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Citations sur le vous - Page 5
Il y a 476 citations sur le vous.
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Puis que vous vous en alez,Je ne vous sçay plus que dire,M’amour, mais en grief martireMe tendrez, se vous voulez.Ne sçay se vous en doulez ;Mais nul mal n’est du mien pirePuis que vous vous en alez.Baisiez moy et m’acolez,Pour Dieu, vueilliez moy rescripre,Et du mal soiez le mire,Dont le mien cuer affolezPuis que vous vous en alez.
Christine de Pisan — Puis que vous vous en alez -
Vous pensiez que placer la barre haute en matière de résultats scolaires ne pouvait pas nuire à votre enfant ?
Femme Actuelle — Résultats scolaires : la pression serait contre-performante -
Non, certes, je ne méconnais pas les services modestes et précieux que rendent journellement les gardiens de la paix à la vaillante population de Paris. Et je n’aurais pas consenti à vous présenter, Messieurs, la défense de Crainquebille, si j’avais vu en lui l’insulteur d’un ancien soldat. On accuse mon client d’avoir dit : “Mort aux vaches!“. Le sens de cette phrase n’est pas douteux. Si vous feuilletez le dictionnaire de la langue verte, vous y lirez : “Vachard, paresseux, fainéant; qui s’étend paresseusement comme une vache, au lieu de travailler”. - Vache, qui se vend à la police ; mouchard. “Mort aux vaches!” se dit dans un certain monde. Mais toute la question est celle-ci : Comment Crainquebille l’a-t-il dit? Et même, l’a-t-il dit? Permettez-moi, Messieurs, d’en douter. Je ne soupçonne l’agent Matra d’aucune mauvaise pensée. Mais il accomplit, comme nous l’avons dit, une tâche pénible. Il est parfois fatigué, excédé, surmené. Dans ces conditions il peut avoir été la victime d’une sorte d’hallucination de l’ouïe. Et quand il vient vous dire, Messieurs, que le docteur David Matthieu, officier de la Légion d’honneur, médecin en chef de l’hôpital Ambroise-Paré, un prince de la science et un homme du monde, a crié : ” Mort aux vaches!”, nous sommes bien forcés de reconnaître que Matra est en proie à la maladie de l’obsession, et, si le mot n’est pas trop fort, au délire de la persécution. Et alors même que Crainquebille aurait crié: “Mort aux vaches!“, il resterait à savoir si ce mot a, dans sa bouche, le caractère d’un délit. Crainquebille est l’enfant naturel d’une marchande ambulante, perdue d’inconduite et de boisson, il est né alcoolique. Vous le voyez ici abruti par soixante ans de misère. Messieurs, vous direz qu’il est irresponsable.
Anatole France — L’Affaire Crainquebille -
Quant à notre sujet de discussion (à propos de votre jeune homme), ce que vous m'écrivez dans votre dernière lettre est tellement ma manière de voir que je l'ai non seulement mise en pratique, mais prêchée.
Gustave Flaubert — Correspondance -
Le Concierge. — Dame ! monsieur le juge, je ne peux pas nier, mais c’est de la prison honorable.Le Juge. — Comment ?Le Concierge. — Oui, monsieur le juge, la première fois, j’étais alors valet de chambre, c’est pour avoir crié, le premier mai : « Vive la grève ! »Le Juge. — Vous étiez valet de chambre chez qui ?Le Concierge. — Chez M. Jaurès.Le Juge. — Ah ! bon, et votre deuxième condamnation ?Le Concierge. — C’est pour avoir crié sur le seuil de Sainte-Clotilde : « Mort aux vaches ! »
Maurice Blanc et Francis de Croisset — Arsène Lupin -
Gente dame, auriez-vous des ailesComme un ange pour me fuir ainsi ?Je vous cherche encore aujourd’huiGente dame, auriez-vous des ailes ?Je suis tombé dans votre piègeFigé en votre sortilège.Gente dame, auriez-vous des ailesComme un ange pour me fuir ainsi ?
Théodore de Banville — À Philis -
Qu'un vain scrupule à ma flamme s'oppose,Je ne le puis souffrir aucunement,Bien que chacun en murmure et nous glose;Et c'est assez pour perdre votre amant.Si j'avais bruit de mauvais garnement,Vous me pourriez bannir à juste cause;Ne l'ayant point, c'est sans nul fondementQu'un vain scrupule à ma flamme s'oppose.Que vous m'aimiez, c'est pour moi lettre close;Voire on dirait que quelque changementA m'alléguer des raisons vous dispose:Je ne le puis souffrir aucunement.Bien moins pourrais vous conter mon tourment,N'ayant pas mis au contrat cette clause;Toujours ferai l'amour ouvertement,Bien que chacun en murmure et nous glose.Ainsi s'aimer est plus doux qu'eau de rose:Souffrez-le donc, Philis, car, autrement,Loin de vos yeux je vais faire une pose,Et c'est assez pour perdre votre amant.Pourriez-vous voir ce triste éloignement?De vos faveurs doublez plutôt la dose.Amour ne veut tant de raisonnement:Ce point d'honneur, ma foi, n'est autre choseQu'un vain scrupule.
Jean de La Fontaine — Rondeau redoublé -
GERONTE - Monsieur, je suis ravi de vous voir chez moi, et nous avons grand besoin de vous.SGANARELLE, en robe de médecin, avec un chapeau des plus pointus. - Hippocrate dit... que nous nous couvrions tous deux.GERONTE - Hippocrate dit cela ?SGANARELLE - Oui.
Molière — Le Médecin malgré lui -
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,Assise auprès du feu, dévidant et filant,Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,Déjà sous le labeur à demi sommeillant,Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,Bénissant votre nom de louange immortelle.Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :Vous serez au foyer une vieille accroupie,Regrettant mon amour et votre fier dédain.Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Ronsard — Sonnets pour Hélène -
Une hirondelle en ses voyagesAvait beaucoup appris. Quiconque a beaucoup suPeut avoir beaucoup retenu.Celle-ci prévoyait jusqu'aux moindres orages,Et devant qu'ils fussent éclos, Les annonçait aux Matelots.Il arriva qu'au temps que le chanvre se sème,Elle vit un manant en couvrir maints sillons."Ceci ne me plaît pas, dit-elle aux Oisillons :Je vous plains ; car pour moi, dans ce péril extrême,Je saurai m'éloigner, ou vivre en quelque coin.Voyez-vous cette main qui par les airs chemine ?[…]
Jean de La Fontaine — L’Hirondelle et les petits Oiseaux -
Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ; on m’a coupé la gorge : on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? n’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. (À lui-même, se prenant par le bras.) Rends-moi mon argent, coquin… Ah ! c’est moi ! Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent ! mon pauvre argent ! mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie : tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde. Sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait ; je n’en puis plus ; je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris. Euh ! que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute ma maison ; à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Hé ! de quoi est-ce qu’on parle là ? de celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part, sans doute, au vol que l’on m’a fait. Allons, vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences, et des bourreaux ! Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.
Molière — L’Avare -
Le Loup et l’AgneauLa raison du plus fort est toujours la meilleure :Nous l’allons montrer tout à l’heure.Un Agneau se désaltéraitDans le courant d’une onde pure.Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,Et que la faim en ces lieux attirait.Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?Dit cet animal plein de rage :Tu seras châtié de ta témérité.– Sire, répond l’Agneau, que votre MajestéNe se mette pas en colère ;Mais plutôt qu’elle considèreQue je me vas désaltérantDans le courant,Plus de vingt pas au-dessous d’Elle,Et que par conséquent, en aucune façon,Je ne puis troubler sa boisson.– Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,Et je sais que de moi tu médis l’an passé.– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?Reprit l’Agneau, je tette encor ma mère.– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.– Je n’en ai point.– C’est donc quelqu’un des tiens :Car vous ne m’épargnez guère,Vous, vos bergers, et vos chiens.On me l’a dit : il faut que je me venge.Là-dessus, au fond des forêtsLe Loup l’emporte, et puis le mange,Sans autre forme de procès.
Jean de La Fontaine — Le loup et l’Agneau -
En effet, j'espérais vous trouver posté devant L'Agneau mystique, mais on m'a dit que vous ne bougiez pas de l'autre Musée où vous faites la cour à cette grosse Madame qu'illustre à jamais le pinceau de Carolus-Duran. J'ai tort. Les absents ont toujours tort. Moi, je crois qu'ils ont toujours raison.
Paul Claudel — Oeuvres en prose -
MIROUETTE. Ah devenir un homme public Se dévouer au bien public Se donner « corps et âme » au bien public Vous avez des gens qui ne voient là-dedans que des phrases creuses.
Jules Romain — Le Mariage de Le Trouhadec -
Mon très cher Monsieur William, la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe que je suis. Il est fort regrettable que vous puissiez penser d’aussi vilaines choses sur mon chéri.
Henri Nausam — Ma rencontre avec le diable -
La procédure est engagée, vous apprendrez tout au moment voulu. Je dépasse ma mission en vous parlant si gentiment.
Franz Kafka — Le Procès -
Cet homme, je l'ai détesté à un point. et pourtant, comme vous le savez sans doute, dès que j'ai appris qu'il était à l'article de la mort et qu'il voulait me revoir une dernière fois.
Yukio Mishima — La Musique -
Profondeurs de la conscienceOn vous explorera demainEt qui sait quels êtres vivantsSeront tirés de ces abîmesAvec des univers entiers
Apollinaire — Calligrammes -
SCAPIN.- Cachez-vous. Voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) "Quoi ? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu'un par charité né m'enseignera pas où il est ?" (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) "Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre." (A Géronte avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu'il contrefait, et le reste de lui.) "Oh, l'homme au sac !" Monsieur. "Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Géronte." Vous cherchez le seigneur Géronte ? "Oui, mordi ! Jé lé cherche." Et pour quelle affaire, Monsieur ? "Pour quelle affaire ?" Oui. "Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de vaton." Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est pas un homme à être traité de la sorte. "Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître ?" Le seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s'il vous plaît, parler d'autre façon. "Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur ?" Je défends, comme je dois, un homme d'honneur qu'on offense. "Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ?" Oui, Monsieur, j'en suis. "Ah ! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure." (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) "Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui." Ah, ah, ah ! Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! Tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah ! "Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias." Ah ! diable soit le Gascon ! Ah !En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton.
Molière — Les fourberies de Scapin -
La fenêtre creusée dans notre chair s’ouvre sur notre cœur. On y voit un immense lac où viennent se poser à midi des libellules mordorées et odorantes comme des pivoines. Vous voyez ce grand arbre où les animaux vont se regarder : il y a des siècles que nous lui versons à boire. Son gosier est plus sec que la paille et la cendre y a des dépôts immenses…
Les Champs magnétiques — Glace sans tain -
ARGAN — (court après Toinette.)Ah ! insolente ! il faut que je t'assomme !TOINETTE — (se sauve de lui.)Il est de mon devoir de m'opposer aux choses qui vous peuvent déshonorer.ARGAN — (en colère, court après elle autour de sa chaise, son bâton à la main.)Viens, viens, que je t'apprenne à parler !TOINETTE — (courant et se sauvant du côté de la chaise où n'est pas Argan.)Je m'intéresse, comme je dois, à ne vous point laisser faire de folie.ARGAN — Chienne !TOINETTE — Non, je ne consentirai jamais à ce mariage.ARGAN — Pendarde !TOINETTE — Je ne veux point qu'elle épouse votre Thomas Diafoirus.ARGAN — Carogne !
Molière — Le malade imaginaire -
Vous que le printemps opéraMiracles ponctuez ma stance Mon esprit épris du départ Dans un rayon soudain se perd Perpétué par la cadenceLa Seine au soleil d’avril danse Comme Cécile au premier balOu plutôt roule des pépitesVers les ponts de pierre ou les cribles Charme sûr La ville est le val […]
Louis Aragon — Feu de joie -
M. JOURDAIN — Madame, ce m'est une gloire bien grande de me voir assez fortuné pour être si heureux que d'avoir le bonheur que vous ayez eu la bonté de m'accorder la grâce de me faire l'honneur de m'honorer de la faveur de votre présence ; et si j'avois aussi le mérite pour mériter un mérite comme le vôtre, et que le Ciel… envieux de mon bien… m'eût accordé… l'avantage de me voir digne… des…DORANTE — Monsieur Jourdain, en voilà assez : Madame n'aime pas les grands compliments, et elle sait que vous êtes homme d'esprit. (Bas, à Dorimène.) C'est un bon bourgeois assez ridicule, comme vous voyez, dans toutes ses manières.
Molière — Le Bourgeois Gentilhomme -
Je foule systématiquement au pied sur le feuillage noir de ce qui est sacré – la syntaxe. Systématiquement. […] Je piétine la syntaxe parce qu’elle doit être piétinée. C’est du raisin. Vous saisissez. Les phrases fautives ou vicieuses […], le manque de prévoyance à l’égard de ce qu’on va dire […], l’inattention à la règle, les cascades […], tous les procédés similaires, analogues à la vieille plaisanterie d’allumer sans qu’il s’en rende compte le journal que lit votre voisin […], mettre les coudes sur la table […], ne pas essuyer ses pieds, voilà mon caractère.
Louis Aragon — Traité du style -
THÉSÉEEh bien ! vous triomphez, et mon fils est sans vie !Ah ! que j’ai lieu de craindre, et qu’un cruel soupçon,L’excusant dans mon cœur, m’alarme avec raison !Mais, madame, il est mort, prenez votre victime ;Jouissez de sa perte, injuste ou légitime :Je consens que mes yeux soient toujours abusés.Je le crois criminel, puisque vous l’accusez.Son trépas à mes pleurs offre assez de matièresSans que j’aille chercher d’odieuses lumières,Qui, ne pouvant le rendre à ma juste douleur,Peut-être ne feraient qu’accroître mon malheur.Laissez-moi, loin de vous, et loin de ce rivage,De mon fils déchiré fuir la sanglante image.Confus, persécuté d’un mortel souvenir,De l’univers entier je voudrais me bannir.Tout semble s’élever contre mon injustice ;L’éclat de mon nom même augmente mon supplice :Moins connu des mortels, je me cacherais mieux.Je hais jusques aux soins dont m’honorent les dieux ;Et je m’en vais pleurer leurs faveurs meurtrières,Sans plus les fatiguer d’inutiles prières.Quoi qu’ils fissent pour moi, leur funeste bontéNe me saurait payer de ce qu’ils m’ont ôté.PHÈDRENon, Thésée, il faut rompre un injuste silence ;Il faut à votre fils rendre son innocence :Il n’était point coupable.THÉSÉEAh ! père infortuné !Et c’est sur votre foi que je l’ai condamné !Cruelle ! pensez-vous être assez excusée…PHÈDRELes moments me sont chers ; écoutez-moi, ThéséeC’est moi qui sur ce fils, chaste et respectueux,Osai jeter un œil profane, incestueux.Le ciel mit dans mon sein une flamme funeste :La détestable Œnone a conduit tout le reste.Elle a craint qu’Hippolyte, instruit de ma fureur,Ne découvrît un feu qui lui faisait horreur :La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,S’est hâtée à vos yeux de l’accuser lui-même.Elle s’en est punie, et fuyant mon courroux,A cherché dans les flots un supplice trop doux.Le fer aurait déjà tranché ma destinée ;Mais je laissais gémir la vertu soupçonnée :J’ai voulu, devant vous exposant mes remords,Par un chemin plus lent descendre chez les morts.J’ai pris, j’ai fait couler dans mes brûlantes veinesUn poison que Médée apporta dans Athènes.Déjà jusqu’à mon cœur le venin parvenuDans ce cœur expirant jette un froid inconnu ;Déjà je ne vois plus qu’à travers un nuageEt le ciel et l’époux que ma présence outrage ;Et la mort à mes yeux dérobant la clarté,Rend au jour qu’ils souillaient toute sa pureté.PANOPEElle expire, seigneur !THÉSÉED’une action si noireQue ne peut avec elle expirer la mémoire !Allons, de mon erreur, hélas ! trop éclaircis,Mêler nos pleurs au sang de mon malheureux fils !Allons de ce cher fils embrasser ce qui reste,Expier la fureur d’un vœu que je déteste :Rendons-lui les honneurs qu’il a trop mérités ;Et, pour mieux apaiser ses mânes irrités,Que, malgré les complots d’une injuste famille,Son amante aujourd’hui me tienne lieu de fille !
Racine — Phèdre -
Sans doute faudra-t-il reparcourir le chemin en arrière, revenir aux après-midi éperdus de vos dix ans – vos premières embuscades, vos premiers coups. Vos secrets serrés dans de petits papiers. Rebrousser chemin vers ce noir impalpable de l’enfance qui vous fait pleurer sans bruit. Recoller une à une les images de tout petits morceaux de vies, vibrations au ralenti : balançoire, trahison, chute, léger vertige, juxtaposition de certitudes dégrafées au réel. Au final, il ne vous reste dans la main presque rien, une poignée de souvenirs, quelques lieux, deux trois prénoms – au milieu quelque part se trouve votre nom, chuchoté tout bas. Ce nom-là ne vous appartient pas, vous ne le connaissez pas. Il nous fonde et vous traverse. Certains appellent ça l’inconscient. D’autres encore n’y croient pas. Vous croyez l’entrevoir, mais c’est lui qui vous regarde.
Anne Dufourmantelle — Éloge du risque -
À la fin tu es las de ce monde ancienBergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matinTu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaineIci même les automobiles ont l’air d’être anciennesLa religion seule est restée toute neuve la religionEst restée simple comme les hangars de Port-AviationSeul en Europe tu n’es pas antique ô ChristianismeL’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie XEt toi que les fenêtres observent la honte te retientD’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin […]
Guillaume Apollinaire — Zone -
À la poste d’hier tu télégraphieras que nous sommes bien morts avec les hirondelles. Facteur triste facteur un cercueil sous ton bras va-t’en porter ma lettre aux fleurs à tire d’elle. La boussole est en os mon cœur tu t’y fieras. Quelque tibia marque le pôle et les marelles pour amputés ont un sinistre aspect d’opéras. Que pour mon épitaphe un dieu taille ses grêles ! C’est ce soir que je meurs, ma chère Tombe-Issoire, Ton regard le plus beau ne fut qu’un accessoire de la machinerie étrange du bonjour. Adieu ! Je vous aimai sans scrupule et sans ruse, ma Folie-Méricourt, ma silencieuse intruse. Boussole à flèche torse annonce le retour.
Robert Desnos — Les Gorges froides -
Homme connu par ses mœurs timides et par son courage de lièvre, sur lequel on s’exerce à l’épigramme, à l’ironie, à l’impertinence, — et même à l’injure, — assuré qu’on est qu’il ne protestera pas, ne réclamera pas, et ne vous cassera pas les reins d’un coup de canne ou la tête d’un coup de pistolet. C’est une expression de l’argot des gens de lettres, qui l’ont empruntée aux saltimbanques.
Dictionnaire de la langue verte — Argots parisiens comparés -
Allons vous, vous rêvez et bayez aux corneillesJour de Dieu ! Je saurai vous frotter les oreilles.
Molière — Tartuffe -
Je ne vous dirai pas : " Changez de caractère ",Car on n'en change point, je ne le sais que trop.Chassez le naturel, il revient au galop.
Destouches — Le Glorieux -
Bien qu’ayant renoncé, au vu de ses tarifs, à m’installer dans cet hôtel, je prélevai sur le comptoir de la réception un dépliant publicitaire dont les premières lignes étaient ainsi libellées « Dès votre premier contact avec l’hôtel et son personnel, vous comprendrez le vrai sens du mot hospitalité. »
Jean Rolin — Zones -
Mais vous avez mis près de lui un aumônier dont la tâche est de rendre moins pesante à ces hommes l'heure atroce où l'on attend. Je crois pouvoir dire que pour des hommes que l'on va tuer, une conversation sur la vie future n'arrange rien.
Albert Camus — Lettres à un ami allemand -
LE COMTE - Ce que je méritais, vous l'avez emporté.DON DIÈGUE - Qui l'a gagné sur vous l'avait mieux mérité.LE COMTE - Qui peut mieux l'exercer en est bien le plus digne.DON DIÈGUE - En être refusé n'en est pas un bon signe.LE COMTE - Vous l'avez eu par brigue, étant vieux courtisan.DON DIÈGUE - L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan.LE COMTE - Parlons-en mieux, le roi fait honneur à votre âge.DON DIÈGUE - Le roi, quand il en fait, le mesure au courage.LE COMTE - Et par là cet honneur n'était dû qu'à mon bras.DON DIÈGUE - Qui n'a pu l'obtenir ne le méritait pas.LE COMTE - Ne le méritait pas ! Moi ?LE COMTE - (Il lui donne un soufflet.)Ton impudence,Téméraire vieillard, aura sa récompense.
Le Cid — Acte I -
ARNOLPHE - Ne vous a-t-il point pris, Agnès, quelque autre chose ?(La voyant interdite.)Ouf !AGNES - Eh ! il m’a…ARNOLPHE - Quoi ?AGNES - Pris…ARNOLPHE - Euh ?AGNES - Le…ARNOLPHE - Plaît-il ?AGNES - Je n’ose,Et vous vous fâcherez peut-être contre moi.ARNOLPHE - Non.AGNES - Si fait.ARNOLPHE - Mon Dieu ! non.AGNES - Jurez donc votre foi.ARNOLPHE - Ma foi, soit.AGNES - Il m’a pris… Vous serez en colère.ARNOLPHE - Non.AGNES - Si.ARNOLPHE - Non, non, non, non. Diantre ! Que de mystère !Qu’est-ce qu’il vous a pris ?AGNES - Il…ARNOLPHE, à part. - Je souffre en damné.AGNES - Il m’a pris le ruban que vous m’aviez donné.A vous dire le vrai, je n’ai pu m’en défendre.
Molière — L’École des femmes -
BIRON - N’ai-je pas dansé une fois avec vous en Brabant ?ROSALINE - N’ai-je pas dansé une fois avec vous en Brabant ?BIRON - Je suis sûr que oui.ROSALINE - Combien il était inutile alors — de faire la question !BIRON - Vous le prenez trop vivement.ROSALINE - C’est votre faute. Vous me provoquez avec de telles questions.BIRON - Votre esprit a trop de fougue ; il court trop vite : il se fatiguera.ROSALINE - Pas avant d’avoir jeté le cavalier dans la boue.BIRON - Quelle heure est-il ?ROSALINE - L’heure où les fous la demandent.BIRON - Bonne chance à votre masque !ROSALINE - Belle chance à la face qu’il couvre !BIRON - Le ciel vous envoie beaucoup d’amants !ROSALINE - Amen ! pourvu que vous n’en soyez pas un !BIRON - Aucun danger ! je me retire.
William Shakespeare — Peines d’amour perdues -
LA REINE : Hamlet, tu as beaucoup offensé ton père.HAMLET Mère, vous avez beaucoup offensé mon père.LA REINE : Allons, allons ! Votre réponse est le langage d’un extravagant.HAMLET : Tenez, tenez, votre question est le langage d’une coupable.
William Shakespeare — Hamlet -
ÉPHISE - Sire, il est amoureux.CRÉON - Moi je serai sévère.ÉPHISE - Il servait sa maîtresse.CRÉON -Il offensait son père.ÉPHISE - Il crut vous conseiller.CRÉON - Il prit trop de souci.ÉPHISE - Mais il la tient de vous.CRÉON - Il en tient l'être aussi.ÉPHISE - Il s'avoue un peu prompt.CRÉON - Qu'il souffre donc sa peine.ÉPHISE - Mais, Sire, son amour ?CRÉON - Mais, Éphise, ma haine ?ÉPHISE - Faites quelque indulgence à de jeunes esprits.CRÉON - Je pardonnerai tout, excepté le mépris.
Jean de Rotrou — Antigone -
Et en vacances, vous serez pas derrière moi à me surveiller. On va partir tous ensemble sur la côte. T'entends? Oui. (Mais il n'a rien entendu.) T'as décidé. (Au père.) Tu entends, elle va en vacances. Oui. Ta fille va en vacances.
Georges Michel — L'Agression -
DOROTÉE - De vrai, je suis d'avis que je vous satisfasse.ORONTE - Mais je vous offre ici la pais de bonne grâce.DOROTÉE - Ce n'est pas sans sujet que je suis en courroux.ORONTE - Ce n'est pas sans raison que je me plains de vous.DOROTÉE - Témoin ce qu'à présent vous venez de me dire.ORONTE – Témoin de qu’aujourd’hui vous avez su m’écrire.DOROTÉE - Vous pensiez cajoler une autre à mes dépens ?ORONTE - Vous, d'une double lettre avoir le passe-temps ?
Thomas Corneille — L’amour à la mode -
Si calme, si gentil! comme un ami qu’un cauchemar vous a montré étendu mort et sanglant et qu’on retrouve au réveil, souriant, futile, animé, si inconscient de la menace.
Gracq — Un Beau ténébreux -
Je suis homme aussi de conseil, et je pourrai vous rendre la pareille.
Molière — Le Sicilien