Accueil > Citations > Citations sur le sur
Il y a 25656 citations sur le sur.
Très cher fils,[…] je t’engage à employer ta jeunesse à bien progresser en savoir et en vertu. Tu es à Paris, tu as ton précepteur Épistémon : l’un par un enseignement vivant et oral, l’autre par de louables exemples, peuvent te former.J’entends et je veux que tu apprennes parfaitement les langues : premièrement le grec, comme le veut Quintilien ; deuxièmement le latin ; puis l’hébreu pour les saintes Lettres, le chaldéen et l’arabe pour la même raison ; et que tu formes ton style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Qu’il n’y ait d’étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu t’aideras de l’Encyclopédie universelle des auteurs qui s’en sont occupés.Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t’en ai donné le goût quand tu étais encore jeune, à cinq ou six ans ; continue ; de l’astronomie, apprends toutes les règles, mais laisse-moi l’astrologie, comme autant d’abus et de futilités.Et quant à la connaissance de l’histoire naturelle, je veux que tu t’y adonnes avec zèle : qu’il n’y ait ni mer, ni rivière, ni source dont tu ignores les poissons ; tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, arbustes, et les buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu.Puis relis soigneusement les livres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les Talmudistes et les Cabalistes, et, par de fréquentes dissections, acquiers une connaissance parfaite de l’autre monde qu’est l’homme. Et pendant quelques heures du jour, va voir les saintes Lettres : d’abord en grec le Nouveau Testament et les épîtres des apôtres, puis, en hébreu, l’Ancien Testament.En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l’étude pour apprendre la chevalerie et les armes afin de défendre ma maison, et de secourir nos amis dans toutes leurs difficultés causées par les assauts des malfaiteurs.Et je veux que, bientôt, tu mesures tes progrès ; cela, tu ne pourras mieux le faire qu’en soutenant des discussions publiques, sur tous les sujets, envers et contre tous, et qu’en fréquentant les gens lettrés tant à Paris qu’ailleurs.Mais – parce que, selon le sage Salomon, Sagesse n’entre pas en âme malveillante et que science sans conscience n’est que ruine de l’âme – tu dois servir, aimer et craindre Dieu, et mettre en Lui toutes tes pensées et tout ton espoir ; […]Mon fils, que la paix et la grâce de Notre-Seigneur soient avec toi. Amen.D’Utopie, ce dix-septième jour du mois de mars,ton père, Gargantua. François Rabelais — Pantagruel
Et que dire de celui qui avait hérité un petit bien de famille, qui épousait pignon sur rue, ou qui tenait demeure de loisir sur la place de l’Église ? Saint-John Perse — Vents
Plus d’embrouilles. Plus de combinaisons à la petite semaine. La stricte légalité. Vous avez compris, Chevreau ? À partir du moment où nos établissements ont pignon sur rue, il faut vivre dans la légalité. Cela va sans dire. Patrick Modiano & Sempé — Catherine Certitude
Allons ! Je comprendrais ça d’enfants à la mamelle. Mais des hommes faits, avec pignons sur rues, des barbes, un ventre, vous n’en êtes plus à chercher votre lait les yeux fermés ! Voyons. Jean Giono & Jean-Pierre Grenier — Le Cheval fou
Délicieuse maison, n’est-ce pas ? Les deux têtes que vous voyez là sont celles d’esclaves nègres. Une enseigne. La maison appartenait à un vendeur d’esclaves. Ah on ne cachait pas son jeu, en ce temps-là. On avait du coffre, on disait « Voilà, j’ai pignon sur rue, je trafique des esclaves (…) » Albert Camus — La Chute
Point de pignon sur rue, pas même de domicile fixe. Il couchait sous les ponts de la métaphysique, à la belle étoile de la métaphysique. Il y avait en lui quelque chose du vaurien, du vagabond, quelque chose de l’homme des bois (mais ces yeux clairs ! Ces mains les plus belles du monde !), et du gardien de nuit et de l’homme de ronde et du guide dans les Châteaux, les Systèmes, du guide en Votre Propre Pensée. Francis Ponge — Le Grand Recueil
Comment vais-je poser ma main sur ton corps, Andreas ? Il se rapproche un peu et ôte ma chemise, nous sommes pleins et prêts. De nous être longtemps retenus, dans un silence et une contemplation suspendus à la surprise et au plaisir, provoque à cet instant une sorte de tumulte, et nous nous empoignons, par les bras, par la nuque, par le torse et les reins. Voilà comment tu prends mon corps, Andreas : de toutes parts, car l’ivresse t’a gagné comme elle m’a gagné moi, et j’accepte les acrobaties que ton ardeur soudaine m’oblige à faire. Tête penchée en arrière, mains cherchant un appui, trouvant un mur, bientôt le sol, quelle souplesse ! Et tes dents se plantent dans la peau de mon ventre, un peu de brutalité sourd de tes agissements, elle me va, elle cadre avec ton torse et ton silence, et je comprends que là tu voudrais bien m’ouvrir, non tant en métaphore, d’un coup de rein, mais déchirer ma peau en espérant trouver, derrière la peau, le muscle et les irrigations ce que cache mon âme française et apaisée. Voilà comment je prends ton corps, Andreas : allongé sur le sol, je ramène ta bouche qui traînait sur mon ventre, je la hisse à la mienne puis j’encercle ton dos, m’arrime à tes épaules, serre à en perdre haleine l’heureuse tresse de muscles ou gît ce que tu es, où bat ce que tu veux. Si je pouvais tout entier t’absorber dans un désir dément de gagner ton essence et ta vitalité, ficher dans mes entrailles cette magnificence sans âge et sans destin, j’aurais sans doute gagné, et l’Histoire avec moi, un peu de cette paix si douce à nos épaules quand nous la rencontrons. Voilà comment nous nous mêlons : ceci est notre corps, prenons-le pour en jouir, prenons l’autre pour aimer et retournons au vent. Mais s’il fallait que je noue Andreas autour d’une colonne, le hisse sur une croix, l’enterre, l’emmure vivant ou le jette au cachot, comment m’en saisirais-je ? Mais s’il fallait qu’au fond d’une tranchée d’Argonne, une rue de Stalingrad, nous nous rencontrions pour nous éliminer, à mains nues et sans larmes, où irions-nous d’abord : au coeur, au souffle, à l’âme ? Mathieu Riboulet — Les Œuvres de miséricorde
Qu’il fasse mieux, ce jeune jouvencel,À qui le Cid donne tant de martel,Que d’entasser injure sur injure,Rimer de rage une lourde imposture,Et se cacher ainsi qu’un criminel.5Chacun connoit son jaloux naturel,Le montre au doigt comme un fou solennelEt ne croit pas, en sa bonne écriture,Qu’il fasse mieux.Paris entier, ayant lu son cartel,L’envoie au diable, et sa muse au bordel ;Moi, j’ai pitié des peines qu’il endure ;Et comme ami je le prie et conjure,S’il veut ternir un ouvrage immortel,Qu’il fasse mieux.Omnibus invideas, livide ; nemo tibi. Corneille — Rondeau
Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe,Quand sur l'eau se penchant une fourmi y tombe.Et dans cet océan l'on eût vu la fourmiS'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.La colombe aussitôt usa de charité :Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,Ce fut un promontoire où la fourmi arrive.Elle se sauve ; et là-dessusPasse un certain croquant qui marchait les pieds nus.Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.Dès qu'il voit l'oiseau de VénusIl le croit en son pot, et déjà lui fait fête.Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,La fourmi le pique au talon.Le vilain retourne la tête :La colombe l'entend, part, et tire de long.Le soupé du croquant avec elle s'envole :Point de pigeon pour une obole. Jean de La Fontaine — La Colombe et la Fourmi
Une souris trottinait sur le corps d’un lion endormi. Celui-ci s’éveilla, la saisit, et s’apprêta à la croquer. Mais la souris le supplia de la relâcher, lui disant que s’il l’épargnait, elle le payerait de retour ; le lion éclata de rire et la laissa partir. Peu après, il arriva que le lion dut son salut à la reconnaissance de la souris. Il fut en effet capturé par des chasseurs qui l’attachèrent à un arbre avec une corde ; alors, entendant ses gémissements, la souris vint ronger son lien et le détacha. « Naguère, tu t’es ri de moi » dit-elle, « parce que tu ne croyais pas que je m’acquitterais de ma dette : sache désormais qu’on trouve de la gratitude jusque chez les souris ! »La fable montre que dans les revers, les gens les plus puissants ont besoin des plus faibles. Ésope — Le Lion et la Souris reconnaissante
Roland regarde Olivier au visage : il le voit terni, blêmi, tout pâle, décoloré. Son sang coule clair au long de son corps ; sur la terre tombent les caillots. « Dieu ! » dit le comte, « je ne sais plus quoi faire. Sire compagnon, c’est grand’pitié de votre vaillance ! Jamais nul ne te vaudra. Ah ! France douce, comme tu resteras aujourd’hui dépeuplée de bons vassaux, humiliée et déchue ! L’empereur en aura grand dommage. La Chanson de Roland — Laisse CXLVIII
Une fourmi altérée était descendue dans une source pour y boire, et allait s’y noyer. Mais une colombe perchée sur un arbre voisin arracha et laissa tomber une feuille sur laquelle la fourmi put se mettre à l’abri. Là-dessus, un oiseleur s’approcha avec ses gluaux ajustés pour y prendre la colombe ; mais la fourmi débarqua et le mordit au pied. L’oiseleur, en sursautant, fit bouger ses gluaux et alerta la colombe, qui se sauva.Même les petites gens peuvent rendre de grands services à leurs bienfaiteurs. Ésope — La Fourmi et la Colombe (traductions de Daniel Loayza)
Et Alain, obnubilé, crut voir glisser sur les fleuves ténébreux de l'enfer, l'âme courroucée d'une reine morte. Jean Giono — Angélique
Mes mains brûlantes glissent sur les murs glacésJ’ai peu d’espoir de mémoireDéjà j’ai tout perduJe n’ai plus ces maisons de roses pénétréesNi les rues ces rameaux de l’arbre le plus vertMais les derniers échos de l’aube maternelleOnt adouci mes jours. Paul Éluard — Mes mains brûlantes
Elle a bien soixante dix ans et elle doit avoir les cheveux blancs; je n'en sais rien; personne n'en sait rien, car elle a toujours un serre-tête noir qui lui colle comme du taffetas sur le crâne; elle a, par exemple, la barbe grise, un bouquet de poils ici, une petite mèche qui frisotte par là, et de tous côtés des poireaux comme des groseilles, qui ont l'air de bouillir sur sa figure.Pour mieux dire, sa tête rappelle par le haut, à cause du serre-tête noir une pomme de terre brûlée et, par le bas, une pomme de terre germée: j'en ai trouvé une gonflée, violette, l'autre matin, sous le fourneau, qui ressemblait à grand tante Agnès comme deux gouttes d'eau. Jules Vallès — L’enfant
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constelléPorte le Soleil noir de la Mélancolie.Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.Suis-je Amour ou Phébus … Lusignan ou Biron ?Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :Modulant tour à tour sur la lyre d’OrphéeLes soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. El Desdichado — Gérard de Nerval
Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie. Le luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté. A côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroterie. Mais l'enfant riche ne s'occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu'il regardait : De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère. Charles Baudelaire — Petits poèmes en prose
Quand Gervaise s’éveilla, vers cinq heures, raidie, les reins brisés, elle éclata en sanglots. Lantier n’était pas rentré. Pour la première fois, il découchait. Elle resta assise au bord du lit, sous le lambeau de perse déteinte qui tombait de la flèche attachée au plafond par une ficelle. Et, lentement, de ses yeux voilés de larmes, elle faisait le tour de la misérable chambre garnie, meublée d’une commode de noyer dont un tiroir manquait, de trois chaises de paille et d’une petite table graisseuse, sur laquelle traînait un pot à eau ébréché. On avait ajouté, pour les enfants, un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce. La malle de Gervaise et de Lantier, grande ouverte dans un coin, montrait ses flancs vides, un vieux chapeau d’homme tout au fond, enfoui sous des chemises et des chaussettes sales ; tandis que, le long des murs, sur le dossier des meubles, pendaient un châle troué, un pantalon mangé par la boue, les dernières nippes dont les marchands d’habits ne voulaient pas. Au milieu de la cheminée, entre deux flambeaux de zinc dépareillés, il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d’un rose tendre. C’était la belle chambre de l’hôtel, la chambre du premier, qui donnait sur le boulevard. Émile Zola — L’Assommoir
Littéralement désarmée parce que privée de l'appareil dont elle s'était servie pour dissimuler son visage et qu'elle pointait sur Sabina comme une arme. Elle était à la merci de la maîtresse de Tomas. Cette belle soumission la grisait. Milan Kundera — L'insoutenable légèreté de l'être
Je suis né à Genève en 1712, d’Isaac Rousseau, Citoyen, et de Suzanne Bernard, Citoyenne. Un bien fort médiocre à partager entre quinze enfants, ayant réduit presque à rien la portion de mon père, il n’avait pour subsister que son métier d’horloger, dans lequel il était à la vérité fort habile. Ma mère, fille du ministre Bernard, était plus riche ; elle avait de la sagesse et de la beauté : ce n’était pas sans peine que mon père l’avait obtenue. Leurs amours avaient commencé presque avec leur vie : dès l’âge de huit à neuf ans ils se promenaient ensemble tous les soirs sur la Treille ; à dix ans ils ne pouvaient plus se quitter. Jean-Jacques Rousseau — Les Confessions