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Citations sur le sur
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On était alors au milieu de l’automne : Messaline, plus dissolue et plus abandonnée que jamais, donnait dans sa maison, un simulacre de vendanges. On eût vu serrer les pressoirs, les cuves se remplir ; des femmes vêtues de peaux bondir comme les bacchantes dans leurs sacrifices ou dans les transports de leur délire ; Messaline échevelée, secouant un thyrse, et près d’elle Silius couronné de lierre, tous deux chaussés du cothurne, agitant la tète au bruit d’un chœur lascif et tumultueux. On dit que, par une saillie de débauche, Vectius Valens étant monté sur un arbre très-haut quelqu’un lui demanda ce qu’il voyait, et qu’il répondit : "Un orage furieux du côté d’Ostie ; " soit qu’un orage s’élevât en effet, ou qu’une parole jetée au hasard soit devenue le présage de l’événement.
Annales, Tacite (trad. Jean-Louis Burnouf), éd. Hachette, 1863, XI, 31, p. 232 -
Nous atteignîmes le parc. La fête foraine était réussie. Les manèges moulinaient, les hauts-parleurs pulsaient, la vapeur des beignets enveloppait les clignotements. Même Pinocchio aurait été dégoûté. Les panneaux n'omettaient pas d'afficher la propagande du Parti. Le peuple chinois avait perdu sur les deux tableaux. Politiquement, il subissait la coercition socialiste. Économiquement, il tournait dans la lessiveuse capitaliste. Il était le dindon à deux têtes de la farce moderne, marteau et algorithme sur la fanion.
La panthère des neiges, Sylvain Tesson, éd. Gallimard, 2019 (ISBN 978-2-07-282232-2), p. 166 -
Les deux grandes guerres du XXème siècle ont été des guerres civiles. Aux aguets, derrière leur muraille, les Chinois attendent que l’Occident soit sur les genoux. Ils n’ont pas d’état d’âme et l’écraseront d’une pichenette. Je ne prophétise pas : c’est ce que m’a annoncé Deng Xiaoping peu avant sa mort. Nous étions en tête à tête et il a laissé parler son cœur… si j’ose dire. Quand j’ai rapporté ça à Chirac, il m’a ri au nez et m’a montré sur sa table un recueil de poésies chinoises : « Si vous croyez, mon cher Bobilo, qu’un peuple qui a de pareils poètes peut nourrir d’aussi sombres desseins, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. »
Taisez-vous, j'entends venir un ange, Michel Déon, éd. Gallimard, 2001 (ISBN 2-07-076178-9), p. 38 -
Un réel phénomène de mode émerge autour de la culture geek, mais sous-entendre qu'il y aurait soixante millions de geeks en France fait perdre la singularité des geeks. Le paradoxe est encore plus visible si l'on se penche sur l'usage du terme "geek" qui est encore loin d'être entré dans le langage courant et qui reste pour beaucoup un anglicisme obscur. Et même si, en 2010, les éditions Larousse annonçaient que le vocable geek intégrerait Le Petit Larousse, aucune définition précise de ce qu'est un geek n'a encore été établie.
Culture geek, David Peyron, éd. éditions FYP, 2013, p. 13-14 -
—Je vais assassiner Trujillo, monseigneur. Y aura-t-il un pardon pour mon âme ? Sa voix se brisa. Il restait les yeux baissés, respirant avec anxiété. Il sentit sur son dos la main paternelle de monseigneur Zanini. Quand enfin il leva les yeux, le nonce tenait à la main le livre de saint Thomas d'Aquin. Un de ses doigts signalait un passage, sur la page ouverte. Salvador se pencha et lut : "L'élimination physique de la Bête est bien vue par Dieu si grâce à elle on libère un peuple."
(es) —Voy a matar a Trujillo, monseñor. ¿Habrá perdón para mi alma? Permenacia con los ojos bajos, respirando con ansiedad. Sintió en su espalda la mano paternal de monsenor Zanini. Cuando, por fin, levantó los ojos, el nuncio tenia un libro de santo Tomas de Aquino en las manos. Su cara fresca le sonreia con aire picaro. Uno de sus dedos senalaba un pasaje, en la pagina abierta. Uno de sus dedos señalaba un pasaje, en la página abierta. Salvador se inclinó y leyó : Salvador se inclinó y leyó: «La eliminación física de la Bestia es bien vista por Dios si con ella se libera a un pueblo». -
Le toxicomane est état limite parce que le produit joue le rôle d'objet anaclitique, dépendance sur laquelle s'appuyer pour ne pas sombrer.
Les états limites, Patrick Charrier/Astrid Hirschelmann-Ambrosi, éd. Armand Colin, coll. « 128 », 2008 (ISBN 978-2-200-35348-3), partie 5. Manifestations cliniques des états limites ou les dangers de l'inférence, 1. Les dangers de l'inférence, p. 112 -
[...] l'idée du moi est, à mes yeux, l'héritière du conflit que j'appelle originaire — conflit entre la préservation narcissique autarcique et l'aspiration objectale antinarcissique. De même que le surmoi est l'héritier du complexe d'Œdipe, pourvu que celui-ci ait été abordé et résolu, de même l'idée du moi est héritière du conflit originaire, si celui-ci a été abordé et résolu. Là où je veux en venir avec l'idée du moi, c'est à montrer qu'elle constitue l'axe discret sur lequel se rencontrent et se différencient l'image de l'autre et l'image de soi. L'idée du moi fera que jamais ces deux images ne pourront tout à fait ni s'écarteler ni se confondre. Elle demeurera comme un support discret mais essentiel du sens de la réalité psychique de l'objet et de soi-même. Or, c'est cette idée du moi, ce sens du moi, cette image de l'humain, qui se trouve désinvestie à l'origine des éruptions psychotiques et à la base des organisations schizophréniques.
Les Schizophrènes (1980), Paul-Claude Racamier, éd. Payot & Rivages, coll. « Petite bibliothèque Payot », 2001 (ISBN 978-2-228-89427-2), partie Préambule et divertimento, A parte, p. 15 -
Ces moments ou ces mécanismes pervers-narcissiques servent plusieurs maîtres à la fois. Précisons-les : — le psychotique soulage sa profonde détresse et sa confusion en ébranlant le fonctionnement psychique d'autrui ; — il agit en « déprédateur », en essayant de subtiliser ou de s'apprioprier des qualités psychiques de l'autre pour trouver un contenant rassemblant ses parties dissociées ; — il a certes un éphémère sentiment de triomphe sur l'objet mais secondairement à l'emprise compulsive ; — il cherche aussi à dénigrer ou à démythifier tantôt la santé psychique, tantôt le savoir sexuel qui lui échappe, tantôt la capacité génitrice et gestatrice de son père et de sa mère.
Le pervers narcissique et son complice, Alberto Eiguer, éd. Dunot, coll. « Psychismes », 1989 (ISBN 2 10 002843 X), partie II. Applications à la psychopathologie, chap. Psychose et perversion narcissique, Emprise régressive et emprise fonctionnelle, p. 83 -
La post-modernité est très à la mode en ce moment, en France et ailleurs, tu le sais mieux que moi. C’est un courant né en réaction à l’enlisement et aux désillusions du socialisme, je sais. Mais au milieu d’un fatras d’idées farfelues et superficielles, je les rejoins sur un point, sur la mise en doute de la raison que nous avons absolutisée.
Et ne reste que des cendres, Oya Baydar, éd. Phébus, 2015, p. 324 -
Abel Tiffauges : Un grand soleil rouge s'est levé tout à coup devant ma face. Et ce soleil était un enfant. Un ouragan vermeil m'a jeté dans la poussière, comme Saul sur le chemin de Damas, foudroyé par la lumière. Et cet ouragan était un jeune garçon.
Le Roi des aulnes, éd. Gallimard, 1970, p. 368 (voir la fiche de référence de l'œuvre) -
Le désir sexuel se porte essentiellement sur les corps jeunes, et l'investissement progressif du champ de la séduction par les très jeunes filles ne fut au fond qu'un retour à la normale, un retour à la vérité du désir analogue à ce retour à la vérité des prix qui suit une surchauffe boursière anormale.
Les Particules élémentaires (1998), Michel Houellebecq, éd. J'ai lu, coll. « Nouvelle génération », 2006 (ISBN 2-290-35171-7), p. 106 -
Pallas aux yeux brillants les favorisa d'un bon vent, un vif zéphyre qui claquait sur la vineuse mer...
(grc) Τοῖσιν δ' ἴκμενον οὖρον ἵει γλαυκῶπις Ἀθήνη, ἀκραῆ ζέφυρον, κελάδοντ' ἐπὶ οἴνοπα πόντον. -
Ô Muse, conte-moi l’aventure de l’Inventif : celui qui pilla Troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d’usages, souffrant beaucoup d’angoisses dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul, quoi qu'il en eût ; par leur propre fureur ils furent perdus en effet, ces enfants qui touchèrent aux troupeaux du dieu d'En Haut, le Soleil qui leur prit le bonheur du retour… À nous aussi, Fille de Zeus, conte un peu ces exploits !
(grc) Ἄνδρα μοι ἔννεπε, Μοῦσα, πολύτροπον, ὃς μάλα πολλὰ πλάγχθη, ἐπεὶ Τροίης ἱερὸν πτολίεθρον ἔπερσε· πολλῶν δ’ ἀνθρώπων ἴδεν ἄστεα καὶ νόον ἔγνω, πολλὰ δ’ ὅ γ’ ἐν πόντῳ πάθεν ἄλγεα ὃν κατὰ θυμόν, ἀρνύμενος ἥν τε ψυχὴν καὶ νόστον ἑταίρων. ἀλλ᾽ οὐδ᾽ ὣς ἑτάρους ἐρρύσατο, ἱέμενός περ: αὐτῶν γὰρ σφετέρῃσιν ἀτασθαλίῃσιν ὄλοντο, νήπιοι, οἳ κατὰ βοῦς Ὑπερίονος Ἠελίοιο ἤσθιον: αὐτὰρ ὁ τοῖσιν ἀφείλετο νόστιμον ἦμαρ. τῶν ἁμόθεν γε, θεά, θύγατερ Διός, εἰπὲ καὶ ἡμῖν. -
C'est avec l'adoption des lois de Nuremberg en 1935 que l'Allemagne devint effectivement un régime raciste comparable à celui qui existait déjà dans le Sud de États-Unis ou à celui qui était en gestation en Afrique du Sud. L'une de ces lois restreignait le bénéfice de la citoyenneté à ceux qui avaient une ascendance allemande ou apparentée, ce qui excluait d'office les Juifs (Les Noirs du Sud des États-Unis étaient des citoyens américains, mais ils s'étaient vus privés de tous les droits afférents à la nationalité américaine.) Les Juifs allemands devinrent ainsi, dans leur pays natal, des résidents étrangers. Une autre loi interdisait les mariages et les relations sexuelles entre Juifs et allemands. Les lois américaines contre les mariages entre Blancs et personnes de couleur, alors en vigueur dans une majorité d'États, étaient les principaux précédents d'un telle législation. [...] D'un point de vue comparatif, il est intéressant de noter, cependant, que la définition nazie du Juif ne fut jamais aussi rigoureuse que la « règle de l'unique goutte de sang » (one-drop rule) qui, dans le sud des États-Unis, déterminait la classification des Noirs dans les lois sur la pureté de la race.
Racisme, une histoire, George M. Fredrickson, éd. Liana Levi, 2002, p. 137 -
Toi, Tityre, étendu sous le couvert d'un large hêtre, tu essaies un air silvestre sur un mince pipeau ; nous autres, nous quittons notre pays et nos chères campagnes ; loin du pays nous sommes exilés ; toi, Tityre, nonchalant sous l'ombrage, tu apprends aux bois à redire le nom de la belle Amaryllis.
Virgil — Eclogues -
À tous les combattants de la liberté, la France lance son message d’espoir. […] Salut aux émigrés, aux humiliés, aux exilés sur leur propre terre, qui veulent vivre et vivre libres. Salut à celles et à ceux qu’on bâillonne, qu’on persécute ou qu’on torture, qui veulent vivre et vivre libre. […] À tous, la France dit : « Courage, la liberté vaincra. »
Octavio Paz — Discours prononcé devant le monument de la Révolution à Mexico -
Manius Macrinus Firmus: C'est tout ? Treize ans qu'ils me laissent pourrir sur pied, dans ce pays de merde ! Treize ans ! Maintenant ils m'envoient un message, il faut que je rentre chez moi ! […] Mais qu'est ce qui leur fait croire que ça existe encore chez moi ?!! Est-ce qu'un type qui a foutu le camp treize ans peut encore avoir un chez soi ? C'est complètement absurde…
Alexandre Astier — Kaamelott, Livre VI, 6 : Nuptiæ -
Elle [la police] remua ciel et terre pour mettre la main sur tous les papiers possibles, dans la croyance, que certes rien ne justifiait, que l'activisme se manifestait surtout par des paperasses.
Les Réprouvés, Ernst von Salomon, éd. Librairie Plon, 1931, réédition 1951, p. 295 -
Un pas de plus, de moins et, fort étonné, le visage que j'avais follement craint de ne jamais revoir se trouvait tourné vers moi de si près que son sourire à cette seconde me laisse aujourd'hui le souvenir d'un écureuil tenant une noisette verte. Les cheveux, de pluie claire sur des marroniers en fleurs...
L'Amour fou, André Breton, éd. Gallimard, 1976 (ISBN 978-2070367238), p. 65 (voir la fiche de référence de l'œuvre) -
Wikipédia et le système d'exploitation open source GNU/Linux montrent qu'il est possible de travailler ensemble sur Internet et d'obtenir collectivement certains résultats.
Collaboration in the cloud, Van Ommeren, Duivestein, Devadoss, Reijnen & Gunvaldson, éd. VINT, 2009 (ISBN 978-90-75414-27-1), p. 263 -
Je comprends maintenant comment l'on peut jouer un instant avec ces sentiments que j'ai trop longtemps tenus pour sacrés. La semaine prochaine, au lieu de sortir avec mon gentil « mari », Henry, j'irai voir l'Espagnol. Et les femmes — je veux des femmes. Mais les lesbiennes viriles du cabaret Le Fétiche ne m'ont pas plu du tout. J'ai également compris l'œillet dans la bouche de Carmen. Je respirais du seringa. Les fleurs blanches encore en boutons effleurèrent mes lèvres. On aurait dit la peau d'une femme. Mes lèvres pressèrent les boutons, s'entrouvrant puis se refermant doucement sur eux. De doux baisers en forme de pétales. Je mords les fleurs blanches. Morceau de chair parfumée, peau comme de la soie. La bouche charnelle de Carmen mordant son œillet ; et moi, Carmen.
Henry et June — Les cahiers secrets (1986), Anaïs Nin (trad. Béatrice Commengé), éd. Stock, 2007 (ISBN 978-2-234-05990-0), Juin (1932), p. 226 -
Laissons-les au souci de leur morale impure, Et songeons que l'aurore a des blondeurs de miel, Que le jour sans aigreur et que la nuit sans fiel Viennent, tels des amis dont la bonté rassure... Nous irons voir le clair d'étoiles sur les monts... Que nous importe, à nous, le jugement des hommes ? Et qu'avons-nous à redouter, puisque nous sommes Pures devant la vie et que nous nous aimons ?
Les deux dernières strophes du poème « Paroles à l'amie » (publié dans le recueil A l'heure des mains jointes en 1906). -
Puisses-tu dormir sur le sein de la douce amie qui te ressemble ! ...
(grc) -
Poussez sur le bouton et criez : "Dring", je n'ai pas encore eu le temps d'inventer l'électricité.
Panneau placé à côté de la sonnette de la maison de Léonard. -
Léonard : Aah ! ... Voler : vieux rêve de l'homme depuis Icare ! Policier : N'ajoutez rien, nous avons tout compris ! Vous préparez un vol et Icare est votre complice ! Léonard : Comme d'habitude, messieurs les gens d'armes, vous n'avez rien compris ! ... Voler... Flap... Flap, les oiseaux... Les abeilles et les papillons ! Policier : Vous ne vous en sortirez pas en faisant dévier la conversation sur un cours d'éducation sexuelle ! Léonard : Prenons donc le problème sous un autre angle : en aucun cas vous ne pourriez m'arrêter ! Policier : Ah non ? Et pourquoi je vous prie ? Léonard : Parce que je représente le progrès et qu'on n'arrête pas le progrès !
(fr) Léonard est un génie (1977), Bob de Groot & Turk, éd. Le Lombard, 2000 (ISBN 978-28036-1520-9), t. 1, p. 7-8 -
Juste au-dessous de la pellicule, une roue d'ouverture apparaît composée elle-même de cinq pignons et d'une petite ouverture rectangulaire sur le côté qui donne directement sur le film. Une lampe incandescente, ou une sorte de flash, est placée sous la pellicule, et la transperce pour passer par les volets d'ouverture, et montrer l'image au spectateur.
The Kinetoscope: America's First Commercially Successful Motion Picture Exhibitor, Hendricks, éd. Theodore Gaus' Sons, 1966, p. 14 -
Docteur Mathison : Bonjour, vous êtes dans la salle des urgences de l'hôpital de Philadelphie. Je vais vous poser quelques questions. Où étiez-vous assis dans le train ? David Dunn : Côté fenêtre. Dr. Mathison : Dans la voiture voyageur ? David Dunn : Oui. Dr. Mathison : Vous êtes sûr ? Vous étiez dans la voiture voyageur ? David Dunn : Oui. Où sont les autres passagers ? Dr. Mathison : Votre train a déraillé. Il est allé trop vite dans un virage, un autre train vous a alors percuté. On a retrouvé des débris sur deux kilomètres. David Dunn : Pourquoi vous me regardez comme ça ? Dr. Mathison : Je vous regarde comme ça pour deux raisons : la première, c'est parce qu'apparemment vous êtes le seul survivant de cet accident, et la deuxième, c'est parce que vous n'avez aucune égratignure. Elijah Price : Je sais ce que vous pensez. Vous cherchez une explication à tout cela. Ce qui est sûr, c'est que 131 personnes sont mortes pour que vous puissiez enfin comprendre quelle était votre destinée. Êtes-vous prêt à entendre la vérité ?
Bruce Willis, Samuel L. Jackson et Eamon Walker, Incassable (2000), écrit par M. Night Shyamalan -
Un jour Astolfe, brave paladin, se trouva dans le paradis terrestre, qui était sur la cime d'une montagne très haute, où son hippogriffe l'avait porté.
Entretiens sur la pluralité des mondes ; suivis des Dialogues des morts, Fontenelle, éd. A. Delalain, 1822, p. 40 -
L'hétérosexualité est le régime politique sous lequel nous vivons, fondé sur l'esclavagisme des femmes.
La pensée straight, Monique Wittig, éd. Amsterdam, 2018, p. 13 -
Ce qui m'intéressait le plus en 1989, c'était de faire la critique d'une présomption d'hétérosexualité fort répandue dans la théorie littéraire féministe. Je cherchais à contester les présupposés sur les limites et les bons usages du genre, dans la mesure où ceux-là limitent les significations du genre à des idées reçues sur la masculinité et la féminité.
Trouble dans le genre. Le féminisme et la subversion de l'identité (1990), Judith Butler (trad. Cynthia Kraus), éd. La Découverte, 2005 (ISBN 2-7071-4237-9), Introduction à la réédition de 1999, p. 26 -
Nous avons vu dans La Religieuse comment Suzanne observe les signes de la jouissance sur le corps de la supérieure et à quel point le corps de la femme acquiert une réalité sensible. En posant la distinction entre êtres semblables et différents, et non plus entre procréation et plaisir, Diderot effectue à présent une rupture épistémologique très importante puisque, un siècle avant les psychiatres, il formule les deux notions qui ordonnent l'univers mental de la sexualité contemporaine : l'homosexualité et l'hétérosexualité.
Les Relations amoureuses entre les femmes (1995), Marie-Jo Bonnet, éd. Odile Jacob, coll. « Poches », 1981, partie 2. Des mystères de la nature à ceux de Lesbos (XVIIIe siècle), chap. I Lumières... sur la passion du semblable, Introduction, p. 137 -
Lohengrin : Aux bords lointains dont nul mortel n'approche Il est un bourg qu'on nomme Montsalvat, Et là s'élève un temple sur la roche... Rien n'est au monde égal à son éclat. Comme le Saint des Saints, avec mystère On garde un vase auguste dans ses murs; Les anges l'ont remis sur cette terre Aux soins pieux des hommes les plus purs. Une colombe en traversant l'espace Vient tous les ans lui rendre sa splendeur. C'est le Saint Graal de la divine grâce,
Lohengrin répondant à une question d'Elsa -
Chevalier Gurnemanz : Quand les païens rusé et forts Aux purs croyants faisaient tout craindre Titurel vit descendre en une auguste nuit, Jadis du Dieu sauveur les bienheureux anges, Le vase où but le Christ durant la Cène, Le Graal béni, la noble et sainte coupe, Oû sur sa croix son sang divin coula Avec la lance, qui le versa, Les gages purs, du haut mystère Ils les confièrent aux mains de notre roi.
Le chevalier Gurnemanz s'adressant aux écuyers -
Maintenant, sur cette route déserte qui traversait l'interminable zone marécageuse, avec des tronçons de maigre végétation interrompue de temps à autres par des bois étiques, Natán se sentait obligé d'observer avec prudence ses anciens compagnons (ou ennemis), les arbres. Il ne faisait pas attention aux déserts d'herbes et d'eau stagnante, ni aux parcelles de plaines inhospitalières sillonnées de canaux qui circulaient entre les broussailles brûlées par le froid comme les veines d'un corps sans vie, mais aux forêts, aux tribus d'arbustes qui se groupaient pour fomenter une conspiration, aux pins et aux eucalyptus qui s'élevaient, menaçants, le long du ruban d'asphalte. Mais les arbres avaient peu à lui offrir en ce crépuscule glacial de mars. Les cèdres abattus dans la boue auraient pu l'orienter à l'époque où ils étaient debout, droits, mais à présent, leurs cadavres éclaboussés de fange évoquaient seulement la stérilité absolue de la fin. C'était un paysage cataleptique où sensations et mouvements étaient suspendus sous la lumière qui baissait graduellement.
Un pont dans la nuit, Carlos Victoria (trad. Liliane Hasson), éd. Phébus, 2007 (ISBN 275290231X), p. 143 -
Natán se promenait sur la plage en lisière de la ville, saturée d'une infinie variété de coquillages qui évoquaient pour lui les vestiges d'une vie qui s'était muée en détritus : beaux et singuliers sans doute, mais détritus quand même. Dans ce matin d'hiver, la longue frange de sable était déserte. Les villas, séparées de la plage par des clôtures et des murs où étincelaient les panneaux Private Propriety et Keep Off, donnaient aussi l'impression de demeures inhabitées. Seuls les oiseaux perchés sur les branches et les pélicans flottant dans la mer rappelaient le mouvement des êtres vivants.
Un pont dans la nuit, Carlos Victoria (trad. Liliane Hasson), éd. Phébus, 2007 (ISBN 275290231X), p. 128 -
Si marginale que soit l'épigraphe, elle constitue un élément important de l'objet littéraire. Lorsque le lecteur s'empare d'un volume, il franchit parfois d'incommensurables distances d'espace et de temps –(...). Bien souvent les premières lignes le jettent dans un trouble qui n'aura de cesse qu'après plusieurs pages d'acclimatation et d'éventuels recours à des encyclopédies, des histoires de la littérature ou des études sur l'œuvre. Mais il arrive aussi que l'auteur le ménage par une attention introductive, ou qu'il précède son trouble et l'amplifie par l'inscription d'un message volontairement déroutant. L'épigraphe joue ainsi un rôle de tampon ( Tampon-encreur ), ou d'interface, entre le titre et le texte qui le porte. Ce corps étranger, cette pièce rapportée et insérée là devient un élément aux vertus imprévisibles – et l'on peut saluer, sans la partager, la sagesse de ceux qui ne lisent jamais les épigraphes.
« En lisant les épigraphes de Claude Simon », dans Études françaises (Revue de la section de littérature française, n°3, Patrick Rebollar, éd. Tokyo, Université Waseda, 1996, p. 164 -
Avant que nous les jugions trop sévèrement, nous devons nous souvenir à quelle destruction totale et impitoyable notre propre espèce s'est livrée, non seulement sur les animaux, comme le bison ou le dodo, mais aussi sur ses propres races inférieures. Les Tasmaniens, malgré leur apparence humaine, furent entièrement éliminés en cinquante ans dans une guerre d'extermination menée par des immigrants européens. Sommes nous de tels apôtres de miséricorde que nous puissions nous plaindre si les Martiens ont mené contre nous une guerre semblable ?
(en) And before we judge of them too harshly we must remember what ruthless and utter destruction our own species has wrought, not only upon animals, such as the vanished bison and the dodo, but upon its inferior races. The Tasmanians, in spite of their human likeness, were entirely swept out of existence in a war of extermination waged by European immigrants, in the space of fifty years. Are we such apostles of mercy as to complain if the Martians warred in the same spirit? -
Imaginez qu'elle avait trente ans, ou trente-cinq, un âge très avancé pour la plupart des oiseaux mais pas impossible pour un membre d'une espèce dotée d'un corps aussi grand. Elle ne courait plus, elle se dandinait… Dans la pénombre d'un petit matin en 1667, disons, pendant une averse, elle se mit à couvert sous un plateau de roche froide à la base d'une des falaises de Black River. Elle ramena sa tête contre son corps, se hérissa les plumes pour se tenir au chaud, plissa les yeux dans sa détresse patiente. Elle attendit. Elle ne le savait pas, pas plus que quiconque, mais elle était le dernier dodo sur Terre. Quand la tempête passa, elle ne rouvrit jamais les yeux. Voilà ce qu'est l'extinction.
(en) Imagine that she was thirty years old, or thirty-five, an ancient age for most sorts of birds but not impossible for a member of such a large-bodied species. She no longer ran, she waddled… In the dark of an early morning in 1667, say, during a rainstorm, she took cover beneath a cold stone ledge at the base of one of the Black River cliffs. She drew her head down against her body, fluffed her feathers for warmth, squinted in patient misery. She waited. She didn't know it, nor did anyone else, but she was the only dodo on Earth. When the storm passed, she never opened her eyes. This is extinction. -
César Borgia fonda le plan de sa grandeur sur la dissension des Princes d'Italie. Pour usurper les biens de mes voisins, il faut les affaiblir ; pour les affaiblir, il faut les brouiller : telle est la logique des scélérats tels que Borgia. Abuser de la bonne foi des hommes, user de ruses infâmes, trahir, se parjurer, corrompre par toutes forces de moyens ceux dont on veut faire les instruments de ses forfaits, voilà la prudence des scélérats tels que Borgia.
Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique, Jean Baptiste Robinet, éd. Londres, Libraires associés, 1778, t. 5, p. 393 -
C’est dans Trois essais sur la théorie de la sexualité que Freud (1915) introduit la notion de pulsion dans sa dimension psychanalytique. La façon dont la sexualité et ses troubles sont envisagés par la médecine à la fin du XIXe siècle est fondée sur l'idée d'une indépendance entre psychisme et sexualité et sur l'idée que les comportements sexuels sont innés et gouvernés par l'instinct ; de ce fait les « aberrations sexuelles » sont des déviations de l'instinct liées à la « dégénérescence », explication universelle de l'époque à toute pathologie psychiatrique. La façon dont Freud relie le sexuel à l'ensemble du fonctionnement du psychisme, à travers la notion de pulsion précisément, inverse complètement la perspective. A la base des perversions il y a quelque chose que tous les hommes ont en partage, « les racines innées de la pulsion sexuelle » (Freud, 1915) que « les influences de l'existence » feront varier dans leur forme et dans leur intensité.
Les grands concepts de la psychologie clinique, François Marty (Sous la direction de), éd. Dunod, 2008 (ISBN 978-2-10-051145-7), Introduction, p. 23