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Faillé

Définitions de « faillé »

Trésor de la Langue Française informatisé

FAILLE1, subst. fém.

A.− Étoffe de soie ou de rayonne, à gros grains formant des côtes. Des feuilles faisaient du bruit comme une robe de faille (Giono, Baumugnes,1929, p. 160).Un soyer au champagne se renversa sur une robe de faille amande (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 274):
Ces hauts de robes de mousseline d'organza accompagnent le soir d'amples jupes de faille ou de faille-shantung, cette vedette de la saison. Jardin des modes,avr. 1951p. 57.
B.− Vx. Voile de femme, mantile fait(e) avec cette étoffe. Les femmes de Bruxelles portent la faille, presque la mantille, ce qui les drape admirablement (Hugo, Fr. et Belg.,1885, p. 103).
Prononc. et Orth. : [faj]. Durée longue ou demi-longue ds Barbeau-Rodhe 1930 et Passy 1914. Enq. : /faj, (D)/. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiiies. « pièce d'étoffe dont les femmes se couvraient la tête » (Du prestre et d'Alison par G. le Normand ds Rec. gén des fabliaux, éd. A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. 2, p. 9); 2. 1752 taffetas à failles « étoffe de soie à gros grain » (Trév.); d'où 1829 failles (Boiste). Orig. obscure. Le m. néerl. falie, proposé comme étymon par REW3no3163 et EWFS2, est plus prob. empr. au fr. (v. Valkh., p. 134 et FEW t. 21, 1, p. 532a). Bbg. Mat., Mode Louis-Philippe 1951, p. 219. − Rétif (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, p. 456.

FAILLE2, subst. fém.

A.−
1. GÉOL. Fissure, cassure dans une couche géologique. On y sentait tout un réseau sous-jacent de filets liquides qui, par quelque faille souterraine, devaient s'épancher vers la rivière (Verne, Île myst.,1874, p. 46).
P. anal. Nous, là-haut, regardions filtrer la nuit bleue par les failles de la toiture (Saint-Exup., Courr. Sud,1928, p. 62).
2. MINES. Fente dans un filon. On ne causait que de la veine disparue, glissée sans doute plus bas, de l'autre côté de la faille (Zola, Germinal,1885, p. 1258).
B.− Au fig. Défaut, faiblesse. Tu es désintéressé, honnête, loyal, courageux, tu es conséquent avec toi-même; pas une faille! Ah! Ça doit être formidable de se sentir sans reproche! (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 468):
1. ... il y avait dans leur amour quelque chose qui ne serait jamais accompli, un point où ils ne seraient pas en harmonie. Lui, Jean ne soupçonnerait jamais cette faille, mais elle, il lui appartiendrait d'en souffrir. Daniel-Rops, Mort,1934, p. 180.
Sans faille. Le moindre de ses mouvements respirait la décision, l'élan, une volonté sans faille (Duhamel, Cécile,1938, p. 74).
En partic. Point faible :
2. La question de la génération spontanée était-elle vraiment tranchée par les belles expériences de Spallanzani? Non, certes, si importantes et ingénieuses qu'elles fussent, on doit reconnaître qu'une faille subsistait dans l'argumentation du savant italien. J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 72.
Prononc. et Orth. Cf. faille1. Étymol. et Hist. 1. 1130-40 sans faille « sans faute » (Wace, Vie de Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 429); ca 1165 faille « manque, défaut » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 5361); 2. 1619 mines, wallon faille (Usages suivis à Hornu et à Wasmes ds G. Decamps, Mém. hist. sur l'orig. et le développement de l'industrie houillère, I, p. 413 cité par Ruelle, p. 101). Déverbal de faillir1*. Fréq. abs. littér. : 134. Bbg. Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 309.

FAILLIR1, verbe intrans.

I.
A.− Céder, ne pas résister.
1. [Le suj. désigne une chose] Cet édifice a failli par le pied (Ac.).
P. anal. Vite essoufflé, le gars avait perdu sa prodigieuse souplesse et faillait d'ailleurs par les jarrets autant que par les coudes (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 152).
2. [Le suj. désigne une pers.] Gabinius, conduit le dernier dans la curie (...), faillit comme les autres (Mérimée, Conjur. Catilina,1844, p. 348):
1. Oui, ton âme fut belle, ainsi que ton génie; Elle ne faillit point devant la tyrannie, Et chanta dans les fers l'hymne de liberté. Barbier, Iambes,1840, p. 148.
B.− Manquer, faire faute, faire défaut. Je ne te faudrai point mon ami. Au lieu d'aller te mariner dans les Indes, il est beaucoup plus simple de naviguer de conserve avec moi dans les eaux de la Seine (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 353).Quelque chose de sa conscience d'honnête homme eût pu faillir dans les crises de la vie (Goncourt, Journal,1854, p. 128).Des sujets dont le loyalisme n'avait jamais failli (Barrès, Colline insp.,1913, p. 79):
2. Un homme de chez nous a fait ici jaillir, Depuis le ras du sol jusqu'au pied de la croix, Plus haut que tous les saints, plus haut que tous les rois, La flèche irréprochable et qui ne peut faillir. Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 678.
Faillir à + subst.Inflexible dans sa logique, la guerre ne faut pas, dans l'application, à ses propres maximes (Proudhon, Guerre et Paix,1861, p. 493).Faillir à son devoir, à sa destinée. Il s'agit ici de ne point faillir aux espoirs qu'ont reportés sur moi des créatures désespérées (Gide, Journal,1934, p. 1210).
3. ... ne craignez-vous pas d'outrager le marquis et sa fille en mettant le pied sur ces terres? N'est-ce point faillir du même coup au culte de l'amitié et à la religion du malheur? Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 43.
Faillir à sa parole, à sa promesse. Ne pas tenir sa parole, sa promesse. Il s'était juré de ne pas faillir à sa promesse. Il n'y faillirait pas (Mauriac, Galigaï,1952, p. 116).
Faillir à + inf.Je ne puis faillir à dire quelque chose en l'honneur des rois mages (Renan, Feuilles dét.,1892, p. 76):
4. ... je te prie, Philippe, que tu trouves des excuses à ces deux générations, dont l'une faillit à garder l'honneur et dont la seconde ne sut point le rétablir. Barrès, Amit. fr.1903, p. 211.
Avoir une défaillance. Quand il revit ce visage altéré à peine et sa beauté encore reconnaissable à travers la mort, le cœur lui faillit (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 2, 1863-69, p. 48).Enfin nous arrivâmes, moi, le cœur faillant, lui joyeux et affairé comme un démon (Green, Autre sommeil,1931, p. 93):
5. − Lisez, lisez, monsieur, s'écria Adamas, assurez-vous bien... − Je ne puis, dit le marquis, qui devint pâle, le cœur me faut! D'où vient ce papier? Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 1, 1858, p. 203.
Loc., vx. À jour faillant. ,,Lorsque le jour est près de manquer`` (Ac. 1835). Arriver à jour faillant (Ac. 1835). À nuit faillie, à jour failli. Après la tombée du jour. On l'accusait (...) d'escalader, à nuit faillie, les fenêtres des métairies (Fabre, Xavière,1890, p. 113):
6. Et voilà qu'à l'entrée de Soisy, le bel orphelinat (...) donne à ces roulottiers l'idée de laisser là un de leurs petits brame-la-faim, la plus jeune, la fillette toute mignonne, tout angélique, que l'on dépose, au jour failli, sous le porche haussé d'une croix. A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 289.
Proverbe. Au bout de l'aune faut le drap*.
C.− Au fig.
1. Tomber dans l'erreur, se tromper. Les plus doctes sont sujets à faillir (Ac.1932).Dans cette haute magistrature, sur tous les points il [Renan] faillit. Il n'admit pas la preuve ontologique (Barrès, Cahiers,t. 1, 1898, p. 173).
2. Commettre une faute. Je crus (...) ne pouvoir faillir en obéissant à la reine (Courier, Pamphlets pol.,1824, p. 71):
7. ... De faveurs sans égales J'ai joui, tout enfant, près du prince de Galles. Chaque fois que... Son altesse royale avait failli, j'avais Le privilège... De recevoir le fouet que méritait le prince. Hugo, Cromwell,1827, p. 145.
Spéc., vieilli. [Le suj. désigne une femme] Succomber à la séduction, se laisser séduire. Si vous n'aviez pas failli vous-même, jamais je ne vous aurais parlé de ces choses, car j'aurais craint de vous salir (Zola, Renée,1887, I, 2, p. 331):
8. ... il n'était pas fâché de voir cette Blanchotte (...) et il se disait peut-être, au fond de sa pensée, qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Papa de Simon, 1879, p. 18.
II.− [En fonction d'auxil. suivi de l'inf., pour exprimer qu'un fait a été près de se produire] Être tout près de, sur le point de, manquer de.
A.− Vx. Faillir de/à + inf.
Faillir de.À l'entrée de la nuit, nous faillîmes d'être arrêtés au village de Saint-Paternion (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 456).
Faillir àIl a failli à me blesser; il a failli à être ministre; cet événement faillit à retarder notre départ (Ac.1835, 1878).
B.− Usuel. Faillir + inf.Il se jeta tout effaré hors de sa chambre et faillit être renversé par maître Jolibois (Sandeau, Sacs,1851, p. 24).Elle faillit dire quelque chose; mais se tut (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 501):
9. ... il m'empoigna la taille et me donna, sur la nuque, un baiser qui faillit me décoiffer. − Tu es épatante... souffla-t-il... Ah! nom d'un chien! ... ce que tu sens bon... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 153.
Rem. 1. ,,Faillir n'est plus guère usité qu'à l'infinitif, au passé simple : je faillis, etc.; au futur : je faillirai, etc.; au conditionnel : je faillirais, etc.; et aux temps composés : j'ai failli, j'avais failli, etc.`` (Grev. 1969 § 701, p. 652). 2. On rencontre ds la docum. le part. passé adj. failli, vx ou région. Lâche. Chante. Quiche, afin de fouetter les jus de navet de leurs veines, d'activer, leur cœur failli et mollasson! (Arnoux, Rhône, 1944, p. 113). [Gabrielle] − Tenez, t'nez encore (...) Faillis! L'alcool de cidre débordait. Ils [les ouvriers] ne burent pas (La Varende, Indulg. plén., 1951, p. 155). Mar. Failli gars. Mauvais marin. Le navire était soûl; l'eau sur nous nous faisait nappe. − Aux pompes, faillis chiens! L'équipage fit − non − (Corbière, Am. Jaunes, 1873, p. 211). P. anal. [La vivandière :] Mais qui diable est-ce qui vous trahit, faillis soldats? (Richepin, Chien, 1898, p. 4). 3. La plupart des dict. gén. enregistrent a) La loc. (en termes de blas.) chevrons faillis. Chevrons brisés dans leurs montants. b) Faillance, subst. fém., vx. Manque, absence (de quelque chose).
Prononc. et Orth. : [faji:ʀ]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1040 « faire défaut (à quelqu'un) » d'une pers. (Alexis, éd. Chr. Storey, 495 : faldrat [futur]); 2. ca 1100 « manquer (à quelqu'un) » d'une chose (Roland, éd. J. Bédier, 2231 : Falt li le coer); 3. ca 1165 « manquer (à un devoir, un engagement), commettre une faute » (B. de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 15437). B. 1559 faillir à « manquer de peu » (Amyot, Pyrrhus, 70 ds Littré : Evalcus [...] luy tira un coup d'espée, duquel il faillit à lui couper la main). Du lat. vulg. *fallire, pour class. fallere « tromper, échapper à » d'où le sens de « manquer »; extension à l'inf. et au part. passé du rad. faill- régulier à l'ind. prés. (*falliunt) et à l'imp. (*falliebam). Bbg. Boulan 1934, p. 30. − Darbelnet (J.). Survivances lex. en fr.-can. In : Congrès International de Linguistique et Philologie romanes. 13. 1971. Québec. Québec, 1976, t. 2, p. 1136. − Laboriat (J.). Faillir et ses frères. Déf. Lang. fr. 1973, no70, pp. 6-7. − Leicht (H.). Morphologie und Semasiologie der französischen Verben faillir und falloir. Kiel, 1909, 63 p. − Lew. 1960, p. 65, 128 (s.v. faillance).

FAILLIR2, verbe intrans.

Faire faillite :
Dans ces conjonctures, le banquier Du Tillet (...) conseilla fortement à Roguin de garder une poire pour la soif, en embarquant ses clients les plus riches dans une affaire où il pourrait se réserver de fortes sommes, s'il était contraint à faillir en recommençant le jeu de la banque. Balzac, C. Birotteau,1837, p. 84.
Prononc. et Orth. : [faji:ʀ]. Ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1704 (Trév.). Inf. refait sur failli* qui a été pris pour un part. passé.
STAT. − Faillir1 et 2. Fréq. abs. littér. : 947. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 887, b) 1 746; xxes. : a) 1 752, b) 1 276. Failli. Fréq. abs. littér. : 1 193. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 200, b) 1 643; xxes. : a) 2 388, b) 1 731.

FALLOIR, verbe impers.

I.
A.− Faire besoin, faire défaut, manquer. Je me suis assuré de la manœuvre des embarcations. Il me faut encore trois jours (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 21).Il lui fallait cent francs. D'abord il crevait de faim. Puis Georgina, sa maîtresse, avait besoin d'argent (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 169):
1. Oui, certes, le sang et la chair Furent mes complices joyeux Dans le délice radieux D'avoir trouvé le maître cher, Le beau guide en ce monde laid, Le conseil franc et l'âme forte Et cette verve qui m'emporte Chez la femme qu'il me fallait! Verlaine, Œuvres compl.,t. 3, Livre posth., 1896, p. 139.
[Dans certains tours où le ton, la structure dénotent un souhait] C'est un manoir comme cela qu'il me faudrait! (Delacroix, Journal,1853, p. 45).
Spéc. [Comme substitut de réclamer, demander] Combien vous faut-il pour votre journée? Que vous faut-il pour votre peine? (Ac.1932).Combien vous faut-il? − Cent mille francs pour trois ans, dit le comte. − Possible, dit Gobseck (Balzac, Gobseck,1830, p. 413).
B.− (Dans le tour il s'en faut de, que, signifiant une différence en moins). Manquer.
1. [Suivi d'un syntagme nom. ou d'un adv. de quantité]
a) Il s'en faut de + subst. indiquant une quantité. Il s'en faut de moitié que ce vase soit plein (Ac.1932).Il s'en fallait donc de sept à huit cents piastres pour qu'à eux deux Franz et Albert pussent réunir la somme demandée (Dumas père, Monte-Cristo;t. 1, 1846, p. 537).C'est moi qu'étais responsable et répréhensible au cas qu'il se casserait la hure... il s'en fallait toujours d'un fil! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 452).
b) Il s'en faut (de) + adv. de quantité. Il s'en faut de beaucoup que ces deux hommes soient égaux (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 1, 1821, p. 217).Il ne s'en fallait guère qu'un accident ne mît un terme à tous mes projets (Chateaubr., Voy. Amér. et Ital.,t. 1, 1827, p. 16):
2. Notre père, notre père qui êtes aux cieux, de combien il s'en faut que votre nom soit sanctifié; de combien il s'en faut que votre règne arrive. Péguy, Myst. charité,1910, p. 8.
2. [Suivi d'une prop. complétive]
a) Il s'en faut que + prop. au subj. Un jour, j'avais prôné « La Bûcheronne » eh bien, il s'en fallait que la pièce fût bonne (Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 274):
3. ... bien que la physique ait deux grandes sections, l'optique et l'acoustique, dont les noms suffisent pour indiquer la dépendance où elles se trouvent de nos deux sens les plus élevés, il s'en faut que les liens de dépendance soient aussi étroits pour l'une que pour l'autre. Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 148.
Absol. Il s'en faut. Loin de là. Mais je ne sais pas l'arabe assez bien pour cela, il s'en faut (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1859, p. 302).Elle n'est pas la plus laide, il s'en faut (Colette, Naiss. jour,1928, p. 25):
4. Quant à avoir tous les vices, il s'en faut. Tout de même je m'en accorde quelques-uns. Mais j'ai pas de défaut. Tandis que toi, t'as pas un vice, pas un en tout. Seulement, tu possèdes tous les défauts. Guèvremont, Survenant,1945, p. 164.
b) Il s'en faut bien que + prop. au subj. Il s'en faut bien qu'elle soit sans agréments, et depuis peu elle voyait fort souvent un certain abbé Marquinot de Dijon (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 467).Il s'en faut bien que tout ce qui est dans l'esprit ne soit dans le cœur (Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 508).
Rem. L'emploi de la négation ne dans la prop. introduite par que est facultatif.
3. Peu s'en faut, tant s'en faut que + prop. au subj.Peu s'en fallait que je ne déchirasse tout cela (Gide, Journal,1893, p. 39):
5. Le flot de la colonisation chinoise, après s'être avancé du nord vers le sud, (...) finit (...) par se diviser, se ramifier en filets de plus en plus amincis. Mais tant il s'en faut que sa force d'expansion soit éteinte. Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 99.
Absolument
α) Peu s'en faut. Presque. Il a fini son travail ou peu s'en faut (Ac.1878-1932).
β) Tant s'en faut. Loin de là, bien au contraire. Bien que M. et MmeDe Cambremer ne fussent plus, tant s'en fallait, de la première jeunesse (Proust, Sodome,1922, p. 1087):
6. Vois-tu, dans ta caricature, C'est l'air dur que tu m'as prêté. Il n'est du tout dans ma nature. D'abord, je n'ai pas, tant s'en faut, La moustache aussi provocante; Avec ces crocs à la prévôt, J'ai l'air d'en défier cinquante. Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 214.
II.− Être nécessaire, indispensable, utile, convenable, bienséant.
A.−
1. Il faut + subst. Après la messe, il fallut encore trois quarts d'heure pour atteindre le cimetière (Flaub., Cœur simple,1877, p. 44).S'il se mêle de conter une vieille histoire, il lui faudra (...) la naïveté des foules humaines qu'il fait revivre et la critique la mieux avertie (France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. lxxvi):
7. Il paraît qu'il y a dans le cerveau des femmes une case de moins, et, dans leur cœur, une fibre de plus que chez les hommes. Il fallait une organisation particulière, pour les rendre capables de supporter, soigner, caresser des enfants. Chamfort, Max et pens.,1794, p. 65.
2. Il faut + inf.Mais où personne ne serait capable de se procurer en vingt-quatre heures un de ces livres qu'il « faut » avoir lus (France, Vie littér.,1891, p. 259).Il faut me pardonner, père (Mauriac, Mal Aimés,1945, III, 1, p. 223):
8. ... j'eus le sentiment qu'un devoir m'était dicté : réparer l'injustice des hommes à l'égard de Silbermann. Il me fallait non seulement l'aimer, mais prendre son parti contre tous. Lacretelle, Silbermann,1922, p. 69.
[À l'imp., avec valeur de cond. passé] Il fallait me précipiter dans les flots de la Baltique, comme Mentor précipita Télémaque (Krüdener, Valérie,1803, p. 53).Orian. − C'est vrai, il a voulu absolument que je vous parle. Pensée. − Il fallait refuser, Orian (Claudel, Père hum.,1920, I, 3, p. 504).
Emploi emphatique. Il faut voir. Il est intéressant, il est bon, il est curieux de voir.
[Avec valeur exclam.] La carriole se remplissait, il fallait voir! (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 204).Après six mois de tels assauts, il fallait voir le cargo, il ne restait plus un pied carré de peinture sur la coque (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 46).
[Exprime une réticence ou un défi] C'est ce qu'il faut voir! Le duc. − (...) nous le sauverons! Dubois. − C'est ce qu'il faudra voir! (Dumas père, Fille du régent,1846, III, 11, p. 232):
9. Madame de Vaubert, qui ne répondait à toutes ses questions que par ces mots : − il faut voir, il faut attendre, − n'était rien moins que rassurante. Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 232.
3. Il faut que + prop. au subj. Il faut que jeunesse se passe. Il faut que toute influence cléricale cesse d'agir sur son esprit (Massis, Jugements,1923, p. 48).Il faut donc qu'un pouvoir nouveau assume la charge de diriger l'effort français dans la guerre (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 303):
10. Il fallait, pour qu'il reprît son élan, que la notion de nature recouvrât consistance et autonomie, que les apparences visibles recommençassent à valoir par elles-mêmes. Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 134.
Spéc. S'il faut que. S'il doit arriver que. Ce pauvre garçon est amoureux de vous. − S'il fallait que j'écoutasse tous ceux qui sont amoureux de moi, je n'aurais seulement pas le temps de dîner (Dumas fils, Dam. Cam.,1848, p. 87):
11. knock. − Ce n'est pas en soignant les morts subites que vous avez pu faire fortune? le docteur. − Évidemment. (...) Il nous reste... d'abord la grippe. Pas la grippe banale, (...) non, je pense aux grandes épidémies mondiales de grippe. knock. − Mais ça, dites donc, c'est comme le vin de la comète. S'il faut que j'attende la prochaine épidémie mondiale! ... Romains, Knock,1923, I p. 3.
B.−
1. [Exprime une conjecture] Il fallait de l'audace et je ne sais quelle candeur passionnée pour concevoir et entreprendre un livre de cette sorte (Lemaitre, Contemp.,1855, p. 137).Dieu sait que les voitures ne manquaient pas à Luchon! Il fallait être une Fondaudège pour y avoir amené son équipage (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 44):
12. teissier. Vous êtes bien sûr que M. Vigneron au moment de son décès vous devait encore deux mille francs? dupuis. Oui, monsieur..., oui monsieur. Il faudrait que ma femme eût fait une erreur dans ses calculs, mais je ne le pense pas. Becque, Corbeaux,1882, IV, 10, p. 245.
2. [Dans un syntagme exprimant une restriction]
a) Encore faut-il. Le moi est l'unité des instants. Encore faut-il que le contenu de ces instants ne l'empêche pas de prendre conscience de cette unité (J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 9):
13. Il [le cheval] ne sait point souffler. Il s'excite de son action. Au cavalier de ménager, d'utiliser, d'exploiter ces ressources. Encore faut-il être le maître... Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 204.
b) [Dans une prop. cond. introduite par la conj. si] S'il faut. S'il fallait en croire le mouvement de tic qui parcourut la joue d'Aurifaber, la chose était d'importance (Jouve, Scène capit.,1935, p. 157):
14. Hélas! cette scène de « bal » n'eut, je le crains, rien d'exceptionnel, s'il faut en croire divers témoins directs que j'interroge tour à tour. Gide, Voy. Congo,1927, p. 743.
3. [Renforce une exclam.] Pourquoi faut-il que vous m'aimiez? (Musset, Confess. enf. s.,1836, p. 336):
15. hugo. − Rends-moi ces photos. jessica. − Douze photos de ta jeunesse rêveuse. À trois ans, à six ans, à huit, à dix, à douze, à seize. Tu les as emportées quand ton père t'a chassé, elles te suivent partout : comme il faut que tu t'aimes. Sartre, Mains sales,1948, 3etabl., I, p. 69.
C.− [Employé avec le substitut neutre le] Il le faut. Cela est nécessaire. Je suis condamné à parler autour des autres! Et il le faut, mon ministère ne va pas fort (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1896, p. 259).Un autre que moi, à supposer qu'il eût vu si clair, n'eût pas osé vous parler comme je fais ce soir. Il le faut cependant (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 133):
16. Les spirales d'encens et les accords de Luth Signalent ton entrée au temple de mémoire Et ton nom radieux chantera dans la gloire, Parce que tu m'aimas ainsi qu'il le fallut. Verlaine, Œuvres compl.,t. 3, Dédic., 1890, p. 140.
III.− Loc. Comme il faut
A.− À valeur adj.
1. Convenable, bienséant. Ça serait bien sage et bien comme il faut de sa part (Sand, Mare au diable,1846, p. 153).
2. De bonne éducation, bien élevé. C'était un grand savant. Un homme très comme il faut et d'une rectitude de vie qui commandait le respect (Prévert, Paroles,1946, p. 31).Il était petit et roux, avec un air comme il faut (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 27):
17. ... vous, qui avez révélé au monde qu'il existoit des gens sans naissance, comme si tous les hommes qui vivent n'étoient pas nés, des « gens de rien » qui étoient des hommes de mérite, et « d'honnêtes gens, des gens comme il faut » qui étoient les plus vils et les plus corrompus de tous les hommes. Robesp., Discours,Marc d'argent, t. 7, 1791, p. 166.
B.− À valeur adv. Comme cela doit être; d'une manière convenable, appropriée. Il signale des allures de la liberté qui l'importunent, (...) qui pourraient l'empêcher de terrasser comme il faut les spiritualistes, les mystiques (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 322):
18. Ce sont des sauvages, bon, mais qui après tout nous laissent bien tranquilles. Note que je suis prêt comme tout le monde à les recevoir comme il faut, s'ils revenaient. Gracq, Syrtes,1951, p. 67.
Rem. L'ell. du pron. il appartient à la lang. pop. S'il vient, vous le ferez attendre. Faut pas le faire passer dans ma chambre (T. Bernard, M. Codomat, 1907, p. 141). Mieux vaut rentrer. Faut être dispos demain (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 20). Ils barrent le chemin vers le pont... tire donc, bon dieu! Faut qu'on passe! (Genevoix, Raboliot, 1925).
Prononc. et Orth. : [falwa:ʀ]. Conjug. Verbe impers., 3 rad. : a) [fo-]. Ind. prés. : il faut; ind. fut. : il faudra; cond. prés. : il faudrait. b) [fal-]. Ind. imp. : il fallait; ind. passé simple : il fallut; ind. passé composé : il a fallu; ind. p.-q.-parf. : il avait fallu; ind. passé ant. : il eut fallu; ind. fut. ant. : il aura fallu; cond. 1reforme : il aurait fallu, 2eforme : il eût fallu; subj. imparf. : qu'il fallût; subj. passé : qu'il ait fallu; subj. p.q.-parf. : qu'il eût fallu; part. passé : fallu. c) [faj]. Subj. prés. : qu'il faille. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 petit en falt que « peu s'en faut que » (Enéas, éd. J.-J. Salverda de Grave, 5436-37); 1176-81 molt po de chose s'an failloit (que) (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. M. Roques, 1434); 2. ca 1165 exprime le besoin, la nécessité (Chr. de Troyes, G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 900 : Et il plus a, et plus li faut); 3. mil. xves. impers. il faut que « il est inévitable que » (J. Régnier, Fortunes et adversités, éd. E. Droz, p. 99, 2756 ds IGLF : Ainsi fault que mon temps s'en aille); 4. 1548 (je dy) comme il faloit « comme il convenait » (N. du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 153 ds IGLF); 1790 loc. adj. (Le Rat du Châtelet, p. 9, ibid. : gens de bon ton, gens comme il faut); 5. 1657-62 exprime une supposition propre à expliquer un fait, une situation (Pascal, Pensées, éd. Brunschvicg, t. 14, p. 18, ibid. : et ce sens spirituel est si clairement expliqué en quelques endroits, qu'il fallut un aveuglement pareil à celui que la chair jette dans l'esprit quand il lui est assujetti, pour ne pas le reconnaître). Réfection de faillir* (pris au sens de « manquer, faire défaut ») d'apr. la 3epers. faut (lat. *fallit) sur le modèle de valoir*. Au sens 3 a évincé les plus anc. estovoir (xies. ds T.-L.) et estre mestier (xiies., ibid.). Fréq. abs. littér. Falloir : 88 211. Fallu : 3 820. Fréq. rel. littér. Falloir : xixes. : a) 114 821, b) 121 594; xxes. : a) 128 588, b) 134 700. Fallu : xixes. : a) 4 644, b) 4 620; xxes. : a) 5 555, b) 6 466. Bbg. Aymeric (J.). Ind. après craindre, falloir, vouloir. Z. fr. Spr. Lit. 1889, t. 11, p. 269. − Baarslag (A. F.). Falloir, essentiellement ou accidentellement impersonnel? R. des lang. vivantes. 1965, t. 31, pp. 149-157. − Cornulier (B. de). Sur une règle de déplacement de nég. Fr. mod. 1973, t. 41, pp. 44-56. − Fox (J.). Remarks on estuet and il faut. Fr. St. 1953, t. 7, pp. 56-58. − Leicht (H.). Morphologie und Semasiologie der französischen Verben faillir und falloir. Kiel, 1909, 63 p. − Rickard (P.). (Il) estuet, (il) convient, (il) faut and their constructions in Old and Middle French. In : [Mél. Harmer (L. C.)]. London-Toronto-Wellington, 1970, pp. 65-92. − Togeby (K.). Il le faut. In : [Mél. Lombard (A.)]. Lund, 1969, pp. 220-226.

Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition (1932-1935)

FAILLE. (Dans ce mot et dans les six suivants, AILLE se prononce AYE.) n. f.
Sorte d'étoffe de soie à gros grain.

Phonétique du mot « faillé »

Mot Phonétique (Alphabet Phonétique International) Prononciation
faillé faje

Fréquence d'apparition du mot « faillé » dans le journal Le Monde

Source : Gallicagram. Créé par Benjamin Azoulay et Benoît de Courson, Gallicagram représente graphiquement l’évolution au cours du temps de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs syntagmes dans les corpus numérisés de Gallica et de beaucoup d’autres bibliothèques.

Évolution historique de l’usage du mot « faillé »

Source : Google Books Ngram Viewer, application linguistique permettant d’observer l’évolution au fil du temps du nombre d'occurrences d’un ou de plusieurs mots dans les textes publiés.

Citations contenant le mot « faillé »

  • Le contact faillé entre les Formations de St-Victor et de Beauceville est de plus indique? par les contrastes magne?tiques et gravime?triques observe?s dans ce secteur. Ces contrastes de proprie?te?s physiques des unite?s rocheuses ne peuvent pas s'expliquer par une simple structure synclinale. Conséquemment, la pre?sence d'une faille est hautement probable dans le secteur de la rivière Gilbert. Les lignes passent à proximité d'anciens puits d'exploitations aurife?res du 19ie?me et 20ie?me sie?cle. Les vestiges de ces derniers sont encore bien visibles dans le secteur de l'anomalie  localisée en dessous de la station de 600m le la ligne L3.
    Champs d'Or en Beauce en attente des résultats des 250 échantillons de roc et complète 3 lignes IP supplémentaires sur les anciennes mines d'or de Saint-Simon-les-Mines
  • De quoi réjouir une vaillante équipe qui avait caracolé en tête pendant toute la saison régulière, a faillé lors des phases finales mais a su se ressaisir en championnat de France.
    La-R%C3%A9publique-des-Pyr%C3%A9n%C3%A9es — Rugby : Barcus monte en Fédérale 3 ! - La République des Pyrénées.fr
  • Parmi le trio, un joueur fait mieux. Ce joueur n’est autre que Mohamed Salah qui a trouvé la faillé à 94 reprises. Le Pharaon est suivi par Sadio Mané avec 79 buts et Firmino qui compte 77 buts.
    Afrique Sports — Mané, Salah, Firmino ? Voici le meilleur buteur du trio offensif de Liverpool
  • "Les négociations ont été difficiles, dures et ont faillé échouer à plusieurs reprises", a commenté Uwe Nostitz, de l'organisation patronale ZDB.
    Accord salarial dans le secteur allemand du BTP - EasyBourse
  • papi 81 tu est complètement "fanfan' et faillé...
    ladepeche.fr — Le lac de la discorde entre Colomiers et Cornebarrieu - ladepeche.fr

Traductions du mot « faillé »

Langue Traduction
Anglais fault
Espagnol culpa
Italien colpa
Allemand fehler
Chinois 故障
Arabe خطأ
Portugais culpa
Russe придираться
Japonais 過失
Basque akats
Corse difettu
Source : Google Translate API

Antonymes de « faillé »

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Nombre de points du mot faillé au scrabble : 8 points

Faillé

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