie, elle est à moi, entièrement à moi, et depuis hier, elle n’a plus rien à m’accorder.Je suis encore trop plein de mon bonheur, pour pouvoir l’apprécier ; mais je m’étonne du charme inconnu que j’ai ressenti. Serait-il donc vrai que la vertu augmentât le prix d’une femme, jusque dans le moment même de sa faiblesse ? Mais reléguons cette idée puérile avec les contes de bonnes femmes. Ne rencontre-t-on pas presque partout une résistance plus ou moins bien feinte au premier triomphe ? et ai-je trouvé nulle part le charme dont je parle ? ce n’est pourtant pas non plus celui de l’amour ; car enfin, si j’ai eu quelquefois, auprès de cette femme étonnante, des moments de faiblesse qui ressemblaient à cette passion pusillanime, j’ai toujours su les vaincre et revenir à mes principes. Quand même la scène d’hier m’aurait, comme je le crois, emporté un peu plus loin que je ne comptais : quand j’aurais, un moment, partagé le trouble et l’ivresse que je faisais naître ; cette illusion passagère serait dissipée à présent ; et cependant le même charme subsiste. J’aurais même, je l’avoue, un plaisir assez doux à m’y livrer, s’il ne me causait quelque inquiétude. Serai-je donc, à mon âge, maîtrisé comme un écolier, par un sentiment involontaire et inconnu ? Non : il faut, avant tout, le combattre et l’approfondir. […]Paris, ce 29 octobre 17**.
Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses -
J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme.
André Gide — Journal -
Il est donc à croire que les besoins dictèrent les premiers gestes, et que les passions arrachèrent les premières voix. En suivant avec ces distinctions la trace des faits, peut-être faudrait-il raisonner sur l'origine des langues tout autrement qu'on n'a fait jusqu'ici. Le génie des langues orientales, les plus anciennes qui nous soient connues, dément absolument la marche didactique qu'on imagine dans leur composition. Ces langues n'ont rien de méthodique et de raisonné ; elles sont vives et figurées. On nous fait du langage des premiers hommes des langues de géomètres, et nous voyons que ce furent des langues de poètes.Cela dut être. On ne commença pas par raisonner, mais par sentir. On prétend que les hommes inventèrent la parole pour exprimer leurs besoins ; cette opinion me paraît insoutenable. L'effet naturel des premiers besoins fut d'écarter les hommes et non de les rapprocher. Il le fallait ainsi pour que l'espèce vînt à s'étendre, et que la terre se peuplât promptement ; sans quoi le genre humain se fût entassé dans un coin du monde, et tout le reste fût demeuré désert.De cela seul il suit avec évidence que l'origine des langues n'est point due aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les écarte vînt le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette origine ? Des besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix. Les fruits ne se dérobent point à nos mains, on peut s'en nourrir sans parler ; on poursuit en silence la proie dont on veut se repaître : mais pour émouvoir un jeune cœur, pour repousser un agresseur injuste, la nature dicte des accents, des cris, des plaintes. Voilà les plus anciens mots inventés, et voilà pourquoi les premières langues furent chantantes et passionnées avant d'être simples et méthodiques. Tout ceci n'est pas vrai sans distinction, mais j'y reviendrai ci-après.
Jean-Jacques Rousseau — Essai sur l’Origine des langues -
En premier lieu, mon fils, tâche plutôt à faire Le vouloir d'autrui que le tien Aime si peu l'éclat, le plaisir, et le bien Que le moins au plus s'en préfère.
Pierre Corneille — L'Imitation de Jésus-Christ -
A la fois moraliste et grand seigneur, il continue une tradition classique ; mais c'est aussi un rationaliste, animé de cette curiosité intellectuelle propre aux Encyclopédistes, désireux de construire une autre société. C'est notre premier grand sociologue politique.
Darcos — Histoire de la littérature française -
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;J’ai chaud extrême en endurant froidure :La vie m’est et trop molle et trop dure.J’ai grands ennuis entremêlés de joie.Tout à un coup je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;Tout en un coup je sèche et je verdoie.Ainsi Amour inconstamment me mène ;Et, quand je pense avoir plus de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.Puis, quand je crois ma joie être certaine,Et être au haut de mon désiré heur,Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé — Je vis -
...Mais ce n'est que le mois suivant que je compris avoir déclenché le premier mouvement de l'attaque qui devait nous faire occuper les positions allemandes devant Herbécourt, dont le confort étonna si fort la Coloniale qui avait enlevé le morceau et rectifié nos lignes sans trop de casse, les Boches surpris s'étant laissé prendre au nid. Comme dit le fabuliste : « On a souvent besoin d'un plus petit que soi. » Mais qui était le plus petit, moi ou Pfannkuchen ?
Blaise Cendrars — La Main coupée -
Un des travaux de l'ISIS est donc de tracer ces courbes de dominations changeantes, internationales, fastidieuses, boueuses, filandreuses, où apparaît rarement (mais alors, quel éclair!) une connexion logique de premier plan.
Philippe Sollers — Le Secret -
Quand Gervaise s’éveilla, vers cinq heures, raidie, les reins brisés, elle éclata en sanglots. Lantier n’était pas rentré. Pour la première fois, il découchait. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, meublée d’une commode de noyer dont un tiroir manquait, de trois chaises de paille et d’une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché. On avait ajouté, pour les enfants, un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce. La malle de Gervaise et de Lantier, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs vides, un vieux chapeau d’homme tout au fond, enfoui sous des chemises et des chaussettes sales ; tandis que, le long des murs, sur le dossier des meubles, pendaient un châle troué, un pantalon mangé par la boue, les dernières nippes dont les marchands d’habits ne voulaient pas. Au milieu de la cheminée, entre deux flambeaux de zinc dépareillés, il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d’un rose tendre. C’était la belle chambre de l’hôtel, la chambre du premier, qui donnait sur le boulevard.
Émile Zola — L’Assommoir -
Ah! sous une feinte allégresseNe nous cache pas ta douleur!Tu plais autant par ta tristesseQue part ton sourire enchanteurÀ travers la vapeur légèreL’Aurore ainsi charme les yeux;Et, belle en sa pâle lumière,La nuit, Phoebé charme les cieux.Qui te voit, muette et pensive,Seule rêver le long du jour,Te prend pour la vierge naïveQui soupire un premier amour ;Oubliant l’auguste couronneQui ceint tes superbes cheveux,À ses transports il s’abandonne,Et sent d’amour les premiers feux !
Gérard de Nerval — Romance -
À mesure qu'elle écrivait à Jean, elle a vu se dessiner ce que sera sa vie. Son père a détruit ce premier avenir qu'elle s'était forgé, elle en a construit un autre, aussi beau, plus proche. Cette fois-ci ce n'est pas un espoir, ce sera bientôt réalité.
René Barjavel — Tarendol -
Soubdain, ie ne sçay comment, le cas feut subit, ie ne eu loisir le consyderer. Panurge sans autre chose dire iette en pleine mer son mouton criant & bellant. Tous les aultres moutons crians & bellans en pareille intonation commencèrent soy iecter & saulter en mer après à la file. La foulle estoit à qui premier saulteroit après leur compaignon. Possible n’estoit les en guarder. Comme vous sçavez estre du mouton le naturel, tous iours suyvre le premier, quelque part qu’il aille. Aussi le dict Aristoteles lib. 9. de histo. animal. estre les plus sot & inepte animant du monde. Le marchant tout effrayé de ce que davant ses yeulx perir voyoit & noyer ses moutons, s’efforçoit les empecher & retenir tout de son povoir. Mais c’esttoit en vain. Tous à la file saultoient dedans la mer, & perissoient.
Extrait du Quart Livre — chapitre VIII -
C’est alors que M. Patrigent, le juge d’instruction, fut le premier, je ne dirai pas à conseiller, mais à laisser entendre qu’on pourrait bien se risquer à confier la clé des champs à un de ces misérables. On suivit son avis, et trois jours plus tard l’évadé était surpris dans une carrière de champignonniste, en train de déterrer le trésor.
Émile Gaboriau — Monsieur Lecoq -
Si je venais à trébucher, il prendrait la fuite dans le meilleur des cas, ou encore se précipiterait sur moi. Bien sûr, il le comprenait fort bien et m'obéissait soit parce qu'il espérait s'enfuir en cours de route soit parce qu'il avait décidé de se livrer. Dans le premier cas, raisonnais-je, il prendrait la clé des champs et dans le second, quel besoin avais-je de le tenir sous la menace de mon fusil ? Halte criai-je. Il s'arrêta et se tourna vers moi.
Léonide Borodine — Récit d’une époque étrange -
Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis, ayant de la santé, une figure aimable, un esprit juste et modéré, un cœur sincère et noble, crut qu’il pouvait être heureux. Il devait se marier à Sémire, que sa beauté, sa naissance et sa fortune rendaient le premier parti de Babylone. Il avait pour elle un attachement solide et vertueux, et Sémire l’aimait avec passion. Ils touchaient au moment fortuné qui allait les unir, lorsque, se promenant ensemble vers une porte de Babylone, sous les palmiers qui ornaient le rivage de l’Euphrate, ils virent venir à eux des hommes armés de sabres et de flèches. C’étaient les satellites du jeune Orcan, neveu d’un ministre, à qui les courtisans de son oncle avaient fait accroire que tout lui était permis. Il n’avait aucune des grâces ni des vertus de Zadig ; mais, croyant valoir beaucoup mieux, il était désespéré de n’être pas préféré. Cette jalousie, qui ne venait que de sa vanité, lui fit penser qu’il aimait éperdument Sémire. Il voulait l’enlever. Les ravisseurs la saisirent, et dans les emportements de leur violence ils la blessèrent, et firent couler le sang d’une personne dont la vue aurait attendri les tigres du mont Imaüs. Elle perçait le ciel de ses plaintes. Elle s’écriait : « Mon cher époux ! on m’arrache à ce que j’adore. » Elle n’était point occupée de son danger ; elle ne pensait qu’à son cher Zadig. Celui-ci, dans le même temps, la défendait avec toute la force que donnent la valeur et l’amour. Aidé seulement de deux esclaves, il mit les ravisseurs en fuite, et ramena chez elle Sémire évanouie et sanglante, qui en ouvrant les yeux vit son libérateur. Elle lui dit : « Ô Zadig ! je vous aimais comme mon époux ; je vous aime comme celui à qui je dois l’honneur et la vie. » Jamais il n’y eut un cœur plus pénétré que celui de Sémire ; jamais bouche plus ravissante n’exprima des sentiments plus touchants par ces paroles de feu qu’inspirent le sentiment du plus grand des bienfaits et le transport le plus tendre de l’amour le plus légitime. Sa blessure était légère ; elle guérit bientôt.
Voltaire — Zadig ou la destinée -
Trois scénarios ont été élaborés. Le premier scénario est celui du « laisser-faire ». L’État intervient peu (…). Le deuxième scénario est volontariste. L’État oriente, contrôle les activités (…) à court terme ce scénario exige plus de sacrifices qu’il ne rapporte de satisfaction (…) Le dernier scénario est celui du déclin.
L’Express — 3 juill. 1978 -
Ô géraniums, ô digitales… Celles-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, c’est de votre reflet que ma joue d’enfant reçut un don vermeil. Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la crois-de-Malte, des hortensias, et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais… A contre-cœur, elle faisait pacte avec l’Est : « Je m’arrange avec lui », disait-elle. Mais elle demeurait pleine de suspicion et surveillait, entre tous les cardinaux et collatéraux, ce point glacé, traître aux jeux meurtriers. Elle lui confiait des bulbes de muguet, quelques bégonias, et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules. Hors une corne de terre, hors un bosquet de lauriers-cerises dominés par un junkobiloba, – je donnais ses feuilles, en forme de raie, à mes camarades d’école, qui les séchaient entre les pages de l’atlas – tout chaud jardin se nourrissait d’une lumière jaune, à tremblements rouges et violets, mais je ne pourrais dire si ce rouge, ce violet, dépendaient, dépendent encore d’un sentimental bonheur ou d’un éblouissement optique. Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits… Car j’aimais tant l’aube, déjà, que ma mère me l’accordait en récompense. J’obtenais qu’elle m’éveillât à trois heures et demis, et je m’en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues. A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d’abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensible que tout le reste de mon corps… J’allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C’est sur ce chemin, c’est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d’un état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion… Ma mère me laissait partir, après m’avoir nommée « Beauté, Joyau-tout-en-or » ; elle regardait courir et décroître sur la pente son œuvre, - « chef-d’œuvre » disait-elle. J’étais peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temps-là ne sont pas toujours d’accord… Je l’étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu’à mon retour, et de ma supériorité d’enfant éveillée sur les autres enfants endormis. Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d’avoir mangé mon saoul, pas avant d’avoir, dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l’eau de deux sources perdues, que je révérais. L’une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L’autre source, presque invisible, froissait l’herbe comme un serpent, s’étalait secrète au centre d’un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe… Rien qu’à parler d’elles, je souhaite que leur saveur m’emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j’emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire…
Colette — Sido -
Que cette lettre soit une preuve que je vous donne le droit de publier Notre-Dame des Fleurs et le Miracle de la Rose avec cette réserve que le premier cité paraîtra avant le second. Je vous remercie des cinq mille francs que j'ai d'abord reçu de vous en acompte.
Jean Genet — Lettres à Olga et Marc Barbezat -
Ils sont ventripotents. Ils se sont trop goinfrés, leur ventre pend au-dessus de leur bermuda qui se tient à carreaux.« Non seulement on ne sait pas de quoi les Soviets sont capables, mais eux-mêmes l'ignorent. Et quand on n'est pas sûr que son colt marche, on ne se risque pas à tirer le premier. Si on se tient à carreau, c'est dû à cette incertitude. »
John le Carré — La Maison Russie