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Alphonse de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses : L’idée de Dieu

Harmonies poétiques et religieuses Alphonse de Lamartine

Lamartine retrouve, dans ce recueil, rédigé en grande partie en Italie entre 1826 et 1827, la haute poésie des Méditations poétiques.

Pour citer l'œuvre : Œuvres complètes de LamartineChez l’auteur (p. 463-466).

XII


L’IDÉE DE DIEU




SUITE DE JÉHOVAH



Heureux l’œil éclairé de ce jour sans nuage,
Qui partout ici-bas le contemple et le lit !
Heureux le cœur épris de cette grande image,
Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit !

Ah ! pour celui-là seul la nature est sans ombre !
En vain le temps se voile et recule les cieux :
Le ciel n’a point d’abîme et le temps point de nombre

Qui le cache à ses yeux.


Pour qui ne l’y voit pas tout est nuit et mystères :
Cet alphabet de feu dans le ciel répandu
Est semblable pour eux à ces vains caractères
Dont le sens, s’ils en ont, dans les temps s’est perdu.

Le savant sous ses mains les retourne et les brise,
Et dit : « Ce n’est qu’un jeu d’un art capricieux. »
Et cent fois, en tombant, ces lettres qu’il méprise
D’elles-même ont écrit le nom mystérieux !

Mais cette langue, en vain par les temps égarée,

Se lit hier comme aujourd’hui ;

Car elle n’a qu’un nom sous sa lettre sacrée :

Lui seul ! Lui partout ! toujours Lui !

Qu’il est doux, pour l’âme qui pense,
Et flotte dans l’immensité
Entre le doute et l’espérance,
La lumière et l’obscurité,
De voir cette idée éternelle
Luire sans cesse au-dessus d’elle
Comme une étoile aux feux constants,
La consoler sous ses nuages,
Et lui montrer les deux rivages
Blanchis de l’écume du temps !

En vain les vagues des années
Roulent dans leur flux et reflux
Les croyances abandonnées
Et les empires révolus ;

En vain l’opinion qui lutte
Dans son triomphe ou dans sa chute
Entraîne un monde à son déclin ;
Elle brille sur sa ruine,
Et l’histoire qu’elle illumine
Ravit son mystère au destin !

Elle est la science du sage,
Elle est la foi de la vertu,
Le soutien du faible, et le gage
Pour qui le juste a combattu !
En elle la vie a son juge
Et l’infortune son refuge,
Et la douleur se réjouit.
Unique clef du grand mystère,
Ôtez cette idée à la terre
Et la raison s’évanouit !

Cependant le monde, qu’oublie
L’âme absorbée en son auteur,
Accuse sa foi de folie,
Et lui reproche son bonheur :
Pareil à l’oiseau des ténèbres
Qui, charmé des lueurs funèbres,
Reproche à l’oiseau du matin
De croire au jour qui vient d’éclore,
Et de planer devant l’aurore,
Enivré du rayon divin.

Mais qu’importe à l’âme qu’inonde
Ce jour que rien ne peut voiler ?

Elle laisse rouler le monde
Sans l’entendre et sans s’y mêler.
Telle une perle de rosée
Que fait jaillir l’onde brisée
Sur des rochers retentissants,
Y sèche pure et virginale,
Et seule dans les cieux s’exhale
Avec la lumière et l’encens.




Commentaire de texte d'Alphonse de Lamartine : L’idée de Dieu

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L'auteur : Alphonse de Lamartine

Lamartine

Alphonse de Lamartine (1790-1869) est un poète, romancier, dramaturge français, ainsi qu'une personnalité politique qui participa à la Révolution de février 1848 et proclama la Deuxième République. Il est l'une des grandes figures du romantisme en France.

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