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Pour une femme, le mariage était la vie ou la mort, l'espérance de s'en sortit mieux à deux ou la plongée définitive. Il fallait donc reconnaître l'homme capable de "rendre une femme heureuse". Naturellement, pas un gars de la terre, même riche, qui vous ferait traire les vaches dans un village sans électricité. Mon père travaillait à la corderie, il était grand, bien mis de sa personne, un "petit genre". Il ne buvait pas, gardait sa paye pour monter son ménage. Il était d'un caractère calme, gai, et il avait sept ans de plus qu'elle (on ne prenait pas un "galopin"!). En souriant et rougissant, elle racontait : "J'étais très courtisée, on m'a demandée en mariage plusieurs fois, c'est ton père que j'ai choisi." Ajoutant souvent : "Il n'avait pas l'air commun. Annie Ernaux — Une Femme
Elle veut voir la télé tout de suite. Il lui est impossible d'attendre que j'ai débarrassé la table. Maintenant elle ne comprend plus rien, que son désir. Annie Ernaux — "Je ne suis pas sortie de ma nuit"
J'ai quatre ans, il m'apprend à enfiler mon manteau en retenant les manches de mon pull-over entre mes poings pour qu'elles ne boulichonnent pas en haut des bras. Rien que des images de douceur et de sollicitude. Chefs de famille sans réplique, grandes gueules domestiques, héros de la guerre ou du travail, je vous ignore, j'ai été la fille de cet homme-là. Annie Ernaux — La femme gelée
Elle est morte. J'ai une peine immense. Depuis ce matin, je pleure. Je ne sais pas ce qui est en train de se passer. Tout est là. Les comptes sont arrêtés, oui. On ne peut pas prévoir la douleur. Ce désir de la voir encore. Ce moment est arrivé sans que je l'aie imaginé, prévu. Je la préférais folle que morte. Annie Ernaux — "Je ne suis pas sortie de ma nuit"
Elle a toujours eu honte de l'amour. ils n'avaient pas de caresses ni de gestes tendres l'un pour l'autre. devant moi, il l'embrassait d'un coup de tête brusque, comme par obligation, sur la joue. Il lui disait souvent des choses ordinaires mais en la regardant fixement, elle baissait les yeux et s'empêchait de rire, j'ai compris qu'il lui faisait des allusions sexuelles. Annie Ernaux — La place
«Je dis passion fixe, puisque j'ai eu beau changer, bouger, me contredire, avancer, reculer, progresser, évoluer, déraper, régresser, grossir, maigrir, vieillir, rajeunir, m'arrêter, repartir, je n'ai jamais suivi, en somme, que cette fixité passionnée. J'ai envie de dire que c'est elle qui me vit, me meurt, se sert de moi, me façonne, m'abandonne, me reprend, me roule. Je l'oublie, je me souviens d'elle, j'ai confiance en elle, elle se fraye un chemin à travers moi. Je suis moi quand elle est moi. Elle m'enveloppe, me quitte, me conseille, s'abstient, s'absente, me rejoint. Je suis un poisson dans son eau, un prénom dans son nom multiple. Elle m'a laissé naître, elle saura comment me faire mourir. » Philippe Sollers — Passion fixe
Les critiques de ce livre sont plutôt négatives, cela ne m'étonne pas plus que tant, mais je tiens quand même à défendre ce que j'ai aimé. Certaines longueurs, certes. Un style pas toujours digeste ? Par moment, c'est également vrai. D'ailleurs, l'auteur retrouvera par la suite une sobriété plus grande. Des inepties ? Cela par contre non, je ne suis pas d'accords. L'auteur touche juste et fait preuve d'une grande subtilité. Je me suis procuré ce livre après avoir lu une interview de son auteur sur le net. Ce qu'il disait de Lacan avait titillé ma curiosité et j'avais choisi ce pavé parmi d'autres livres à la bibliothèque de mon quartier. Je l'ai dévoré en 5 jours. Franchement, l'un des meilleurs livres que j'ai lu. Riche. Dense, Intelligent. Subtile. Critique. C'est vrai aussi que je n'aime ni le nouveau roman, ni le roman actuel. Un livre qui se lit comme on regarde un film, je ne croche généralement pas. Je suis plutôt un lecteur d'essai et de philosophie. Mais ce livre m'a réconcilié avec la littérature. J'ai depuis lu quatre ou cinq livres de Sollers que je ne connaissais pas. Je ne lis jamais les journaux littéraires et provincial, je ne connaissais pas son auteur. J'ai découvert quelqu'un qui défend une sensibilité qui est aussi la mienne : une certaine profondeur pas toujours policée de l'âme, l'homme hétérosexuel, l'Italie, une certaine façon de lire la Bible, Picasso. J'y ai découvert un auteur pour la vie. Merci Monsieur Sollers. Philippe Sollers — Femmes
Faites l'expérience de vous dire sans cesse : j'étais là, je suis là, je serai toujours là, je suis avec moi jusqu'à la fin des temps, le ciel et la terre passeront, mais ma certitude ne passera pas. Le résultat est terrifiant ou comique. À moins de prendre tout ça à la légère, sur la pointe des pieds, de marcher sur l'eau, de voler. Regardez : j'ai l'air d'un boeuf mais je plane, je suis une mouette, un faucon, un héron. Ma vie est dans les fleurs, les marais, les vignes, les vagues. Je migre, je transmigre, je me réincarne au jugé. On m'enterre, je ressuscité ; on m'incinère, mes atomes persistent et se recomposent plus loin. Dans le monde humain, il m'arrive d'attendre longtemps avant de me reconnaître. J'ai des rêves, des attaques, des pressentiments, je fais des rencontres, je suis bien obligé d'admettre que je suis un autre, et soudain me revoilà,c'est plus fort que moi. Ici, il faut que je me parle doucement à mi-voix, comme quelqu'un qui a peur de réveiller des gens qui dorment et qu'il aime. Philippe Sollers — Une vie divine
Comme il n y avait rien, après tout, dans le gros de ma conduite, qui pût me déshonorer absolument, du moins en la mesurant sur celle des jeunes gens d'un certain monde, et qu'une maîtresse ne passe point pour une infamie dans le siècle où nous sommes, non plus qu'un peu d'adresse à s'attirer la fortune du jeu, je fis sincèrement à mon père le détail de la vie que j'avais menée. A chaque faute dont je lui faisais l'aveu, j'avais soin de joindre des exemples célèbres, pour en diminuer la honte. Je vis avec une maîtresse, lui disais-je, sans être lié par les cérémonies du mariage : M. le duc de... en entretient deux, aux yeux de tout Paris ; M. de... en a une depuis dix ans, qu'il aime avec une fidélité qu'il n'a jamais eue pour sa femme ; les deux tiers des honnêtes gens de France se font honneur d'en avoir. J'ai usé de quelque supercherie au jeu : M. le marquis de... et le comte de... n'ont point d'autres revenus ; M. le prince de... et M. le duc de... sont les chefs d'une bande de chevaliers du même Ordre. Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut
Je sens bien que je n'ai jamais mérité ce prodigieux attachement que vous avez pour moi. Je vous ai causé des chagrins, que vous n'avez pu me pardonnez sans une bonté extrême. J'ai été légère et volage, et même en vous aimant éperdument , comme je l'ai toujours fait, je n'étais qu'une ingrate. Mais vous ne sauriez croire combien je suis changée. Mes larmes, que vous avez vu couler si souvent depuis notre départ de France, n'ont pas eu une seule fois mes malheurs pour objet. J'ai cessé de les sentir aussitôt que vous avez commencé à les partager. Je n'ai pleuré que de tendresse et de compassion pour vous. Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut
Il demeura quelque temps à me considérer sans me répondre. Comme je n'en avais pas à perdre, je repris la parole pour lui dire que j'étais fort touché de ses bontés ; mais que la liberté étant le plus cher de tous les biens, surtout à moi, à qui on la ravissait injustement, j'étais résolu de me la procurer cette nuit même à quelque prix que ce fût ; et de peur qu'il ne lui prît envie d'élever la voix pour appeler au secours, je lui fis voir une honnête raison de silence que je tenais sous mon justaucorps. Un pistolet ! me dit-il. Quoi, mon fils ! vous voulez m'ôter la vie, pour reconnaître la considération que j'ai eue pour vous ? Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut
J' ai été légère et volage ; et même en vous aimant éperdument, comme j'ai toujours fait , je n' étais qu' une ingrate . Mais ne sauriez croire combien combien je suis changée . Abbé Antoine Prévost — Manon Lescaut
Une pensée peut s'allumer comme un bandage et sauter comme une certaine couleur verte que j'ai composée une fois avec le sang du colibri, le caoutchouc des bicyclettes à califourchon sur un fil télégraphique. Cette citation provient d'une revue dirigée par André Breton.
Ébranleur du sol, tu me dirais que j'ai l'esprit atteint, si je partais en guerre contre toi pour de pauvres humains, pareils à des feuilles, qui tantôt vivent pleins d'éclat, en mangeant le fruit de la terre, et tantôt se consument et tombent au néant. (grc) Ἐννοσίγαι' οὐκ ἄν με σαόφρονα μυθήσαιο ἔμμεναι, εἰ δὴ σοί γε βροτῶν ἕνεκα πτολεμίξω δειλῶν, οἳ φύλλοισιν ἐοικότες ἄλλοτε μέν τε ζαφλεγέες τελέθουσιν ἀρούρης καρπὸν ἔδοντες, ἄλλοτε δὲ φθινύθουσιν ἀκήριοι.
Annie : Et vous êtes combien à prendre soin de conseiller vos clients pour que ça leur coûte moins cher ? Max : On était deux à le faire. L'autre, j'ai dû l'éliminer, je déteste la compétition. Jada Pinkett Smith et Jamie Foxx, Collatéral (2004), écrit par Stuart Beattie
Max : Vous avez tué ce mec ? Vincent : J'ai tiré sur ce mec. Les balles et la chute l'ont tué. Jamie Foxx et Tom Cruise, Collatéral (2004), écrit par Stuart Beattie
Lohengrin : Du Graal pourtant le merveilleux mystère, À l'œil de nul mortel ne doit s'offrir, Chacun de nous subit la loi sévère. S'il est connu soudain il doit partir ! Eh bien! Je vais parler, puisqu'on l'ordonne: Le Graal m'envoie et j'ai suivi sa loi; Mon père, Parzival porte sa couronne Et Lohengrin, son chevalier, c'est moi. Lohengrin répondant à une question d'Elsa
Mais les signes de ce qui m'attendait réellement, je les ai tous négligés. Je travaille mon diplôme sur le surréalisme à la bibliothèque de Rouen, je sors, je traverse le square Verdrel, il fait doux, les cygnes du bassin ont reparu, et d'un seul coup j'ai conscience que je suis en train de vivre peut-être mes dernières semaines de fille seule, libre d'aller où je veux, de ne pas manger ce midi, de travailler dans ma chambre sans être dérangée. Je vais perdre définitivement la solitude. Peut-on s'isoler facilement dans un petit meublé, à deux. Et il voudra manger ses deux repas par jour. Toutes sortes d'images me traversent. Une vie pas drôle finalement. Mais je refoule, j'ai honte, ce sont des idées de fille unique, égocentrique, soucieuse de sa petite personne, mal élevée au fond. Un jour, il a du travail, il est fatigué, si on mangeait dans la chambre au lieu d'aller au restau. Six heures du soir cours Victor-Hugo, des femmes se précipitent aux Docks, en face du Montaigne, prennent ci et ça sans hésitation, comme si elles avaient dans la tête toute la programmation du repas de ce soir, de demain peut-être, pour quatre personnes ou plus aux goûts différents. Comment font-elles ? [...] Je n'y arriverai jamais. Je n'en veux pas de cette vie rythmée par les achats, la cuisine. Pourquoi n'est-il pas venu avec moi au supermarché. J'ai fini par acheter des quiches lorraines, du fromage, des poires. Il était en train d'écouter de la musique. Il a tout déballé avec un plaisir de gamin. Les poires étaient blettes au coeur, "tu t'es fait entuber". Je le hais. Je ne me marierai pas. Le lendemain, nous sommes retournés au restau universitaire, j'ai oublié. Toutes les craintes, les pressentiments, je les ai étouffés. Sublimés. D'accord, quand on vivra ensemble, je n'aurai plus autant de liberté, de loisirs, il y aura des courses, de la cuisine, du ménage, un peu. Et alors, tu renâcles petit cheval tu n'es pas courageuse, des tas de filles réussissent à tout "concilier", sourire aux lèvres, n'en font pas un drame comme toi. Au contraire, elles existent vraiment. Je me persuade qu'en me mariant je serai libérée de ce moi qui tourne en rond, se pose des questions, un moi inutile. Que j'atteindrai l'équilibre. L'homme, l'épaule solide, anti-métaphysique, dissipateur d'idées tourmentantes, qu'elle se marie donc ça la calmera, tes boutons même disparaîtront, je ris forcément, obscurément j'y crois. Mariage, "accomplissement", je marche. Quelquefois je songe qu'il est égoïste et qu'il ne s'intéresse guère à ce que je fais, moi je lis ses livres de sociologie, jamais il n'ouvre les miens, Breton ou Aragon. Alors la sagesse des femmes vient à mon secours : "Tous les hommes sont égoïstes." Mais aussi les principes moraux : "Accepter l'autre dans son altérité", tous les langages peuvent se rejoindre quand on veut. Annie Ernaux — La femme gelée
Mardi 22 octobre J'ai arrêté mon journal. Comme chaque fois que je cesse de consigner le présent, j'ai l'impression de me retirer du mouvement du monde, de renoncer non seulement à dire mon époque mais à la voir. Parce que voir pour écrire, c 'est voir autrement. C'est -distinguer- des objets, des individus, des mécanismes et leur conférer valeur d'existence. (p.71) Annie Ernaux — Regarde les lumières, mon amour
« J'ai découvert de quoi on peut être capable, autant dire de tout. Désirs sublimes ou mortels, absence de dignité, croyances et conduites que je trouvais insensées chez les autres tant que je n'y avais pas moi-même recours. À son insu, il m'a reliée davantage au monde. » Annie Ernaux — Passion simple