Accueil > Citations > Citations sur le rien
Il y a 260 citations sur le rien.
Elle est debout sur mes paupièresEt ses cheveux sont dans les miens,Elle a la forme de mes mains,Elle a la couleur de mes yeux,Elle s’engloutit dans mon ombreComme une pierre sur le ciel.Elle a toujours les yeux ouvertsEt ne me laisse pas dormir.Ses rêves en pleine lumièreFont s’évaporer les soleils,Me font rire, pleurer et rire,Parler sans avoir rien à dire. Paul Eluard — Capitale de la douleur
La réalité, pourtant, n’est rien d’autre que ce qu’elle est. Comme la marche de l’histoire elle-même, dont nous imaginons avec naïveté qu’elle est l’œuvre des seuls hommes et de leur volonté, la liberté n’est peut-être, après tout, qu’une formidable illusion. Un jeu truqué d’avance. Un miroir aux alouettes. Jean d’Ormesson — Presque rien sur presque tout
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu’elle va mourir, qu’elle est jeune et qu’elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout… Et, depuis que ce rideau s’est levé, elle sent qu’elle s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n’avons pas à mourir ce soir.Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle, l’heureuse Ismène, c’est Hémon, le fils de Créon. Il est le fiancé d’Antigone. Tout le portait vers Ismène : son goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est bien plus belle qu’Antigone ; et puis un soir, un soir de bal où il n’avait dansé qu’avec Ismène, un soir où Ismène avait été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver Antigone qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses bras entourant ses genoux, et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur lui et elle lui a dit « oui » avec un petit sourire triste… L’orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et voilà, maintenant, lui, il allait être le mari d’Antigone. Il ne savait pas qu’il ne devait jamais exister de mari d’Antigone sur cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le droit de mourir.Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de son page, c’est Créon. C’est le roi. Il a des rides, il est fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. Mais Œdipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres, ses objets, il a retroussé ses manches, et il a pris leur place.Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s’il n’est pas vain de conduire les hommes. Si cela n’est pas un office sordide qu’on doit laisser à d’autres, plus frustes… Et puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu’il faut résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil de sa journée.La vieille dame qui tricote, à côté de la nourrice qui a élevé les deux petites, c’est Eurydice, la femme de Créon. Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu’à ce que son tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne, aimante. Elle ne lui est d’aucun secours. Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà…Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leurs chapeaux sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu’à ce qu’un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de l’arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les murs de la ville, Étéocle l’aîné, au terme de la première année de pouvoir, ayant refusé de céder la place à son frère. Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagnés à sa cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes. Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont morts et Créon, le roi, a ordonné qu’à Étéocle, le bon frère, il serait fait d’imposantes funérailles, mais que Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals… Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera impitoyablement puni de mort.Pendant que le Prologue parlait, les personnages sont sortis un à un. Le Prologue disparaît aussi. L’éclairage s’est modifié sur la scène. C’est maintenant une aube grise et livide dans une maison qui dort. Antigone entr’ouvre la porte et rentre de l’extérieur sur la pointe de ses pieds nus, ses souliers à la main. Elle reste un instant immobile à écouter. La nourrice surgit. Jean Anouilh — Antigone
Il ne faudrait tout de même pas nous prendre pour des poires, hé, tête de noeud. Qu’est-ce qu’il dit? me demanda le général. C’t’ espèce d’enfariné, mon général, il ne veut rien dire. Blaise Cendrars — La main coupée
La preuve : le triomphe de la baguette, au détriment du bâtard qui a eu son heure de gloire, ce qu’on ignore parce que nous ne connaissons rien au pain. Ici, on a beau lever les yeux au ciel, ailleurs, on est plus admiratif ! Enfin, nul n’est prophète en son pays. François-Marie Banier — Balthazar
Ouvrons un dictionnaire aux mots « Littérature Potentielle.» Nous n’y trouverons rien. Fâcheuse lacune. […]L’humanité doit-elle se reposer et se contenter, sur des pensers nouveaux de faire des vers antiques ? Nous ne le croyons pas. Ce que certains écrivains ont introduit dans leur manière, avec talent (voire avec génie), mais les uns occasionnellement (forgeage de mots nouveaux), d’autres avec prédilection (contrerimes), d’autres avec insistance mais dans une seule direction (lettrisme), l’Oulipo entend le faire systématiquement et scientifiquement. […]Un mot, enfin, à l’intention des personnes particulièrement graves qui condamnent sans examen et sans appel toute œuvre où se manifeste quelque propension à la plaisanterie. Lorsqu’ils sont le fait de poètes, divertissements, farces et supercheries appartiennent encore à la poésie. La littérature potentielle reste donc la chose la plus sérieuse du monde. C.Q.F.D. Jean-François Le Lionnais — Manifeste de l’Oulipo
1 rouge (dans ma nuée) ; doux ; 4 noir (s) : (sévères!), hiver, tempsma neige, et l’enfer, infirme : d’une décente, toi, matière ;mais (un cheval sellé s’éloigne) : tu es nombre, rien (vers la droite) :Alphabets, nombres : nous dirons vos naissances latentes,céréales de Cérès, grenades de Proserpine,semences, peuples, races enterrées : âges !Et l’obscurité nourrit les jours et ce toit qui balancedépouillé maintenant de sa pente de feuilles, attendla lueur au cœur de la nuée qui fera naîtreplus que des nombres et Cérès effacer, jaillissant, les chiffresdoux aveugle et gourd au centre de la rouequand, plus-de-bleu plus-de-noir toi séquence de céréalesnombre du puits des feuilles ouvres en tremblant (tremblementaigu de la neige) ta lueur de louve (et loin !) sémillante Jacques Roubaud — Renga
Un vieux bonhomme, un pied dans la tombe, il sent le sapin, comme on dit, et il suffit d’un ragot de bonne femme, il est tout de suite là pour écouter; rien ne peut se dire sans lui. Fédor Dostoïevski — Le Double
— On a réuni vingt acheteuses et elles n’ont rien capté à vos délires: elles ne nous ont rien restitué. Ce qu’elles veulent, c’est de l’info, qu’on leur montre le produit et le prix, point barre. Frédéric Beigbeder — 99 francs
Il prophétisait vrai : notre maître Mitis,Pour la seconde fois, les trompe et les affine,Blanchit sa robe et s’enfarine ;Et, de la sorte déguisé,Se niche et se blottit dans une huche ouverte.Ce fut à lui bien avisé :La gent trotte-menu s’en vient chercher sa perte.Un rat, sans plus, s’abstient d’aller flairer autour ;C’était un vieux routier, il savait plus d’un tour ;Même il avait perdu sa queue à la bataille.Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille,S’écria-t-il de loin au général des chats :Je soupçonne dessous encor quelque machine :Rien ne te sert d’être farine ;Car, quand tu serais sac, je n’approcherais pas.C’était bien dit à lui : j’approuve sa prudence :Il était expérimenté,Et savait que la méfianceEst mère de la sûreté. Jean de La Fontaine — Fables
Considérez l’homme depuis la naissance jusqu’à la mort ; que voyez-vous en lui dans ses premières années ? Une créature faible, souffrante, longtemps incapable de pourvoir à ses besoins, etc. ; trouvez-moi rien dans la nature qui, dans la première période de l’existence, soit aussi dépendant, et par conséquent aussi sujet que l’homme. Pierre-Marie Quitard — Dictionnaire étymologique
On pourrait remplir des pages entières avec l’exposé sommaire des thèses contradictoires, cocasses et charlatanesques qui forment le fond des harangues de nos grands hommes ; rien ne les embarrasse […]. Georges Sorel — Réflexions sur la violence
Aucune trace d’effraction, rien de forcé, pas d’empreintes digitales ni d'ADN étranger au personnel. Rien ! À croire que les types ont opéré en scaphandre. Et cerise sur le gâteau : l'alarme et les caméras étaient désactivées ce week-end. Jérémie Lebrunet — Alice et le Crédit solidaire
Les chevaux islandais se vendaient pour rien autrefois, et la coutume était de les acheter pour les revendre au retour ; […]. Jules Leclercq — La Terre de glace
Madame de Chartres qui estoit extrêmement glorieuse ne trouvoit presque rien dignes a fille [Mllede Chartres] Madame De La Fayette La Princesse De Clèves
– C’est rien bath !– Mince alors, on en a de la chance ! Léon Frapié — Le sou
Peu de chose avait suffi à ce rare thaumaturge, si peu que rien, cinq ou six lignes sur une note officielle, mais sublimes à la vérité Ambrière — Grandes vacances
J’aime l’araignée et j’aime l’ortie,Parce qu’on les hait ;Et que rien n’exauce et que tout châtieLeur morne souhait ;Parce qu’elles sont maudites, chétives,Noirs êtres rampants ;Parce qu’elles sont les tristes captivesDe leur guet-apens ;Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre ;Ô sort ! fatals nœuds !Parce que l’ortie est une couleuvre,L’araignée un gueux ;Parce qu’elles ont l’ombre des abîmes,Parce qu’on les fuit,Parce qu’elles sont toutes deux victimesDe la sombre nuit.Passants, faites grâce à la plante obscure,Au pauvre animal.Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,Oh ! plaignez le mal !Il n’est rien qui n’ait sa mélancolie ;Tout veut un baiser.Dans leur fauve horreur, pour peu qu’on oublieDe les écraser,Pour peu qu’on leur jette un œil moins superbe,Tout bas, loin du jour,La vilaine bête et la mauvaise herbeMurmurent : Amour ! Victor Hugo — Les Contemplations
(…) ni les condors des Andes qui s’inscrivent comme des coulées de notes noires, rien que des doubles, des quadruples croches, presto, prestissimo, entre les portées parallèles des Cordillères, dont les volcans enneigés sont les blanches en arpège ou les accords d’accompagnement, la basse chiffrée, le point d’orgue (…) Blaise Cendrars — Le lotissement du ciel
La mère fait du tricotLe fils fait la guerreElle trouve ça tout naturel la mèreEt le père qu’est-ce qu’il fait le père ?Il fait des affairesSa femme fait du tricotSon fils la guerreLui des affairesIl trouve ça tout naturel le pèreEt le fils et le filsQu’est-ce qu’il trouve le fils ?Il ne trouve rien absolument rien le filsLe fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre Quand il aura fini la guerreIl fera des affaires avec son pèreLa guerre continue la mère continue elle tricoteLe père continue il fait des affairesLe fils est tué il ne continue plusLe père et la mère vont au cimetièreIls trouvent ça naturel le père et la mèreLa vie continue la vie avec le tricot la guerre les affairesLes affaires la guerre le tricot la guerreLes affaires les affaires et les affairesLa vie avec le cimetière. Jacques Prévert — « Familiales »