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Il y a 70057 citations sur le ses.
L’attitude réaliste, inspirée du positivisme, de Saint Thomas à Anatole France, m’a bien l’air hostile à tout essor intellectuel et moral. Je l’ai en horreur, car elle est faite de médiocrité, de haine et de plate suffisance. C’est elle qui engendre aujourd’hui des livres ridicules, des pièces insultantes. Elle se fortifie sans cesse dans les journaux et fait échec à la science, à l’art, en s’appliquant à flatter l’opinion dans ses goûts les plus bas ; la clarté confinant à la sottise, la vie des chiens. […] André Breton — Manifeste du surréalisme
Comme on n’avait pas pensé à temps à lui remettre son dentier, de blanches rides transversales barraient la ligne de ses lèvres, déchirure du silence reprisée à gros points, maintenant ce serait motus et bouche cousue, on voyait bien qu’elle était furieuse, pas décidée du tout à se laisser tirer les vers du nez. Camille Laurens — Romance
Motus et bouche cousue, monsieur Pantoja, ce sera un petit secret entre vous et moi, et merci mille fois retrouve son sourire, ses grâces, ses coquetteries, descend les marches la Brésilienne. Maintenant je m’en vais, je vois que vous avez de la visite. Mario Vargas Llosa — Pantaleón et les Visiteuses
Homme politique chevronné, il vira sa cuti, devint politicien, politicard. Les plus gentils de ses adversaires l’appellent politocard. Joseph Bialot — Un violon pour Mozart
De plus en plus furtif, de plus en plus présent, comme une rumeur ensemencée dans un village bafoué, le beau Ali a viré sa cuti, effacé à l’esprit-de-sel ses tatouages de petit maquereau romanesque et balancé la lame qui a assuré ses premiers succès ; il ne quitte plus son cache-poussière et sa Matt 49 ; il tue avec des motifs supérieurs ceux qu’il gardait hier pour un salaire de nervi. Boualem Sansal — Le serment des barbares
Puis le garçon sort de sa poche une minuscule console de jeux vidéo. Il ne la met pas en marche tout de suite, se contente de la soupeser entre ses mains, de la contempler. Philippe Delerm — Enregistrements pirates
Fort de ses trois ans d’expérience, Franck pense qu’il existe des conducteurs sérieux, même parmi les noirs. A… est aussi de cet avis, bien entendu. Elle s’est abstenue de parler pendant la discussion sur la résistance comparée des machines, mais la question des chauffeurs motive de sa part une intervention assez longue et catégorique. Il se peut d’ailleurs qu’elle ait raison. Dans ce cas, Franck devrait avoir raison aussi. Tous les deux parlent maintenant du roman que A… est en train de lire, dont l’action se déroule en Afrique. L’héroïne ne supporte pas le climat tropical (comme Christiane). La chaleur semble même produire chez elle de véritables crises :“C’est mental, surtout, ces choses-là”, dit Franck. Il fait ensuite une allusion, peu claire pour celui qui n’a pas feuilleté le livre, à la conduite du mari. Sa phrase se termine par “savoir la prendre” ou “savoir l’apprendre”, sans qu’il soit possible de déterminer avec certitude de qui il s’agit, ou de quoi. Franck regarde A…, qui regarde Franck. Elle lui adresse un sourire rapide, vite absorbé par la pénombre. Elle a compris, puisqu’elle connaît l’histoire. Non, ses traits n’ont pas bougé. Leur immobilité n’est pas si récente : les lèvres sont restées figées depuis ses dernières paroles. Le sourire fugitif ne devait être qu’un reflet de la lampe, ou l’ombre d’un papillon. Du reste, elle n’était déjà plus tournée vers Franck, à ce moment-là. Elle venait de ramener la tête dans l’axe de la table et regardait droit devant soi, en direction du mur nu, où une tache noirâtre marque l’emplacement du mille-pattes écrasé la semaine dernière, au début du mois, le mois précédent peut-être, ou plus tard. Le visage de Franck, presque à contre-jour, ne livre pas la moindre expression. Le boy fait son entrée pour ôter les assiettes. A… lui demande, comme d’habitude, de servir le café sur la terrasse. Là, l’obscurité est totale. Personne ne parle plus. Le bruit des criquets a cessé. Alain Robbe-Grillet — La Jalousie
Elle était fort déshabilléeEt de grands arbres indiscretsAux vitres jetaient leur feuilléeMalinement, tout près, tout près.Assise sur ma grande chaise,Mi-nue, elle joignait les mains.Sur le plancher frissonnaient d’aiseSes petits pieds si fins, si fins.– Je regardai, couleur de cireUn petit rayon buissonnierPapillonner dans son sourireEt sur son sein, – mouche au rosier.– Je baisai ses fines chevilles.Elle eut un doux rire brutalQui s’égrenait en claires trilles,Un joli rire de cristal.Les petits pieds sous la chemiseSe sauvèrent : « Veux-tu finir ! »– La première audace permise,Le rire feignait de punir !– Pauvrets palpitants sous ma lèvre,Je baisai doucement ses yeux :– Elle jeta sa tête mièvreEn arrière : « Oh ! c’est encor mieux !Monsieur, j’ai deux mots à te dire… »– Je lui jetai le reste au seinDans un baiser, qui la fit rireD’un bon rire qui voulait bien…– Elle était fort déshabilléeEt de grands arbres indiscretsAux vitres jetaient leur feuilléeMalinement, tout près, tout près. Arthur Rimbaud — Cahiers de Douai
Jacqueline Boivin s’était assise à leur table, un cartable d’écolier sur ses genoux, et sa grâce d’Éthiopienne émerveillait Louis. Ça s’est bien passé, ton cours ? demanda Brossier en l’embrassant sur le front. Très bien. Patrick Modiano — Une jeunesse
L’indifférence du sage pour qui tout pays est patrie et toute religion un culte valable à sa manière exaspérait mêmement cette foule de prisonniers ; si ce philosophique renégat, qui ne reniait pourtant aucune de ses croyances véritables, était pour eux tous un bouc émissaire, c’est que chacun, un jour, secrètement ou parfois même à son insu, avait souhaité sortir du cercle où il mourrait enfermé. Marguerite Yourcenar — L’Œuvre au Noir
Il a eu une postérité immédiate. Mais Huysmans est quand même en retrait : il est persuadé qu’on ne le comprend pas. On prend À rebours pour un roman imaginatif et baroque, alors que lui dit avoir écrit le parcours d’un aristocrate névrosé de l’époque. Il est dans le même état d’esprit d’incompréhension à la réception de ses romans catholiques qui se vendent bien. André Guyaux — Libération
Pierre Mauroy sait bien que, pour forcer la main des ministères et des administrations, il est parfois nécessaire de brûler ses vaisseaux en prenant des engagements publics avant de savoir comment les mettre en œuvre. Franz-Olivier Giesbert — Le vieil homme et la mort
Thomas buvait Gabriel, s’en emplissait en silence, amoureux décidé à brûler ses vaisseaux, convaincu qu’une telle occasion ne se présenterait jamais plus, qu’il tenait là l’unique chance de passer ses lèvres sur ce grain de peau lumineux qui lui ôtait le sommeil depuis des mois. Mathieu Riboulet — Le corps des anges
Féminité puissance sans égale Folle audace de tous ses assauts Prenant le monde comme on prend un bail, Elle part en brûlant ses vaisseaux. Boris Pasternak — Ma sœur la vie et autres poèmes
Nos enfants souffrent, ils rêvent de bien, d’amour et de jeux, ils les entraînent dans le mal, la haine et l’oisiveté. Ils n’ont que ce moyen pour vivre, se faire harraga, brûler la route, comme jadis on brûlait ses vaisseaux pour n’avoir pas à revenir. Boualem Sansal — Harraga
Quand on lui fait remarquer que certains de ses textes, qui utilisaient les termes « tapettes », « sauvages », etc., seraient effectivement difficilement acceptés aujourd’hui, l’humoriste ne comprend pas pourquoi certains mots sont devenus péjoratifs. Raphaël Gendron-Martin — Yvon Deschamps: des monologues encore choquants
C'est avec sa fidèle tapette à la main, marquée par les coups et l'usure du temps, que le vieux plâtrier façonnait patiemment ses œuvres d'art d'argile et de ciment. (Citation fictive)
Dans la danse éternelle de la nature, sur le même pédoncule, l’androgyne présente délicatement ses fleurs mâles et femelles, fusion harmonieuse des contraires. (Citation fictive)
Figure de proue de la littérature queer au Royaume-Uni, Jeanette Winterston a fait ses débuts en 1985 avec Les oranges ne sont pas les seuls fruits, récit semi-autobiographique récompensé la même année par le prix Whitbread du premier roman [...]. Nuit blanche — n° 164
Elle a rejoint depuis le cercle sensé de ceux qui, comme elle, fustigent l’inaptocratie, cette incapacité à gérer la vie sociale en préservant ce qui a fait ses preuves, ce qui est depuis la nuit des temps. Françoise Weck — Vieilles femmes : Portraits et fictions vraies