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Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques : Des Méditations

Méditations Poértiques Alphonse de Lamartine

Méditations poétiques est le premier recueil de poèmes d'Alphonse de Lamartine, publié en 1820. La première édition comportait 24 poèmes. D'autres éditions suivirent ; celle de 1849 comportait alors 41 poèmes. Ce recueil marque l'aboutissement d'un courant de poésie élégiaque caractérisé par de nombreuses allusions mythologiques, une tonalité exclamative, des interrogations ainsi qu'une abondance de périphrases poétiques.

Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de Lamartine Chez l’auteur1 (p. 7-27).


PREMIÈRE PRÉFACE




DES MÉDITATIONS




L’homme se plaît à remonter à sa source ; le fleuve n’y remonte pas. C’est que l’homme est une intelligence et que le fleuve est un élément. Le passé, le présent, l’avenir, ne sont qu’un pour Dieu. L’homme est dieu par la pensée. Il voit, il sent, il vit à tous les points de son existence à la fois. Il se contemple lui-même, il se comprend, il se possède, il se ressuscite et il se juge dans les années qu’il a déjà vécu. En un mot, il revit tant qu’il lui plaît de revivre par ses souvenirs. C’est sa souffrance quelquefois, mais c’est sa grandeur. Revivons donc un moment, et voyons comment je naquis avec une parcelle de ce qu’on appelle poésie dans ma nature, et comment cette parcelle de feu divin s’alluma en moi à mon insu, jeta quelques fugitives lueurs sur ma jeunesse, et s’évapora plus tard dans les grands vents de mon équinoxe et dans la fumée de ma vie.

J’étais né impressionnable et sensible. Ces deux qualités sont les deux premiers éléments de toute poésie. Les choses extérieures à peine aperçues laissaient une vive et profonde empreinte en moi ; et quand elles avaient disparu de mes yeux, elles se répercutaient et se conservaient présentes dans ce qu’on nomme l’imagination, c’est-à-dire la mémoire, qui revoit et qui repeint en nous. Mais, de plus, ces images ainsi revues et repeintes se transformaient promptement en sentiment. Mon âme animait ces images, mon cœur se mêlait à ces impressions. J’aimais et j’incorporais en moi ce qui m’avait ému ; j’étais une glace vivante qu’aucune poussière de ce monde n’avait encore ternie, et qui réverbérait l’œuvre de Dieu ! De là à chanter ce cantique intérieur qui s’élève en nous, il n’y avait pas loin. Il ne manquait que la voix. Cette voix que je cherchais et qui balbutiait sur mes lèvres d’enfant, c’était la poésie. Voici les plus lointaines traces que je retrouve au fond de mes souvenirs presque effacés des premières révélations du sentiment poétique qui allait me saisir à mon insu et me faire à mon tour chanter des vers au bord de mon nid, comme l’oiseau.

J’avais dix ans ; nous vivions à la campagne. Les soirées d’hiver étaient longues. La lecture en abrégeait les heures. Pendant que notre mère berçait du pied une de mes petites sœurs dans son berceau, et qu’elle allaitait l’autre sur un long canapé de velours d’Utrecht rouge et râpé, à l’angle du salon, mon père lisait. Moi je jouais à terre à ses pieds avec des morceaux de sureau que le jardinier avait coupés pour moi dans le jardin ; je faisais sortir la moelle du bois à l’aide d’une baguette de fusil. J’y creusais des trous à distances égales, j’en refermais aux deux extrémités l’orifice, et j’en taillais ainsi des flûtes que j’allais essayer le lendemain avec mes camarades, les enfants du village, et qui résonnaient mélodieusement au printemps sous les saules au bord du ruisseau, dans les prés.

Mon père avait une voix sonore, douce, grave, vibrante, comme les palpitations d’une corde de harpe, où la vie des entrailles auxquelles on l’a arrachée semble avoir laissé le gémissement d’un nerf animé. Cette voix, qu’il avait beaucoup exercée dans sa jeunesse en jouant la tragédie et la comédie dans les loisirs de ses garnisons, n’était point déclamatoire, mais pathétique. Elle empruntait un attendrissement d’organe et une suavité de son de plus, de l’heure, du lieu, du recueillement de la soirée, de la présence de ses petits enfants jouant ou dormant autour de lui, du bruit monotone de ce berceau à qui le mouvement était imprimé par le bout de la pantoufle de notre mère, et par l’aspect de cette belle jeune femme qu’il adorait, et qu’il se plaisait à distraire des perpétuels soucis de sa maternité.

Il lisait dans un grand et beau volume relié en peau et à tranche dorée (c’était un volume des œuvres de Voltaire) la tragédie de Mérope. Sa voix changeait d’accents avec le rôle. C’était tantôt le tyran cruel, tantôt la mère tremblante, tantôt le fils errant et persécuté ; puis les larmes de la reconnaissance, puis les soupçons de l’usurpateur, puis la fureur, la désolation, le coup de poignard, les larmes, les sanglots, la mort, le livre qui se refermait, le long silence qui suit les fortes commotions du cœur.

Tout en creusant mes flûtes de sureau, j’écoutais, je comprenais, je sentais ; ce drame de mère et de fils se déroulait précisément tout entier dans l’ordre d’idées et de sentiments le plus à portée de mon intelligence et de mon cœur. Je me figurais Mérope dans ma mère ; moi dans le fils disparu et reconnu retombant dans ses bras, arraché de son sein. De plus, ce langage cadencé comme une danse des mots dans l’oreille, ces belles images qui font voir ce qu’on entend, ces hémistiches qui reposent le son pour le précipiter ensuite plus rapide, ces consonnances de la fin des vers qui sont comme des échos répercutés où le même sentiment se prolonge dans le même son, cette symétrie des rimes qui correspond matériellement à je ne sais quel instinct de symétrie morale cachée au fond de notre nature, et qui pourrait bien être une contre-empreinte de l’ordre divin, du rhythme incréé dans l’univers ; enfin cette solennité de la voix de mon père, qui transfigurait sa parole ordinairement simple, et qui me rappelait l’accent religieux des psalmodies du prêtre le dimanche dans l’église de Milly ; tout cela suscitait vivement mon attention, ma curiosité, mon émotion même. Je me disais intérieurement : Voilà une langue que je voudrais bien savoir, que je voudrais bien parler quand je serai grand. Et quand neuf heures sonnaient à la grosse horloge de noyer de la cuisine, et que j’avais fait ma prière et embrassé mon père et ma mère, je repassais en m’endormant ces vers, comme un homme qui vient d’être ballotté par les vagues sent encore, après être descendu à terre, le roulis de la mer, et croit que son lit nage sur les flots.

Depuis cette lecture de Mérope, je cherchais toujours de préférence les ouvrages qui contenaient des vers, parmi les volumes oubliés sur la table de mon père ou sur le piano de ma mère, au salon. La Henriade, toute sèche et toute déclamatoire qu’elle fût, me ravissait. Ce n’était que l’amour du son, mais ce son était pour moi une musique. On me faisait bien apprendre aussi par cœur quelques fables de La Fontaine ; mais ces vers boiteux, disloqués, inégaux, sans symétrie ni dans l’oreille ni sur la page, me rebutaient. D’ailleurs, ces histoires d’animaux qui parlent, qui se font des leçons, qui se moquent les uns des autres, qui sont égoïstes, railleurs, avares, sans pitié, sans amitié, plus méchants que nous, me soulevaient le cœur. Les fables de La Fontaine sont plutôt la philosophie dure, froide et égoïste d’un vieillard, que la philosophie aimante, généreuse, naïve et bonne d’un enfant : c’est du fiel, ce n’est pas du lait pour les lèvres et pour les cœurs de cet âge. Ce livre me répugnait ; je ne savais pas pourquoi. Je l’ai su depuis : c’est qu’il n’est pas bon. Comment le livre serait-il bon ? l’homme ne l’était pas. On dirait qu’on lui a donné par dérision le nom du bon La Fontaine. La Fontaine était un philosophe de beaucoup d’esprit, mais un philosophe cynique. Que penser d’une nation qui commence l’éducation de ses enfants par les leçons d’un cynique ? Cet homme, qui ne connaissait pas son fils, qui vivait sans famille, qui écrivait des contes orduriers en cheveux blancs pour provoquer les sens de la jeunesse ; qui mendiait dans des dédicaces adulatrices l’aumône des riches financiers du temps pour payer ses faiblesses ; cet homme dont Racine, Corneille, Boileau, Fénelon, Bossuet, les poëtes, les écrivains ses contemporains ne parlent pas, ou ne parlent qu’avec une espèce de pitié comme d’un vieux enfant, n’était ni un sage ni un homme naïf. Il avait la philosophie du sans-souci et la naïveté de l’égoïsme. Douze vers sonores, sublimes, religieux d’Athalie m’effaçaient de l’oreille toutes les cigales, tous les corbeaux et tous les renards de cette ménagerie puérile. J’étais né sérieux et tendre ; il me fallait dès lors une langue selon mon âme. Jamais je n’ai pu, depuis, revenir de mon antipathie contre les fables.

Une autre impression de ces premières années confirma, je ne sais comment, mon inclination d’enfant pour les vers.

Un jour que j’accompagnais mon père à la chasse, la voix des chiens égarés nous conduisit sur le revers d’une montagne boisée, dont les pentes, entrecoupées de châtaigniers et de petits prés, sont semées de quelques chaumières et de deux ou trois maisonnettes blanchies à la chaux, un peu plus riches que les masures de paysans, et entourées chacune d’un verger, d’un jardin, d’une haie vive, d’une cour rustique. Mon père ayant retrouvé les chiens et les ayant remis en laisse avec leur collier de grelots, cherchait de l’œil un sentier qui menait à une de ces maisons, pour m’y faire déjeuner et reposer un moment, car nous avions marché depuis l’aube du jour.

Cette maison était habitée par un de ses amis, vieil officier des armées du roi, retiré du service, et finissant ses jours dans ces montagnes natales, entre une servante et un chien. C’était une belle journée d’automne. Les rayons du soleil du matin, dorant de teintes bronzées les châtaigniers et de teintes pourpres les flèches de deux ou trois jeunes peupliers, venaient se réverbérer sur le mur blanc de la petite maison, et entraient avec la brise chaude par une petite fenêtre ouverte encadrée de lierre, comme pour l’inonder de lumière, de gaieté et de parfum. Des pigeons roucoulaient sur le mur d’appui d’une étroite terrasse, d’où la source domestique tombait dans le verger par un conduit de bois creux, comme dans les villages suisses.

Nous appuyâmes le pouce sur le loquet, nous traversâmes la cour ; le chien aboya sans colère, et vint me lécher les mains en battant l’air de sa queue, signe d’hospitalité pour les enfants. La vieille servante me mena à la cuisine pour me couper une tranche de pain bis, puis au verger pour me cueillir des pêches de vigne. Mon père était entré chez son ami. Quand j’eus mon pain à la main et mes pêches dans mon chapeau, la bonne femme me ramena à la maison rejoindre mon père.

Je le trouvai dans un petit cabinet de travail, causant avec son ami. Cet ami était un beau vieillard à cheveux blancs comme la neige, à l’aspect militaire, à l’œil vif, à la bouche gracieuse et mélancolique, au geste franc, à la voix mâle mais un peu cassée.

Il était assis entre la fenêtre ouverte et une petite table à écrire, sur laquelle les rayons du soleil, découpés par les feuilles d’arbres, flottaient aux ondulations du vent, qui agitaient les branches du peuplier comme une eau courante moirée d’ombre et de jour. Deux pigeons apprivoisés becquetaient les pages d’un gros livre ouvert sous le coude du vieillard. Il y avait sur la table une écritoire en bois de rose avec deux petites coupes d’argent ciselé, l’une pour la liqueur noire, l’autre pour le sable d’or. Au milieu de la table on voyait de belles feuilles de papier vélin blanc comme l’albâtre, longues et larges comme celles des grands livres de plain-chant que j’admirais le dimanche à l’église sur le pupitre du sacristain. Ces feuilles de papier étaient liées ensemble par le dos avec des nœuds d’un petit ruban de bleu de ciel qui aurait fait envie aux collerettes des jeunes filles de Milly.

Sur la première de ces feuilles, où la plume à blanches ailes était couchée depuis l’arrivée de mon père, on voyait quelque chose d’écrit. C’étaient des lignes régulières, espacées, égales, tracées avec la règle et le compas, d’une forme et d’une netteté admirables, entre deux larges marges blanches encadrées elles-mêmes dans de jolis dessins de fleurs à l’encre bleue. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ces lignes étaient des vers. Le vieillard était poëte ; et comme sa médiocrité n’était pas aussi dorée que celle d’Horace, et qu’il ne pouvait pas payer à des imprimeurs l’impression de ses rêves champêtres, il se faisait à lui-même des éditions soignées de ses œuvres en manuscrit, qui ne lui coûtaient que son temps et l’huile de sa lampe ; il espérait confusément qu’après lui la gloire tardive, comme disent les anciens, la meilleure, la plus impartiale et la plus durable des gloires, ouvrirait un jour le coffret de cèdre dans lequel il renfermait ses manuscrits poétiques, et le vengerait du silence et de l’obscurité dans lesquels la fortune ensevelissait son génie vivant. Mon père et lui causaient de ses ouvrages pendant que je mangeais mes pêches et mon pain, dont je jetais les miettes aux deux pigeons.

Le vieillard, enchanté d’avoir un auditeur inattendu, lut à mon père un fragment du poëme interrompu. C’était la description d’une fontaine sous des châtaigniers, au bord de laquelle des jeunes filles déposent leurs cruches à l’ombre, et cueillent des pervenches et des marguerites pour se faire des couronnes ; un mendiant survenait, et racontait aux jeunes bergères l’histoire d’Aréthuse, de Narcisse, d’Hylas, des dryades, des naïades, de Thétis, d’Amphitrite, et de toutes les nymphes qui ont touché à l’eau douce ou à l’eau salée. Car ce vieillard était de son temps, et en ce temps-là aucun poëte ne se serait permis d’appeler les choses par leur nom. Il fallait avoir un dictionnaire mythologique sous son chevet, si l’on voulait rêver des vers. Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu’on nommait la muse, au lieu d’une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l’homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l’âme et de la nature.

Quoi qu’il en soit, mon père, qui était trop poli pour s’ennuyer de mauvais vers au foyer même du poëte, donna quelques éloges aux rimes du vieillard, siffla ses chiens, et me ramena à la maison. Je lui demandai en chemin quelles étaient donc ces jolies lignes égales, symétriques, espacées, encadrées de roses, liées de rubans, qui étaient sur la table. Il me répondit que c’étaient des vers, et que notre hôte était un poëte. Cette réponse me frappa. Cette scène me fit une longue impression ; et depuis ce jour-là, toutes les fois que j’entendais parler d’un poëte, je me représentais un beau vieillard assis près d’une fenêtre ouverte à large horizon, dans une maisonnette au bord de grands bois, au murmure dune source, aux rayons d’un soleil d’été tombant sur sa plume, et écrivant entre ses oiseaux et son chien des histoires merveilleuses, dans une langue de musique dont les paroles chantaient comme les cordes de la harpe de ma mère, touchées par les ailes invisibles du vent dans le jardin de Milly.

Une telle image, à laquelle se mêlait sans doute le souvenir des pêches, du pain bis, de la bonne servante, des pigeons privés, du chien caressant, était de nature à me donner un grand goût pour les poëtes, et je me promettais bien de ressembler à ce vieillard et de faire ce qu’il faisait quand je serais vieux. Les beaux versets des psaumes de David, que notre mère nous récitait le dimanche en nous les traduisant pour nous remplir l’imagination de piété, me paraissaient aussi une langue bien supérieure à ces misérables puérilités de la Fontaine, et je comprenais que c’était ainsi qu’on devait parler à Dieu.

Ce furent là mes premières notions et mes premiers avant-goûts de poésie. Ils s’effacèrent longtemps et entièrement sous le pénible travail de traduction obligée des poëtes grecs et latins qu’on m’imposa ensuite comme à tous les enfants dans les études de collége. Il y a de quoi dégoûter le genre humain de tout sentiment poétique. La peine qu’un malheureux enfant se donne à apprendre une langue morte, et à chercher dans un dictionnaire le sens français du mot qu’il lit en latin ou en grec dans Homère, dans Pindare ou dans Horace, lui enlève toute la volupté de cœur ou d’esprit que lui ferait la poésie même, s’il la lisait couramment en âge de raison. Il cherche, au lieu de jouir. Il maudit le mot sans avoir le loisir de penser au sens. C’est le pionnier qui pioche la cendre ou la lave dans les fouilles de Pompéi ou d’Herculanum pour arracher du sol, à la sueur de son front, tantôt un bras, tantôt un pied, tantôt une boucle de cheveux de la statue qu’il déterre, au lieu du voluptueux contemplateur qui possède de l’œil la Vénus restaurée sur son piédestal, dans son jour, dans sa grâce et dans sa nudité, parmi les divinités de l’art du Vatican ou du palais Pitti à Florence.

Quant à la poésie française, les fragments qu’on nous faisait étudier chez les jésuites consistaient en quelques pitoyables rapsodies du père Ducerceau et de madame Deshoulières, dans quelques épîtres de Boileau sur l’Equivoque, sur les bruits de Paris, et sur le mauvais dîner du restaurateur Mignot. Heureux encore quand on nous permettait de lire l’épître à Antoine,

Son jardinier d’Auteuil,
Qui dirige chez lui l’if et le chèvrefeuil ;


et quelques plaisanteries de sacristie empruntées au Lutrin !

Qu’espérer de la poésie d’une nation qui ne donne pour modèle du beau dans les vers à sa jeunesse que des poëmes burlesques, et qui, au lieu de l’enthousiasme, enseigne la parodie à des cœurs et à des imaginations de quinze ans ?

Aussi je n’eus pas une aspiration de poésie pendant toutes ces études classiques. Je n’en retrouvais quelque étincelle dans mon âme que pendant les vacances, à la fin de l’année. Je venais passer alors six délicieuses semaines près de ma mère, de mon père, de mes sœurs, dans la petite maison de campagne qu’ils habitaient. Je retrouvais sur les rayons poudreux du salon la Jérusalem délivrée du Tasse, et le Télémaque de Fénelon. Je les emportais dans le jardin, sous une petite marge d’ombre que le berceau de charmille étend le soir sur l’herbe d’une allée. Je me couchais à côté de mes livres chéris, et je respirais en liberté les songes qui s’exhalaient pour mon imagination de leurs pages, pendant que l’odeur des roses, des giroflées et des œillets des plates-bandes m’enivrait des exhalaisons de ce sol, dont j’étais moi-même un pauvre cep transplanté !

Ce ne fut donc qu’après mes études terminées que je commençai à avoir quelques vagues pressentiments de poésie. C’est Ossian, après le Tasse, qui me révéla ce monde des images et des sentiments que j’aimai tant depuis à évoquer avec leurs voix. J’emportais un volume d’Ossian sur les montagnes ; je le lisais où il avait été inspiré, sous les sapins, dans les nuages, à travers les brumes d’automne, assis près des déchirures des torrents, aux frissons des vents du nord, au bouillonnement des eaux de neige dans les ravins.

Ossian fut l’Homère de mes premières années ; je lui dois une partie de la mélancolie de mes pinceaux. C’est la tristesse de l’Océan. Je n’essayai que très rarement de l’imiter ; mais je m’en assimilai involontairement le vague, la rêverie, l’anéantissement dans la contemplation, le regard fixe sur des apparitions confuses dans le lointain. C’était pour moi une mer après le naufrage, sur laquelle flottent, à la lueur de la lune, quelques débris ; où l’on entrevoit quelques figures de jeunes filles élevant leurs bras blancs, déroulant leurs cheveux humides sur l’écume des vagues ; où l’on distingue des voix plaintives entrecoupées du mugissement des flots contre l’écueil. C’est le livre non écrit de la rêverie, dont les pages sont couvertes de caractères énigmatiques et flottants avec lesquels l’imagination fait et défait ses propres poëmes, comme l’œil rêveur avec les nuées fait et défait ses paysages.

Je n’écrivais rien moi-même encore. Seulement quand je m’asseyais au bord des bois de sapin, sur quelque promontoire des lacs de la Suisse, ou quand j’avais passé des journées entières à errer sur les grèves sonores des mers d’Italie, et que je m’adossais à quelque débris de môle ou de temple pour regarder la mer ou pour écouter l’inépuisable balbutiement des vagues à mes pieds, des mondes de poésie roulaient dans mon cœur et dans mes yeux ; je composais pour moi seul, sans les écrire, des poëmes aussi vastes que la nature, aussi resplendissants que le ciel, aussi pathétiques que les gémissements des brises de mer dans les têtes des pins-liéges et dans les feuilles des lentisques, qui coupent le vent comme autant de petits glaives, pour le faire pleurer et sangloter dans des millions de petites voix.

La nuit me surprenait souvent ainsi, sans pouvoir m’arracher au charme des fictions dont mon imagination s’enchantait elle-même. Oh quels poëmes, si j’avais pu et si j’avais su les chanter aux autres alors comme je me les chantais intérieurement ! Mais ce qu’il y a de plus divin dans le cœur de l’homme n’en sort jamais, faute de langue pour être articulé ici-bas. L’âme est infinie, et les langues ne sont qu’un petit nombre de signes façonnés par l’usage pour les besoins de communication du vulgaire des hommes. Ce sont des instruments à vingt-quatre cordes pour rendre les myriades de notes que la passion, la pensée, la rêverie, l’amour, la prière, la nature et Dieu font entendre dans l’âme humaine. Comment contenir l’infini dans ce bourdonnement d’un insecte au bord de sa ruche, que la ruche voisine ne comprend même pas ? Je renonçais à chanter, non faute de mélodies intérieures, mais faute de voix et de notes pour les révéler.

Cependant je lisais beaucoup, et surtout les poëtes. À force de les lire, je voulus quelquefois les imiter. À mes retours de voyages, pour passer les hivers tristes et longs à la campagne, dans la maison sans distraction de mon père, j’ébauchai plusieurs poëmes épiques, et j’écrivis en entier cinq ou six tragédies. Cet exercice m’assouplit la main et l’oreille aux rhythmes. J’écrivis aussi un ou deux volumes d’élégies amoureuses, sur le mode de Tibulle, du chevalier de Bertin et de Parny. Ces deux poëtes faisaient les délices de la jeunesse. L’imagination, toujours très-sobre d’élans et alors très-desséchée par le matérialisme de la littérature impériale, ne concevait rien de plus idéal que ces petits vers corrects et harmonieux de Parny, exprimant à petites doses les fumées d’un verre de vin de Champagne, les agaceries, les frissons, les ivresses froides, les ruptures, les réconciliations, les langueurs d’un amour de bonne compagnie qui changeait de nom à chaque livre.

Je fis comme mes modèles, quelquefois peut-être aussi bien qu’eux. Je copiai avec soin, pendant un automne pluvieux, quatre livres d’élégies, formant ensemble deux volumes, sur du beau papier vélin, et gravées plutôt qu’écrites d’une plume plus amoureuse que mes vers. Je me proposais de publier un jour ce recueil quand j’irais à Paris, et de me faire un nom dans un des médaillons de cette guirlande de voluptueux immortels qui n’ont cueilli de la vie humaine que les roses et les myrtes, qui commencent à Anacréon, à Bion, à Moschus, qui se continuent par Properce, Ovide, Tibulle, et qui finissent à Chaulieu, à la Fare, à Parny.

Mais la nature en avait autrement décidé. À peine mes deux beaux volumes étaient-ils copiés, que le mensonge, le vide, la légèreté, le néant de ces pauvretés sensuelles plus ou moins bien rimées m’apparut. La pointe de feu des premières grandes passions réelles n’eut qu’à toucher et à brûler mon cœur, pour y effacer toutes ces puérilités et tous ces plagiats d’une fausse littérature. Dès que j’aimai, je rougis de ces profanations de la poésie aux sensualités grossières. L’amour fut pour moi le charbon de feu qui brûle, mais qui purifie les lèvres. Je pris un jour mes deux volumes d’élégies, je les relus avec un profond mépris de moi-même, je demandai pardon à Dieu du temps que j’avais perdu à les écrire, je les jetai au brasier, je les regardai noircir et se tordre avec leur belle reliure de maroquin vert sans regret ni pitié, et j’en vis monter la fumée comme celle d’un sacrifice de bonne odeur à Dieu et au véritable amour.

Je changeai à cette époque de vie et de lectures. Le service militaire, les longues absences, les attachements sérieux, les amitiés plus saines, le retour à mes instincts naturellement religieux cultivés de nouveau en moi par la Béatrice de ma jeunesse, le dégoût des légèretés du cœur, le sentiment grave de l’existence et de son but, puis enfin la mort de ce que j’avais aimé, qui mit un sceau de deuil sur ma physionomie comme sur mes lèvres ; tout cela, sans éteindre en moi la poésie, la refoula bien loin et longtemps dans mes pensées. Je passai huit ans sans écrire un vers.

Quand les longs loisirs et le vide des attachements perdus me rendirent cette espèce de chant intérieur qu’on appelle poésie, ma voix était changée, et ce chant était triste comme la vie réelle. Toutes mes fibres attendries de larmes pleuraient ou priaient, au lieu de chanter. Je n’imitais plus personne, je m’exprimais moi-même pour moi-même. Ce n’était pas un art, c’était un soulagement de mon propre cœur, qui se berçait de ses propres sanglots. Je ne pensais à personne en écrivant çà et là ces vers, si ce n’est à une ombre et à Dieu. Ces vers étaient un gémissement ou un cri de l’âme. Je cadençais ce cri ou ce gémissement dans la solitude, dans les bois, sur la mer ; voilà tout. Je n’étais pas devenu plus poëte, j’étais devenu plus sensible, plus sérieux et plus vrai. C’est là le véritable art : être touché ; oublier tout art pour atteindre le souverain art, la nature :

Si vis me flere, dolendum est
Primum ipsi tibi !…


Ce fut tout le secret du succès si inattendu pour moi de ces Méditations, quand elles me furent arrachées, presque malgré moi, par des amis à qui j’en avais lu quelques fragments à Paris. Le public entendit une âme sans la voir, et vit un homme au lieu d’un livre. Depuis J.-J. Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre et Châteaubriand, c’était le poëte qu’il attendait. Ce poëte était jeune, malhabile, médiocre ; mais il était sincère. Il alla droit au cœur, il eut des soupirs pour échos et des larmes pour applaudissements.

Je ne jouis pas de cette fleur de renommée qui s’attacha à nom dès le lendemain de la publication de ce premier volume des Méditations. Trois jours après je quittai Paris pour aller occuper un poste diplomatique à l’étranger. Louis XVIII, qui avait de l’Auguste dans le caractère littéraire, se fit lire, par le duc de Duras, mon petit volume, dont les journaux et les salons retentissaient. Il crut qu’une nouvelle Mantoue promettait à son règne un nouveau Virgile. Il ordonna et M. Siméon, son ministre de l’intérieur, de m’envoyer, de sa part, l’édition des classiques de Didot, seul présent que j’aie jamais reçu des cours. Il signa le lendemain ma nomination à un emploi de secrétaire d’ambassade, qui lui fut présentée par M. Pasquier, son ministre des affaires étrangères. Le roi ne me vit pas. Il était loin de se douter qu’il me connaissait beaucoup de figure, et que le poëte dont il redisait déjà les vers était un de ces jeunes officiers de ses gardes qu’il avait souvent paru remarquer, et à qui il avait une ou deux fois adressé la parole quand je galopais aux roues de sa voiture, dans les courses à Versailles ou à Saint-Germain.

Ces vers cependant furent pendant longtemps l’objet des critiques, des dénigrements et des railleries du vieux parti littéraire classique, qui se sentait détrône par cette nouveauté. Le Constitutionnel et la Minerve, journaux très illibéraux en matière de sentiment et de goût, s’acharnèrent pendant sept à huit ans contre mon nom. Ils m’affublèrent d’ironies, ils m’aguerrirent aux épigrammes. Le vent les emporta ; mes mauvais vers restèrent dans le cœur des jeunes gens et des femmes, ces précurseurs de toute postérité. Je vivais loin de la France, j’étudiais mon métier, j’écrivais encore de temps en temps les impressions de ma vie en méditations, en harmonies, en poëmes ; je n’avais aucune impatience de célébrité, aucune susceptibilité d’amour-propre, aucune jalousie d’auteur. Je n’étais pas auteur, j’étais ce que les modernes appellent un amateur, ce que les anciens appelaient un curieux de littérature, comme je suppose que Horace, Cicéron, Scipion, César lui-même l’étaient de leur temps. La poésie n’était pas mon métier ; c’était un accident, une aventure heureuse, une bonne fortune dans ma vie. J’aspirais à tout autre chose, je me destinais à d’autres travaux. Chanter n’est pas vivre : c’est se délasser ou se consoler par sa propre voix. Heureux temps ! bien des jours et bien des événements m’en séparent.

Et aujourd’hui je reçois continuellement des lettres d’inconnus qui ne cessent de me dire : « Pourquoi ne chantez-vous plus ? Nous écoutons encore. » Ces amis invisibles de mes vers ne se sont donc jamais rendu compte de la nature de mon faible talent et de la nature de la poésie elle-même ? Ils croient apparemment que le cœur humain est une lyre toujours montée et toujours complète, que l’on peut interroger du doigt à chaque heure de la vie, et dont aucune corde ne se détend, ne s’assourdit ou ne se brise avec les années et sous les vicissitudes de l’âme ? Cela peut être vrai pour des poëtes souverains, infatigables, immortels ou toujours rajeunis par leur génie, comme Homère, Virgile, Racine, Voltaire, Dante, Pétrarque, Byron, et d’autres que je nommerais s’ils n’étaient pas mes émules et mes contemporains. Ces hommes exceptionnels ne sont que pensée, cette pensée n’est en eux que poésie, leur existence tout entière n’est qu’un développement continu et progressif de ce don de l’enthousiasme poétique que la nature a allumé en eux en les faisant naître, qu’ils respirent avec l’air, et qui ne s’évapore qu’avec leur dernier soupir. Quant à moi, je n’ai pas été doué ainsi. La poésie ne m’a jamais possédé tout entier. Je ne lui ai donné dans mon âme et dans ma vie seulement que la place que l’homme donne au chant dans sa journée : des moments le matin, des moments le soir, avant et après le travail sérieux et quotidien. Le rossignol lui-même, ce chant de la nature incarné dans les bois, ne se fait entendre qu’à ces deux heures du soleil qui se lève et du soleil qui se couche, et encore dans une seule saison de l’année. La vie est la vie, elle n’est pas un hymne de joie ou un hymne de tristesse perpétuel. L’homme qui chanterait toujours ne serait pas un homme, ce serait une voix.

L’idéal d’une vie humaine a toujours été pour moi celui-ci : la poésie de l’amour et du bonheur au commencement de la vie ; le travail, la guerre, la politique, la philosophie, toute la partie active qui demande la lutte, la sueur, le sang, le courage, le dévouement, au milieu ; et enfin le soir, quand le jour baisse, quand le bruit s’éteint, quand les ombres descendent, quand le repos approche, quand la tâche est faite, une seconde poésie ; mais la poésie religieuse alors, la poésie qui se détache entièrement de la terre et qui aspire uniquement à Dieu, comme le chant de l’alouette au-dessus des nuages. Je ne comprends donc le poëte que sous deux âges et sous deux formes : à vingt ans, sous la forme d’un beau jeune homme qui aime, qui rêve, qui pleure en attendant la vie active ; à quatre-vingts ans, sous la forme d’un vieillard qui se repose de la vie, assis à ses derniers soleils contre le mur du temple, et qui envoie devant lui au Dieu de son espérance ses extases de résignation, de confiance et d’adoration, dont ses longs jours ont fait déborder ses lèvres. Ainsi fut David, le plus lyrique, le plus pieux et le plus pathétique à la fois des hommes qui chantèrent leur propre cœur ici-bas. D’abord une harpe à la main, puis une épée et un sceptre, puis une lyre sacrée ; poëte au printemps de ses années, guerrier et roi au milieu, prophète à la fin voilà l’homme d’inspiration complet !

Cette poésie des derniers jours, pour en être plus grave, n’en est pas moins céleste : au contraire, elle se purifie et se divinise en remontant au seul être qui mérite d’être éternellement contemplé et chanté, l’Être infini ! C’est encore la séve du cœur de l’homme, formée de larmes, d’amour, de délires, de tristesses ou de voluptés ; mais ce cœur, mûri par les longs soleils de la vie, n’en est pas moins savoureux : il est comme l’arbre d’encens que j’ai vu dans les sables de la Judée, dont la séve en vieillissant devient parfum, et qui passe des jardins, où on le cueillait et l’ombre, sur l’autel où on le brûle à la gloire de Jéhovah.

Une naïve et touchante image de ces deux natures de poésie et des deux natures de sons que rend l’âme du poète aux différents âges me revient de loin à la mémoire au moment où j’écris ces lignes.

Quand nous étions enfants, nous nous amusions quelquefois, mes petites sœurs et moi, à un jeu que nous appelions la musique des anges. Ce jeu consistait à plier une baguette d’osier en demi-cercle ou en arc à angle très-aigu, à en rapprocher les extrémités par un fil semblable à la corde sur laquelle on ajuste la flèche, à nouer ensuite des cheveux d’inégale grandeur aux deux côtés de l’arc, comme sont disposées les fibres d’une harpe, et à exposer cette petite harpe au vent. Le vent d’été, qui dort et qui respire alternativement d’une haleine folle, faisait frissonner le réseau, et en tirait des sons d’une ténuité presque imperceptible, comme il en tire des feuilles dentelées des sapins. Nous prêtions tour à tour l’oreille, et nous nous imaginions que c’étaient les esprits célestes qui chantaient. Nous nous servions habituellement, pour ce jeu, des longs cheveux fins, jeunes, blonds et soyeux, coupés aux tresses pendantes de mes sœurs ; mais, un jour, nous voulûmes éprouver si les anges joueraient les mêmes mélodies sur des cordes d’un autre âge, empruntées à un autre front. Une bonne tante de mon père, qui vivait à la maison, et dont les cachots de la Terreur avaient blanchi la belle tête avant l’âge, surveillait nos jeux en travaillant de l’aiguille, à côté de nous, dans le jardin. Elle se prêta à notre enfantillage, et coupa avec ses ciseaux une longue mèche de ses cheveux, qu’elle nous livra.

Nous en fîmes aussitôt une seconde harpe, et, la plaçant à côté de la première, nous les écoutâmes toutes deux chanter. Or, soit que les fils fussent mieux tendus, soit qu’ils fussent d’une nature plus élastique et plus plaintive, soit que le vent soufflât plus doux et plus fort dans l’une des petites harpes que dans l’autre, nous trouvâmes que les esprits de l’air chantaient plus tristement et plus harmonieusement dans les cheveux blancs que dans les cheveux blonds d’enfant ; et, depuis ce jour, nous importunions souvent notre tante pour qu’elle laissât dépouiller par nos mains son beau front.

Ces deux harpes dont les cordes rendent des sons différents selon l’âge de leurs fibres, mais aussi mélodieux à travers le réseau blanc qu’à travers le réseau blond de ces cordes vivantes ; ces deux harpes ne sont-elles pas l’image puérile, mais exacte, des deux poésies appropriées aux deux âges de l’homme ? Songe et joie dans la jeunesse ; hymne et piété dans les dernières années. Un salut et un adieu à l’existence et à la nature, mais un adieu qui est un salut aussi ! un salut plus enthousiaste, plus solennel et plus saint et la vision de Dieu qui se lève tard, mais qui se lève plus visible sur l’horizon du soir de la vie humaine !

Je ne sais pas ce que la Providence me réserve de sort et de jours. Je suis dans le tourbillon au plus fort du courant du fleuve, dans la poussière des vagues soulevées par le vent, à ce milieu de la traversée où l’on ne voit plus le bord de la vie d’où l’on est parti, où l’on ne voit pas encore le bord où l’on doit aborder, si on aborde ; tout est dans la main de Celui qui dirige les atomes comme les globes dans leur rotation, et qui a compté d’avance les palpitations du cœur du moucheron et de l’homme comme les circonvolutions des soleils. Tout est bien et tout est béni de ce qu’il aura voulu. Mais si, après les sueurs, les labeurs, les agitations et les lassitudes de la journée humaine, la volonté de Dieu me destinait un long soir d’inaction, de repos, de sérénité avant la nuit, je sens que je redeviendrais volontiers à la fin de mes jours ce que je fus au commencement : un poëte, un adorateur, un chantre de sa création. Seulement, au lieu de chanter pour moi-même ou pour les hommes, je chanterais pour lui ; mes hymnes ne contiendraient que le nom éternel et infini, et mes vers, au lieu d’être des retours sur moi-même, des plaintes, ou des délires personnels, seraient une note sacrée de ce cantique incessant et universel que toute créature doit chanter, du cœur ou de la voix, en naissant, en vivant, en passant, en mourant, devant son Créateur.


LAMARTINE.
2 juillet 1849.


Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Des Méditations

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L'auteur : Alphonse de Lamartine

Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

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