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Avant de présenter ma candidature à Augsbourg, j’ai postulé à Oxford. Lorsque j’ai reçu la lettre de refus, j’ai été déçue, mais aussi soulagée car étudier là-bas en troisième cycle m’aurait coûté plusieurs dizaines de milliers de livres… Courrier International — “Quand je suis partie étudier en Allemagne
Aussi, fier de son service, qui nécessitait un louage de chevaux extraordinaire, Pierrotin disait-il : « Nous avons joliment marché ! » Pour pouvoir faire neuf lieues en cinq heures dans cet attirail, il supprimait alors les stations que les cochers font, sur cette route, à Saint-Brice, à Moisselle et à La Cave. Honoré de Balzac — Un Début dans la vie
Vaut-il pas mieux arranger la chose que risquer de mettre les gens sens dessus dessous, de bouleverser ma commune ? Une commune aussi tranquille. Georges Bernanos — Monsieur Ouine
Vue sous cet angle, l'innovation, qui s'apparente ici à l'imaginaire extravagant et démesuré de l'enfance, se fixe aussi pour objectif d'étonner et de détonner, de nous désorienter ou de tromper notre attente. Elle s'évertue donc à mettre notre univers quotidien sens dessus dessous en déjouant sa logique. Eugène Ionesco — La Leçon
Pierrick Massiot a cité Jean de la Fontaine, hier. Le président de la Région Bretagne a choisi la courte fable Le Lion et le Rat pour illustrer la signature du contrat du pays de Lorient. Un lion sauve un rat et personne ne comprend pourquoi. Jusqu'au jour où le lion, pris dans des filets, est libéré par le rat fort content d'en grignoter les mailles. ‘’C'est finalement un assez bon résumé de notre politique de partenariat : se souvenir que l'on a aussi besoin de plus petit que soi, a suggéré Pierrick Massiot. Nous prônons la coopération territoriale au sein des pays.’’ ouest-france.fr — 9 juillet 2015
Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie. Le luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté. A côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroterie. Mais l'enfant riche ne s'occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu'il regardait : De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère. Charles Baudelaire — Petits poèmes en prose
Lettre CLIII :Le Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.Je réponds sur-le-champ à votre Lettre, et je tâcherai d'être clair ; ce qui n'est pas facile avec vous, quand une fois vous avez pris le parti de ne pas entendre.De longs discours n'étaient pas nécessaires pour établir que chacun de nous ayant en main tout ce qu'il faut pour perdre l'autre, nous avons un égal intérêt à nous ménager mutuellement : aussi, ce n'est pas de cela dont il s'agit. Mais encore entre le parti violent de se perdre, et celui, sans doute meilleur, de rester unis comme nous l'avons été, de le devenir davantage encore en reprenant notre première liaison, entre ces deux partis, dis-je, il y en a mille autres à prendre. Il n'était donc pas ridicule de vous dire, et il ne l'est pas de vous répéter que, de ce jour même, je serai ou votre Amant ou votre ennemi. (…)Deux mots suffisent.Paris, ce 4 décembre 17**.Réponse de la Marquise de Merteuil (écrite au bas de la même Lettre).Eh bien ! la guerre. Pierre Choderlos de Laclos — Les Liaisons dangereuses
On dit aussi, faire une chose à bâtons rompus, pour dire, après plusieurs reprises et interruptions, par une métaphore tirée des dessins semblables de tapisserie. Antoine Furetière — Dictionnaire Universel
Il existe aussi tout un commerce de poisson dans des récipients des couloirs avec des étals de glace pilée et de cacahouètes tout cela se mêlant à des séances de marionnettes, des glapissements de chansons chinoises, des fumeries d'opium... Pablo Neruda — Né pour naître
Latchmer chercha son père, mais lui aussi semblait avoir disparu. Tout le monde regardait sa grand-mère, qui courait à travers le cimetière en hurlant « Salope ! Salope ! » Mais miss Mitchell s’était volatilisée. Une haie de buis cacha soudain la grand-mère, mais Latchmer l’entendait toujours pousser des cris d’orfraie. Derrière lui, les gens commençaient à s’en aller. Stephen Dobyns — Un chien dans la soupe
L’humidité avait été profitable, aussi Armstid a dit « Vous êtes les bienvenus chez moi. Vous pouvez la laisser là. » William Faulkner — Tandis que j’agonise
La loi grecque assure cependant à la femme une dot qui sert à son entretien et qui doit lui être intégralement restituée si le mariage est dissous ; elle autorise aussi en certains cas très rares la femme à demander le divorce mais ce sont les seules garanties que la société lui octroie. Simone de Beauvoir — Le deuxième sexe
Ainsi l’on se mit à dire, par antiphrase, des propos et des renommées, vrai, sincère, garanti comme une blague à tabac. Au lieu de jabots, il y eut des vessies, soigneusement attifées et gonflées, que les marchands d’herbe à la reine suspendaient dans leurs boutiques, avec bouffettes et pendeloques en soie, à la façon des lanternes chinoises ; de là peut-être aussi le proverbe : Prendre des vessies pour des lanternes. Auguste Luchet — Les Mœurs d’aujourd’hui
La nuit, tous les chats sont gris ? Pas sûr : non contente d’artificialiser les territoires, l’urbanisation les a aussi illuminés. À grands coups de lampadaires, enseignes et autres écrans on y voit comme en plein jour. Si l’éclairage sécurise, il produit aussi toute une série de problèmes que l’on commence à peine à mesurer. La lumière perturbe la faune et la flore, empêche les humains d’observer l’espace, et nuit à leur sommeil. Libération — 20 décembre 2019
Cet appartement était aussi confortablement meublé que peut l’être une garçonnière. Mais comme un intérieur prend à la longue la physionomie et peut-être la pensée de celui qui l’habite, le logis d’Octave s’était peu à peu attristé ; le damas des rideaux avait pâli et ne laissait plus filtrer qu’une lumière grise. Les grands bouquets de pivoine se flétrissaient sur le fond moins blanc du tapis ; l’or des bordures encadrant quelques aquarelles et quelques esquisses de maîtres avait lentement rougi sous une implacable poussière ; le feu découragé s’éteignait et fumait au milieu des cendres. La vieille pendule de Boule incrustée de cuivre et d’écaille verte retenait le bruit de son tic-tac, et le timbre des heures ennuyées parlait bas comme on fait dans une chambre de malade ; les portes retombaient silencieuses, et les pas des rares visiteurs s’amortissaient sur la moquette ; le rire s’arrêtait de lui-même en pénétrant dans ces chambres mornes, froides et obscures, où cependant rien ne manquait du luxe moderne. Théophile Gautier — Récits fantastiques
« Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui fouille et creuse le vrai tant qu’il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit ; celui-là aime à rire et se plaît dans les animalités de l’homme. » Lettre à Louise Colet — 16 janvier 1852
Je ne pouvais plus avoir de doutes, l'abbé Sérapion avait raison. Cependant, malgré cette certitude, je ne pouvais m'empêcher d'aimer Clarimonde et je lui aurais volontiers donné tout le sang dont elle avait besoin pour soutenir son existence factice. D'ailleurs, je n'avais pas grand-peur; la femme me répondait du vampire, et ce que j'avais entendu et vu me rassurait complètement; j'avais alors des veines plantureuses qui ne se seraient pas de sitôt épuisées, et je ne marchandais pas ma vie goutte à goutte. Je me serais ouvert le bras moi-même et je lui aurais dit : « Bois ! et que mon amour s'infiltre dans ton corps avec mon sang! ». J'évitais de faire la moindre allusion au narcotique qu'elle m'avait versé et à la scène de l'aiguille, et nous vivions dans le plus parfait accord. Pourtant mes scrupules de prêtre me tourmentaient plus que jamais, et je ne savais quelle macération nouvelle inventer pour mater et mortifier ma chair. Quoique toutes ces visions fussent involontaires et que je n'y participasse en rien, je n'osais pas toucher le Christ avec des mains, aussi impures et un esprit souillé par de pareilles débauches réelles ou rêvées. Pour éviter de tomber dans ces fatigantes hallucinations, j'essayais de m'empêcher de dormir, je tenais mes paupières ouvertes avec les doigts et je restais debout au long des murs, luttant contre le sommeil de toutes mes forces; mais le sable de l'assoupissement me roulait bientôt dans les yeux, et, voyant que toute lutte était inutile, je laissais tomber les bras de découragement et de lassitude, et le courant me rentraînait vers les rives perfides. Théophile Gautier — La Morte Amoureuse
À mesure qu'elle écrivait à Jean, elle a vu se dessiner ce que sera sa vie. Son père a détruit ce premier avenir qu'elle s'était forgé, elle en a construit un autre, aussi beau, plus proche. Cette fois-ci ce n'est pas un espoir, ce sera bientôt réalité. René Barjavel — Tarendol
Afin de ne pas être pris par derrière, il s’accula contre le portail d’une maison d’apparence quasi princière, et là, ramassé sur lui-même, il présentait aux glaives son bouclier humain, dont il usait aussi parfois, à l'instar d'un martel, pour assommer les troupiers soûls de fureur Léon Cladel — Ompdrailles
De fait, cette fois-ci, il avait débarqué sur l'île avec une humeur si préoccupée et si noire qu'il se désintéressait non seulement de Carminé mais aussi du reste de sa famille Elsa Morante — L'Île d'Arturo