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D’autant plus magnifique à voir, que, tout en ayant l’air de jouer le rôle de la mouche du coche, Chicot jouait en réalité un rôle beaucoup plus sérieux. Chicot, petit à petit, et pour ainsi dire homme par homme, mettait sur pied une armée pour le service de son maître. Alexandre Dumas — La Dame de Monsoreau
Je fis immédiatement une recherche de fond sur les emballages des paquets de cigarettes en général, étudiant la concurrence, les ventes, etc., de façon à comprendre le problème. Raymond Loewy — La laideur se vend mal
—Bah ! et s’il s’en fait l’éditeur ? Cet homme-là, qui n’est qu’une mouche du coche, est plus jaloux cent fois de Mme de Vernage que s’il était son mari ; et en supposant qu’elle lui récite ce beau roman inventé sur mon compte, crois-tu qu’il s’amuse à en garder le secret ? Alfred de Musset — Le secret de Javotte
[...] la rue étroite s'avance en spirale vers le sommet de la montagne des boutiques pauvres, des salles de rez-de-chaussée où les femmes causent ou filent, des bandes d'enfants à la voix rauque, aux traits charmants, courant çà et là ou jouant sur le seuil des masures... Gérard de Nerval — Voyage en Orient
Moi qui était son homme et pas une peau de vacheMoi qui dans ma jeunesse pris des principes d'apacheSortis mon 6.35 et d'une balle en plein cœurJe l'étendis raide mort et fus serré sur l'heureMort aux vaches, mort aux condésVive les enfants d'Cayenne, à bas ceux d'la sûreté Parabellum — Cayenne
La discussion commencée sur le pas de la porte se poursuivait dans les petits journaux qui naissaient toujours dans ces moments-là, sur les affiches suivantes. Aragon — Les Beaux-Quartiers
Des traces de pas sur le sable…L’empreinte d’un corps sous l’effortD’un fardeau lourd, abominable,Le terrassant dans ce décor.Le fils de Dieu souffrit à tortSur cette route détestable,Il y laissa dans l’inconfortDes traces de pas sur le sable.C’était un coeur très charitableQui voulait nous mener au portIl laissa donc dans une étableL’empreinte d’un corps sous l’effortIl m’avait vu, j’étais en tort,Rongé, détruit, faute insolvableAnéanti sans réconfortD’un fardeau lourd, abominable.Dans son amour tant insondableIl me pardonne et me rend fort.Payant l’erreur combien blâmableLe terrassant dans ce décor.C’est le bonheur divin transportQui, de ce jour, me rend comptableDe ses bienfaits de son supportIl est vivant c’est constatable,Des traces de pas. Pierre Michel — L’Amour divin
Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !Il n’est plus de nuits, il n’est plus de jours ;Dors… en attendant venir toutes cellesQui disaient : Jamais ! Qui disaient : Toujours !Entends-tu leurs pas ?… Ils ne sont pas lourds :Oh ! les pieds légers ! — l’Amour a des ailes…Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles !Entends-tu leurs voix ?… Les caveaux sont sourds.Dors : Il pèse peu, ton faix d’immortelles :Ils ne viendront pas, tes amis les ours,Jeter leur pavé sur tes demoiselles…Il fait noir, enfant, voleur d’étincelles ! Tristan Corbière — Rondel
Le Concierge. — Dame ! monsieur le juge, je ne peux pas nier, mais c’est de la prison honorable.Le Juge. — Comment ?Le Concierge. — Oui, monsieur le juge, la première fois, j’étais alors valet de chambre, c’est pour avoir crié, le premier mai : « Vive la grève ! »Le Juge. — Vous étiez valet de chambre chez qui ?Le Concierge. — Chez M. Jaurès.Le Juge. — Ah ! bon, et votre deuxième condamnation ?Le Concierge. — C’est pour avoir crié sur le seuil de Sainte-Clotilde : « Mort aux vaches ! » Maurice Blanc et Francis de Croisset — Arsène Lupin
« Ce qui me garde éveillée, c'est de faire inlassablement ce pas de plus, hors de ma zone de confort, peu importe la situation, de mettre la barre haut à mes aspirations, mes rêves et mes devoirs d'être humaine sur cette planète. » Le Point — À la recherche du tigre de Tasmanie
Je me rendis compte que son imagination continuait de lui figurer une Amalia mollement ambiguë, telle qu'elle savait l'être, même lorsque mon père l'avait saisie par le cou et qu'il lui en était resté les marques bleuies de ses doigts sur la peau. Elena Ferrante — L'amour harcelant
JULIETTE. – Ô Roméo ! Roméo ! pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m’aimer, et je ne serai plus une Capulet.ROMÉO, à part. – Dois-je l’écouter encore ou lui répondre ?JULIETTE. – Ton nom seul est mon ennemi. Tu n’es pas un Montague3, tu es toi-même. Qu’est-ce qu’un Montague ? Ce n’est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d’un homme… Oh ! sois quelque autre nom ! Qu’y a-t-il dans un nom ? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s’appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu’il possède… Roméo, renonce à ton nom ; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.ROMÉO. – Je te prends au mot ! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême : désormais je ne suis plus Roméo.JULIETTE. – Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret ?ROMÉO. – Je ne sais par quel nom t’indiquer qui je suis. Mon nom, sainte chérie, m’est odieux à moi-même, parce qu’il est pour toi un ennemi : si je l’avais écrit là, j’en déchirerais les lettres.JULIETTE. – Mon oreille n’a pas encore aspiré cent paroles proférées5 par cette voix, et pourtant j’en reconnais le son. N’es-tu pas Roméo et un Montague ?ROMÉO. – Ni l’un ni l’autre, belle vierge, si tu détestes l’un et l’autre.JULIETTE. — Comment es-tu arrivé jusqu’ici, dis-le moi, et qu’y viens-tu faire? Les murs du verger sont élevés et difficiles à escalader. Songe qui tu es; ces lieux sont pour toi la mort si quelqu’un de mes parents vient à t’y rencontrer.ROMÉO. — Des ailes légères de l’amour j’ai volé sur le haut de ces murailles; car des barrières de pierre ne peuvent exclure l’amour; et tout ce que l’amour peut faire, l’amour ose le tenter: tes parents ne sont donc point pour moi un obstacle.JULIETTE. — S’ils te voient, ils te tueront. William Shakespeare — Roméo et Juliette
"Est-ce que l'économie prime sur la santé des citoyens? Il y a une réponse ambigüe du gouvernement avec un mot d'ordre 'tout le monde au boulot'", estime son homologue de la CGT Philippe Martinez. BFMTV — Aller travailler ou rester chez soi : pour les syndicats
Le Torrent et la RivièreAvec grand bruit et grand fracasUn Torrent tombait des montagnes :Tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas,Il faisait trembler les campagnes.Nul voyageur n'osait passerUne barrière si puissante :Un seul vit des voleurs, et se sentant presser,Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.Ce n'était que menace, et bruit, sans profondeur ;Notre homme enfin n'eut que la peur.Ce succès lui donnant courage,Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,Il rencontra sur son passageUne Rivière dont le coursImage d'un sommeil doux, paisible et tranquilleLui fit croire d'abord ce trajet fort facile.Point de bords escarpés, un sable pur et net.Il entre, et son cheval le metA couvert des voleurs, mais non de l'onde noire :Tous deux au Styx allèrent boire ;Tous deux, à nager malheureux,Allèrent traverser, au séjour ténébreux,Bien d'autres fleuves que les nôtres.Les gens sans bruit sont dangereux ;Il n'en est pas ainsi des autres. Jean de La Fontaine — Le Torrent et la Rivière
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière et on se dit : j'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois ; mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. Alfred de Musset — On ne badine pas avec l’amour
Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. (À lui-même, se prenant par le bras.) Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait ; je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris. Euh ! que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute ma maison ; à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Hé ! de quoi est-ce qu’on parle là ? de celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part, sans doute, au vol que l’on m’a fait. Allons, vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences, et des bourreaux ! Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après. Molière — L’Avare
Carpe diem, Faufau, carpe diem, et toujours en pleine nuit Même la passade ivre contre les grilles du Panthéon, il y a six ans, la veille de son mariage. Et, lentement, tandis que Jude s'approche d'elle, des deux mains sur ses cuisses, elle remonte sa robe... Jean-Noël Schifano — Les Rendez-vous de Fausta.
Assois-toi, proposa-t-il. Assois-toi sur le baril à clous. Lennie se tassa sur le petit baril. John Steinbeck — Des souris et des hommes
Le Rossignol et l’ÉpervierUn rossignol perché sur un chêne élevé chantait à son ordinaire. Un épervier l’aperçut, et, comme il manquait de nourriture, il fondit sur lui et le lia. Se voyant près de mourir, le rossignol le pria de le laisser aller, alléguant qu’il n’était pas capable de remplir à lui seul le ventre d’un épervier, que celui-ci devait, s’il avait besoin de nourriture, s’attaquer à des oiseaux plus gros. L’épervier répliqua : « Mais je serais stupide, si je lâchais la pâture que je tiens pour courir après ce qui n’est pas encore en vue. »Cette fable montre que chez les hommes aussi, ceux-là sont déraisonnables qui dans l’espérance de plus grands biens laissent échapper ceux qu’ils ont dans la main. Ésope — Le Rossignol et l’Épervier
Je retire mon chapeau et mon manteau, je m'assois sur un siège en tubes chromés et j'attends Tony, Tony aux cheveux calamistrés. Henry Kane — Un fauteuil en enfer