Accueil > Citations > Citations sur le sa
Citations sur le sa
Il y a 42133 citations sur le sa.
-
Werth n’en pouvait plus... Tout l’ennuyait, le fatiguait de plus en plus, le dégoûtait... Les demandes des uns, les supplications des autres ; l’atmosphère de malveillance implacable qui entoure la prostitution douce ; la niaiserie dépendante des garçons exigeant sans cesse d’être assistés, maternés, poussés, pistonnés... Pour quelques instants agréables (et encore), quel prix à payer... Téléphones, lettres, démarches, arbitrages... Conseils, indulgence à n’en plus finir, tutelle, pourboires déguisés... A ce jeu de la résignation, Werth était devenu une sorte de saint malgré lui, gardant quand même sa réserve ponctuée de soubresauts rageurs... Il ne vivait pas du tout son homosexualité comme le font la plupart, désormais, de façon triomphante, agressive, militante, dure, prononcée... L’obscénité en vitrine... Boîtes sado-maso, valse du cuir... Torses, poils, muscles, piscines d’argile, mer gluante... Floc-floc des râles et des grognements... La seule chose qui avait toujours fait peur à Werth, c’est que sa mère apprenne ses goûts par la presse... Qu’il y ait comme ça un scandale mettant en cause sa situation, d’ailleurs péniblement acquise, de grand professeur... Déjà, l’hostilité des collègues, l’inlassable calomnie des ratés universitaires... Rien à voir avec le gauchisme viril de Pasolini... Les sous-prolétaires dans le cambouis, sur la plage... Avec le risque d’assassinat au bout, c’est d’ailleurs ce qui a fini par arriver... Non, les Français sont plus réservés, que voulez-vous, ils souffrent de plus en plus, en demi-teintes... Proust dans une boîte de New York ? Charlus et Jupien dans les bains-douches directs de la 72e Rue ? Werth se battait, sans illusions, pour une sorte de sensualité atténuée, une variante d’épicurisme... Bouddhiste, japonisant, légèrement affaissé..
Philippe Sollers — Femmes -
« Voilà, il va retrouver sa mère », m’a dit Deb quand nous sommes sortis de la salle d’urgence de l’hôpital où Werth agonisait sur sa table de perfusion... Il était là, presque nu, des tuyaux partout, comme un gros poisson encore respirant à la dérive... Il faisait un geste lent, mécanique, comme pour demander d’être débranché et qu’on en finisse... Tout le monde, là encore, avait menti. Il n’allait pas si mal, l’accident n’était pas si grave... En réalité, il était perdu tout de suite... Ses yeux, brûlant de fièvre et de mort, se sont levés sur moi, sa bouche a murmuré « merci, merci », quand je lui ai balbutié quelques mots... Quoi ? Je ne sais plus... Qu’il fallait tenir, que j’étais avec lui... Absolument avec lui... C’était un jour de printemps chaud, nauséeux, fermé sur lui-même... Je voyais Werth s’éloigner lentement, à la verticale, comme un noyé
Philippe Sollers — Femmes -
Le plus souvent, je ne pense à rien, je suis auprès d'elle, c'est tout. Il y a pour moi, toujours sa voix. Tout est dans la voix. La mort, c'est l'absence de voix par dessus-tout. (p.80 / Gallimard, collection blanche, 109)
Annie Ernaux — "Je ne suis pas sortie de ma nuit" -
On finit par ne plus comparer sa vie à celle qu'on avait voulue mais à celle des autres femmes. Jamais à celle des hommes, quelle idée.
Annie Ernaux — La femme gelée -
Freud s'est fait euthanasier avec l'accord de sa fille. Il n'en pouvait plus. Tout indique qu'il a quitté sans regret l'océan de la connerie humaine, transformée aujourd'hui en télé-irréalité. Kafka, au comble de la souffrance dit à son médecin : 《 Si vous ne me tuez pas, vous êtes un assassin. 》 La plupart des humains préfèrent la souffrance au néant. En revanche, des clandestins, pour ne pas parler sous la torture, se sont supprimés. Saluons-les.
Philippe Sollers — Centre -
La volonté est un monde à part. Pour être sûr d'elle, de sa continuité, de sa veille constante et fermée, il faut aller chercher loin en soi, dans l'enfance et ses expériences les plus troubles, dans l'humiliation et le noir.
Philippe Sollers — Studio -
l'art a toujours été hors la loi, il n'y a que les hors la loi pour le faire respecter à sa juste place.
Philippe Sollers — La Fête à Venise -
La honte ne cessait pas de menacer les filles. Leur façon de s'habiller et de se maquiller, toujours guettée par le trop: court, long, décolleté, étroit, voyant, etc., la hauteur de leurs talons, leurs fréquentations, leurs sorties et leurs rentrées à la maison, le fond de leur culotte chaque mois, tout d'elles était l'objet d'une surveillance généralisé de la société. A celles qui étaient obligées de quitter le giron familial, elle fournissait la Maison de la Jeune Fille, la cité universitaire séparée de celle des garçons, pour les protéger des hommes et du vice. Rien, ni l'intelligence, ni les études, ni la beauté, ne comptait autant que la réputation sexuelle d'une fille, c'est-à-dire sa valeur sur le marché du mariage, dont les mères, à l'instar de leurs mères à elles, se faisaient les gardiennes : si tu couches avant d'ètre mariée, personne ne voudra plus de toi - sous- entendu, sauf un autre rebut du marché côté masculin, un infirme ou un malade, ou pire, un divorcé. La fille mère ne valait plus rien, n'avait rien à espérer, sinon l'abnégation d'un homme qui accepterait de la recueillir avec le produit de la faute. Jusqu'au mariage, les histoires d'amour se déroulaient sous le regard et le jugement des autres.
Annie Ernaux — Les années -
La domination d’une passion apporte plus de plaisir que sa réalisation.
Philippe Sollers — Complots -
Pourquoi l'érotisme rend-il heureux? Parce qu'il est un retour direct à l'enfance, à ses jeux, à sa gratuité, à sa profondeur de temps. L'adulte est en général un enfant durci, puritain malgré lui, péniblement pornographe. Il s'applique dans le vice comme dans la vertu, il est ennuyeux, peu doué pour la régression enchantée qui définit l'érotisme. Ce n'est pas par hasard que «le vert paradis des amours enfantines» (Baudelaire) lui reste fermé. Il en rêve, l'adulte, il se sent jeté en enfer, il devient parfois bassement pédophile pour tenter de rejoindre son corps perdu.
Philippe Sollers -
Ludivine Sereni, bartleby /2 Cette rumeur serait-elle la basse et vile rumeur, la Fama, celle « qui remplit les peuples de mille bruits où elle annonçait également ce qui était arrivé et ce qui ne l’était pas » ? Ou bien est-elle celle dont parle Marcel Detienne dans l’Ecriture d’Orphée ? : A qui sait écouter, toute rumeur fait signe. C’est alors une voix ponctuelle, instantanée, comme un atome de rumeur constituée, de celle qui relayée de bouche en bouche et d’oreille en oreille, se métamorphose en récit formel déjà, chacun y ajoutant ou en retirant quelque chose, par une procédure inconsciente mais toujours en une création multiple. Si le consultant singulier peut donner un sens à une voix prélevée dans un essaim de sens, c’est assurément que les dieux ne cessent de faire signe aux hommes en leur envoyant des rêves, en leur dépêchant des vols d’oiseaux, des messages en même temps que des voix oraculaires. Toute rumeur, alors, trouve sa source dans le dieu sous le nom de Phémios comme l’aède au palais d’Ithaque. Et c’est auprès de Zeus que se tient docile et prête à partir la rumeur messagère, la puissance appelée ossa dont le nom est associé à une sorte de divination par les sons (otteia).(C’est moi qui souligne) J La rumeur veut que Bartleby ait travaillé un temps au service des Lettres au rebut. Ces lettres, messages de vie, qui courent vers la mort, sont pour l’éternité repliées sur elles-mêmes. Or, n’est-ce pas de cette façon que l’avoué retrouve pour la dernière fois Bartleby, dans cette prison à l’architecture égyptienne — et quoi de plus juste pour un scribe ? Bartleby replié sur lui-même, telle une lettre, disparaît doucement. La formule, sa répétition, ne faisait qu’accroître le repli de l’être-du-rien. Retiré dans les abîmes, d’où nul être humain ne ressort vivant, le scribe s’éteint doucement, dans un pieux et blanc silence, tel qu’il l’a toujours fait. Mais ne peut-on pas aussi voir dans cette étrange nouvelle, une démonstration de l’écriture percurrente d’Herman Melville ? Et comment distinguer, sinon dans la forme, Bartleby de la Baleine Blanche ?... [4] C’est l’histoire de l’encre comme sang, épousant ce blanc qui sonne comme un silence, un rien avant tout commencement... Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux...
Philippe Sollers — L'Infini, n°17 -
L'Amour ne tourmente que ceux qui prétendent lui rogner les ailes ou l'enchainer quand il lui a plu de venir voler à eux. Comme c'est un enfant, et plein de caprices, il leur arrache les yeux, le foie et le coeur. Mais ceux qui acceuillent sa venue avec allégresse, et qui le flattent et le laissent s'en aller quand il lui plait, et quand il revient l'acceptent volontiers, ceux là sont toujours certains de ses faveurs et de ses caresses et de triompher sous son empire." Nicolas Machiavel -1513
Philippe Sollers — Le Cavalier du Louvre : Vivant Denon, 1747-1825 -
La forme de son livre ne peut donc surgir que d'une immersion dans les images de sa mémoire pour détailler les signes spécifiques de l'époque, l'année, plus ou moins certaine, dans laquelle elles se situent - les raccorder de proche en proche à d'autres, s'efforcer de réentendre les paroles des gens, les commentaires sur les évènements et les objets, prélevés dans la masse des discours flottants, cette rumeur qui apporte sans relâche les formulations incessantes de ce que nous sommes et devons être, penser, croire, craindre, espérer. Ce que ce monde a imprimé en elle et ses contemporains, elle s'en servira pour reconstituer un temps commun, celui qui a glissé d'il y a si longtemps à aujourd'hui - pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l'Histoire.
Annie Ernaux — Écrire la vie -
Mener sa vie philosophiquement ( "philosophe", à l'époque, voulant dire "épicurien", athée, subversif, suspect) consiste à dormir, manger peu, dessiner, graver, se perfectionner, respirer autant que possible le Temps qui a trouvé l'espace qu'il faut : cette ville-là, cette mer-là, ce soleil-là, ces matins-là, ces soirs-là. Venise ne va nulle-part. Les préjugés contre elle n'ont pas encore cours.
Philippe Sollers — Le Cavalier du Louvre : Vivant Denon, 1747-1825 -
Sortant d'Auchan, un très vieil homme plié en deux, flottant dans un imperméable, avance tout doucement avec une canne en traînant des chaussures avachies. Sa tête tombe sur la poitrine, je ne vois que son cou. De la main libre, il tient un cabas hors d'âge. Il m'émeut comme un scarabée admirable venu braver les dangers d'un territoire étranger pour rapporter sa nourriture.
Annie Ernaux — Regarde les lumières, mon amour -
Après sept saisons à bringuebaler sa carcasse aux quatre coins des pelouses anglaises (dont 6 chez les Spurs) le Diable rouge largue les amarres pour (probablement) écrire le dernier chapitre de sa carrière. Selon les dernières rumeurs, l'indemnité de transfert avoisinerait les 13 millions d'euros. Après Thomas Vermaelen, Alderweireld est donc le 2e défenseur des Diables à quitter l'Europe et à rejoindre un championnat de "moindre envergure". Pas forcément rassurant, alors que le Mondial 2022 pointe déjà le bout de son nez.
RTBF — Officiel : A 32 ans, Toby Alderweireld quitte Tottenham et signe à Al-Duhail, au Qatar - rtbf.be -
Afin de présenter sa future résidence des Sables d’Olonne « La Croix Blanche », SENIORIALES organise une conférence publique le jeudi 25 mai à 11h à La Salorge, 1 rue de la Corde, 85340 Olonne-sur-Mer. L’occasion de découvrir en avant-première cette résidence qui ouvrira à l’été 2023, au 12 rue de la Croix Blanche aux Sables d’Olonne.
Senioriales organise une conférence publique pour présenter sa prochaine résidence des Sables d'Olonne - -
Vous en voulez encore ? L’auteur connait son sujet qu’il a tant de fois écrit en Paris sépia. Son inventaire se chauffe au "bois et charbon”, il circule en Solex, sans casque cheveux au vent, il achète les petites culotes de sa femme chez Tati, les petits poids chez Félix Potin, mange au Pied de Cochon et aime poiroter en attendant un taxi Parisien.
France Bleu — Voyage au bout de Paris : “Paris souvenirs” de Marc Lemonier -
Alors, chofer plutôt que chauffer, pourquoi pas ? « Ce n’est pas plus absurde que Bonaparte demandant de changer le genre du mot “aigle”, de féminin à masculin parce qu’il voulait en faire son symbole — et que le féminin aurait remis en question sa virilité. Alors l’Académie s’est pliée à la demande », note Audrey Alwett.
ActuaLitté.com — Orthographe, ça va chofer : des enfants écrivent à l'Académie française -
Dans un communiqué publié que sa page Facebook, ce jeudi 16 septembre, le Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD), affirme qu’«Alpha Condé refuse de signer sa démission officielle et de se retirer du pouvoir. Face à cette obstination de l’ancien Président de ne pas reconnaître la légitimité du CNRD, un délai de cinq jours lui a été accordé» pour parafer sa démission.
Agence Afrique — Guinée: Le président Alpha Condé contraint de signer sa démission sous cinq jours – Agence Afrique