Alphonse de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses : Le mont Blanc
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Lamartine retrouve, dans ce recueil, rédigé en grande partie en Italie entre 1826 et 1827, la haute poésie des Méditations poétiques.
Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de Lamartine, Chez l’auteur (p. 493-495).
Montagne à la cime voilée,
Pourquoi vas-tu chercher si haut,
Au fond de la voûte étoilée,
Des autans l’éternel assaut ?
Des sommets triste privilége !
Tu souffres les âpres climats,
Tu reçois la foudre et la neige,
Pendant que l’été germe en bas.
À tes pieds s’endort sous la feuille,
À l’ombre de tes vastes flancs,
La vallée où le lac recueille
L’onde des glaciers ruisselants.
Tu t’enveloppes de mystère,
Tu te tiens dans un demi-jour,
Comme un appas nu de la terre
Que couvre ton jaloux amour.
Ah ! c’est là l’image sublime
De tout ce que Dieu fit grandir :
Le génie à l’auguste cime
S’isole aussi pour resplendir.
Le bruit, le vent, le feu, la glace,
Le frappent éternellement,
Et sur son front gravent la trace
D’un froid et morne isolement.
Mais souvent, caché dans la nue,
Il enferme dans ses déserts,
Comme une vallée inconnue,
Un cœur qui lui vaut l’univers.
Ce sommet où la foudre gronde,
Où le jour se couche si tard,
Ne veut resplendir sur le monde
Que pour briller dans un regard !
En le voyant, nul ne se doute
Qu’il ne s’élance au fond des cieux,
Qu’il ne fend l’azur de sa voûte
Que pour être suivi des yeux ;
Et que de nuage en nuage
S’il monte si haut, c’est pour voir,
La nuit, son orageuse image
Luire, ô lac, dans ton beau miroir !
- Paris, 26 mars 1849.
Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : Le mont Blanc
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L'auteur : Alphonse de Lamartine
Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.