Virginie Despentes : Vernon Subutex - critique
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Je viens de lire Vernon Subutex à la BNF, techno berlinoise au casque, le coeur qui palpite tellement j’ai aimé. Vernon Subutex c’est un galimatias signifiant de personnages qui n’ont pas grand chose en commun, à part peut être le fait d’être à la marge, d’être Rock’n’Roll comme on dit, et un peu déprimé. Finalement ces personnages un peu destroy, on les a tous croisé un jour ou l’autre, dans des soirées où tout le monde est arraché… quand votre cousin vous emmène un peu malgré vous dans une rave… dans le dernier métro du samedi soir… dans une exposition sur Houellebecq… et surtout dans les endroits les plus banals, là où on ne s’attend pas à tomber sur un galérien de la vie. Les bourgeois ne veulent pas les voir et se mettent des oeillères mentales ; les autres les utilisent comme une belle aventure, le petit gramme de folie qu’on aime sniffer de temps en temps, mais pas trop quand même.
Le problème avec les Vernon Subutex, c’est qu’ils ne se rendent pas compte que la société les bouffe de partout. Ce sont les bisounours du XXIème siècle, des cloportes sympathiques qui ont tendance à se réfugier sous les semelles de chaussure. Vernon Subutex est parfaitement inapte au capitalisme. Il perd son travail de disquaire indépendant avec l’arrivée d’internet, il ne s’adapte pas, ne sent pas le vent tourner - innocente grenouille plongée dans une casserole en ébullition - il sombre. Puisqu’il ne peut plus vendre sa force de travail, le système capitaliste absorbe à petit feu ses choses (celles là même qu'accumulaient les personnages du roman de Georges Perec), sur Ebay d’abord, puis les huissiers. Il ne reste plus que des contacts, fruits d’une vie de fête et d’une clientèle musicophile fidèle.
Avec la mort de son ami et célèbre chanteur Alex Bleach, qui l’aide financièrement de manière totalement désintéressée, on comprend que la solidarité disparaît pour laisser place à une aide calculée et froide. On découvre Xavier, père de famille en manque de succès, qui accepte d’héberger Vernon à condition qu’il garde sa chienne. Ensuite Sylvie qui l’utilise pour combler sa solitude et son manque de sexe. Il y a aussi Kiko, plein aux as, qui ouvre ses portes car l’ancien disquaire peut servir de DJ pour ses fêtes privées. Et puis il y a tous ces personnages secondaires, la meute… les vautours… les cupides… les hyènes… qui tournoient autour d’un Vernon Titanic dans l’unique but de lui arracher sa dernière possession : des enregistrements mystérieux du feu Alex Bleach. Alors là on voit l’humanité inhumaine, corrompue par la société capitaliste, insatiable, dégueulasse, à vomir…
Si on ne peut plus aider ses potes en galère par simple amitié, ce qu’on devient “c’est le truc le plus triste qu’on ait jamais connu”.
Le livre : Vernon Subutex de Virginie Despentes (Grasset, 2015)
QUI EST VERNON SUBUTEX ?
Une légende urbaine. Un ange déchu. Un disparu qui ne cesse de ressurgir. Le détenteur d’un secret. Le dernier témoin d’un monde disparu. L’ultime visage de notre comédie inhumaine. Notre fantôme à tous.
"Magistral et fulgurant. Une œuvre d'art."
François Busnel, L'Express.
"Dans cette peinture d'une France qui dégringole dans la haine et la précarité, Virginie Despentes touche au sommet de son art."
Alexis Brocas, Le Magazine littéraire.
"Une comédie humaine d'aujourd'hui dont Balzac pourrait bien se délecter."
Pierre Vavasseur, Le Parisien.
- Nombre de pages : 400
- Prix : 19,90 euros
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L'auteur : Virginie Despentes
Virginie Despentes est l’auteur, notamment, de Baise-moi (1993, adapté au cinéma et coréalisé avec Coralie Trinh Thi), Les jolies choses (1998), Teen Spirit (2002), Bye bye Blondie (2004, adapté au cinéma par l’auteur), King Kong Théorie (2006), Apocalypse bébé (2010, prix Renaudot).
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